j\o 340. Jeudi, 38e ANNÉE. 4 Avril 1878. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'Y PUES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Bagarre de Tournai. On lit trop! V K 1N.N M 1,1. Jt;| ET LE DEHANCHE. BULLETIN POLITIQUE. Lord Beaconsfield et sir Galhorne Hardy ont ommuniqué le message de la reine d'Angleterre u Parlement, et le marquis de Salisbury a été lommé définitivement ministre des affaires étran gères. Le message motive l'appel immédiatde la réserve sous les armes par la nécessité de pourvoira l'orga nisation complète du service militaire, mesures que la situation des affaires en Orient rend plus urgen tes que jamais. Sir St. Northcole a annoncé quelegouverneinent anglais a envoyé aux différentes puissances euro péennes une note circulaire demandant un échange de vues sur la situation actuelle. Cette proposition implique le désir du gouverne ment anglais d'arriver une entente, désir qui est partagé, semble-t-il, par le gouvernement mosco vite. Une certaine partie de la presse russe, en effet, se prononce aujourd'hui ouvertement pour une entente directe entre les cabinets de Londres et de St-Pétersbourg. De son côté le .comte Andrassy voudrait bien avoir le mérite de cette réconciliation. Un télégram me adressé de Vienne la Gazette de Cologne dit que le chancelier autrichien fait tous ses efforts pour arriver une médiation. A Berlin aussi on parle de ce projet et on y forme même l'espoir que la Russie trouvera une formule qui rendra possible la participation de l'Angleterre au congrès. On voit que la même idée la réconciliation entre l'Angleterre et la Russie est éelose partout en même temps, mais elle est exposée différem ment suivant les inclinations propres de la capitale où elle a germé. Lord Salisbury lui-même, qui a débuté dans ses nouvelles fonction par l'envoi aux différents am bassadeurs d'Angleterre d'une note résumant les négociations qui ont été faites entre la Russie et l'Empire britannique depuis le 14 Janvier jusqu'au 26 Mars, insiste sur le désir sincère qui a toujours animé le gouvernement anglais de se réunir en con grès, pour assurer par des engagements récipro ques le bien-être des populations. Malheureusement la Russien'apas voulu consen tir soumettre tout le traité de San Stefano la discussion des puissances et l'examen d'une partie de ce traité ne saurait garantir le bienètre et les intérêts des populations, parcequecetrailéapporle, d'après lord Salisbury. des modifications trop im portantes l'ordre des choses qui était établi en Orient. Le ministre des affaires élrangères appelle spé cialement l'attention sur la formation d'un nouvel Etal slave, qui est organisé sous le contrôle exclu sif de la Russie et au détriment de l'élément grec ainsi que de tous les pays qui ont des inlérélsdans la Méditerranée. Après avoir énuméré encore les différents points du traité de San-Slefano qui touchent aux intérêts anglais, lord Salisbury insiste enfin sur ce fait que ce n'est pas telle ou telle stipulation de ce traité, mais l'effet combiné de toutes les stipulations qui nécessite l'intervention sérieuse de l'Europe. La Chambre des députés de France a adopté le projet de loi relatif l'amnistie, amendé par le Sénat et elle a renvoyé la séance de cejour la discussion du projet de loi sur l'état du siège. Le Sénat a approuvé plusieurs demandes de crédit. A Rome, on parle de nouveau avec une certaine consistance d'un séjour que Léon XIII se dispose- rail faire Castel Gandolfo, dans l'intérêt de sa santé, laquelle une résidence prolongée Rome ne serait pas favorable. Si ce voyage se réalisait, on le considérerait comme la preuve d'une atténua tion apportée la politique suivie par Pie IX. qui ne voulut jamais quitter le Vatican. C'est une feuille pieuse de Tournai qui disait un jour: Autrefois, quand on s'en allait en pèlerinage en Galicie, c'était faire œuvre pie que de guerroyer un tantinet travers monts et vaux et d'enfoncer les côtes aux mécréants. Les bonnes traditions se renouent. La feuille pieuse qui s'exprimait ainsi voyait sans doute quel travail se livraient les forcenés de l'ultramontanisme elle voyait dans un avenir peu éloigné les armées des Xavériens descendant dans la rue pour y briser les côtes aux mécréants. Cet événement est arrivédimanche dans la bonne cité de Mgr Dumont. Voici quel propos Des jeunes gens de Tournai avaient