6 FRANCS PAR AN. IV 363. Dimanche, 38e ANNÉE. 23 Juin 1878. J 01' UN AL D'Y l'Il ES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Le Cabinet du 10 Juin. Le congrès a pris une première décision. Dans la séance de mercredi il a résolu, après une discussion suivie de vote, que la Grèce sera admise de droit lilre consultatif, lorsque le congrès trai tera les questions se rapportant aux intérêts des populations grecques, aussi bien celles de la Bulgarie que celles de la Thessalie et de l'Epire. La Grèce pourra être admise également, lorsque le congrès, dans la discussion d'autres points, décidera par une résolution spéciale qu'il y a utilité l'entendre. Un plénipotentiaire hellénique, probablement M. Dclyannis, sera convoqué spécialement aux séances qui intéresseront directement son pays. Avant que celte décision fût connue, une dépê che envoyée de Berlin disait que les délégués hellé niques n'accepteraient les conditions auxquels ils seraient admis au congrès qui si elles répondaient la dignité de la Grèce, Etat indépendant, et si le rôle qui leur serait offert dans le congrès leur per mettait de défendre les intérêts helléniques. S'ils sont appelés la barre du congrès pour donner simplement des explications et se retirer immédia tement après, dit ce télégramme, on croit savoir qu'ils n'accepteront pas. D'après des informations transmises la Répu blique française, la France et l'Angleterre auraient vivement soutenu l'admission de la Grèce. La question de la délimitation et de l'organisa tion de la Bulgarie fait en ce moment l'objet des entretiens des plénipotentiaires. La principale difficulté provient, dil-on, du refus de la Porte d'évacuer Varna et Chomla. avant que les Russes évacuent la Roumélie. La Russie pré tend qu'elle ne pourra rappeler ses troupes que quand les Turcs, entre autres engagements inac complis, auront effectué celte évacuation sans laquelle les Russes déclarent que l'autonomie de la Bulgarie est impossible. Au milieu des discussions de tout genre que soulèvent les nombreuses ques'ious qui se ratta chent la crise d'Orient. On Te demande avec raison si la Russie conservera l'égard de la Roumanie une altitude aussi étrangement illogi que que celle qu'elle a prise dans ces derniers temps. On se rappelle en effet qu'Osman-Pacba. le valeureux général turc, dont 1 Europe entière a admiré le courage, avait infligé deux défaites aux troupes moscovites qui l'assiégeaient devant Plevna, et était peut-être sur le point de leur en infliger une troisième, quand un renfort de plus de 20,000 Roumains vint se joindre aux 45.000 soldats russes qui avaient lutter contre les 60,000 braves d'Os- man-Pacha. Cet appoint a été sinon décisif, du moins très influent au point de vue de la victoire, et l'on sait que Plevna une fois pris, les Russes n'ont pas mis plus de quinze jours pour arriver sous les murs mêmes de Constarilinoplc. Ces services paraissent oubliés aujourd'hui, et les Roumains, dont les illusions doivent être amè rement déçues, verront peut-être que eeux qui les soutiendront le moins devant le tribunal de l'Euro pe, seront ceux mêmes auxquels ils ont porté l'an dernier un secours aussi salutaire. La Gazette de Cologne nous apporte aujour d'hui des renseignements intéressants au sujet des négociations qui ont eu lieu relativement l'inhu mation de l'ex-roi de Hanovre. Ce n'est pas le prince de Galles, mais la reine Victoria elle-même qui a prié le gouvernement prussien d'autoriser l'inhumation de Georges V Herrenhausen. Cette autorisation a été accordée sans conditions aucunes mais dans l'entretemps trois anciens ministres du roi Georges, le baron de Malortie, M. Windlhorst et le baron de Miinchhausen, s'étaient rendus Paris et avaient engagé vivement le prince Ernest- Auguste, duc de Cumberland et prince héréditaire de Hanovre, renoncer ses prétentions sur la couronne royale. On a l'espoir qu'un accord inter viendra. Il élait donc nécessaire d'empêcher que des démonstrations politiques ne vinssent compro mettre le succès des négociations, et la famille royale, d'accord avec les anciens ministres, a décidé que l'inhumation aurait lieu Windsor. La reine Victoria a porté celte décision la connaissance du gouvernement prussien, et