Les placards contre le Roi. Non contents de faire du boucan autour des vivants, dans l'espoir de les étourdir et de les inti mider, dit le Journal de Bruges, les outranciers insultent encore aux morts! On sait quelles injures grossières M. Vramboul fût en butte de la part de ses adversaires politiques. Leurs attaques le conduisirent au tombeau. Or, il fut reconnu qu'au lieu de laisser un déficit, le regretté gouverneur était créancier de l'Etat. Ce qui établissait, l'évidence, qu'il avait cté indigne ment calomnié. Or, les calomniateurs ne sont pas contents. S'ils ont tué le libéral, la réputation de l'honnête homme, qu'on voulait démolir tout prix, a surnagé. M. Rolin demande la Chambre les fonds pour liquider cette affaire. Cela met nos bons cléricaux en fureur. Ecoutez l'un d'eux: Il faudrait donc que M. Roliu fit comme M. Del- cour, qui, connaissant la vérité, a laissé calomnier et mourir la peine l'honorable Al. Vrambout, pour ne pas donner un démenti ses persécuteurs. Le collège échevinal de Bruxelles est reconstitué. Par arrêté royal en date du 18 Juillet publié au Moniteur de Samedi, M. Vanderstraelen est appe lé aux fonctions de bourgmestre. MM. de l'Eau d'Andrimont et Delecasse sont nommés échevins. On lit dans Y Indépendance Les faits que nous relations avant-hier ont causé, nous n'avons pas besoin de le dire, une grande émotion en ville. La nouvelle des opérations du parquet et de la police judiciaire s'y était répandue avec une rapidité et donnait lieu des commentai res de toute sorte. Aux renseignements que nous avons donnés, et dont l'exactitude n'a pas encore été contestée par les feuilles cléricales de la capitale, qui ne souillent mot de l'aventure, nous pouvons ajouter celui-ci Hier, la tombée du jour, on voyait une voilure de place sortir du palais de justice et prendre la direction de la prison des Petits-Carmes. Dans cette voiture se trouvait entouré d'agents de la police judiciaire, un frère, le frère Nicolaï, qui est, dit-on, spécialement attaché la bibliothè que du collège St-Michei, et qui, après avoir subi un long interrogatoire devant les magistrats in structeurs, a été mis en arrestation. C'est ce frère que Van Hamme aurait désigné comme état la personne de laquelle il tenait les placards. Nous tenons de source certaine les renseigne ments qui suivent Si Van Hamme a été arrêté au moment où il affichait un placard contenant des menaces contre la vie du Roi, ce n'est pas au hasard qu'est due cette arrestation. Voici comment les faits se sont passés Van Hamme avait été instigué, nous saurons probablement par qui plus lard, écrire ce placard. La chose ne lui parut pas sans danger et il en fit la remarque. C'est alors qu'on lui dit qu'il avait la latitude d'appliquer cette bonne œuvre une somme de cinquante francs. Fort de cette promesse, Van Hamme se mit en quête d'un écrivain public avec qui il fit marché. Réflexion faite, celui-ci craignant de s'engager dans une dangereuse aventure, eût l'idée d'en référer un des agents supérieurs de la divison de la police judiciaire, qui ne lui cacha pas qu'il y avait un délit dans le fait d'écrire ce placard, mais qui en n.éme temps, l'engagea le faire tout en invitant celui qui l'on avait chargé venir le prendre un endroit désigné. C'était une souricière élémentaire: Van Hamme s'y laissa prendre. On sait ce qui s'ensuivit. Encore un détail qui ne manque pas d'intérêt: Les éléves du collège St-Michel paraissent igno rer absolument qu'une descente de justice a été faite dans l'établissement ou peut-être sont-ils déjà suffisamment stylés pour paraître l'ignorer. Le fait est. ce sont des parents qui y ont des enfants qui l'affirment, que toutes les questions qu'ils leur ont faites ce sujet ont été éludées et sont restées sans réponse. Nous avons dit l'émotion que ces faits ont cau sée dans le public. Elle était telle que la police, craignant une démonstration contre l'établissement des jésuites, avait pris soin de le faire occuper et garder par ses agents. Au milieu de tous les bruits qui courent, et dont nous ne voulons pas nous faire l'écho, il paraît définitivement acquis que Van Hamme a dénoncé ceux ou celui qui l'ont entraîné aux faits qui ont amené son arrestation. Aux magistrats instructeurs vérifier ce qu'il y a de fondé dans ses dires. Les deux parquets, celui du procureur général et celui du procureur du roi, poursuivent activement l'instruction. Le frère Nicolaï, dont nous avons annoncé l'ar restation, est un vieillards âgé d'au moins soixante- dix ans. Au collège, il est une espèce de factotum que l'on chargeait de toutes sortes de commissions. Il est bien connu la bibliothèque royale, où il allait souvent chercher des livres pour les Bollan- distes. Dans l'établissement, sa cellule n'est pas près de celles des autres pères. Elle est dans les combles, et c'est là que les agents chargés des perquisitions l'ont trouvé, dormant d'un profond sommeil. Nous tenons les renseignements qui suivent, et qui confirment ceux que nous donnons plus haut du raporteur qui fait le service des journaux de la capitale On nous dit que, dans ses interrogatoires, Van Hamme a déclaré que les placards trouvés sur la porte de l'église de Laeken et sur les murs du palais de justice onl été affichés par un xavérien. Toutes les mesures prises l'intérieur du collège Saint-Michel au début de l'instruction ont été levées hier. Le Journal de Bruxelles annonce que le prince de Ligne vient de donner sa démission de membre du Sénat. D'après ce que l'on nous rapporte, c'est M. le général Mockel qui serait définitivement appelé prendre la succession de feu le général Renard au ministère de la guerre. Des offres auraient été faites MM. les généraux Brialmont et Baudoux, ainsi qu'au colonel Nicaise, et