Les électeurs gratuits. La sainte presse. Les Tribunaux. Nouvelles locales. Nouvelles diverses. Bibliographie. La statistique réclamée par M. Frère des membres du clergé cl des membres de l'enseigne ment public, qui sont rétribués par l'Etat, les provinces et les communes et qui ont la jouissance d'un logement gratuit ou d'une indemnité de loge ment. vient d'être distribuée la Chambre. Les chiffres qu'elle donne sont des plus caracté ristiques. Il y a, en Belgique, parmi les membres du clergé, du chef de logement gratuit 1.829 électeurs généraux 3.052 électeurs provinciaux 3.226 électeurs communaux. Les membres du clergé, électeurs pour d'autres causes que le logement gratuit, n'atteignent que les chiffres de 264 électeurs généraux 335 électeurs provinciaux 374 électeurs communaux. Par contre, les membres de l'enseignement public électeurs, du chef de logement gratuit, sont seulement au nombre de 181 électeurs généraux 888 électeurs provinciaux 2,143 électeurs communaux. Et ceux électeurs pour d'autres causes 162 électeurs généraux 375 électeurs provinciaux 512 électeurs communaux. On comprend, en voyant cette supériorité écra sante des électeurs gratuits dans le clergé, pour quoi M. Frère attachait tant d'importance cette statistique et, pourquoi le gouvernement a lardé autant qu'il a pu la rendre publique. Conclusion partout où il y a lutte, une diffé rence insignifiante de voix décide du résultat des élections. Par conséquent, il résulte des chiffres officiels publiés ci-dessus que la loi est faite en Belgique une majorité libérale par quelques milliers de prêtres qui sont on réalité de faux électeurs. Les feuilles de l'ordre, de la morale, de la reli gion et de la grande école de respect, continuent donner Dame Thémis une besogne de tous les diables. Nous avons mentionné jeudi la condamnation d'un saint journal brugeois environ cinq mille francs d'amende pour refus d'insertion d'une ré ponse un article injurieux. A Charlcroi, la pieuse Union vient d'être con damnée 100 francs d'amende pour retard apporté dans la publication d'une lettre elle adressée par le président de l'Association libérale. Enfin, un journal clérical flamand, le Katholijke Belg, notoirement connu comme étant rédigé par des prêtres, et poursuivi devant le tribunal de Ter- monde, pour un article ignoble dans lequel une honnête femme, Mlle Marie Verbeeck, institutrice l'école laïque, était outragée, diffamée et calom niée de la manière la plus indigne. Apprenant qu'ils allaient être poursuivis, les lâches rédacteurs du pamphlet pieux publièrent une rétractation il était trop tard. M,,e Verbeeck de mande 25.000 francs de dommages-intérêts. Sous peu. on s'occupera Gand du procès intenté aux saints diffamateurs des honnêtes ou vrières qui ont figuré sur un des chars du Cortège de la Pacification. Et voilà la presse laquelle le clergé n'a pas honte d'accorder son patronage. Depuis 1865 M. Victor Jacobs vote illégalement Anvers c'est ce que vient d'établir un arrêt de la Cour de Cassation ordonnant la radiation de cet ancien ministre de la liste des électeurs d'Anvers. M. le conseiller Demeure, désigné pour prési der les grandes assises dans l'affaire Langrand- Dumonceau et consorts, a procédé l'interroga toire préalable exigé part l'art. 293 du Code d'instruction criminelle, des six accusés de Lan- grand (André), G. De Decker, Alph. JNolhontb, le comte de Liedekerke-Beaufort, le comte A. Duval de Beaulieu, Coumont et Pr. Crabbe. Tous avaient reçu signification de l'arrêt de ren voi et de l'acte d'accusation. Aux termes de l'art. 4 de la nouvelle loi du 18 Avril 1878, les accusés ont été avertis qu'ils ont dix jours au lieu decinq pour se pourvoir en cassa tion contre l'arrêt de renvoi s'ils le jugent convena ble. Ils ont annoncé leur intention de se pourvoir. Soeiété de la Concorde. Programme des morceaux qui seront exécutés le Dimanche 19 Mai 1878, 6 h., du soir, par la Musique du I" Régiment de Ligne, sous la direction de M. Charles Simar. I/IUuMtratioii Européenne (10,50 frs. franco par an) (Gazette). DENIER DES ÉCOLES. Montant des listes précédentes, Bus van den Gouden Arend, Dépenses jusqu'à ce jour. En caisse, fr. 15,812-95 8-30 15,Stl-%5 11,577-82 4,243-43 1er* Partie. 