4L61. Dimanche, lr Juin 1879. 6 FRANCS PAU AN. JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. LA PESTE. 39e ANNÉE. BULLETIN POLITIQUE. Nos adversaires donnent en ce moment une nouvelle preuve de leur affection et de leur sollicitude pour la classe del. cultivateurs ils nosent en effet de soumettre les chevaux ibour une taxe de 5 20 fr., selon le nombre de chevaux on peut s'étonner d'abord qu'ils veuillent faire peser de nouvelles charges sur l'agriculture, mais le bout de l'oreille ne tarde pas percer lorsqu'on lit que cette taxe comptera pour le cens électoral. Ainsi, nos adversaires né reculent pas éta blir de nouveaux impôts^pour se faire de nou veaux électeurs. C'est inouï et sans précédents; sans doute nos amis ont supprimé des impôts dont on abusait pour fabriquer de faux élec teurs, mais de là établir de nouveaux impôts dans le but de rendre électeurs tous les fermiers grands et petits, il y a un abîme, que, sans aucun doute,l'on ne parviendra pas franchir. Du reste, si une mesure pareille avait chance d'être accueillie, elle ne manquerait pas de provoquer une certaine émotion dans le pays. LE PROGRES PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. maires ACftUIRIT EUNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour rarrohdissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. C-'K) Idem Pour le restant du pays7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la lignefr. 0-25. CHEMIN DE FER. Juin). HEURES DE DEPART D'YPRES A Poperinghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47, Poperinghe. 6-20. 9-07. 9-55. 12-07. 2-45. 3-57. 6-47. 8-45. 9-50. Courtrai. 5-34. - 9-52. - Id-20. - 2-40. - 5-25. Roulers. 7-45. 12-25. 6-50. I.angtiemarck-Ostcnde. 7-31. 12-17. 6-15. f.anghemarck, le samedi, 5-50. Le prince de Bismark vient de quitter la capita le de l'Empire pour se rendre Varzin. Nous voilà donc privés pour quelques jours de nouvelles poli tiques du côté de l'Est, car il est absolument in vraisemblable que des incidents sérieux se produi sent pendant l'absence de l'illustre homme d'Etat. Mais la villégiature du chancelier de l'Empire sera courte. Il lui faudra bientôt reprendre la lutte contre les libre-échangistes et mener bonne (in la discussion des tarifs douaniers; il devra en outre, rechercher les moyens de rendre plus solide l'union des groupes des protestants orthodoxes et des fidè les serviteurs de la curie romaine. La tâche n'est pas facile; le centreest nerveux, agacé, il réclame côté de concessions religieuses, des garanties constitutionnelles. Le savant professeur de l'Université de Bruxelles, M. le docteur Vao Dru Corput, a publié dans la liviaison de la Revue de Belgique, du 15 Mars dernier, un article remar quable sur la peste, son histoire et les moyens employer pour s'opposer sa propagation. L'existence du fléau en Orient nous engage résumer ce travail,^sorti d'une plume si compétentr. Il servira nous démontrer que quoiqu'éloigné de nous les précautions sont toujours bonnes prendre quand il s'agit d'un pareil ennemi. Bien que pour les anciens, toute maladie revêlant un ca ractère épidémique fut la peste cependant dès l'enfance de l'humanité elle a existé et a fait partout de nombreuses victi mes. Les historiens grecs en font mention et tous s'accordent pour donner l'Egypte le triste privilège d'en être le berceau. Son climat chaud et humide réunit d'ailleurs toutes les condi tions voulues pour qu'elle s'y développe. Avant et pendant le moyen-Age surtout le fléau s'abattit bien des fois sur l'humani té. Tout, crtte triste époque, contribuait l'entretenir et le propager. Les guerres, la famine, le manque de richesses réunies alors en quelques mains, le manque d'hygiène provo quaient le fléau et le secondaient malheureusement trop bien. Joignons cela un fanatisme criminel qui paralysait les meilleures intentions en attribuant la peste l'influence des astres ou une vengeance divine. L'apparition d'une nébulosité ou d'une comète dans les cieux causait citez les savants du moyen-Age une toute aussi grande frayeur que le fléau lui-même. Les mesures d'hygiène 1rs plus élémentaires n'étaient point prises. Au lieu d'en rechercher les causes et de le circonscrire, les médecins de l'époque se condamnaient dans leur absurde ignorance un fatalisme inaclif qui don nait libre cours un fléau dont les ravages étaient terribles. Les écrits des historiens ou des savants anciens et du Les séances de lundi des Chambres françaises n'ont offert qu'un médiocre intérêt. M. Lockroy a retiré son interpellation sur l'application de la loi d'amnistie; les raisins étaient trop verts. La Cham bre a consacré quelques minutes l'audition d'un discours de M. Baudry d'Asson, déplorant en ter mes amers la suppression d'une écolecongréganiste de la Vendée. Le ministre del'instruclion publique a répondu qu'une enquête officieuse avail eu lieu et que les chefs eux-mêmes des congréganistes ex pulsés avaient constaté que les frères avaient per du toute considération dans