No 494. Dimanche,
39e A HUÉE.
28 Septembre 1879.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Mardi dernier a eu lieu la reprise des clas
ses l'école primaire communale gratuite de
filles en cette ville dès le premier jour,
malgré les moyens incroyables mis en œuvre
parle clergé, 382 élèves étaient présentes. Ce
nombre augmente successivement et a déjà
dépassé celui des élèves la fin de l'année
scolaire.
Ce résultat prouve combien M. le Bourg
mestre avait raison lorsque, le jour de la dis
tribution des prix, s'adressant la foule en
combrant la grande Salle des Halles, il a dit
qu'il avait pleine confiance dans le bon sens
de la classe ouvrière et dans l'excellence de
l'enseignement et de l'éducation donnés dans
les écoles communales.
LE
PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE*
VIRES AC0UIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAU AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER. (lr Juin).
HEURES DE DÉPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07- 6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 9-55. 12-07. 2-45.
5-57. 6-47. 8-45. 9-50.
Courlrai. 5-34. - 9-52. - 41-20. - 2-40. - 5-25.
Roulers. 7-45. 12-25. 6-30.
Langhemarck-Ostende. 7-20. 12-17. 6-15.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
BULLETIN POLITIQUE.
Le prince de Bismark a quitté Vienne, et, au
moment de son départ, la population viennoise lui
a fait une nouvelle et chaleureuse ovation. Les
applaudissements qui l'ont accueilli partout sur son
passage ont dû faire une vive impression sur le
chancelier de l'empire d'Allemagne qui a pu con
stater aussi avec une grande satisfaction que l'em
pereur François Joseph a été chaudement acclamé
par les Viennois lorsqu'il est allé faire Lundi une
visite au président du ministère allemand. La po
pulation de la capitale a voulu démontrer que les
sentiments d'amitié auxquels l'entrevue des deux
chanceliers donnent une nouvelle consécration,sont
partagés par toutes les classes de la société autri
chienne. On peut donc dire que le but du voyage
du prince de Bismark a été complètement atteint.
A Berlin, dans les cercles dirigeants, la récep
tion faite au prince de Bismark a produit une im
pression des plus heureuses et la Correspondance
provinciale, organe du ministère de l'intérieur,
déclare que l'accueil qui a été fait au représentant
le plus autorisé du gouvernement est une nouvelle
garantie de paix. Le prince a pris du reste toutes
les mesures nécessaires pour étouffer dans leur
germe les rumeurs alarmantes que l'entrevue
aurait pu provoquer en France. Il a fait dès Mardi
une visite l'ambassadeur de France, M.Teisserenc
de Bort et il aurait déclaré (nous empruntons cette
information au Temps) que l'entente et l'intimité
entre l'Autriche et l'Allemagne ne doivent pas in
quiéter et éveiller des susceptibilités françaises, et
ne pourront diminuer ou altérer les bons rapports
entre la France et l'Allemagne. Je ne me sers
jamais de la parole, aurait dit le prince, pour dé
guiser ma pensée. M. Waddington en a eu la
preuve Berlin, et mon désir d'entretenir des
relations cordiales avec la France est sincère.
La seconde Chambre des Etats-Généraux de
Hollande vient de voter son tour l'adresse en ré
ponse au discours du trône.
Il y a eu, Paris, un conseil des ministres assez
important. Le chef du cabinet des affaires étrangè
res, M. Waddington, a rendu compte ses collè
gues de l'eutrevue qu'il a eue le 19 septembre,
Dieppe, avec lord Salisbury, chef du Foreign Offi
ce d'Angleterre. Cette entrevue, d'après ce que les
journaux assurent, a été des plus satisfaisantes. En
ce qui concerne les affaires d'Egypte. l'accord est
complet entre l'Angleterre et la France. Les deux
puissances ont arrêté une ligne de conduite com
mune qui va aehever de se traduire dans les faits.
Ainsi on annonce que MM. de Blignières et Baring,
cominisaires français et anglais, ont reçu des in
structions identiques en ce qui concerne le règle
ment de la question financière.
Une entente serait aussi intervenue au sujet de
la question grecque. M. Waddington et lord Salis
bury sont d'accord peur arriver le plus prompte-
ment possible une solution définitive.
