No 474. Dimanche,
39e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'VPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
L'impôt sur le Tabac.
20 Juillet 1879.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
LE
PROGRES
VIRES ACgUIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixraude, 50.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER. (1' Juin).
HEURES DE DÉPART D'YPRES A
Poçeringhe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 9-55. 12-07. 2-45.
3-57. 6-47. 8-45. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-52. - 11-20. - 2-40. - 5-25.
Roulers. 7-45. 12-25. 6-50.
Langhemarck-Ostende. 7-20. 12-17. 6-15.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
Le second projet Ferry sur l'enseignement supérieur,
celui qui réorganise le conseil de l'instruction publique,
a été soumis le 17 la discussion de la Chambre fran
çaise et il a donné lieu un débat approfondi. On sait
que le projet de loi exclut absolument le clergé du con
seil supérieur; c'était là, comme l'a fait remarquer le
rapporteur, M. Chalamet, le seul moyen de créer un
conseil animé de l'esprit libéral. Mais les membres de la
minorité ne l'entendent pas ainsi. MM. de Blachère et
Darguilhon-Pujol ont attaqué le projet avec une très-
grande véhémence des allusions au spectre rouge, des
attaques violentes contre les écoles sans Dieu ont
émaillé leurs discours préparés de longue main et aux
quels la Chambre n'a accordé qu'une attention dis
traite.
Un nouveau jouteur, M. Bardoux, l'ancien ministre
de l'instruction publique dans le cabinet Dufaure, a ti
ré la chambre de sa somnolence, en développant son
contre-projet réorganisant le conseil supérieur ou plu
tôt créant deux administrations nouvelles, le conseil de
l'université et le conseil de l'enseignement libre. Mais
Je succès n'a pas couronné les efforts du député du
centre gauche. Le contre-projet a été répoussé par 332
voix contre 153 et la Chambre a jdécidé de passer la
discussion des articles.
Une discussion se prépare au Sénat au sujet de la
réorganisation du conseil d'Etat. M. Numa Baragnon
interpellera le gouvernement sur la révocation de cer
tains conseillers qui avaient été introduits dans cette
administration par le cabinet du 16 mai. Il s'appuiera
probablement sur plusieurs lettres de conseillers mis
en disponibilité et qui ont fait publier des lettres par
lesquelles ils demandentà être provoqués. La lutte se
terminera l'avantage du gouvernement.
D'après les informations de plusieurs journaux, le
ministère aurait pris la décision formelle d'expulser les
jésuites dans le cas où le Sénat rejetterait l'article 7
de la loi Ferry.
La question des châtiments corporels dans l'armée an
glaise est revenue la Chambre des communes. Le
marquis de Hartington, dont l'autorité s'est raffermie
depuis qu'il a manifesté l'intention de poursuivre l'abo
lition de ces peines barbares et indignes de notre siècle,
a déposé une motion portant qu'aucune loi maintenant
la flagellation ne serait adoptée par la Chambre. Com
battue énergiquement par le chef du département de
la guerre, le colonel Stanley, cette proposition a été re
poussée par 229 voix contre 183.
Le nouveau ministère italien s'est présenté devan t
les Chambres législatives. M. Cairoli a donné au Sénat
des explications sur la ligne de conduite qu'il compte
suivre, si, bien entendu, la représentation nationale lui
en laisse le temps.
L'exposé des motifs du projet de loi introduit au con
seil fédéral de l'empire d'Allemagne et décrétant la
biennalité des sessions parlementai ree n'a pas encore
vu le jour, mais plusieurs journaux ont reçu par une
voie officieuse des indications sur le contenu de ce mé
moire. L'article 13 de la Constitution dont le gouverne
ment désire l'abrogation dit que la convocation du
conseil fédéral et du Reichstag se fait chaque année
que le conseil fédéral peut se réunir en dehors de la ses
sion du Parlement pour préparer les projet de loi, mais
que le conseil ne peut se séparer pendant la session
parlementaire.
Les partisans de l'impôt sur le tabac le défendent
d'une façon telle, que c'est dans leurs articles que
nous trouvons, dit XEconomie de Tournai, nos
meilleurs arguments pour combattre celte mesure
impopulaire.
Un de nos confrères disait hier Il est notoire
que c'est regret que le ministère s'est décidé
agraver l'impôt sur les tabacs. Il sait aussi bien
que nous que c'est une mesure impopulaire, et s'il
ose en prendre la responsabilité, c'est qu'il n'a pas
su trouver mieux. Et c'est pourquoi même il
demande si peu de chose.
