La Manifestation libérale d'Anvers.
Vainqueurs, que ferons-nous?
Le Ministère libéral.
pour 1rs travaux publics. Il est question aussi de
créer un ministère de l'instruction publique, dont
on ne désigne pas le titulaire, mais il parait qu'il
n'est plus question de M. Rolin-Jacquemyns
cause de plusieurs articles qu'il aurait écrits dans
une revue internationale.
Dans tous les cas, les anciens ministres resteront
au pouvoir, dit-on, jusqu'au 2 Juillet; ils gagne
ront ainsi un mois de traitement; voilà comment
nos adversaires comprennent la dignité du pouvoir.
Vous me demandez qui sera commissaire d'ar
rondissement Ypres je regrette de ne pouvoir
satisfaire votre curiosité, mais j'ai tout lieu de croi
re que le clioix sera conforme aux vœux et aux in
térêts de l'opinion libérale.
Ce sera une nouvelle déception pour Mr H. I.
qui se figurait très sérieusement qu'il allait être
nommé ces fonctions; la vérité est qu'on entrete
nait chez lui cet espoir pour le faire marcher mais
il est connu dans son parti et personne n'ignore
qu'il ne sait pas écrire trois lignes sans faire dix
fautes; aussi, si le ministère n'était pas tombé,
vous auriez déjà eu pour commissaire d'arrondisse
ment M. Domis de Semerpont, le secrétaire de
l'ancien ministre de la justice. M. Domis est un
cousin des Ruzette, des Devinck et il appartient
cette fraction de la noblesse qui commence bri
guer les fonctions publiques, sans s'inquiéter s'ils
ont les connaissances voulues pour les remplir.
Vous voyez donc bien que votre H. I. a bien
tort de tant gémir sur le résultat des élections:
quelqu'en fût l'issue, son sort était de devoir se ré
signer, car ses amis ne voulaient pas plus de lui
que ses adversaires. Personne ne pleurera du reste
sur son triste sort, car il y a réellement outrecui
dance de sa part de prétendre des fonctions quel
conques.
2 heures.
La manifestation a été grandiose. Toute la ville
est pavoisée. La réception des Gantois a eu lieu
vers une heure la gare du Pays de Waes, où se
trouvaient réunies les sociétés libérales flamandes
d'Anvers.
L'arrivée du train a été annoncée par des boîtes
d'artifices placées sur un canot. Au moment où
le bateau vapeur a stoppé, de formidables accla
mations ont retenti. La dépulalion gantoise, qui
était conduite par MM. Lippens et Willequet, a
été félicitée par MM. Vander Taelen et Florus au
nom des libéraux anversois.
Nous sommes heureux de recevoir, a dit M.
Vander Taelen, les fiers lutteurs de Gand qui ont
mérité le nom de sauveurs de la pallie. Après de
longues années de lutte, ils ont eu le bonheur de
débarrasser le pays d'un ministère qui faisait la
honte et le malheur de la Belgique.
Un triple hurrah a accueilli ces paroles énergi
ques.
M. Florus a félicité son tour les Gantois en
langue flamande, puis M. Lippens a remercié les
libéraux d'Anvers de l'accueil enthousiaste qui était
fait aux Gantois.
Un accueil chaleureux a été également fait aux
représentants de l'Association libérale de Bruges
et de Brugye Vooruit, avec son beau drapeau.
Parmi les drapeaux, on a beaucoup remarqué
celui de Lokeren, bleu, surmonté d'une croix bleue
surlaquelleon lisait: La croix chasse les démons.
Les arrivants étaient chargés d'une quantité d'im
menses et spleudides bouquets, dont un de bluels
avec cette inscription en marguerites blanches:
il Juin.
Le cortège s'est mis en route au milieu d'une
foule compacte qui poussait des hurahs sans fin.
Les dames agitaient leurs mouchoirs et une pluie
de bouquets tombait des fenêtres.
La réception désassortions libérales de Bruxel
les et de Liège n'a pas été moins enthousiaste. Elles
ont été reçues par MM. David et Delvaux la gare
de Borgerhout.
