In droit exercer,
A propos de Carême.
436. Jeudi,
6 Mars 1879.
6 FRANCS PAR AN.
En France, sous Charles IX, défense était
faite de vendre de la viande en temps de
carême.
Au siècle dernier, Rome, sous le gouver
nement parternel des Papes, un boucher
fut condamné parcourir la ville a^sis sur un
âne et tenant en main la queue de cet animal,
et, après cette amende honorable, passer
cinq ans aux fers le tout pour avoir mangé de
la viande le vendredi
Terminons par les réflexions de' Grand
d'Aussy: s'il était possible de faire asseoir
une même table un religieux du 8me siècle, un
du 14me et un du 18me et de leur servir tous
trois ce qui, en ces différents temps, et selon
le régime de leur même règle, avait constitué
leur maigre, on verrait le dernier croire faire
abstinence sévère en mangeant de œufs, du
beurre et du laitage le seconde regarder ces
substances comme grasses et s'en abstenir avec
horreur le premier, au contraire, y joindre
sans scrupule une volaille, une perdrix etc.
Quel horrible scandale ils se causeraient l'un
l'autre? Comme ils s'anathématiseraient
mutuellement!
Hélas, ne condamnons personne! L'histoire
des usages d'un peuple n'est guère que celle de
ses contradictions. Quand nos neveux liront
qu'à notre époque on n'osait manger du canard
un jour maigre, mais bien une macreuse ou
une poule d'eau, neclateront-ils pas de rire?
On ne trouve point dans l'Evangile de pré
cepte qui ordonne le jeûne ou l'abstinence de
viande; au contraire, Jésus-Christ semble
blâmer cet usage. (Matth. xn Marc, n.) Que
personne donc, ditSt-Paul, ne vous condamne
pour le manger et le boire, ou au sujet des
jours de fêtes. Ne mangez pas, vous dit-on,
d'une telle chose, ne goûtez pas de ceci, ne
touchez pas cela. Cependant ce sont des cho
ses qui périssent toutes par l'usage en quoi
vous ne suivez que des maximes et des ordon
nances humaines, quoiqu'elles aient quelque
apparence de sagesse et une humilité affectée,
dans un traitement qu'on fait au corps, et dans
le peu de soin qu'on prend de rassasier la
chair.
Aussi dans les premiers temps de l'Eglise
le jeûne n'était pas commandé. Les apôtres,
écrivait St-Irenée, au pape Victor, ont ordonné
de n'obliger personne jeûner ou célébrer
les" fêtes.
Jésus-Christ ni les Apôtres n'ont fait du
jeûne un devoir de religion.
Ce ne fut qu'au 5me siècle que le jeûne fut
déclaré obligatoire par l'Eglise.
On a beaucoup varié sur l'espèce de nourri
ture dont on devait s'abstenir. Pendant bien
longtemps on regarda la volaille comme une
nourriture maigre et pour cela on s'appuyait
sur la création contemporaine des poissons et
des oiseaux. St-Basile, St-Ambroise, etc., au
torisèrent cette décision. Les ordres religieux
les plus austères et qui se dévouaient au carê
me perpétuel, pouvaient manger la volaille.
St.Thomas d'Aquin, l'Ange de l'Eglise, autori
sait cet usage de la volaille.
Plus tard l'Eglise se montra plus sé.vère;
mais elle ne détendit pas l'usage des oiseaux
aquatiques. La macreuse lut cependant défen
due par le concile de Latran, sous Innocent viii.
Personne ne s'occupait alors du lait et du
beurre. Théodulphe, évêque d'Orléans, écri
vait: l'Apôtre ne dit point, abstenez-vous d'œufs
et de lait, mais il dit, ne vous enivrez point
avec le vin qui produit la luxure. Messeigneurs
de ce temps-ci ne sont pas si moraux que cet
évêque d'Orléans ils défendent aux humbles
l'usage du lait, du beurre et des œufs, et tolè
rent, pour le grand bien du clergé, l'usage du
vin!
En 1365, le concile d'Angers défendit l'usage
du lait et du beurre, en carême, sans une per
mission particulière qui s'obtenait moyennant
versement de certaine somme dans le tronc
pour le beurre. On battait monnaie
Au commencement du 16me siècle, on trai-
nait au supplice comme un parricide celui qui,
au lieu de poisson avait mangé du porc.
