La chaire et le confessionnal. line école convertie en club électoral. Mensonges et Vérités. ÉLECTEURS Anathème qui dira Ixs ministres sacrés de rEglise doivent être exclus de tout soin et pouvoir sur les choses temporelles. (Art. 27). - Anathème qui dira Le for ecclésiastique, pour les procès temporels des clercs, soit au civil, soit au criminel, doit être absolument aboli, même sans consulter le siège apostolique et malgré ses réclamations. (Art. 31). Anathème qui dira Au cas d'un conflit de lois entre les deux pouvoirs, le droit civil prévaut. (Art. 42). Anathème qui dira Toute la direction des écoles publiques dans lesquelles la jeu nesse d'un état chrétien est élevée, si l'on en excepte, dans une certaine mesure, les sémi naires épiscopaux, peut et doit être attribuée l'autorité civile, et de telle manière qu'il ne soit reconnu aucune autre autorité le droit de s'immiscer dans la discipline des écoles, dans le régime des études, dans la collation des grades, dans le choix et l'approbation des maîtres. (Art. 45). Anathème qui dira Les rois et les prin ces non-seulement sont exempts de la juridic tion de l'Eglise, mais ils sont même supérieurs l'Eglise, quand il s'agit de trancher les ques tions de juridiction. (Art. 54). Anathème qui dira L'Eglise doit être sé parée de l'Etat et l'Etat de l'Eglise. (Art 55). Anathème qui dira: On doit proclamer et observer le principe que l'on nomme de non- intervention. (Art. 62). Anathème qui dira Le sacrement de ma riage n'est qu'un accessoire du contrat et peut en être séparé, et le sacrement lui-même ne consiste que dans la seule bénédiction nup tiale. (Art. 66). Anathème qui dira: De droit naturelle lien du mariage n'est pas indissoluble, et, dans certains cas, le divorce proprement dit peut être sanctionné par l'autorité civile. (Art. 67). Anathème qui dira L'Eglise n'a pas le pouvoir d'apporter des empêchements diri- mants au mariage mais ce pouvoir appartient l'autorité régulière, par laquelle les empê chements existants doivent être levés. (Art. 68). Anathème qui dira: Les causes matrimo niales et les fiançailles, par leur propre natu re, appartiennent la juridiction civile. (Art. 74). Voilà les principes que nos ultramontains cherchent faire prévaloir non-seulement ils veulent nous ravir toutes les libertés qui sont inscrites dans notre belle Constitution, mais ils condamnent la plupart de nos institutions organiques ainsi, leurs yeux le mariage civil est une usurpation et le divorce un crime. Enfin les prêtres ne devraient pas être justiciables des tribunaux temporels et les petits frères et les curés qui, comme celui deRousbrugge, commettent de ces abominables souillures sur l'enfance, ne devraient pas pou voir être condamnés parlajustice de leurpays. Lorsqu'apparut ce corps de doctrines, il fut désavoué tout d'abord par le plus grand nom bre des catholiques beaucoup étaient encore imbus des idées qui avaient présidé l'Union de 1830; ils n'étaient pas disposés désavouer, ni flétrir le lendemain ce qu'ils avaient admiré et défendu la veille ils étaient atta chés d'ailleurs notre Constitution, parce qu'ils avaient appris chérir les libertés qui y étaient inscritrs enfin, ils étaient heureux et fiers d'être Belges, parce qu'ils entendaient préconiser même en pays étranger la liberté comme en Belgique. Evidemment, on ne pouvait espérer que le grand parti catholique aurait abandonné du jour au lendemain toutes les théories qu'il avait préconisées et chéries; la Chambre même on vit des représentants de ce parti qui dés avouèrent ces théories mais le haut clergé n'entendit pas de cette oreille et dès l'appari tion du Syilabus il en fit enseigner les doctri nes dans les séminaires et dans son université et créa partout des journaux pour en défen dre et en propager les principes Ypres le Journal d Ypres n'eut pas d'autre mission. Il arriva ainsi qu'à fur et mesure-qu'une nouvelle génération sortit des mains du cler gé, il s'y recruta une fraction ultramontaine, qui on avait appris travailler prudemment et clans l'ombre substituer le Syilabus notre Constitution et nous ravir toutes les libertés conquises par nos pères au prix des plus grands sacrifices. Eh bien c'est cette fraction, la quelle M. Surmont appartient de corps et d'âme, que nous combattons de toutes nos forces. La ques tion de personne n'est rien, la question de prin cipe est tout, et comme M. Surmont l'a dit lui- même la séance de l'Association cléricale, pour lui la Constitution n'est rien que une sim ple loi humaine qui, comme toute loi humaine disparaîtra ou sera modifiée un jour, sous lempire de circonstances qui commanderont im périeusement ces modifications. Et quand ces tems seront-ils arrivés? Suelle génération sera-t-il donné d'introduire ans notre législation les vrais principes chrétiens, source de tout progrès véritable Mais c'est bien simple ces tems seront arrivés lorsque le corps électoral aura nommé une majorité d'ultramontains de l'école de M- Surmont, qui trouvent qu'ils ont le droit et le devoir de modifier la Constitution, lorsque les circonstances auront rendu ces modifica tions possibles. Il y a donc cette différence entre les deux candidats que pour M. Hynderick les droits que garantit la constitution, sont