La Place Verte où les cortèges se sont rencon
trés, présente un coup d'oeil splendide. De nom
breux corps de m usique jouent YHymne des Gueux,
pendant que la foule acclame les libéraux avec
enthousiasme.
5 heures 36.
Les acclamations les plus enthousiastes ont éclaté
sur le parcours du cortège de la place Verte au
local de l'Harmonie. Presque loulesles associations
libérales du pays étaient représentées. Tous les
manifestants portaient la couleur bleueàla bouton
nière. Plusieurs associations avaient avec elles
d'immenses couronnes et d'énormes bouquets.
Lorsque les manifestants sont entrées au local
de la société de l'Harmonie, un orchestre a joué la
Brabançonne, que la foule a accompagnée.
La salle était splendide; des trophées avaient, été
déposés dans le fond, où sont allés se ranger tous
les porteurs de drapeaux. Les galeries supérieures
étaient remplies de dames qui agitaient leurs mou
choirs.
Pendant plus d'une demi-heure les acclamations
les plus vives ont retenti l'enthousiasme qui
régnait dans la salle était indescriptible. Une
magaifique ovation a été faite MM. d'Andrimont.
Bara, Janson, Pecher et Dewael, qui ont prononcé
d'éloquents discours.
Au moment où M. Bara est monté la tribune,
les musiques ont joué l'air des Tournaisiens et pen
dant plusieurs minutus la salle croulait sous les
bravos. Les manifestants se sont séparés quatre
heures et demie. Une grande animation règne en
ville.
Telle est la question du jour!
La Belgique est redevenue libre et indépendante
comme toutes les autres nations européennes, elle
va reprendre sa marche dans la voie du progrès,
résolùment mais sagement. Le parti clérical et ro
main, qui ne vivait que par la fraude et la pression
(l'aveu est du Courrier de Bruxelles lui-même),
est désormais battu qu'il repose en paix Le
libéralisme, par contre, est puissant et vainqueur
quels seront les fruits de sa victoire?
Nous n'avons, quant nous, pas l'intention
d'examiner, cette heure, les réformes qui arrive
ront en leur temps, mais ce que nous pouvons
assurer, c'est que le ministère libéral, auquel tou
tes nos sympathies sont acquises, ne restera pas,
lui, les bras croisés, dans une expectative funeste
la prospérité matérielle et intellectuelle de la
ualion.
Les journaux cléricaux, en général, et la simple
Gazette de Nivelles, en particulier, doivent être
altérés songez donc! avoir si bien démontré par
a—J— b, sur tous les tons et des milliers de numé
ros, que le libéralisme est l'ennemi déclaré de la
religion catholique ainsi que delà société, et se voir
après cela, écrasés d'une pareille manière! Si ce
qu'ils avançaient avant le 11 Juin est vrai, ils doi
vent s'attendre apparemment voir chasser les jé
suites de leurs somptueux couvents et fermer les
églises dans tous les villages! S'ils étaient sincères,
dans quelle désolation ces journaux ne doivent-ils
pas se trouver?
Eh non, ils n'étaient pas sincères, ils étaient de
mauvaisefoidans toutes lesdéclamations insensées
les belges intelligents le leur ont bien prouvé!
Les folliculaires cléricaux, tonsurés ou non. sa
vaient alors comme aujourd'hui, qup le libéralisme
n'est pas une doctrine religieuse, qu'il est au con
traire et c'est là toute sa force un parti essen
tiellement politique, dont le but est d'accorder
chaque citoyen, la somme de libertés laquelle il
a droit d'après la Révolution Française et la Consti
tution du 7 Février 1831. Mais leur position, équi
voque depuis longtemps, devenait désespérée il
faillait mentir avec aplomb ils ont menti avec au
tant d'aplomb que les autres fois, maisils n'ont plus
réussi. Cela sera recommencer
La vérité est que, nos amis au pouvoir sauront
faire respecter toutes les religions, égales devant la
Constitution, sans en favoriser aucune. Comme
nous l'annoncions dimanche encore les maximes
libérales sous ce rapport sont le bourgmestre
libre dans l'hôlel-de-vil le le prêtre maître dans
son église, l'instituteur libre dans son école.