ces messieurs auraient même été, différentes et littéraire. Le second alinéa de l'article 7 porte, rn effet, que l'instituteur s'abtient dans son enseignement, de toute attaque contre les croyances religieuses des familles dont les enfants lui sont confiés. Le gouvernement veillera l'exécution de celte disposition et la répression des infractions qui pourrairnt se commettre. Il veut que l'école primaire prépaie la vie sociale, en faisant d'une part connaître, aimer et pratiquer les devoir8 moraux en donoant d'autre part aux facultés de l'enfant le degré de culture nécessaire pour qu'elles soient actives et fécondes mais il ne veut aucune atteinte aux enseignements religieux reçus soit au foyer domestique, soit dans les instruc tions données au temple ou l'école même, par les ministres des cultes. Si l'enseignement public, sous le régime nouveau et même déjà sous le régime de la loi de 1842, ne doit être ni catholique, ni protestant, ni Israélite, l'instituteur s'inspirera d'une idée commune toutes les religions en entretenant ses élèves, ainsi que le gouvernement l'a déjà déclaré, de Dieu, de l'âme, ainsi que de ces grandes vérités morales et chrétien nes qui, l'honneur de l'humanité, sont devenues progressi vement le domaine de toutes les religions et de toutes les nations civilisées. Il n'y a lieu d'introduire aucune innovation aux usages aujourd'hui suivis quant aux prières, dans les écoles fréquen tées par les enfants d'une même communion et quant aux emblèmes religieux placés dans les classes. a Ainsi que je l'ai déclaré la Chambre des représentants et au Sénat, si, dans uoe localité, le ministre du culte ne pou vait se charger seul de l'enseignement religieux, l'administra tion communale le ferait aider pour une personne possédant les aptitudes nécessaires et la confiance des familles. a La loi a statué sur le mode d'intervention du clergé. Le concours de celui-ci ne peut donner lieu des conventions spéciales, ni être subordonné des conditions qui ne résul tent pas de la loi même, dont nous venons de rappeler la signi fication. Si le clergé ne se charge pas de l'enseignement religieux l'école primaire communale l'instituteur pourra faire réciter les leçons de religion aux enfants, mais il ne saurait y être contraint. S'il ne crois pas pouvoir accepter ce surcroît de travail une personne réunissant les conditions voulues pour répondre au vœu des pères de famille sera appelée le remplacer. Les instituteurs qui se sent chargés jusqu'ici de l'ensei gnement religieux le continueront, je n'en doute pas. Il est très désirable qu'il n'éprouve aucune interruption. Le montant de l'indemnité payer pour l'enseignement religieux figurera au budget communal et entrera en ligne de compte dans les dépenses ordinaires du budget de l'enseigne ment primaire. L'Etat, Monsieur le Gouverneur, n'a aucune initiative prendre auprès des ministres des cultes. Cette initiative revient aux administrations locales; c'est ces administrations aussi qu'il appartient, en cas de refus du clergé, de recourir aux modes indiqués plus haut de suppléer son intervention. Le gouvernement ne devrait agir que si des administrations, par leur inertie, empêchaient le vœu des familles de recevoir satisfaction et nuisaient ainsi l'enseignement officiel. Tout père de famille a la liberté la plus entière de dis penser son enfant de l'enseignement religieux.Mais l'acquiesce ment du chef de famille aux mesures prises en vue de cet enseignement par l'autorité locale sera présumé jusqu'à dé claration contraire. Vous voudrez bien, Monsieur le Gouverneur, porter la présente circulaire la connaissance des admioistralrons communales de votre province, vous assurer promptrmen! de la suite qu'elle aura reçue et me communiquer les renseigne ments ce sujet mesure qu'ils vous parviendront. La présente circulaire sera communiquée par mes soins MM. les inspecteurs de l'enseignement primaire. Le ministre de l'instruction publique, E. VANHl'MBÉECK. Au fond, que veut le ministère? Etablir sans doute que erlui qui doit est créancier, que celui qui tirait sans cesse le diable par la queue, était riche sans le savoir; que tous les tripotages qui ont eu lieu au gouvernement de la Flandre occidentale étaient les choses les plus régulières du monde?... Son projet de loi ne tend qu'à cela mais c'est vouloir laver un nègre; et nous le démontrerons au moment opportun. Toutes ces manigances ministérielles visent encore un autre résultat payer les créanciers particuliers de M. Vrambout, qui appartiennent la gueuserie la mieux conditionnée. La droite ne peut point le permettre. a i ttt. Il y a environ six semaines, dans un débit de liqueurs d'une impasse donnant rue du Marché-aux- Charbons, Van Hamme faisait la connaissance d'un nommé Asselberghs, d'origine anversoise, et qui reve nait de Rouen. C'est cet individu qu'il y a quelques jours il re mettait un placard manuscrit, écrit en flamand de sa main il en a fait l'aveu et lui demandait d'en faire quatre copies. Ces placards devaient être affichés sur les murs du palais du Roi, sur ceux de l'hôtel-de-ville, du palais de justice et de l'ancienne église Sainte Ca therine. En faisant cette proposition Asselbergs, il lui offrait un bon de cinquante francs payable chez lui ou chez le père Nicolaï, au collège Saint-Michel. A l'issue de cette entrevue, Asselberghs se rendit la division de la police judiciaire et raconta ce qui venait de se passer, ajoutant que Van Hamme avait dit devoir toucher 250 francs par placard affiché. Asselberghs a comparu aujourd'hui devant les magistrats instructeurs, et son interrogatoire a confir mé, dit-on, tout ce qui précède. -

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Le Progrès (1841-1914) | 1879 | | pagina 2