6 FRANCS PAR AN.
N° 495. Jeudi,
39e ANNÉE.
2 Octobre 1879.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les légitimistes français ont frappé lundi le coup
d'audace qu'ils inéditaient depuis la mort du prince
impérial. Profitant de la circonstance du 59e anni
versaire du comte de Cliambord, ils ont essayé de
transformer en des manifestations politiques les
fêtes de famille qui se célèbrent régulièrement
celle date. C'est au château de Chambord, près de
"Blois, que les preux paladins de la légitimité se
sont réunis pour acclamer le Roi qui, comme on
le sait par ses propres déclarations, est prêt se
dévouer pour sauver Rome et la France. Le ban
quet n'a pu réunir que 900 convives toutefois la
Gazette de France affirme que 1.800 personnes
sont arrivées de partout pour s'associer celte
démonstration politique. Un grand nombre de Bre
tons en costume national ont assisté la fête, et les
retardataires, dont le couvert n'était pas mis, ont
dû se contenter pour toute réfection d'un discours
du soporifique M. Nutna Baragnon.
A Paris, la fête a commencé par une cérémonie
religieuse; c'était dans l'ordre. Toute la presse
légitimiste s'était donné rendez-vous l'église de
Sl-Germain-des-Prés. Don Carlos, le candidat de
YOrdre la succession de son royal cousin, était
venu avec la duchesse de Madrid et ses deux
enfants. Les orléanistes, obéissant la consigne
donnée par M. Hervé, s'étaient abstenus. Ce n'était
pas la seule déception de la journée. Aucun bona
partiste ne s'était dérangé et la gracieuse invitation
que leur avait adressée le prétendant après la mort
du prince Louis n'avait trouvé aucun écho.
Quatorze banquets ont eu lieu dans la soirée.
Craignant d'être inquiétés par la justice, les ora
teurs du parti ont mis une sourdine leur élo
quence. On n'a pas porté de toast, mais d'après ce
que nous annonce une dépêche, une adresse a été
lue dans tous les banquets. Elle exprime la con
fiance du parti dans l'héritier de la royauté et dit
que celle-ci manque encore la France et par suite
que la France manque l'Europe;
Le gouvernement, parfaitement rassuré sur les
sentiments de l'immense majorité de la population,
n'avait pas songé surveiller les menées des légiti
mistes; on ne peut que l'en féliciter.
M. Jules Simon n'a pas encore rédigé le rapport
dont il a été chargé par la commission de la loi
sur l'enseignement supérieur.
La Gazette de la Croixde Berlin, publie une
lettre d'après laquelle le prince de Bismark aurait,
dans son entretien avec M. Teisserenc de Bort,
exprimé l'espoir que. s'il allaita Paris, les relations
de l'Allemagne et de la France seraient assez amé
liorées pour qu'il put s'attendre aussi un accueil
cordial de la part de la population.
Les dernières informations de Berlin portent que
les libéraux sont entièrement rassurés et que les
dissentiments qui se sont produits l'occasion du
vote des lois économiques sont sinon aplanis, au
moins provisoirement écartés.
Une proclamation du général Roberts annonce
que les troupes anglaises se dirigent sur Caboul
elle invite les habitants désarmer et se mettre
sous la protection de l'armée britannique. La guerre
est donc entrée dans une phase décisive.
Le Sultan a reçu du Czar un télégramme le féli
citant d'avoir échappé l'attentat de la semaine
dernière.
Ce matin a eu lieu la reprise des classes
l'Ecole Communale de Garçons. Nous appre
nons avec une vive satisfaction, quoique sans
surprise, que le nombre des élèves présents
s'élève plus de 500 et qu'il dépasse celui des
élèves présents la fin de Tannée scolaire.
Il y a également augmentation du nombre
d'élèves de l'Ecole payante pour filles et du
Collège Communal.
C'est ainsi que répond la population aux ca
lomnies et aux menaces du parti clérical, et
la ridicule circulaire signée par les curés de
la ville et quelques uns de leurs très humbles
et très soumis serviteurs.