L'agitation créée en Angleterre par la nouvelle
de la catastrophe deCaboul ne se calme décidément
pas et l'opinion publique n'accueille qu'avec méfi
ance les notes rassurantes que le gouvernement
communique la presse. Beaucoup de gens croient
encore la complicité de l'émir dans le massacre
de l'ambassade et l'on parle beaucoup de la proba
bilité d'une session extraordinaire en Novembre
pour consulter le Parlement sur les complications
d'Afghanistan. L'opposition reproche aux minisires
de n'être pas revenus immédiatement Loudres
après les nouvelles de Caboul. Les dernières infor
mations reçues de Siinla portent que le général
Roberls se dispose marcher sur la capitale de
l'Afghanistan. Une opération énergique suffirait
peut-être pour dissiper les graves inquiétudes dont
la presse anglaise se fait l'écho.
Ypres, le 27 Septembre 1879.
On écrit de Courtrai la Flandre Libérale:
11 vient de se passer dans une commune de nos en
virons, Sweveghem, un fait qui mérite d'être signalé
en ce qu'il montre jusqu'où va la déloyauté des nos
prêtres. Le Clergé en est arrivé ne plus reculer
devant aucun moyen dans la guerre qu'il fait l'ensei
gnement officiel.
Au reste, voici ce fait il est plus éloquent que toutes
les paroles que je pourrais dire.
Dimanche, 14 courant, un des vicaires de Sweve-
ghem annonçait solennellement du haut de la chaire de
vérité ses ouailles, que le clergé, d'accord avec M. le
Bourgmestre, avait résolu de protéger l'école catholi
que libre, au détriment de l'école communale.
Je n'ai pas besoin de vous dire que l'audacieuse allé
gation du vicaire était fausse. L'honorable bourgmestre
de Sweveghem, M. Van de Venne, est un homme
honorable, d'une extrême modération dans ses opinions
politiques et ayant toujours eu avec le clergé de sa
commune de bonnes relations, mais incapable de for-
faire son devoir, incapable decombattrea une manière
même détournée l'école communale que ses fonctions
qu
de bourgmestre lui font un devoir de protéger et de
défendre.
M. Van de Venne assistait ce sermon, et le vicaire
avait sans doute spéculé sur le silence qui est imposé
aux fidèles pendant le service divin.
De fait, l'honorable bourgmestre, quelque peine qu'il
eût contenir son indignation, ne crut pas pouvoir
interrompre le sermon du vicaire pour protester immé
diatement. Mais rentré chez lui, il s'empressa d'écrire
au curé pour le prier de faire rectifier, du haut de la
chaire, l'assertion du vicaire qui était fausse et qu'il
considérait comme calomnieuse pour lui.
Le croiriez-vous, Monsieur le Rédacteur, le curé
refusa net.
Que restait-il faire M. Van de Venne? A rendre
lui-même sa protestation publique. C'est ce qu'il fit
loyalement et honnêtement par la circulaire suivante,
dont-il envoya un exemplaire tous les habitants de la
commune.
Voici le texte de cette cirlaire:
CONCITOYENS DE SWEVEGHEM,
Vous savez lous ce qui a été dit dans le sermon de dimanche
dernier, la messe de huit heures.
Comme réponse ce seemon, j'ai écrit la lettre suivante
Sweveghem, 18 septembre 1879.
A Monsieur le curé de Sweveghem
Monsieur le curé.
Je considère comme un devoir, raison de ce qui a été dit
dans le sermon de dimanche dernier, la messe de huit heu
res, de vous déclarer, qu'aussi long'.emps que je serai bourg
mestre de Sweveghem, je ne porterai jamais la maia ce qui
pourrait déprécier l'école communale ou lui faire du tort
que bien au contraire, je continuerai défendre cette école
de tout mon pouvoir.
Je vous prie de bien vouloir donner cette déclaration la
publicité de la chaire de vérité, et d'agréer l'assurance de ma
considération distinguée.
(Signé): C. Van de Venne,
Bourgmestre.
M. le curé, ayant déclaré qu'il ne donnerait aucune suite
cette demande, j'ai l'honneur par la présente, de porter la
lettre ci-dessus 5 votre connaissance.
Le Bourgmestre
C. Van de Venne.
Sweveghem, 20 Septembre 1879.
Que dites-vous, M. le Rédacteur, de ce vicaire qui use de
la chaire de vérité pour avancer un fait faux, calomnieux, et
de ce curé qui, mis en demeure, refuse absolument de faire
rétracter la calomnie? Il n'y a donc plus place que pour le
mensonge dans les églises de nos jours? Et c'est de celte
façon que nos prêtres entendent enseigner avec la morale le
respect de la vérité