395. Dimanche,
38e ANNÉE.
13 Octobre 1878.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le Journal d Y près a bien du mal com
prendre que le libéralisme n'attaque point la
religion catholique; selon lui, l'ère des persé
cutions est arrivée, et les malheureuses victi
mes, déjà choisies.
La pieuse feuille semble ignorer, qu'au
jourd'hui, la religion s'estfait instrument poli
tique et qu'ainsi, elle est naturellement expo
sée voir méconnaître son caractère sacré. Les
plus tolérants sont devenus, grâce l'arrogan-
,ce sacerdotale, intolérants pour elle, et ont
fini par perdre le respect pour des ministres
du culte, qui, présent, sortent du rôle que la
nature de leur mission leur impose.
Les libéraux disait récemment Monsieur
Gambetta, l'illustre homme d'Etat, ne sont
pas les ennemis de la religion, d'aucune reli
non. Ils sont, au contraire, les serviteurs de
a liberté de conscience, et respectent toutes
les opinions religieuses et philosophiques. De
dus, le devoir de l'Etat est de respecter les re-
igions et leurs ministres, mais leurs ministres,
se mouvant dans le cercle de la légalité.
v Nous ne pouvons qu'approuver, sans ré
serve, les protestations aussi franches, aussi
nettes, de l'éminent député français.
L'empressement joyeux et fier que nous
mettons accueillir les calomnies, les vé
rités, hélas contre le clergé catholique, soit
dans la vie privée, soit dans l'exercice de sa
mission sacerdotale n'aurait, d'après notre
trop sensible confrère, d'autre but que d'ébran
ler la religion et d'attirer sur le clergé si
pur et si dévoué le mépris des gens
Or, nous ne prétendons nullement attaquer
ni les dogmes, ni les principes du cuite ca
tholique, en publiant les décisions judiciaires,
relatives certains membres du clergé; ce qui
plus est, il nous semble que le Journal d Ypres,
clans l'intérêt de conserver le prestige de la
religion, devrait être le premier, constater
publiquement les écarts de quelques prêtres,
et les trouver ensuite indignes de continuer
l'exercice de leurs délicates fonctions.
Un exemple entre mille: La Cour de Cas
sation vient de confirmer l'arrêt de la Cour
d'Appel, l'égard du sieur Deseure, curé de
S1 Génois. Le Journal d Ypres, et la presse
catholique en général, au lieu de jeter l'oint
du Seigneur par dessus bord, le considèrent
comme un noble martyr et une victime de ces
infâmes libéraux!
Est-il étonnant qu'alors la religion se perd,
et que le clergé n'est plus entouré de ce res
pect que les libéraux mêmes n'ont cessé de lui
témoigner, aussi longtemps qu'il s'est conten
té de se mouvoir dans le cercle de la léga
lité.
Un de nos confrères dit que l'on songe
organiser, en 1880, une grande revue militai
re, pour laquelle on rappellerait les 8 classes
de milice en congé.
Nous espérons bien que cette nouvelle est
erronée et que l'on ne songe rien de sembla
ble, ou, tout au moins, que l'on n'y songe pas
sérieusement.
Nous sommes, en général, sympathique aux
institutions militaires, et nous appuierons de
toute notre influence, presque toutes les amé
liorations que le gouvernement proposera d'in
troduire, soit dans l'organisation militaire,
soit dans la partie matérielle, c'est-à-dire la
solde, la nourriture, le logement, les pensions
militaires. Mais nous trouvons que la milice,
dans ce qu'elle a d'utile et d'indispensable, est
déjà une charge terrible pour les classes
moyennes et inférieures, sans qu'il soit permis
de l'aggraver par d'inutiles parades militaires.
Que l'on organise des revues avec les hom
mes sous les armes, très-bien, cela peut passer
pour un exercice ordinaire que l'on y joigne
la garde-civique de tout le royaume,' rien de
mieux, d'autant plus que les gardes sont tou
jours libres de refuser leur concours cette
exhibition mais que, sous prétexte de célébrer
une grande fête nationale, ce qui, dans notre
esprit, comporte l'idée de procurer de la satis
faction et de la joie, pour ce jour là, tous les
Belges, on inflige aux familles d'une cinquan
taine de mille de nos compatriotes, une épou
vantable corvée et un très-grand ennui, nous
nous y opposons formellement.