Plusieurs feuilles cléricales affirment que
le socialisme fait de nouveau des progrès ef
frayants en Belgique c'est une assertion qui
revient périodiquement dans la sainte presse
quand les libéraux sont au pouvoir aussitôt
que le jeu régulier de nos libres institu
tions, comme disent les hommes graves,
ouvre les portes des ministères aux serviteurs
des évêques, il n'est plus question de socialis
me et le spectre rouge est remisé jusqu'à nou
vel ordre parmi les accessoires dont on n'a
plus momentanément l'emploi.
Mais le socialisme progresserait actuelle
ment chez nous, qu'il ne faudrait pas s'en
étonner: l'attitude factieuse des forcenés ul-
tramontains ne peut que favoriser l'expansion
des doctrines les plus subversives. Roi, minis
tres, gouverneurs, magistrats, fonctionnaires,
tout ce qui représente l'autorité est attaqué,
vilipendé, bafoué, avec une véritable rage: la
révolte contre la loi est ouvertement prêchée
par un clergé fanatique: le prétendu parti de
l'ordre déblaie le terrain pour les socialistes
et les communards de l'avenir: s'ils font des
progrès, quoi d'étonnant et qui doit en porter
la responsabilité
Chaque jour amène une nouvelle injure,
une nouvelle calomnie, une nouvelle menace.
Nos fous furieux démolissent pierre pierre
l'édifice dont ils se prétendent les seuls con
servateurs possibles. Que de fois nous avons
cité dans ces colonnes, dit l'Economiedes ar
ticles écrits par des plumes pieuses, qui étaient
remplis d'outrages contre le souverain Hier
encore, un des principaux organes de lasainte
presse s'écriait: Caveat Rex! Que le Roi pren
ne garde Hélas, oui, qu'il prenne garde, mais
aux jésuites noirs plutôt qu'aux jésuites rou
ges!
Ajoutons que, non contents de saper l'auto
rité et de braver ouvertement la loi, nos hom
mes d'ordre cherchent exciter dans les
masses l'agitation la plus malsaine au sujet
de la nouvelleloi sur l'enseignement primaire.
Ce qu'ils répandent de mensonges et d'infa
mies de tout genre dans la population ouvriè
re est quelque chose d'inimaginable. Lisez par
exemple le Bien public de Samedi dernier:
l'ouvrier y est représenté comme un ilote qui
n'a plus ni liberté, ni dignité; comme un mal
heureux que le libéralisme réduit presque
l'état de bête de somme, comme un esclave
pour qui la bienfaisance publique est un
instrument de torture et qu'on attache au
poteau de toutes les servitudes
Ainsi parlent ces cléricaux qui ont poussé le
cynisme et la cruauté jusqu'à recommander
aux sociétés de Saint-Vincent de Paul, de pla
cer le pauvre entre le devoir de sa conscience
et les douleurs de sa misère. Et ce sont ces
bons apôtres qui versent des larmes de croco
dile sur les progrès du socialisme en Belgi
que
Les nouvelles écoles que les cléricaux se prépa
rent ouvrir un peu partout, menacent d'être
dangereuses pour la santé des enfant».
La plupart de ces écoles sont installées dans des
bâtiments qu'on vient de construire ou d'aménager
tout récemment; c'est peine si on a aujourd'hui
fini de plâtrer les murs.
Et on annonce l'ouverture pour les premiers
jours d'Octobre.
Or, on sait combien l'humidité du plâtre frais
est malsaine;-au moment où arrive l'hiver ce sera
plus pernicieux que jamais.
On va mettre les enfants dans ces milieux dan
gereux, contrairement aux prescriptions les plus
élémentaires de l'hygiène.
Il y a là un abus contre lequel il serait néces
saire de réagir, en dehors de toute question de
parti. Déjà des médecins ont écrit aux administra-
LE
PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRKS ACyUIRIT KUNDO.
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Canghemarck-Ostrnde. 7-20. 12-17. 6-15.
I.anghrmarck, le samedi, 5-50;
BULLETIN POLITIQUE.
Ypres, le l'Octobre 1879.