iN° 322. Jeudi,
38e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DEHANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
LE
PROGRES
VIRES ACfiUlRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-<X)
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixraude, 59.
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CHEMIN DE FER.
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-30. 12-07. 6-50.
Poperinglie. 6-30. 9-07. 12-07. 3-37. 6-30.
8-45. v— 9-50.
Courtrai. 5-3i. - 9-46. - 11-20. - 2-35. - 5-25.
Roulers. 7-30. 12-25. 6-30.
Langhemarck-Ostrnde. 7-00. 12-06. 6-07.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
Hier, tout permettait d'espérer que les conditions
de la paix russo-turque seraient acceptées sans
difficultés par les grandes puissances européennes,
mais aujourd'hui voici que les informations venues
de Londres, de Vienne et de Bade éveilleut de
nouveau les inquiétudes du monde.
Une dépêche particulière de Berlin, adressée
XIndépendance, dit que les conditions de la Russie
n'ont été connues d'abord Londres qu'en des
termes généraux, et que l'on craint que la con
naissance des détails ne renouvelle la crise.
Une dépêche de Vienne adressée au même journal,
n'est guère plus rassurante.
L'Autriche comme toutes les autres puissances,
dit-elle, estime qu'elles nécessitent grandement des
modifications eu ce qui louche les agrandissements
de la Serbie et du Monténégro, ainsi que la cession
de la Bessarabie la Russie. On considère cette
cession comme impossible sans la neutralisation
préalable du Danube.
Les exigences financières de la Russie sout éga
lement jugées inadmissibles comme perpétuant une
occupation de la Bulgarie parla Russie et réduisant
la Turquie une espèce de vasselage. La cession
des nouvelles limites en Asie passe pour admissible.
Ur:e note autrichiennes sur ces points partira
incessamment. L'action européenne va commencer.
L'avenir est donc gros de tempêtes, et Dieu sait,
si la diplomatie se mêlant de la chose ne brouillera
pas les cartes et ne provoquera pas la guerre.
Les observations de l'Autriche enhardiront peul-
êlre l'Angleterre qui son tour refusera de sous
crire aux exigences russes.
Quoique lord Derby ait retiré sa démission, rien
ne prouve que la politique d'intervention ait perdu
du terrain en Angleterre. Le chef du cabinet per
siste demander les crédits supplémentaires. La
Grande-Bretagne d'ailleurs ne peut se désintéresser
de la question des Dardanelles qui a pour elle une
importance capitale.
La France elle-même ne reste pas indifférente aux
graves événements qui se passent en Orient. Une
note de l'Agence Havas annonce que la 3e division
de l'escadre d'évolution se dirige vers le Levant.
Deux avisos de l'Etat vont en station Con-
stantinople. Le gouvernement,dit la note, a ordon
né le départ pour Smyrne d'un petit cuirassé destiné,
si malheureusement il y avait des troubles Con-
stantinople, se tenir prêt aller protéger nos
nationaux. Aucune mesure ne paraît avoir été
concertée entre les puissances ce sujet, chacune
d'elles prenant, en eeconformant aux prescriptions
des traités, et dans un but purement d'humanité,
les dispositions nécessaires pour assurer la protection
de leurs nationaux.
L'agitation grecque continue, quoique l'énergie
du roi Georges ail singulièrement calmé les ardeurs
belliqueuses du peuple.
M. Gambetta a prononcé dimanche, au banquet
du comité électoral du 20e arrondissement de Paris,
un discours fort éloquent qui est l'événement du
jour.
Nous allons instruire, a dit le chef de la gau
che, le procès des ennemis du suffrage universel.
Nous continuerons l'enquête sans nous laisser
émouvoir et sans négliger les affaires.
Les élections législatives qui ont eu lieu dans
neuf circonscriptions ont été toutes favorables aux
républicains. On sait que cinq invalidés n'ont même
pas osé rechercher encore les faveurs du suffrage
universel. Le succès éclatant des candidats républi
cains répond toutes les clameurs que l'amiral
Touchard elles droitiers ont fait entendre au sujet
des invalidations.
En annulant les élections viciées, obtenues, par
la fraude, la corruption elleterrorisalion, la Cham
bre française a fait œuvre de réparation.
Le suffrage universel rendu lui-même, libre
de l'oppression des préfets poigne, lui a donné
raison.
