Nouvelles diverses.
Discours prononcé par M. le Bourgmestre.
MM.
Nous avons déjà eu l'occasion de constater le grand déve
loppement que l'école gratuite a pris, depuis sa récente orga
nisation, sous l'intelligente direction de H"" Y" d'Hazeleire.
Chaque année scolaire est venue affirmer la marche progres
sive de l'éducation de cette jeune génération, confiée aux
soins d'un personnel iustruit et dévoué. Hais jamais, les pro
grès, sous tous les rapports ordre, instruction, travaux
manuels ne se sont manifestés aussi visiblement qu'à l'oc
casion de la dernière distribution de prix Nous nous em
pressons donc d'adresser nos plus chaleureuses félicitations,
aux demoiselles institutrices, et 51'"" la directrice qui, dans
l'exercice de ses délicates fonctions, déploie un rare talent
joint iin zèle infatiguable
Après un pareil succès, H. Vanheule, le créateur de cette
institution, doit se trouver largement vengé des insultes dont
les ullramontains l'ont accablé, et des attaques insensées et
malveillantes dont l'école gratuite est journellement l'objet,
de la part de nos adversaires politiques
Permettez-moi d'interrompre cette belle et touchante céré
monie et de profiter d'une occasion si propice pour exprimer
publiquement toute notre satisfaction de voir, d'un côté sur
ce gradin, un nombre si considérable de jeunes filles fréquen
tant l'école communale gratuite, et d'un autre côté, outre les
parents, cette foule de citoyens qui sont venus, par leur pré
sence, donner un témoignage de leur sympathie pour une
institution destinée rendre la classe ouvrière des services
incalculables. Née au milieu d'un orage, cette institution a eu
lutter dès sa naissance contre le souffle délétère du fanatis
me; elle a grandi malgré les efforts insensés de ceux qui vou
laient l'étouffer dans son berceau, et aujourd'hui, comme
une plante pleine de sève dans un champ fertile, elle pousse
de vigoureuses racinés et défie fièrement toutes les intempé
ries.
A quelles causes faut-il attribuer cette rapide prospérité
D'abord, MM., au bon sens delà population. En vain essaie-
t-on de l'égarer; l'histoire comme l'expérience prouvent que
ni les calomnies, ni les violences, ni les persécutions n ont ja
mais réussi empêcher le triomphe d un principe, ni la con
solidation d'une œuvre vraiment utile; ces moyens peuvent
momentanément mettre obstacle l'expression d'un sentiment
public, relarder la coopération active la réalisation d'une
idée, mais ils sont impuissants anéantir le sentiment ou 11-
dée même; le peuple n'arrête pas indéfiniment son regard
la surface; son œil finit par pénétrer dans le fond des choses
et lorsque derrière les noirs nuages il voit la vérité, aussitôt
il lui rend un franc et loyal hommage.
Cette institution ne répond-elle pas d'ailleurs un besoin
L'époque laquelle nons vivons est spécialement caractéri
sée par l'insurrection de l'intelligence contre I ignorance.
Partout se dresse,comme un besoin social, fa nécessité de bri
ser l'enveloppe qui empêche l'épanouissement des facultés de
l'homme. Les principes de liberté et d'égalité que le drapeau
de la Révolution a promenés dans l'Europe, imposent
l'Etat, aux administrations publiques et tout bon citoyen
l'obligation d'en assurer chacun la jouissance efficace. Or,
l'ignorant n'en est ni digne, ni capable. Et puis, n est-ce pas
un crime de lèse-humanité que de soustraire l'action bien
faisante du soleil tant et de si nobles plantes Est-ce que
chaque gland d'un chêne ne porte pas en soi le germe d'un
arbre arssi superbe que le tronc paternel? Cependant que de
glands perdus faute d'être protégés jusqu'à ce qu'ils aient
poussé racine
Cette guerre contre l'ignorance a commencé en notre ville
il a environ un demi siècle; peu peu l'autorité s'est préoc
cupée d'une manière spéciale de l'instruction publique, mais
sa sollicitude ne s'étendait dans le principe que sur la géné
ration masculine. Les filles de la classe ouvrière végétaient
dantl'oubli; elles restèrent condamnées la peine du car
reau et exclues de toute participation aux progrès de la civi
lisation moderne. Ypres, dont les monuments majestueux rap
pellent tous les jours l'ancienne splendeur, ne pouvait rester
étrangère ce mouvement général d'émancipation delà femme.
