N° 448. Jeudi.
17 Avril 1879.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Mensonges pieux.
39* ANNÉE.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DEHANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
Les nihilistes viennent d'ajouter la série de
leurs forfaits un crime atroce qui aura dans l'Euro
pe entière un douloureux retentissement. Lundi
plusieurs coups de revolver ont été tirés sur l'em
pereur de Russie, pendant que sa majesté était en
promenade. Heureusement, par un hasard provi
dentiel, l'empereur Alexandre n'a pas été atteint.
L'assassin a été arrêté.
Ce nouvel attentat appellera, il n'en faut pas
douter, un châtiment terrihle sur les chefs de la
secte infâme qui, depuis plusieurs mois, répand
l'inquiétude et la consternation dans la Russie en
tière, et qui, après avoir, menacé la vie des servi
teurs les plus dévoués de l'Empereur, s'attaque
la persoune sacrée du souverain. En un an, cinq
attentats de ce genre ont été perpétrés, deux sur
Fempereur d'Allemagne, un sur le roi d'Espagne,
un autre sur le roi d'Italie, le dernier enfin sur le
Czar. Où s'arrêtera là liste de ces terriMes forfaits,
dictés par la passion politique? L'honneur de l'hu
manité exige que l'épidémie de régicide soit étouffée
et que toutes les mesures nécessaires soient prises
pour arriver ce résultat.
Les nihilistes qui jusqu'à présent ne visaient que
la destruction dus fonctionnaires, ont joué une
partie décisive et ils l'oot perdu, jamais, jusqu'à
présent, les jours de l'Empereur n'avaient été me
nacés. Le peuple russe considère |e souverain nom
me l'auteur de toutes les mesures qui ont été prises
en faveur de masses et trouve que toutes les infor
tunes de la Russie doivent être attribées la
bureaucratie. Les démonstrations d'amour et de
respect filial qui viennent de se produire s'expli
quent parfaitement et elles nous permettent de
nourrir l'espoir que l'attentai SokolofT provoquera
jusque dans les contrées les plus éloignée* de l'im
mense empire, un sentiment d'énergique réproba
tion.
Ce n'est qu'à de rares intervalles que les infor
mations des journaux londoumens, et notamment
celles du Timessoient démenlies par les événe
ments niais 1rs correspondants ne sont pas iirfail-
libles et la feuille reconnaît aujourd'hui, avec bon
ne grâce du reste, qu'elle a été induite en erreur au
sujet des alTaires égyptiennes. Il est donc, parait-il
absolument inexact que le Sullan se soit déclaré
prêt remplacer le Khédive par l'oncle de ce prin
ce, Haliin. Avant de punir le coupable, s'il a bien
entendu, l'intention de sévir, il vent entendre ses
explications qui seront apportées Conslanlinople
par le secrétaire du Khédive.
Voilà plusieurs jours que nous n'entendons plus
parler de la combinaison mystérieuse que l'on au
rait trouvée S'-Pétcrsbourg pour remplacer l'oc
cupation mixte de la Roumélie orientale. L'éché
ance du 3 mai approche et il serait temps d'en
finir. D'après nos renseignements, l'idée soulevée
par la Porle de prolonger d'une année les pouvoirs
de la commission internationale, est assez bien ac
cueillie par les grandes puissances, comme se rap
prochant beaucoup plus de la teneur du traité de
Berlin que celle de l'occupation mixte. On assure
encore que la candidature d'Aleko pacha aux fonc
tions de gouverneur général de la Roumélie est vi
vement appuyée de divers côtés, et même par la
Russie,
On a beaucoup parlé de la nécessité de créer
Philippopoli un corps de gendarmerie. En atten
dant que ce corps soit formé le gouverneur
russe Slolypine a donné l'ordre de mobiliser les
sociétés de gymnastique et a notifié sa détermina
tion, la commission internationale en la motivant
par la nécessité de renforcer la police et de rempla
cer pour le moment les troupes russes qui quitte
raient la ligne du district de Rhodope.
On m'envoie du Hainaul une toute mince bro
chure cléricale, imprimée Mons avec ce litre
attendrissant dans sa simplicité: Nos enfants.
Je vous la donne pour une curiosité, monsieur,
pour une vraie curiosité.
Cela vous a, sur ses six pages, 113 lignes de
texte, pas une de plus ou de moins, et chose
admirable! sur ces 115 lignes vous n'en liriez
pas une qui ne renferma un ou deux mensonges!
LE PROGRES
VIRES ACIiUIRIT ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59.
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CHEMIN DE FER. (1' Janvier).
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. - 10-05. 12-07. 2-45.