Les dépêches de Vienne s'accordent dire qu'en
Autriche on trouve les prétentions de la Russie
exagérées. Celles que donnent les journaux diffèrent
beaucoup de celles que la presse anglaise avait
publiées.
Voici, d'après le Tagblatt de Vienne, les con
ditions posées par la Russie pour le rétablissement
de la paix
1° Bulgarie. La Bulgarie comprend toute
la zone du Danube jusqu'à Andrinople au midi,
jusqu'à la Maritza l'ouest. Elle sera organisée en
deux provinces vassales de la Porte, mais n'ayant
avec la Turquie d'autre lien que le paiement d'un
tribut annuel. Ces deux provinces, séparées parles
Balkans, se nommeront Cisbalkhanie et Trans-
balkhanie. Elles auront chacune leur hospodar,
mais n'auront toutefois qu'un seul Parlement.
2° Forteresses du Danube. Le quadrilatère
cessera d'exister. Les grandes forteresses qui dé
fendent le Danube seront rasées.
3° Bosnie et Herzégovine. La Bosnie et
l'Herzégovine seront organisées sur la même base
que la Bulgarie. Il y sera en out.e introduit des
réformes agraires absolument indispensables.
4° Roumanie. La Roumanie cessera de
payer un tribut la Porte. Elle sera déclarée abso
lument indépendante et recevra un accroissement
de territoire.
3° Serbie. La Serbie, comme la Roumanie,
sera déclarée indépendante, et reeexra Nisch,
Kassova, ainsi que la contrée comprise entre Priz-
rend et Casa Novi-Bazar.
G" Monténégro. Le Monténégro recevra les
accroissements de territoire que lui avait déjà con
cédé la conférence de Constanlinople, cl en outre
le port d'Antivari.
7° Les DardanellesLa Mer noire sera li
brement ouverte aux nav iresdecommerce de toutes
les nations. Quant aux vaisseaux de guerre, les
Dardanelles ne seront ouvertes que pour ceux des
nations riveraines. Elles resteront hermétiquement
fermées pour les flottes de touleslesaulres nations.
8° Arménie. La Russie recevra les hauts
plateaux de l'Arménie, notamment le port de Ba-
toum, elles forteresses de Kars et d'Erzeroum.
9° Indemnité de guerre. La Porte devra
payer la Russie une indemnité d'un milliard et
demi de roubles (plus de cinq milliards de francs).
10° Occupation. Jusqu'au paiement com
plet de cette indemnité, l'armée russe occupera la
Bulgarie. Les troupes ne quitteront d'ailleurs le
pays que quand les Bulgares posséderont une armée
nationale.
On annonce de Lisbonne qu'à la suite d'un vote
de censure émis pour la Chambre des députés, le
cabinet a donné sa démission.
M. Fontes Pereira de Mallo a été chargé de for
mer un nouveau cabinet.
Louvain, ce 28 Janvier 1878.
Il est quelquefois important pour bien envisager
la situation actuelle d'un pays, de jeter un regard
rétrospectif dans son passé, d'y examiner minu
tieusement et impartialement les faits historiques
qui s'y rattachent, d'y rechercher pourquoi telle
époque a été plus progressive que telle autre Cela
nous ramène des comparaisons fort curieuses
cela nous donne un enseignement utile pour l'ave
nir cela nous permet d'écarter de notre chemin
tous les obstacles contre lesquels nos pères se sont
heurtés, et de marcher résolument dans la voie de
la vérité et dn progrès.
C'est dans ce champ même, dois je dire, que va
glaner toute intelligence qui est la recherche de
la vérité, et qui désire apporter ses contemporains
sa petite pierre pour établir l'édifice monumental
vers lequel tend l'humanité sans pouvoir jamais
l'atteindre je parle de la vérité absolue.
S'il est vrai que du choc des idées jaillit la lu
mière, il est vrai aussi que la lumière ainsi pro
duite doit être utilisée pour l'avenir sans cela,
celle lumière serait nous ce qu'elle est aux aveu
gles. c'est-à-dire, n'aurait aucun effet, et nous lais
serait toujours dans la plus complète obscurité.
Voyons donc dans le passé les points lumineux
qui nous apparaissent, les époques mises en relief
et qui sont là comme autant de phares qui doivent
nous guider dans la lutte que nous soutenons au
jourd'hui contre notre ennemi toujours renaissant.