Les efforts de nos amis tendront a réparer autant
que possible le mal que le ministère clérical a fait
au pays pondant huit malheureuses années. Pour
cela, il leur sera indispensable de faire renaître
aussitôt et partout l'ordre, le travail, le calme et
l'indépendance dont tous nous avons tant besoin.
Voici l'aveu, dépouillé d'artifice, que les cléricaux
ne devaient leurs triomphes qu'à la contrainte et
l'intimidation des électeurs.
Nous le cueillons dans le Courrier de Bruxelles
de Jeudi
Le nouveau mode d'éleclion a tourné contre
nous le ministère paraît avoir perdu sa majorité
dans le couloir qu'il s'est laissé imposer par nos
adversaires.
Pas de commentaires!!
On lit dans l'Indépendance
Le bruit courait ce malin au palais de justice
qu'il pourrait bien y avoir cet élé une session ex
traordinaire des Chambres. Le but serait de com
pléter la réforme électorale.
On parlait aussi d'un projet de fractionnement
de l'arrondissement de Bruxelles en trois collèges:
l'un formé de la ville, l'autre d'une partie des fau
bourgs et des campagnes du nord de Bruxelles, le
troisième des faubourgs et des campagnes et dusud.
Le même projet retrancherait deux cantons de
l'arrondissement de Gand pour les donner celui
d'Eecloo ou d'Audenarde, et deux cantons de l'ar
rondissement d'Anvers, pour les donner celui de
Turnhoul. Ce projet sera déposé et discuté dans la
session extraordinaire, et une dissolution, du Par
lement suivrait cette session.
Toutes ces rumeurs sont trop vagues encore pour
que nous fassions autre chose que les rapporter sous
toute réserve.
On écrit d'Anvers, 16 Juin
La procession a parcouru son itinéraire sans
encombre, malgré le grand nombre de manifestants
présents Anvers. Un autel avait été élevé place
de Meir, où elle s'est arrêtée pendant assez long
temps, pas un geste n'a interrompu la cérémonie.
Beaucoup de coinpagnards se trouvaient sur le
parcours de la procession et paraissaient très-éton-
nés. Leur curé leur avait dit que si les libéraux
étaient élus, ils brûleraient les églises; or, non-
seulement on n'avait pas louché aux églises, mais
la procession circulait librement dans les rues. El
chose bien plus bizarre encore, toute la popula
tion d'Anvers portait la couleur de la Vierge.
C'était n'y rien comprendre; aussi ces bons villa
geois avaient-ils l'air tellement ahuri que l'on ne
pouvait s'empêcher de rire.
-» n
Richard.
Voici la composition du Cabinet libéral, telle qu'elle
était arrêtée Lundi
MM. Frère-Orban. Affaires étrangères
Bara. Justice
Van Humbeeck. Intérieur
Graux. Finances
Sainctelette. Travaux publics
Rolin-Jacquemyns. Instruction publique
Renard. Guerre.
Des portefeuilles ont été proposés MM. Pécher et
d'Elhougne. Ces messieurs ont refusé.
La création d'un septième ministère celui de l'in
struction et chose arrêtée.
Cette décision confirme ce que l'on dit des intentions
du nouveau cabinet. 'On assure qu'il a, au sujet de l'In
struction publique, un programme très arrêté et très
accentué.
Dès le début des combinaisons ministériellesM.
Frère-Orban a, dit-on, exprimé son désir de prendre le
portefeuille des Affaires étrangères. Les ministres des
Affaires étrangères jouent en ce moment, en Europe,
un rôle prépondérant, et les complications de la poli
tique européenne, dont certaines éclaboussures pour
raient rejaillir sur la Belgique, expliquent suffisamment
la préférence dé l'illustre homme d'Etat pour le départe
ment qu'il a choisi. (La Gazette).