3-57. 6-47. 8-45. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-52. - H-20. - 2-40. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-50.
Langheroarck-Ostende. 7-31. 12-17. 6-15.
Langhrmarck, le samedi, 5-50v
Le rapport de M. Olin sur le projet de loi relatif
l'enseignement primaire ne comprend pas moins de 455
pages, y compris les annexes. Le préambule établit
clairement la nécessité pour l'Etat d'avoir un enseigne
ment primaire bien organisé c'est le seul moyen de
façonner la Belgique de l'avenir; une éducation mau
vaise formerait de mauvais citoyens l'Etat ne peut res
ter neutre, impassible et désarmé dans une question
semblable. Sans doute, l'instruction n'est pas une pana
cée universelle, car elle ne supprime pas les passions
humaines, mais au mains a-t-elle le pouvoir de les atté
nuer et d'en adoucir les écarts, tandis que l'ignorance
laisse le champ lihre aux appétit6 grossiers et aux in-
stintes violents, qui seuls alors paraissent la disposi
tion des masses pour augmenter leur bien-être.
D'autre part, supprimer la liberté ou supprimer l'en
seignement de l'Etat, c'est courir droit au monopole.
L'enseignement privé s'incarne, en effet, dans les éta
blissements du clergé, qui seul possède les ressources
suffisantes pour l'organiser efficacement, surtout au de
gré inférieur. L'Etat empêche donc le privilège que la
force des choses produirait inévitablement en faveur du
clergé, comme la liberté, que celui-ci a le droit de reven
diquer, sert de contre-poids l'action exolusive et pré
pondérante de l'Etat.
Vient ensuite la partie historique de la question elle
est fort longue, et il serait impossible de la résumer.
Nous y remarquons qu'en 4832 une commission, char
gée de préparer un avant-projet de loi sur l'enseigne
ment, proposait M. de Theux, ministre de l'intérieur,
d'exclure l'enseignement religieux des écoles primaires
et de n'y donner que l'enseignement scientifique, en
combinant les cours de façon permettre aux élèves de
recevoir, des ministres de leur culte, les leçons de reli
gion. Cette solution qui se présentait l'esprit des hom
mes de 1830, l'heure où chacun était imprégné encore
du souffle qui animait le Congrès, cette solution est
pratiquement la même que celle du projet de 4879.
Autre détail qui a son importance quand la question
fut remise de nouveau l'étude en 4840, M. Van Bom-
mel évêque de Liège, organe d'une certaine partie de
l'épiscopat, réclama ouvertement la prépondérance de
l'autorité religieuse dans l'école. L'opposition épiscopale
se prolongea jusqu'après le vote de la loi de 1842. Lors
que la paix fut faite, on déclara que l'évêque de Liège
avait écrit et parlé comme publiciste, mais nullement
comme prélat, et l'évêque de Tournai saisit l'occasion
de l'inauguration du chemin de fer de Tournai Mous-
cron, le 45 novembre 4842, pour exprimer au Iloi sa
haute satisfaction.
Trois députés seulement votèrent contrela loi de 4842:
M. Delfosse représentant de Liège, M. Verhaegen, re
présentant de Bruxelles, M. Savart-Martel, réprésentant
de Tournai.
La loi de 4842 fonctionnait depuis quelques années
peine, que le débat s'ouvrit sur la légitimité des princi
pes qu'elle consacrait ce débat n'a pas cessé un seul
instant; le Congrès libéral en avait donné le signal;
toutes les Associations libérales ont réclamé depuis lors
avec persistance l'abolition de cette loi inconstitution
nelle. Les élections du 44 juin dernier se sont faites en
grande partie sur la question de l'enseignement, et le
cabinet issu de ces élections a reçu mandat d'exécuter
la sentence de la nation.
La liberté de l'enseignement resteabsolument intacte
que le clergé couvre le pays d'écoles où il régnera en
maître souverain, défiant tout contrôle, façonnant la
jeunesse sa guise, nul ne l'entravera dans son œuvre.
Mais qu'on ne vienne pas crier au martyre, parce l'Etat
sera désormais maître dans es écoles, comme le clergé
le sera dans les siennes.
La loi de 4842, dit-on, a été un compromis, et il n'est
permis aucun parti de rompre un pareil pacte. Mais
comment ce compromis a-t-il été observé' Non-seule
ment le clergé a fini par réléguer l'autorité civile au
second plan et conquérir la place prédominante dans
l'enseignement de l'État mais encore il attaque ouver
tement cet enseignement.
Le rapport passe ensuite l'examen des articles;
dont nous nous occuperons dans notre prochain numéro.