394. Jeudi,
38e ANNÉE.
10 Octobre 1878.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Lâche attentat clérical Courlrai.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
Le Times a reçu une dépêche de Calcutta, qui
donne des indications peu rassurantes sur les dis
positions de l'émir. Quatre régiments afghans se
dirigent vers le défilé de Khyber, dont les habi
tants ont pris le parti des Anglais. Discutant
ensuite l'assertion du Standard d'après laquelle
la guerre civile éclaterait dans l'Afghanistan des
l'entrée des troupes anglaises, le journal de la cité
dit qu'il ne désire nullement des complications,
mais que Shere Ali n'a qu'à s'en prendre lui-même
s'il a compté tort sur la fidélité de ses sujets.
Probablement le vice-roi des Indes, lord Lytton,
a reçu l'autorisation d'agir selon les circonstances.
Le Times assure que les mesures suivantes vont
être prises: renforcement delà garnisondeQuettah,
occupation de la vallée de Khoorum et du défilé de
Khyber jusqu'à Ali Musjid. Certains journaux des
Indes ont déjà annoncé la prise de cette forteresse
par les troupes anglaises, mais cetle nouvelle n'a
pas tardé être démentie. L'hiver se passera dans
de sérieux préparatifs de concentration de troupes
et d'approvisionnements de toute espèce, et si
l'émir ne fait amende honorable, le grand coup
sera frappé au printemps prochain, lorsque la tem
pérature se sera adoucie.
Avant d'accepter-la démission de M. Tisza et de
ses collègues, l'empereur d'Autriche, roi de Hongrie,
a fait de vaines démarches pour trouver un hom
me d'Etat qui voulût bien assumer la lâche délicate
<^e former un nouveau ministère. Il a fait appeler
successivement M. Szlavy, deakiste,etMM. Majlath
et Sennyey, conservateurs cléricaux, mais tous ont
décliné ce périlleux honneur. C'est M. Szlavy qui
a suggéré l'Empereur l'idée de maintenir au pou
voir le cabinet Tisza, jusqu'à ce que le Parlement
ail eu l'occasion de se prononcer sur la politique
du comte Andrassy. Si les Chambres approuvent
celte politique, a dit l'ancien président du conseil,
rien ne s'oppose la reconstitution du ministère
si elles la condamnent, le cabinet doit disparaître,
mais dans ce cas il sera plus facile de trouver un
successeur M. Tisza.
Le projet de convention militaire entre l'Autriche
et la Turquie est définitivement abandonné. La
Gazette de Cologne annonce que Carathéodory
Pacha, ambassadeur de la Sublime Porte Vienne,
a informé le comte Adrassy que son gouvernement,
tout en nourrissant l'espoir que de bons rapports
continueront exister entre la Turquie et l'Au
triche, croyait devoir protester contre les cruautés
dont les troupes austro-hongroises se seraient ren
dues coupables en Bosnie el en Herzégovine. On
reproche notamment au maréchal Jovanovich
d'avoir repoussé la soumission de la garnison de
Klobuk et d'avoir fait passer tous les soldats au
fil de I'épée. Nous reproduisons cette information
sans nous poiter garant de son exactitude. Cara
théodory Pacha a quitté Vienne le 8 cl.
Le redoutable Hadji-Lodja, le chef des insurgés
bosniaques, vient d'être fait prisonnier. Il a été
conduitsous bonne escorte Serajevo,où s'instruira
son procès.
Le Parlement allemand a tenu le 7 cl une courte
séance qui a été entièrement consacrée la vérifi
cation d'élections. Le prince de Bismarck a informé
la Chambre que les poursuites intentées aux dépu
tés socialistes Fritzsche et Stœtzel seront suspen
dues pendant toute la durée de la session.
On télégraphie de Berlin au Morning Adver-
tiser que le feld maréchal de Moltke, qui est
gravement malade, a donné sa démission. La
question est maintenant de savoir si celte démission
sera acceptée ou si toute décision sera ajournée
jusqu'à l'époque où l'empereur reprendra les rênes
du gouvernement. S'il faut en croire une dépêche
de Berlin adressée la Gazette de Cologne, l'em
pereur Guillaume ne retournera dans la capitale
que vers le 15 Novembre.
La France annonce que d'ici quelques jours,
M. Gambetta doit prononcer Grenoble un grand
discours politique.
Une triste nouvelle nous arrive de La Haye. M.
de Roo van Alderweerelt, ministre de la guerre,
un des membres les plus distingués du cabinet
hollandais, a succombé le 7 c* la maladie qui le
minait depuis longtemps.