Une école de filles vit le jour; quelques années de luttes et
d'expérience en firent apprécier les immenses bienfaits, et la
foule qui remplit en ce moment nos vastes Halles prouveassez
combien est devenue grande sa popularité.
A coté de ces causes générales de sa prospérité, il en est
quelques unes spéciales qu'il ne m'est pas permis de passer
sous silence. Lorsque l'heure du combat a sonné, l'autorité a
trouvé autour d'elle de courageux et intelligcuts soldats; de
généreux protecteurs de la nouvelle œuvre; une directrice
instruite et sachant allier la boulé l'énergie [vif» applau
dissements) un personnel enseignant pleiu de dévouement,
et une société de jeunes concitoyens, hommes de cœur, qui
ont compris qu'ou n'extirpe pas d'un coup les préjugés et les
vieux abus, et que si l'on veut réussir distribuer le pain in
tellectuel et moral, il ne faut pas oublier le pain matériel.
Organisés sous le drapeau des écoles laïques, il uous ont prêté
un concours actif et persévérant. Nous les avons vus l'œu
vre, et il n'est pas un ménage pauvre qui n'ait senti la pres
sion de leur main bienfaisante. Aussi c'est eu grande partie
grâce leur impulsion, leur foi robuste dans le succès,
leur énergie dans ce combat de tous les jours pour briser le
vieux moule dans lequel de vieilles mains veulent encore
pétrir les jeunes intelligences, que la nouvelle institution
a acquis la fois ce prompt développement et cette légitime
popularité.
Que ces Hessieurs veuillent bien agréer l'expression publi
que de notre profonde gratitude.
J'adresse aussi de cordiaux remereimrnts tous ceux qui
ont bien voulu mettre une obole dans le tronc du Denier. Nos
ancêtres ont élevé le superbe monument où nous célébrons
cette fête pour les besoins de leur industrie et de leurs riches
ses matérielles. Par suite des vicissitudes des temps, ces vastes
halles sont devenues vides et on n'y entendait naguère que le
cri des hiboux et le croassement des corbeaux. Malgré ses pro
portions gigantesques et la solidité de ses fondations, il a failli
tomber en ruines. Uue étiucelle peut le détruire et n'en laisser
subsister que le souvenir. Pendant qu'on poursuit activement
sa restauration et qu'un pinceau d'artistes reproduit sur ses
murs des épisodes glorieux de notre histoire, nous continue
rons avec ardeur notre travail pour ériger ses cotés un
monument impérissable que ni les révolutions, ni la guerre,
ni la foudre ne pourront anéantir. Ainsi que le portera son
frontispice, c'est un temple dédié l'émancipation de la
femme. Chaque obole versée dans le tronc du Denier est une
pierre donnée pour la construction du nouvel édifice, et un
jour, quand le monument sera achevé, et que du haut de son
nouveau beffroi le peuple verra pataugeant encore dans l'argile
du moyen-âge ceux qui ont rêvé de le condammerà l'immo
bilisme, ont insulté ses vrais bienfaiteurs et calomnié leurs
loyaux et patriotiques efforts, il leur montrera titre de châti
ment, comme un des instruments de sa délivrance, ce que dans
un langage qui trahit leur profonde aberration ils osent
qualifier Vignoble tronc des Ecoles.
On nous annoce pour Dimanche prochain une grande
fête au hameau de la Potijse. Outre un grand concours
au jeu de boule, il y aura des jeux populaires, tels que
mats de cocagne, etc., etc.
VILLE D'YPIIES. Conseil, Commcnal.
Séance publiquedul Septembre 1878, 5 h. du soir.
ORDRE DU JOUR.
1. Communication de pièces.
2. Vérification et approbation du compte commu
nal 1877.
3. Vérification et approbation du compte 1877 et
Budget 1878, pour l'entretien des routes d'Ypres Zil-
lebeke et d'Ypres Comines.
4. Transfert du local de l'académie.
5. Proposition concernant la création d'un cours
supérieur l'Ecole communale de filles (Mmo Justice).
6. Question des eaux.
Un terrible accident est arrivé vendredi après-midi dans les
ateliers de carosserie de MM. Raepsaet, rue de Mouscron,
Courtrai.
Par suite de la grande quantité de frrailles qu'il contenait,
le grenier s'est effondré,ensevelissant sous ses décombres trois
ouvriers. Heureusement, deux ont échappé le troisième a
reçu des contusions assez graves, qui ont nécessité son trans
port l'hôpital.
