385. Dimanche,
38e ANNÉE,
8 Septembre 1878.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Plutôt des Turcs que des chrétiens.
Une Ruzellerie Colossale.
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DEHANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
Le général Szapary a pu enfin reprendre l'offen
sive en Bosnie, el le premier bulletin qu'il adresse
de Doboï, au nord de la Bosnie, au gouvernement
autrichien, annonce une série de succès. Plusieurs
reconnaissances heureuses ont été faites sur la rive
droite de la Bosna; un combat très vif s'est engagé
sur la chaussée de Maglaï les insurgés ont été
complètement battus par le 34 e régiment d'infan
terie, commandé par le général-major Waldstaet-
ten etout été dispersés et poursuivis jusqu'à l'entrée
de la nuit.
De Scrajevo au centre de la Bosnie, on signale
aussi plusieurs succès remportés par le général
Tegetthoff. Des reconnaissances faites dans la di
rection de Han Romanja et de Glasince ont permis
de coRsta4er que la plupart des insurgés se sont en
fuis vers le nord-est, du côté de Zvornik.
Le prince de Monténégro, cèdent aux représen
tations des grandes puissances, vient de donner
l'ordre ses soldats d'évacuer la Suttorina, qui
avait été conquise pendant la guerre, mais que le
traité de Berlin ne concède pas au prince Nikila.
Nous connaissons enfin les résultats complets des
élections qui viennent d'avoir lieu pour le renou
vellement de la Chambre hongroise.
Le parti libéralmodéré disposera dans la nouvelle
Chambre de 246 sièges, tandis que l'opposition n'en
occupera que 146. L'extrême gauche, n'enverra plus
au Rviehsiag que 73 députés. 71 membres de la
Chambre appartiennent au parti conservateur. Le
gouvernement dispose donc d'une majorité de près
de 100 voix, et moins de complications politiques
graves, la prépondérance du parti libéral modéré
est assurée pour longtemps encore.
Des personnes ordinairement bien renseignées
assurent qu'il y a déjà eu des communications di
rectes échangées entre le cardinal Nina, secrétaire
d'Etat au Vatican, et le chancelier de l'empire
d'Allemagne.
Une dépèche de Sydney ennonce que la révolte
des Canaques, la Nouvelle-Calédonie, n'est pas
encore comprimée. Les révoltés maintiennent leurs
positions dans les montagnes et résistent avec
opiniâtreté aux troupes françaises. Ces dernières
ont reçu des renforts.
Les relations entre la Turquie et la Grèce sont
toujours très tendues; une rupture parait immi
nente.
Une dépêché de Conslanlinople annonce que la
Porte refuse décidément d'envoyer en ce moment
des délégués dans la Thessalie pour régler, avec
les commissaires grecs, la question de la rectifica
tion des frontières. Elle ne prendra de décision que
lorsque lesgrandes puissances se seront prononcées
sur le mémorandum ottoman, qui repousse catégo
riquement toutes Tes revendications de la Grèce.
On lit dans le moniteur des évêques, alias
le Courrier de Bruxelles n° au lr sep
tembre, sous le titre La Fête-Dieu, Péra,
les lignes qui suivent
Quel contraste! oui. Chez nous, pour peu
qu'elles veulent être libres de toute domina
tion cléricale, les musiques sont systématique
ment répudiées de toute cérémonie où le clergé
joue un rôle. Sans doute que les bons musul
mans de Péra et d'ailleurs ne se doutent pas
de ce contraste. Mais quelle serait leur stupé
faction s'ils savaient qu'on les accueille et
qu'on les appelle, eux mécréants et ennemis
nés des partisans de la croix, là où de bons
chrétiens, bons musiciens par-dessus le mar
ché, sont refusés et éconduits avec force in
jures
Il manquait ce trait aux mœurs politiques
du clergé de notre temps et le Journal
d'Ypres a eu, sans le vouloir bien entendu,
une heureuse idée en reproduisant l'article de
son pieux confrère de Bruxelles.
On lit dans le même Courrier, n° du 30
Août
Ah Courrier Courrier Ce n'est ni dans
l'Imitation, ni dans les Pères que vous avez
appris écrire ainsi.