Nous espérons que nos confrères de la presse
seront de notre avis et qu'ils nous aideront
LE
PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQU1RIT EUNDO.
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Langhemarck-Oslrnde. 7-20. 12-00. 0-07.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
BULLETIN POLITIQUE.
Le Parlement allemand a continué la discussion
du projet de loi dirigé contre les agitations socialis
tes. C'est M. Hasselinann qui a ouvert le feu. L'o
rateur s'est livré une violente diatribe contre le
prince de Bismark, et a développé le programme
complet du parti socialiste, lequel, selon ses dires,
s'est toujours efforcé d'assurer la paix des nations
et de réprimer l'exploitation du peuple par les clas
ses aisées. Son discours fourmille d'attaques contre
les capitalistes et contre l'organisation de la société
morderue, qui, toujours selon M. Hasselmanu,
n'est qu'une application déguisée de l'ancien sys
tème esclavagiste. A plusieurs reprises, le député
socialisfe a été appelé l'ordre pour provocations
la révolution. En terminant il s'est écrié qu'il
préfère les voies pacifiques, mais qu'il est ferme
ment décidé sacrifier sa vie la cause dont il a
entrepris la défense.
Après un long discours de M. Lœwe, progres
siste, qui a combattu certaines dispositions du
projet, M, de Bennigsen a pris ta parole. Le chef
du parti national-libéral s'est attaché démontrer
que le projet en discussion fournit au gouverne
ment des moyens alïîcaees pour combattre les me
nées anarchiques, mais il a vivement insisté sur
la nécessité d'adopter les amandeinenls de la com
mission parlementaire, et notamment l'article l,er
modifiant les délits prévus par la loi.ainsi que l'ar
ticle G qui fixe la durée de la loi.
On a beaucoup remarqué qu'aucun délégué du
gouvernement ne s'est levé pour combattre l'argu-
mentalion de M. de Bennigsen, et l'on a cru y
voir la preuve d'un ropprochement entre le prince
de Bismark et les nationaux-libéraux. L'article 1er
a été adopté selon la rédaction de la commission,
sauf une modification de peu d'importance.
Les nationaux libéraux, les conservateurs et les
conservateurs libéraux ont volé cet article. Les
ultramontains, les progressites et les socialistes l'ont
repoussé. On croit généralement que l'opinion des
conservateurs gouvernementaux et des nationaux
libéraux assurera l'adoption de l'ensemble du pro
jet.
Les journaux de Vienne publient des articles
intéressants sur la démission du cabinet autrichien.
Toutes les feuilles ministérielles rendent hommage
au mérite du ministère, qui a succombé, comme
le fait remarquer la Presse, aux blessures reçues
dans la lutte pour le renouvellement du compromis
avec la Hongrie.
Quant aux feuilles de l'opposition, la plupart
d'enlre-elles ne croit pas la retraite définitive du
ministère.
Le Temps dit que le roi de Hongrie, étant occu
pé Vienne former un cabinet cisleithan et ne
pouvant aller Post, MM. Tisza et de Wenkheim
se sont rendus Vienne pour 48 heures, efin de
régler la transmission de l'administration financière
M. Tisza et du ministère de l'intérieur M. de
Wenkheim.
La situation de M Tisza se trouve sensiblement
améliorée par une nouvelle évolution des deakisles,
qui se tournent vers lui.
Les ministres français ont tenu une réunion
Paris. Le conseil ne c'est occupé que des fêles qui
seront données le 21 Octobre, l'occasion de la
distribution des récompenses del'Exposilion univer
selle. On pense que le maréchal ne prononcera pas
de discours celte cérémonie.
Il se confirme que le prince Napoléon posera
sa candidature la Chambre des députés dans
l'arrondissement de Pontivy, au cas où l'élection
de M. de Mun serait invalidée.
Vpres, le Octobre l#ï8.