décidé, il y a quelques semaines, d'organiser une manifestation politique l'occasion de la Mi-Carême. Ce n'étaient précisément pas les sujets qui manquaient un évêque dont les manies sont devenues la risée du pays, les écoles congréganisles s'obstinant avoir seules des lauréats au tribunal correctionnel, l'interdit jeté sur un institut vierge de scandales, etc. Un char fut construit représentant toutes ces choses mais voyez jusqu'où va le doigt de Dieu Dimanche matin, lorsque l'on procéda aux derniè res décorations, on remarqua que les rayons de deux roues avaient été délicatement sciés la nuit précédente. Le travail avait été fait dans 5a perfection et pour qu'aucun 'œil indiscret ne le découvrit, on avait délicatement mis une légère couche de mastic sur toutes les feules. Le char aurait pu rouler pen dant une demi-heure, une heure peut-être et puis vlan une douzaine de manifestants ou de specta teurs s'en allaient continuer la fête en l'autre monde. Quel miracle Mais, incrédules jusqu'au bout des ongles, les organisateurs ne voulurent pas, la découverte faite, y voir le doigt de Dieu mais ils y virent l'œuvre des RR. PP. Un écriteau fut aussitôt composé, qui apprenait aux populations comment le miracle avait raté. Le char fil son entrée en ville vers trois heures tout était tranquille les libéraux ne s'étaient même pas donné rendez-vous pour rire aux dépens des RR. PP. et l'occasion prêter main-forte aux manifestants contre les coups fourrés des jésuites. Mais voilà que de toutes les Sociétés cléricales de la ville sortent des bandes d'individus la mine mauvaise la plupart sont munis de bâtons, tous ont des sifflets. Ces bandes son», parfaitement orga nisées elles ont pour chefs et sous-chefs les da moiseaux de la cité épiscopale. D'abord les Xavé riens se contentent de siffler, et la foule leur répond en criant Vivent les libéraux Mais des cris ou passe bientôt aux actes. Une bande de cinquante cléricaux va se cacher, dans une ruelle où elle attend le passage du char ses chefs trouvent asile dans un hôtel du voisinage occupé par une des plus fortes tètes du parti. Le moment venu, les portes de cet hôtel s'ou vrent et chefs et stockslaegers se jettent sur le char des chaînes sont brisées, un coup de couteau est douné un cheval, son conducteur renversé et les coups de pleuvoir. La police intervient, plu sieurs individus sont arrêtés. Et pendant trois quarts d'heure, les bagarres se renouvellent, amenant chaque fois des arrestations. Mais la nouvelle des scènes qui se passent, s'est rapidement répandue bientôt tous les libéraux sont leur poste et la bande de malfaiteurs doit forcément se disperser. Une dizaine d'arrestations ont été opérées, et naturellement nos cléricaux n'auront pas s'en féliciter. Parmi les personnes qui auront rendre compte de leurs méfaits, on cite le fils d'un mar- guillier, lin candidat notaire qui attend pour demain sa nomination dans un canton du Totir- naisis, un typographe, de la maison Caslerman, qu'en a surpris tenant un couteau de boucher en mains, etc. El voilà ce qui se passe dans la bonne ville de Tournai, grâce la mansuétude de Mgr Dumont. Mais celle affaire pourrait bien être le coup de grâce pour nos adversaires c'est du moins le sen timent de tous les gens sensés que comptait encore le parti clérical. Progrès de Charleroi). C'est la cri d'épouvante que jettent partout ces bons cléricaux: On lit trop! Le peuple com mence lire; il veut lire chaque jour d'avantage; il veut s'instruire. S'il persiste dans cette voie, c'en est l'ait de la réaction, toute fondée sur l'ignorance. Les cléricaux n'osent dire qu'il y a trop d'écoles, ce cri de cœur ferait un véritable scandale. Mais ils trouvent qu'il y a trop de libraires. Récemment M. Fournier, membre de la droite, du sénat français, l'avouait avec un sentiment de tristesse et d'inquiétude mal déguisé. Toutes les petites villes, s écriait-il avec des larmes dans la voix, ont partout des libraires! LE PROGRES VIRES ACQUIRIT EUNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'anoudissemcnt administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00 idem Pour le restant du pays7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 5!). INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-2a.

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Le Progrès (1841-1914) | 1878 | | pagina 1