1. Rubens, marche, P. Benoit. 2. La dame de pique, ouverture, Suppé. 3. Coquetterie, polka, Stennebrugen. 4. Cinq-Mars, op: de Gounod, trans cription de M. J. Simar. 2' Partie. 5. Caprice sur des motifs de Merca- dante, Snel. 6. Le soir, valse, Métra. En cas de mauvais temps ce programme servira pour le concert du 9 Juin. La Catastrophe de la rue Béranger, Paris. lin épouvantable sinistre est arrivé, Mardi soir, Paris. Voici les détails que donne le Figaro sur ce lugubre événe ment, qui a répandu la consternation dans la population parisienne Au n° 22 de la rue Béranger, se trouve au rez-de-chaussée uii magasin d'articles de ménage et jouets d'enfants apparte nant M. Blanchon. 'Dans le nombre d< s jouets étaient com pris, pour une large part, 1rs pistolets et canons qui détonent au moyen d'amorces en papier, c'est-à-dire de petites parcel les de fulminate déposées sur un carré de papier spécial. Hier soir, huit heures moins dix, tous coup une formi dable détonation retentit. Le dépôt d'amorces avait fait explosion la maison une maison six étages avait pris instantanément feu du haut en bas, et, sous l'épouvantable secousse qu'elle venait de subir, elle s'était effondrée... Il se passa, pendant les cinq minutes qui suivirent, quelque chose d'indescriptible. La force de l'explosion avait fait écla ter toutes les glaces de l'immense magasin du Pauvre Jacquesqui fait le coin de la rue et de la Place du Châleau- d'Eau, et les éclats, projetés au loin, allaient atteindre les passants de tous côtés. Dans la rue Béranger aussi toutes les vitres étaient brisées, les maisons voisines, secouées, trem blaient sur leur base le mur du n° 21, notamment, se lé zarda du haut au bas et les locataires affolés se précipi taient dans la rue. Cependant, peu a peu, un ordre relatif s'établit et les sau vetages commencèrent. Un infirmier retira trois personnes des décombres. Un ouvrier a aidé M. Silva, négociant en sol des, habitant du troisième étage, sortir de dessous une énor me pierre où il se trouvait emprisonné. Grâce au même brave garçon, Madame Silva et sa Glle ont pu échapper la mort. Une petite fille de cinq ans, complètement entourée par les flammes, poussait des cris déchirants, un jeune homme s'é lança, et sortit bientôt, les deux poignets brûlés, mais rap portant l'enfant saine et sauve. Enfin on relevait, une certaine distance, le concierge et sa femme qui, lancés hors de leur loge par l'explosion, avaient rampé sous les décombres, ne sachant où ils allaient, poussés par le désir de vivre.... le mari n'avait que des contusions, la femme avait le bras droit cassé. Ce n'est pas seulement dans la maison où s'était produite la catastrophe que des secours immédiats étaient nécessaires. Au o° 19, le concierge avait les yeux brûlésQuand on approcha de lui, on recula d'horreur les globes étaient sor tis des orbites et pendaient sur les joues.... Au numéro 21, une femme épouvantée s'était suspendue l'appui de la fenê tre du troisième on n'eut que le temps de monter la reti rer de cette situation périlleuse.... Bientôt arrivèrent en foule les soldats, les agents de la paix et les pompiers. malheureusement le sauvetage était bien difficile. Toute la maison s'étant éboulée dans les caves, les habi tants du rez-de-chaussée et des premiers étages ont naturelle ment été écrasés les premiers, tandis que ceux des étages supérieurs, glissant au milieu des décombres, pouvaient pour ainsi dire être cueillis au passage parles sauveteurs.... On serait tenté de croire que l'effondrement d'une si haute maison, pleine de meubles, lient une place considérable les décombres, au contraire, tenaient tout au plus la place d'un étage, commançant, il est vrai, au plafond du second, mais finissant en pente au ras du sol. Le gardien Jacob parvient sauver onze blessés. Un tonnelier, Edouard