38e ANNÉE.
7 Avril 1878
6 FRANCS PAR AIN.
JOURNAL D'ÏPHES ET DE L ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
Contrairement l'opinion répandue depuis quel-
ues jours, les négociations n'oni pas été reprises
ilr. l'Angleterre et la Russie pour arriver la
éunioii dm congrès.
Constatons ici que la Russie ne doit nullement
nger une réunion des puissances en dehors de
Angleterre. Tout d'abord le général Ignatieff est
ulfisamment édifié parle résultat des négociations
u il a faites récemment avec le cabinet de Vienne;
nsuile l'Allemagne ne consentirait en aucune façon
se faire représenter dans un congrès dont l'Angle-
rre serait exclue. C'est le prince de Bismark qui
a déclaré lui-même, au dire d'une dépêche trans-
ise Londres par lord Odo Rnssell.
Les Russes sont trop fins diplomates pour ne pas
nir compte de tels avertissements et déjà un télé-
ramme de St-Pétcrsbourg nous apprend que le
nérai Ignatieff ne fera pas de second voyage
'ienne.
Pour se dédommager de l'insuccès de sa politique
n Angleterre et en Autriche, le gouvernement russe
itles plus grandsefforts pourarriverà uneenlente
lide avec la Porte. A Constantiuople, on dit que
premier résultat de ces démarches sera une mo-
ification complète dans le ministère du Sultan.
Toutes ces nouvelles ne sont pas bien rassuran-
•s. Ajoutons cela la mauvaise impression pro-
uile Sl-Pétersbourg par la note-circulaire du
arquis de Salisbury. Cette note, dit lecorrespon-
ant du Times dans la capitale de l'Empire
oscovitp, est une preuve nouvelle de l'intention
il gouvernement britannique de faire la guerre
Russie, et elle suffirait elle seule pour détruire
ute illusion que l'on pourrait avoir gardée au
jet de la paix.
Le langage du Nord n'pst pas moins significatif,
la fois menaçant et railleur, ce journal reproche
ministre anglais d'étendre au delà de toute limite
isonnable la sphère des intérêts britanniques
ous convenez, dit-il au ministre, qu'il y a des
formes opérer en Orient, mais vous voudriez
u'on pût y arriver sans loucher la puissance
tomane peut-être seriez-vous même d'avis que
Russie indemnisât la Turquie. Au surplus,
uelle est la solution que vous proposez
Le différend qui a éclaté entre la Russie et la
ouinanie au sujet de la rétrocession de la Bessa-
bie prend un caractère de plus en plus aigu.
Dans un entretien qu'il a eu avec le prince Ghika.
le prince Gortchakoff a déclaré très positivement
que la décision de la Russie était arrêtée sur cette
question et que rien ne pourrait la modifier. Si la
Roumanie résistait, la Russie occuperait sans
retard son terriloire et désarmerait toutes les trou
pes du prince Charles.
Ces menaces ne détermioeront pas la Roumanie
céder. Telle est du moins la déclaration faite dans
une circonstance récente par M. Cogalniceano.
On télégraphie de Rome la Gazette de Colo
gne que la réponse de l'empereur d'Allemagne a
lettre du pape a été remise au cardinal Franchi par
le comle Paumgarten, ambassadeur de Bavière
auprès du Vatican.
Une dépêche de Téhéran annonce que le Shah
de Perse, avec sa suite, s'est mis en roule pour
l'Europe par la voie de Tiflis.
La Décentralisation de Lyon annonce que des
officiers autrichiens de la réserve, employés dans
des maisons de commerce de celte ville, ont reçu
avis, samedi, de partir; ils doivent être rendus
Vienne le 27 avril.
Les cléricaux au pouvoir ont augmenté le bud
get de la guerre de plus d'un cinquième depuis
1870.
Ils ont augmenté le contingent et les charges
personnelles.
Ils ont mentenu la conscription.
Or, en 1868, ils faisaient, alliésà l'Internationale,
des processions avec le drapeau rouge et des mee
tings pour réclamer:
1° Une la.ge réduction du budjet de la guerre
et des dépenses militaires;
2° L'abolition de la conscription
3° Le rejet de toute aggravation des charges
militaires, soit quant au contingent soit quant
la durée du service
4° La proscription du fléau du militarisme.