Le congrès pénitentiaire international a commencé ses
travaux Stockholm, le 20. La population suédoise lui a témoi
gné les marques de la plus vive sympathie. S. H. le roi de
Suède a tenu également faire aux savants étrangers I eccuri'
le plus gracieux Non conU-ntde recevoir en audience spéciale
au palais de Stockholm les délégués de toutes les nations re-
piésentées au congrès, il a donné, en i'hunneur du congrès,
Drollrtitigholm, une grande fête, qui s'est prolongée jusque
vers onze heures, et durant tout ce temps le roi s'est montré
envers ses invités d'une bienveillance qui lui a gagné tous les
cœurs.
A un moment donné, le roi, traversant la foule de ses
invités, s'est dirigé vers M. Thonissen, représentant de la Bel
gique, et, le verre en main, lui a dit ces paroles: Je bois
votre roi, la Belgique, la science belge et vous qui la
représenliz si noblament Stockholm.
Trou la lune. On parle beaucoup Malines de
l'éclipe d'un agent de change, investi de la confiance de l'aris
tocratie cléricale, et qui vient de partir pour la terre étrangère
en laissant lin déficit d'un petit million.
Un accident est arrivé Samedi Bruxelles, l'Aveoue
Louise. H. Du Roy de Blicquy, aide de camp du comte de
Flandre et major au 1" régiment des guides, descendait l'Ave
nue pour se rendre chez le général de Qui-bedo.
Le vent soufflait avec force. Le ebap, au de l'ordonuauce
fut enlevé et passa devant la léte du cheval de son maître qui
se cabra, fit un brusque écart et s'abattit sur la voie pavée.
M. le major, qui est cependant un excellent cavalier, n'a pu
retenir son cheval rétif et effrayé. M. Du Roy de Blicquy avait
une assez grave plaie la téte. Il a été, sur sa demande,
transporté immédiatement l'hôpital militaire.
Le cortège aux lumières est sorti dimanche soir Bru
xelles et a obtenu un vif succès. A l'heure fixée pour le départ,
la pluie tombait dru, mais vers huit heures rt quart le temps
s'est raséréné et l'on a bravement allumé les lanternes, les ver
res de couleur, les lumières de toutes sortes.
Vers neuf heures, les détonations de plusieurs fusées annon
çaient que le cortège se mettait en marche. En (été, un pele-
ton de soldats du régiment des guides en costume de guerriers
moyen âge, portaient des lanternes venaient ensuite soixaute
tambours de la garde civique battant la retraite,puis les socié
tés avec leurs appareils lumineux variés, des chars, des corps
de musique et, la voiture de l'Amman traînée par six chevaux
et conduisant les deux vieux époux de Bruxelles M. et M™"
Lhomme, des navires montés sur roues enfin uu deuxième
peleton de guerriers du 15e siècle. On a beaucoup remarqué
la lanterne chinoise de la société Léopold de Louvain, le char
des fanfares d'Etterbeek, la Belgique couronnant le Roi et la
Reine portée par les Tooneelliefhebbers.
Plus de cent sociétés ont pris part ce cortège dont l'effet
était fort joli. Le public très nombreux massé sur le boulevard
Central lui a fait un accueil enthousiaste.
Halheureus'ment, peine la tête du cortège atteignait-elle
la place des Nations que la pluie se remettait tomber; les
étoiles étaient décidément jalouses de l'éclat des lumières et
appelaient les nuages pour voiler leur dépit.
Les manifestants n'ont pas perdu courage et ont continué
leur route jusqu'au Palais. Mais le Roi et la Reine n'étant pas
encore de retour de. Saint-Nicolas, où Leurs Majestés étaient
allés assister des fêtes, on n'a pu leur remettre des bouquets,
comme ou l'espérait.
Le cortège aux lumières a formé un joli épilogue des fêtes
du 25" anniversaire du mariage du Roi et de la Reine.
M. le curé de Forest va comparaître prochainement de
vant le tribunal correctionnel de Tournai, sous la prévention
de violences exercées sur un de ses paroissiens.
Ce paroissien était resté couvert sur le passage d'une pro
cession. M. le curé, sortant des rangs, l'apostropha, l'enjoignit
de se découvrir et sur le refus de celui-ci, l'empoigna et vou
lu le forcer se mettre genoux.