Nos lecteurs nous sauront gré probable
ment, de mettre sous leurs yeux le texte d'un
document qui mérite bien de passer la pos
térité. C'est une invitation au BANQUET-
RUZETTE.
Nos cléricaux donnent une importance telle
cette goinfrerie que l'on dirait réellement que
leur salut en dépend.
Voici la pièce:
Monsieur,
La desliltilion de Monsieur le Gouverneur de la
Flandre Occidentale a provoqué dans le pays entier
une émotion que vous avez partagée. Cet acte arbi
traire cl injuste a donné lieu des manifestations
éclatantes de la désapprobation publique que
nous croyons devoir couronner par un grand
banquet qui sera offert Monsieur le Chevalier
Ruzette. le Dimanche 22 Septembre 1878. 11/2
heure, dans la grande salle des Halles Bruges.
Nous espérons. Monsieur, que vous vous join
drez nous pour donnera M. le Chevalier Ruzette
ce témoignage solennel de notre reconnaissance et
de nos vives sympathies, ainsi que des profonds
regrets que nous fait éprouver une mesure qui
enlève au Pays el au Roi. un de leurs serviteurs
les plus intelligents el les plus dévoués.
Veuillez renvoyer notre secrétaire le bulletin
ci-côntre revêtu de votre signature.
Agréez, Monsieur, l'assurance de notre parfaite
considération.
Euy. de Cock, Président du Con
seil Provincial.
Ara. Visart, Représentant et
Bourgmestre de Bruges.
Bnn van Caloen de Courcy, an-
ci n Sénateur.
Em. De Clercq JullienRepré
sentant.
Bon Surmont de Volsberçhe
Sénateur.
Ch. de Madrid, Conseiller Pro
vincial et Bourgmestre de
Beernem.
L. van Ockerhout, ancien Sé
nateur et Conseiller Commu
nal de Bruges.
Alf. Ronse, éclievin de Bruges.
Em. Cauwe, id.
B°" J. de Crombrugyheid.
Ch. Serweytens, Conseiller Pro
vincial.
Le Secrétaire.
E. Neut Janssens.
Chers lecteurs, retenons bien ces noms, afin que,
LE
PROGRES
VIRES ACeuiRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAK AN: Pour l'anrondissenienl administratif et judiciaire d'Ypres. lr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
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CHEMIN DE FER. (lr Septembrr).
HEURES DE DEPART D'APRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 10-05. 12-07. 2-45.
5-37. 6-47. 8-45. 9-50.
Courtroi. 5-34. - 9-52. - li-20. - 2-40. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-30.
Langhemarck-Ostende. 7-20. 12-06. 6-07.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
Kpres, le 1 Septembre 1H38.
Un journal, le Semaforo, publie quelques lignes pi
quantes, par comparaison, sur les cérémonies de la
Fête-Dieu, Péra. C'est un Belge qui écrit
Quand on a voyagé en Orient, notre pays semble
plus étrange encore. Quel contraste, en effet. Là-bas,
c'est la musique turque qui joue derrière la procession
ce sont les militaires turcs qui la précèdent ét forment
la haie sur son passage. Rien de plus touchant que la
bonne tenue et la gravité respectueuse de ces musul
mans prenant .part la solennité du cortège.
VEcho du Parlement et le Journal de Bruxelles
échangent amoureusement de tendres propos et parais
sent prêts savourer ensemble les délices d'une lune de
miel qui n'aura plus de fin. VEcho est doux, onctueux;
il a le langage insinuant, il abonde en félines câlinerjes
et ses yeux en coulisses ont une éloquence irrésistible.
La feuille conservatrice minaude, voile son regard et
use de séduisantes coquetteries. Elle fait de jolies peti
tes moues, pose des réserves que tempèrent d'aimables
paroles, et tout en jouant de l'œil avec la grâce la plus
assassine, fait entendre au trop entreprenant Echo
qu'elle ne peut en écouter davantage, sans être assurée
de la pureté de ses intentions et de l'excellence de ses
motifs.
Bruges, le 28 août 1878.