des droits naturels et immuables, qu'aucun1 pouvoir ne saurait nous ravir et que nous aurions toujours le droitde revendiquer et de défendre, même, s'il le fallait l'aide de la fièvre émotionnaire,tan dis que pour M. Surmont et son école, la Con stitution est une simple transaction qu'ils veulent bien tolérer, aussi longtems qu'ils ne se sentiront pas assez forts, pour la renverser et y substituer les principes immuables du Syi labus. Eh bien Electeurs, entre ces deux hommes votre choix ne saurait être douteux. Si vous voulez le maintien de nos libertés et de nos institutions constitutionnelles, votez pour M. le chevalier Auguste Hynderick voulez vous au contraire y voir substituer,ce qu'à Dieu ne plaise, dans un avenir plus ou moins éloigné, les vrais principes chrétiens du Syilabus, don nez votre voix M. Surmont mais rappelez- vous que le pays a les yeux fixés sur vous et qu'il aspire après sa délivrance. Il serait impossible de décrire les violences auxquelles se livre le clergé et tout ce que nous pourrions dire serait au-dessous de la réalité. Dans plusieurs communes, et peut- être dans toutes celles où le clergé sent glisser le terrain sous ses pieds, il a inventé a'orga- niser un jubilé qui commence Samedi dans ce but il appelle son secours trois ou quatre moines qui doivent prêcher et lancer deux ou trois fois par jour du haut de la chaire,des in famies contre les libéraux; tout le monde, et surtout tous les électeurs doivent aller con fesse avant Mardi, et on comprend faciler ment le reste. Ainsi, comme on l'a prévu du reste, le clergé affiche aujourd'hui tout haut la prétention de faire les élections et appelle son secours le confessionnal, pour timorer les consciences et imposer ses choix. Le corps électoral se sou mettra-t-il cette influence ty- ranique? Subira-t-il ce joug humiliant et de vrons-nous reconnaître la légalité d'un pouvoir issu d'une pression aussi odieuse et qui ne représentera plus la volonté de la nation. Tous les pouvoirs émanent de la nation, dit notre belle Constitution et, au lieu de cela, devrons-nous subir en silence un pouvoir qui n'émane que du clergé? Eh bien non; mille fois non, et nous espérons que notre corps électoral aura assez d'indépendance et de pa triotisme,pour protester contre l'odieux régime qu'on veut imposer notre pauvre Belgique. Voici maintenant que la chaire et le confes sionnal ne suffissent plus; on s'empare de l'école pour apprendre aux enfants faire la leçon leur père et lui enjoindre comment il doit voter. C'est par trop fort Oh, nous précisons, car nous ne craignons pas d'être dé menti. A Gheluwe, un prêtre s'est introduit dans l'école et a distribué tous les élèves un écrit relatant tout ce que feraient les libé raux s'ils arrivaient au pouvoir, les enfants devaient emporter les imprimés chez eux, en donner lecture leur père une fois par jour et l'exhorter voter avec le bon parti et pour mieux frapper l'imagination de ces enfants, on leur fait réciter des prières, tous les soirs jusqu'à Mardi. Eh bien, nous le demandons aux hommes honnêtes de tous les partis n'est ce pas enseigner aux enfants une abominable morale que de leur faire accroire que c'est eux exhorter et faire la leçon leurs parents Des violences pareilles n'ont pas de précédentes. Et puis, voyez vous cette école réduite en club électoral où on apprend aux bambins mépriser et haïr une opinion, laquelle appartiennent presque tous les membres de leur famille. Et une pareille infâmie pourrait se commet tre sans attirer l'attention du gouvernement, sans provoquer une enquête et sans que le gouvernement n'en prévienne le retour l'ave nir. C'est ce que nous verrons. En attendant nous prions tous nos amis de nous faire connaître toutes les excentricités auxquelles le clergé se livrera dans leur com mune. Il importe que ces excentricités soient dénoncées l'indignation publique. Nos cléricaux ont trouvé une nouvelle ma chination pour fausser le verdict du corps électoral ils viennent de donner plusieurs de leurs locataires qu'ils croyaient disposés voter pour le candidat libéral, l'ordre de ne pas se rendre l'élection. Si ce nouveau moyen de pression devait être toléré, autant vaudrait inscrire dans la loi électorale comme premier et unique article Les électeurs cléricaux pourront seuls prendre part au vote. Nous ne tolérerons évidemment pas ce nou veau moyen de fraude et il y aurait lieu d'examiner, s'il n'y a pas rendre le vote obli gatoire pour tous les électeurs qui ne seraient pas empêchés par un motif légitime de pren dre part au scrutin. Il n'y aurait pas là de contrainte morale, puisque l'électeur conserve rait toute sa liberté, même celle de déposer un bulletin blanc. Nous soumettons cette question l'attention de nos amis politiques, persuadés qu'elle est appelée recevoir une solution dans un ave nir peu éloigné. Nos cléricaux cherchent encore surprendre votre bonne foi, l'aide du mensonge et de la calomnie. Ce système leur a si bien réussi, en 1870, qu'ils semblent s y complaire, mais allez vous vous laisser tromper encore Vous verrez comment on altère la vérité pour tâcher de gagner vos suffrages.

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Le Progrès (1841-1914) | 1878 | | pagina 2