On voit que les opinions d'alors ne s'accor
daient guère avec les paroles de St Paul.
36e ANNÉE.
LE PROGRÈS
JOURNAL R'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
l'ARALSSMT LE -il. M M ET LE DIJLLICHE.
VIRES AC0UIR1T EUNDO.
ABONNEMENT PAU AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'ïpres. Ir. G-00
Idem Pour le restant du pays7-00
BULLETIN POLITIQUE.
Le fait important du.la semaine est la démission
de M. de Macère, minisire de l'intérieur en France.
Depuis hier malin celle solution de la crise par
tielle était tout indiquée, M. de Macère ayant
déclaré que le résultat de la discussion sur les affai
res de la préfecture de police n'exercerait aucune
influence sur sa détermination de remettre son
porte-feuille la disposition du président du con
seil. Il est nécessaire d'ajouter que le conseil des
ministres avait refusé d'accepter la responsabilité
des actes de M. de Macère et de prêter son appui
au ministre de l'intérieur.
Le débat a été vif. M. Clémenceau a été très
dur pour la préfecture de police. Le jeune député
de la Seine, (jui parait être appelé jouer plus
tarJ un grand rôle politique, a surtout flétri les
procédés de la police dans l'affaire Rouvier. et son
discours a été vivement applaudi.
La réponse de M. de Macère a été faible; l'ora
teur s'est attaché justifier les actes de ses subor
donnés, mais il a été malheureusement inspiré
lorsqu'il a dit que l'épuration du personnel de
police était une sorte de proscription et que l'en
quête sur la préfecture avait été close parce qu'elle
avait donné les résultats demandés. Ces déclarations
ont été accueillies par des murmures et M. Clémen
ceau a déposé immédiatement un ordre du jour
portant que les explications du ministre étaient
insuffisantes
Après une suspension d'audience réclamée par
M. Rameau, ce député a demandé l'ordre du jour
pur et simple, et M, Clémenceau s'est rallié sa
proposition qui a été adoptée la presque unanimité.
Avant-hier soir M. Canovas del Castillo a pré
senté au Roi la démission de tout le cabinet. Le
Roi l'a acceptée. La constitution d'un nonveau
ministère est attendre la fin de la semaine avec
M. Canovas et le maintient des ministres de l'inté
rieur, des finances et de la justice.
C'est aujourd'hui que doit commencer au Parle
ment allemand la discussion en première lecture du
projet de la loi disciplinaire. Nous ne croyons pas
que ce premier examen provoque de longs débats.
Les conservateurs, d'après toutes les apparences,
demanderont que le projet soit renvoyé une com
mission spéciale, proposition que le parti national-
libéral repoussera.
La seule question politique qui soit agitée ac
tuellement en Suisse est celle du rétablissement
de la peine de mort.
On prévoit qu'il y aura des divergences dans la
manière de voir des deux Chambres, et quon sera
amené procéder au renouvellement de celle-ci
par une élection.
Rien signaler en Autriche. Les journaux dis
cutent la question de savoir quelle date auront
lieu les prochaines élections au Reichsrath.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmudr, 39.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10.; Réclames: la ligne fr. 0-23.
Los cléricaux annoncent urbi et orbi leur inten
tion d'éleveraussitôt le projet de loi sur rensei
gnement primaire adopté par les Chambres une
école frèristc en face de l'école communale.
C'est un droit que leur reconnaît l'art. 17 de la
Constitution.
Mais l'Etat a lui aussi un droit sur lequel se
greffe un devoir: celui de veiller ce que les mai
sons destruction populaire ne soient point des
foyers de corruption. Il y a là une question d'hy
giène sociale.
Donc, le Gouvernement et ce sera le moment
où l'Administration de la sûreté publique pourra
rendre quelques servicesdevra rechercher at
tentivement comment se recrute le personnel ensei
gnant des écoles frèristes; il devra prendre des me
sures pour connaître bien exactement les noms,
prénoms, origine, état de services judiciaires ou
autres des religieux ou laïques étrangers que
l'épiscopal chargera de propager chez nous la Doc
trine chrétienne; et il devra également, le besoin
en étant reconnu dans l'intérêt des mœurs publi
ques. interdire l'emploi d'enseigneurs exotiques.
L'enseignement restera suffisamment libre...
avec le pelil-frèrisme indigène.
La Constitution existe pour les Belges. Des
droits qui y sont inscrits les Belges seuls sont ap-