MM. de Kerkhove, Coomanset autres péroraient
côté de MM. Janson, Robert et des chefs de l'In
ternationale.
M. de Kerkhove allait jusqu'à exaller les gueux
et tenait le langage le plus violent.
Rappelons seulement un épisode de cette agita
tion malsaine, suscitée par les cléricaux, qui s'al
liaient aux socialistes et aux radicaux pour exciter
les classes ouvrières contre la royauté, contre nos
institutions.
C'était le 9 février 1868. Lesclérico-radica-socia-
listes tinrent la Renommée un grand meeting
auquel des ouvriers de Seraing et des environs
assistaient, après avoir été conviés par des affiches
retentissantes.
On voyait siéger au buerau la fine fleur des clé
ricaux liégeois:MM. A. Grandmont, vice-précidenl
du meeting; L. Coustant, Dejaer-Crossée, Vanden
Berg. conseiller communal, comte de Limburg-
Stirum, depuis sénateur Ed. Cloes, Emile Ponce-
let, Lekeu. depuis juge de paix; le comte de
Grunne. V. Ernotle, Frincœur-Thomassc. Wanters-
Cloes, côté des chefs ou des adhérents de l'Inter
nationale de Liège; de Verviers et de Seraing,
MM. Maréchal, Jamar, Gomzé et Marquet.
Le meeting votait d enthousiasme, dit la Ga
zette de Liéqe, les résolutions suivantes, après
avoir décerné des remerciments aux orateurs en
tendus, MM. de Kerkhove, Victor Collette, Coo-
mans, Janson et Robert
Le meenting arrête
1° Qu'il proteste contre toute aggravation des
charges militaires, soit qu'elles entraînent une
augmentation du budget etconlingent, soilqu'el-
les inpliquent une augmentation du temps de
service;
2° De décréter l'abolition de la conscription,
une large réduction du budget de la guerre et
des dépenses militaires
3° Qu'il est du devoir de chaque citoyen libre
de combattre en tout temps, en tout lieu, le
fléau du militarisme.
Les deux premières décisions faisaient l'objet
d'une pétition signée, séance tenante et adressée
aux Chambres.
Parmi les signataires de cette pétition, outre les
membres du bureau, on remarquait MM. J. Be-
gasse, F. et G. Cornesse, Ernest et L. de Waha,
T. H. de Corswarem, Clerx de Waroux, de Fave-
reau de Jenneret, de Villenfagne, L. Demarteau,
Ernest Fabry, Galopin, J. Ghymers. D. Joliet,
M. Lambinon, L.-J. Marchot, quatre Nagant,
Otterspagh. J. et A. Ophoven, Emile. Ed. et A.
Poncelet, Pholien, deux Raikem, Spée-Zélis, C.
Vandenberg, etc.
Après le meeting, dans un banquet fraternel,
qui réunissait les membres du bureau, ceux-ci, les
cléricaux en tête, décernaient la présidence d'hon
neur M. Paul Janson.
Les discours des orateurs cléricaux sont curieux
relire aujourd'hui. On y voit quels moyens ils
avaient recours et avec quelle indignité ils leurraient
les électeurs ils les ont indignement trompés en
votant ie contre-pied de leurs déclamations et de
leurs programmes.
Qu'est devenue la belle ardeur de M. de Kerck-
hove et de ses amis de Liège Toutes les charges
militaires ont été aggravées, considérablement ag
gravées, avec leur adhésion.
Et cependant il n'y a plus eu ni agitation, ni
meetings. L'Internationale, dont les cléricaux te
naient les ficelles, n'a plus fait de processions, ni
de réunions incendiaires. Les socialistes et les
radicaux sont restés cois cl n'ont pas même pro
testé contre les alliés qui les avaient mystifiés. Les
cléricaux avaient renversé les libéraux dès lors
tous les griefs anti militaristes ont disparu comme
par enchantement. (7. de Liège).
j\0 341. Dimanche,
LE
PROGRES
VIRES AC0UIRIT EUNDO.
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