Il est notoire en effet que nos ministres ne
s'engagent pas de gaieté de cœur dans cette cam
pagne: en réalité, ils ne sont pas en cause ils se
trouvent dans une situation difficile; ils doivent
remplir une caisse vide, combler un déficit énorme,
payer les dettes des cléricaux, rétablir une situation
financière véritablement désastreuse il faut bien
qu'ils trouvent de l'argent quelque part, et ils ne
peuvent en trouverqu'en froissant certains intérêts,
en soulevant maintes récriminations, en bravant,
s'il le faut, l'impopularité
Il n'est pas, l'époque où nous vivons,
disait récemipent M. Hymans dans XOffice, de
mission plus rude et plus épineuse que celle d'un
ministre des finances. Réunit-il en sa personne le
génie de Sully, de Colbert et de Robert Peel, où
pourrait-il découvrir des sources de revenus se
distinguant des anciennes et pouvant servir plu
mer, comme, on dit vulgairement, la poule sans la
faire crier?
Si fâcheux que cela puisse paraître, le mot
économies est en quelque sorte rayé du dictjon-
naipe politique. Tous les services publics indistinc
tement ont pris une telle extension, il y a un tel
nombre de nécessités satisfaire qu'il est pour
qjnsi dire impossible, de restreindre l'action admi
nistrative. Il faut compter avec les habitudes
prises, avec les droits acquis les traitements sont
plutôt trop bas que trop élevés les besoins s'ac
croissent d'une façon quasi régulière, et l'économie
politique de notre temps consiste faire le meilleur
emploi possible du revenu de l'Etat plutôt qu'à le
réduire.
Le déficit du trésor, que la crise universelle
ne tend pas combler, a eu pour conséquence
d'imposer la création de nouvelles taxes. Encore
une fois, où les chercher
Selon M. Hymans, on doit les chercher dans le
tabac, non pas en lui demandant une misère de
800,000 francs, ce qui n'est qu'un expédient, mais
en établissant la régie comme en France. D'ail
leurs, ajoute M. Hymans, l'exposé des motifs dit
qu'on espère dans l'avenir donner cette branche
nouvelle du revenu un développement qui per
mettra de réduire d'autres impôts pesant d'une
manière plus fâcheuse et plus lourde sur la ri
chesse publique celte timide déclaration est une
sorte de préface de l'institution de la régie ou du
monopole de la fabrication des tabacs.
Voilà donc deux défenseurs du projet; l'un nous
dit On demande si peu de chose au tabac
l'autre s'écrie On ne-lui demande pas assez,
mais je m'en console en songeant qu'on lui deman
dera bien davantage d'ici peu de temps.
C'est précisément là le côté vicieux de la mesure
sur laquelle la Chambre va être appelée se pro
noncer.
De deux choses l'une:
Ou bien le gouvernement a l'intention d'établir
la régie en Belgique, et alors il fallait y arriver
d'emblée et demander au tabac des Ressources suf
fisantes pourdégrever certains impôtset pour rendre
inutile l'augmentation du tarif des chemins de fer
Ou bien on n'a pas l'intention d'établir le mono
pole, et alors c'est une maladresse de s'exposer,
pour tirer du tabac indigène une misérable somme
de 250,000 francs, une impopularité presque
aussi grande que si l'on décrétait l'établissement de
la régie.
Le premier système peut se soutenir nous le
combattrions outrance pour notre part mais
nous comprenons la rigueur qu'on fasse reposer
sur un pareil impôt tout un système financier.
Le second n'est pas défendable pour employer
une expression populaire, le jeu n'en vaut pas la
chandelle. Ainsi nous lisons dans une lettre
qu'un fabricant de tabac adresse la Gazette de
Charleroi
Ce qu'il y a surtout critiquer dans le projet,
c'est la menace d'autres impôts successifs, afin
d'arriver par étapes des droits plus élevés.
Cette disposition devrait disparaître: le com
merce ne peut pas vivre avec celle épée de Darao-
clès suspendue constamment sur sa tête. Le com
merce d'exportatiou surtout, c'est-à-dire celui qui
nous amène dans le pays bon marché tous les
tabacs exotiques, se trouverait arrêté dans son
essor. Il doit faire ses approvisionnements bien des
mois l'avance chez les planteurs. D'autre part,