Plus le jour des élections approche, et plus
l'opinion publique se prononce avec une spon
tanéité et une unanimité des plus honorables
pour l'administration communale et contre
toute tentative de lutte ou d'opposition au re
nouvellement du mandat des conseillers sor
tants. Ce n'est pas seulement dans les rangs
Ses libéraux que se manifestent ces sentiments
de sympathie, beaucoup de catholiques s'ex-
Sriment catégoriquement dans le même sens,
fous nous bornons pour aujourd'hui consta
ter cette situation; elle est la conséquence
logique delà façon dont la ville est administrée,
du bon sens et de l'excellent esprit qui anime
notre population, et du caractère vexatoire
d'une luttedont l'inutilité est par trop évidente.
Nous apprenons que sous peu, l'association
libérale sera convoquée pour arrêter définitive
ment la liste des candidats. Nous nous réser
vons d'exposer alors aux électeurs les raisons
qui doivent les déterminer tous soutenir
l'administration dans sa mission la fois
délicate et difficile.
-1
On nous assure que les départements de l'in
struction publique el des finances préparent un
projet de loi ouvrant un crédit de 20 millions pour
favoriser l'établissement d'une école moyenne au
chef-lieu de chaque canton.
Ce projet de loi serait présenté la chambre au
commencement de la prochaine session.
Etoile belge).
t r
LE
PROGRES
VIRES ACQWRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAK AN: Pour l'arrondissement administratif el judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé I éditeur, rue de Dixraude, a9.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-23.
CHEMIN DE FER. (lr Septembre).
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 10-05. 12-07. 2-45.
3-37. 6-47. 8-45. 9-50.
Courlrai. 5-34. - 9-52. - Tl-20. - 2-40. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-30.
Langhemarck-Ostrnde. 7-20. 12-06. 6-07.
Langhrmarck, le samedi, 5-50.
Ypres, le 9 Octobre 1878.
Nous croyons devoir signaler votre attention, un
acte de véritable sauvagerie que viennent de poser les
braillards du soi-disant parti de l'ordre et de moralité
publique.
Dans la nuit du 2 au 3 Octobre courant, plusieurs
jeunes gens, soupçonnés A tort ou raison de professer
des opinions libérales, étaient paisiblement attablés
dans un estaminet du Faubourg de Lille.
Il se trouvait également dans le même établissement,
quelques meneurs du grand parti ultramontain. Ces
aboyeurs de la clique cléricale se concertèrent bientôt
entr'eux et firent chercher du renfort dans le voisinage.
Lorsqu'ils se virent les plusnombreux.cescourageux(\)
champions du cléricalisme Courtraisien, eurent bien vite
arrêté leur plan.
Il va sans dire qu'il s'agissait de rosser les personnes
présentes dans le cabaret, qu'ils considéraient comme
des adversaires politiques. Mais ceux-ci soit qu'ils eus
sent deviné les intentions des aimables braillards en
question, soit qu'ils voulussent rentrer chez eux, quit
tèrent l'estaminet; un employé de la station, jeune
homme des plus paisibles et des plus inofiensifs, fut le
dernier suivre ses compagnons. Mal lui en prit; car,
alors que ses amis se trouvaient déjà dans la rue, et
avant qu'il eut pu les rejoindre, un chenapan de la ban
de, qui était resté l'intérieur, ferma clef la porte de
la maison. C'est ce moment que commença une de ces
scènes sauvages qui ont, depuis longtemps déjà, rendu
le parti clérical si tristement célèbre, notamment Ma-
lines, St-Nicolas, Tournai, Anvers, Borgerhput et au
tres localités.
Le chef de ces forcénés qui cherche se donner de
l'importance, en jouant, au Faubourg de Lille, un rôle
aussi odieux que ridicule, et qui, par respect pour sa
famille, devrait avoir honte de se mêler des gens de
cet acabit, prit sa canne casse-tète, et, sans provoca
tion aucune, en frappa impitoyablement l'employé en
question. A son tour, un autre fanatique, voyageur de
commerce, s'arma d'un verre bière, et en asséna un
coup tellement violent sur la tête du jeune homme que
celui-ci tomba baigné dans son sang.
De pareils fait se passent de commentaires. Aussi,
nous bornons-nous les signaler la vindicte publique.
Les lâches auteurs de ces méfaits sont connus. Une
instruction est ouverte; la justice faire son devoir
et vous décider si un parti qui n'a pas honte de
poser des actes aussi ignobles est digne d'obtenir vos
suffrages.