Dechaux, sauve lui seul onze per sonnes. Des ambulances provisoires sont établies dans les pharmacies des environs. Nous voyons passer devant nous, deux enfants: un bébé de deux ans, nu, tout noirci parles flammes; une fillette de quatre ans, ensanglantée et penchant sa petite tête blonde sur l'épaule d'un gardien de la paix qui l'emporte... Une autre fillette de dix douze ans, expire dans les bras de deux pompiers qui la transportaient dans une pharmacie. La dernière personne sauvée a été une jeune fille qui pous sait de véritables hurlements sous les décombres. Ses pieds seuls passaient. Le brigadier Delroyes l'a tirée en écartant quelques poutres, et s'apprêtait mettre sur un brarreard cette pauvre jeune fille, quand, se dressant elle-même, elle a pris saine et sauve, la fuite... Mais qu'est-ce que cela auprès du nombre probable des victimes! La maison où est arrivée la catastrophe necomprend pas moins de cent dix habitants qui, l'heure du dîner, de vaient être, presque tous, chez eux... Combien manquent l'appel Il y a d'abord M. Cremnits, marchand de tableaux, et sa famille. Ils étaient une dizaine table, dans une salle man ger au fond de la cour... Aucun n'a reparu. Un marchand de tabletterie cherche sa femme et ses cinq enfants. Plus loin des enfants appellent en sanglotant leur père. Sous la vestibule du numéro 19, M. Mathieu, le gérant, va de l'un l'autre, demandent d'un air égaré si l'on na pas vu sa femme qu'il avait laissé la maison... Et l'incendie croît de plus en plus, malgré les efforts des pompiers Il faut interrompre toute tentative de sauvetage. Les pompes vapeur, installées sur la place et puisant dans le bassin du Château-d'Eau, sont impuissantes... A l'hôpital Saint-Louis, six personnes seulement sont arri vées. Parmi elles se trouve un locataire de la maison qui l'explosion a brisé le menton, en le lançant en l'air, et dont le crâne a été fracturé par le choc contre le plafond.. Le malheu reux râle. Un autre, M. Domis, a la jambe brisée. Oubliant sa propre souffrance, il demande si l'on a retiré sa femme et sa fille. Il paraît un peu plus calme quand on lui apprend qu'elles sont en sûreté chez les sœurs de la rue du Temple. Un mot terrible. En envoyant Saint-Louis un autre blessé, M. Donion, médecin-major du 125e, donne cette consigne aussi terrible que concise L'amputer toute de suite, sinon il est perdu. El le fourgon que le directeur de l'hôpital a fait préparer dès la première nouvelle de la catastrophe recommence son sinistre va-et-vient. Tout le personnel de Saint-Louis, carabins en tablier, chirurgiens, bonnes sœurs, infirmiers, est en per manence. M. Lelong, régisseur du Troisième-Théâlre-Français, qui avait fait relâche, en présence de la catastrophe, a été blessé en aidant au sauvetage. A deux heures, l'incendie augmente encore. Un pan de mur vient de s'écrouler, entraînant trois soldats du 102e de ligne qui éclairaient les pompiers. Encore trois victimes! Sur le lieu du sinistre, sous les décombres, travers le cré pitement de l'incendie, on entend encore les blessés râlersans qu'on puisse leur porter secours!... Les ingénieurs de la compagnie du gaz ont dirigé les tra vaux de façon couper les conduites de gaz. Ce travail n'a pu aboutir qu'à U heures du soir. Trois cadavres seulement ont été retirés des décombres de l'incendie; mais il est certain que plusieurs autres y sont en fouis. Le nombre en est ignore. Aucun sauveteur n'a péri: le préfet de police est contusionné la jambe et brûlé la main. Il y a de nombreux blessés; plusieurs ont été déjà amputés. Sommaire du N°. 28. Gravures -- La Madone dans les bois, d'après M. W. Q« Orchardson. Le départ pour la Pêche, d'après M.C.Blanc. Ruines d'Athènes. Temple de Jupiter. Arc d'Adrien.— La Pêche la Baleine. Texte. Nos Gravures. Chronique deçà delà. -Le Moine de la Bue St.-Jean. Légende Bruxelloise. Médecine Usuelle. La Guérison des Brûlures. Esquisses morales.

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Le Progrès (1841-1914) | 1878 | | pagina 2