leurs communes. Le Sénat a été saisi de l'interpellation de M. de Gavardie, le Baudry d'Asson de la Chambre hante, relative de nouvelles et graves atteintes portées l'indépendance de la magistrature. En Autriche, l'agitation électorale sévit avec une grande intensité. Le gouvernement a décidé que les élections pour la Chambre des députés se feront sans retard, et il a déjà convoqué les élec teurs de plusieurs provinces. Le scrutin s'ouvrira dans la Basse-Autriche, la Bohême, la Moravie et la Silésie, dans les derniers jours du mois de juin, et dans les autres provinces au commencement de juillet. Les élections seront terminées avant la moisson. La session parlementaire n'est pas encore close en Hongrie. Dans sa séance de mercredi, la Cham bre des députés a entendu les explications du pré sident du conseil sur l'occupation du district de moyen-âge ne nous donnent guère dedétails sur la nature de la maladie. On peut donc facilement se méprendre et confondre sous une même dénomination les différentes maladies infec tieuses qui ont sévi jadis. M. Van Den Corput reconnaît l'existence de deux formes de peste: la peste biiboneuse originaire d'Egypte et la peste noire (pestis atroeissima vel mors nigra) originaire d'Asie. La peste huboneuse originaire d'Egypte était caractérisée principalement par une inflammation des glandes de l'aîne et des aiselles. Ces glandes se gonflaient s'ulcéraient, devenaient gangréneuses, en laissant échapper une liquide putride. La peste buhoneusf a sévi dès les premiers siècles historiques. Les dernières invasions de cette peste furent celle deGêms en 1656, de Londres en 1688, et la peste de Marseille en 1670. La seconde forme de la peste ou peste noire est cette ter rible maladie qui, au XIVe siècle, partie de l'Asie envahit l'Europe tout entière et y fit un si grand nombre de victimes, qu'il n'a point été dépassé depuis. D'après M. Van Den Corput et les médecins Russes c'est cette peste qui a sévi,il y a quelques mois, dans la Russie d'Asie. Les symptômes qui la caracté risent sont effroyables. Leur siège a surtout lieu dans le poumon, la gangrène de cet organe et des' hemorrhagiis qu'on ne peut arrêter se déclarent, une anxiété et un abatte ment insurmontable s'empare des malades qui crachent un sang noir et putride, la bouche et la langue sont comme carbonisées, le corps se couvre de tumeurs ou de plaques livides bientôt suivies d'ulcères d'où suinte un liquide infecte. La vie s'éteint alors en quelques heures au milieu de souffrances indicibles. La mort surprend ses victimes avec une rapidité foudroyante elle survient quelque fois en 24 heures. Tels ont été jadis et il y a peu de temps encore en Russie, les symptômes de ce terrible fléau. Le nombre des décès au XIVe siècle (1348) fut énorme. Partie des bords de la mer Caspienne, la peste envahit Novi-Bazar par les troupes autrichiennes. L'occu pation aura lieu graduellement, de commun ac cord avec la Turquie; ells n'imposera donc pas de nouvelles charges en hommes ou en argent aux deux gouvernements de la monarchie. Ypres, le SI Mai 1879. l'Egypte, l'Asie mineure, la Turquie, la Grèce, l'Italie Naples on évalua les décès 60,000), l'Espagne, (300 per sonnes succombèrent ru un jour Valence), la France, l'Al lemagne, l'Angleterre, la Suéde. La Belgique par un privilège inexplicable n'eut subir qu'une légère atteinte. D'après les calculs et les recherches les plus récents, on évalue tant en Europe qu en Asie, 77 millions le nombre des victimes frappées par la peste de 1348 et cela en quel ques années. La mortalité dans la dernière épidémie Russe n'est guère inférieure celle du XIVe siècle.Sur 100 malades au mois de Décembre dernier on comptait 95 morts. De pareils chiffres n ont-ils pas leur sinistre éloquence? Tout ce que le génie de l'homme peut inventer, toutes les mesures de prud.-nce qu'un gouvernement éclairé doit pren dre, tout ne doit-il pas être mis a profil pour vaincre ou tout au moins arrêter un pareil ennemi. H. Vau den Corput reconnaît comme principale cause I» propagation du fléau: la contagion. Les germes de la peste se faufilent partout, nn innocent gage d'amour peut quelque fois en être le propagateur. La dernière épidémie Russe u'a-t-elle pas été introduite dans la ville V'etlianka, actuellement dépeu plée, par un fichu de soie donné par un cosaque si maî tresse L'isoli nient des pestiférés, l'établissement de cordons sani taires, l'application aux personnes et aux marchandises aux tissus surtout d une quarantaine rigoureuse accompagnée d'une désinfection minutieuse des vêtements et des ballots, la destruction par le feu de tous les effets ayant appartenu* aux pestiférés, telles soul les mesuresdeprudence recomman dées par M. Van Den Corput. Souhaitons comme lui en terminant, que la science nous affranchisse de ers maux comme la liberté a désormais affranchi les peuples de l'esclavage et de l'ignorance. X.

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Le Progrès (1841-1914) | 1879 | | pagina 1