a transmis en même temps au prince impérial ses remercîmenls pour l'empressement avec lequel il avait accueilli'sa demande. Avant-hier a eu lieu Paris la grande revue annuelle. Trente-cinq mille hommes échelonnés au bois de Boulogne ont défilé devant le maréchal de Mac-Mahon. qui était accompagné d'un grand nombre d'officiers étrangers. La foule des specta teurs était énorme parmi les invités d'es tribunes on remarquait le Shah de Perse. Un temps splendide a favorisé celte fête militaire et le public a applaudi plusieurs reprises la pré cision des mouvements et la bonne tenue des troupes. Une manifestation qui laissera de bons et longs souvenirs dans la population a eu lieu en cette ville Jeudi dernier. La nomination du nouveau Ministère y a été fêtée avec un en thousiasme qui ne se produit que dans les ra res circonstances où le peuple trouve l'occasion d'exprimer en foule les sentiments de joie et de patriotisme qui l'animent. A peine le Moni teur eut il paru que le carillon fit entendre l'air national et annonça la bonne nouvelle. Le soir, huit heures, la musique du corps des Pompiers exécuta, sur la Grand'Place, plusieurs beaux morceaux de son répertoire. Vers 9 heures arrivèrent successivement les sociétés et corporations, drapeaux déployés il se forma un immense cortège lequel, précédé de la musique des Pompiers et suivi d'une fou le énorme parcourut les principales rues de la- ville. Inutile d'ajouter que la musique des Witte Klakken était là; on la trouve toujours lorsqu'il s'agit de vraies fêtes populaires. Ja mais fête n'a été organisée avec plus d'entrain, de spontanéité et de célérité. Jamais fête n'a mieux réussie. Elle était d'ailleurs favorisée par un temps superbe. On ne voyait que lu mières, flambeaux, feqx de bengale, fusées; on n'entendait que musiques et chants de triomphe. Bref, un sentiment commun ani mait la foule, le soulagement, la joie de voir la fin d'un pouvoir répudié ouvertement par ceux qui osent manifester leurs opinions; liaï secrètement par ceux qui pour des causes diverses doivent comprimer leur anthipathie, et méprisé même par la plupart de ceux qui en faisaient leur profit. Cette joie a éclaté d'au tant plus spontanément que la population d'Ypres est foncièrement et généralement libé rale, et que ses aspirations ont été successive ment étouffées par le despotisme clérical qui écrase encore les campagnards de notre Flan dre. Malgré l'expression si vive des sentiments qui dominaient la foule encombrant nos rues et notre spacieuse Place publique, il n'y a pas eu le moindre petit désordre mais aussi cette fois ci les cléricaux ont jugé prudent de ne plus recommencer leurs dangereuses et sottes provocations. Nous ne pouvons assez remercier toutes les sociétés de la part qu'elles ont prise cette manifestation. Libre au journal clérical de les traiter de gens de rien ou de viooivangers la population yproise a prouvé une fois de plus qu'elle ne pliera pas facilement l'échiné sous la crosse cléricale et qu'elle saurait au besoin défendre le drapeau de la liberté. LE PROGRES PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQttlBiT ElîNDO. ABONNEMENT PAB AN: Pour l'arrondissement administratif dt judiciaire d'Vpres. fr. 6-00 Idem Pour le restant du pays7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dtxraude, 59. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-25. CHEMIN DE FER. HEURES DE DÉPART D'YPRES A Poperinghe-Uazebrouck. (i-30. 12-07. 6-50. Poptringhe. 6-50. 9-07. 12-07. 3-57. 8-45. 9-50. Courtrai. 5-34. - 9-46. - 14-20. - 2-35. - 5-25. Roulers. 7-50. 42-25. 6-30. Langhemarck-Ostende. 7-00. 12-06. 6-07. Langhemarck, le samedi, 5-50. 6-50. BULLETIN POLITIQUE. Ypres, le 99 Juin 1K78. Le Moniteur de Jeudi fait connaître officiellement le dé nouement de la crise ministérielle. Des arrêtés royaux en date du 49, contre-signés pai M. Ma- lou, acceptent les démissions de MM. les miuislres eu fonc tions. Un aulrearrêté également contresigné par M. Malou, nomme M. Frère-Orban ministre des affaires étrangères. Puis M. Frère-Orban contresigne son tour l'arrêté qui accepte la démission de M. Malou.

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Le Progrès (1841-1914) | 1878 | | pagina 1