Désordres Bruges. Quels s ni les ennemis de la religion? qu'à Zonnebeke on a fait savoir qu'à l'avenir 1 enseignement du cathéchisme ne serait plus donné l'église et que les enfants recevraient leur instruction religieuse dans les écoles or thodoxes ce serait là une nouvelle rouerie, qui mettrait les enfants, qui fréquenteraient 1 école officielle, dans l'impossibilité de faire leur première communion. Mais si le clergé refuse ainsi son ministère ne pouvons-nous pas lui refuser son traitement Le clergé se fait payer pour les baptêmes, pour les mariages, pour les inhumations, pour les messes et s'il ne veut pas même donner l'ins truction religieuse nos enfants, nous de mandons pourquoi nous lui payons ses traite ments Chaque curé touche, en effet, outre son traitement de l'Etat, un traitement de trois cent francs de la commune. Ce dernier traite ment n'est pas obligatoire et pourquoi conti nuerait-on le payer aux prêtres qui refusent de donner l'instruction religieuse leurs ouailles. Et l'Etat lui-même ne pourrait-il pas examiner jusqu'à quel point il doit continuer salarier un clergé qui refuse son ministère et se met en état de rébellion contre les lois de son pays. Si le clergé a ce pouvoir, il peut s'en préva loir propos de toutes les lois qui lui déplai sent et autant vaudrait transférer le pouvoir législatif aux évêques et substituer notre Constitution de 1830 le régime du moyen-âge. On saurait au moins quoi s'en tenir. i La nuit de Lundi le repos de notre popula tion a été troublée par les bandes révolution naires de la Burgersgilde. Vers 11 heures du soir, plus de 400 indivi dus appartenant cette congrégation ou embrigadés par elle, se sont rendus dans différents quartiers et notamment dans la rue Longue et les environs, poursuivant les libéraux ou tous ceux qui refusaient de frayer avec eux. Ces émeutiers se sont rendus dans plusieurs établissements publics qu'ils ont fait évacuer par des libéraux qui s y trouvaient en petit nombre et, arrivés dans la rue, nos courageux Buchtgilders se sont livrés des violences scandaleuses leur égard. La police, qui avait été requise, est interve nue, mais elle est restée inoffensive et n'a même pas bougé lorsqu'on lui a désigné les chefs de la bande. Car notons que c'étaient des bandes de congréganistes régulièrement organisées, puisque chaque instant, on entendait retentir des cris de ralliement, notamment celui de: Hier St.Jacobs! c'est-à- dire: A nous, hommes du quartier St. Jacques. On a entendu quelques fanatisés s'écrier: En avant, Dieu nous protégera Enfin, le désordre et les violences sont arri vés un tel point que la police bien dû faire son devoir; elle a, de guerre lasse, arrêté deux des plus turbulents ou des chefs de la bande: le nommé Amédée Delplace, fils de l'éditeur du Stad Bruqge et un nommé Jules Devos, ancien rédacteur de la Gazette van Bruage, deux immondes pamphlets épiscopaux. Ce dernier était venu expressément Bruges pour cette belle équipée, d'Anvers, où il est collaborateur au journal clérical Het Handels- blad. Vers 1 heure, notre bourgmestre, M.Visart, est intervenu, mais uniquement pour ordon ner de relâcher Delplace. Les émeutiers ont exigé ensuite l'élargisse ment de Devos. M. le Gouverneur, avant pu se convaincre que l'administration communale et la police de Bruges ne pouvaient ou ne voulaient répondre de la sécurité publique, a requis la gendarmerie. Celle-ci a immédiatement orga nisé le service. De nombreux témoins constatent que lors que Delplace a été arrêté, il s'est débattu contre les agents de police et on n'entendait de sa bouche que cette parole menaçante: JE CONNAIS VOTRE NUMERO C'est-à- dire que les cléricaux savent que les agents seront punis par leurs chefs s'ils osent remplir leurs devoirs. Que les électeurs sachent que le président de la Burgersgilde est un conseiller communal, ancien zouave pontifical et que le président d'honneur est M. Van Ockerhout, sénateur clérical. Sur d'autres points de la ville des désordres graves ont également eu lieu. Rue des Ciseaux, le cabaretier Van Mullem a été gravement maltraité par certain Dupont, metteur de chaises dans une de nos églises. Rue des Vierges, un nommé P. employé au chemin de fer, a reçu un coup de couteau dans le cou, qui lui a occasionné une large blessure. Vers le soir, deux individus ont jeté un agent de police dans le canal. Cette nuit, toutes les affiches libérales ont été lacérées ou couvertes de boue et de matières fécales. Les affiches cléricales ont été respec tées. On voit que les cléricaux ont l'habitude de se vautrer dans la saleté... Si les personnes et les propriétés des libé raux ne sont plus protégées, on se demande ce que deviendra la ville de Bruges. Gare aux représailles (L'Avenir). Résultat de l'élection sénatoriale de Bruges. Electeurs inscrits2860. votants2702. Bulletins nuls55. M. Van Ockerhout1360. M. Pecsteen1287. Grâce la violence et l'intimidation nos adversaires l'ont emporté cet échec ne doit pas nous décourager. Nous conservons au bénat quatre voix de majorité et c'est tout ce qu'il faut pour permettre au Gouvernement de marcher avec confiance et énergie. Les cléricaux ont un martyr. Un des leurs, sonneur de cloches, est mort subitement, au moment où il allait entrer dans la salle du scrutin. Il aura été au Ciel tout droit. Le plus curieux, c'est la prétention, exprimée, de faire voter son fils sa place. Ce fils est, dit-on, ce jeune clérical de haute espérance qui, au voya ge du Roi Bruges, cria A bas Rolin Il était là, et sans doute il eût voté. Faut-il croire ce qu'on racontait de l'évê- que lui-même votant sur son bulletin pour le candidat libéral, et forcé de solliciter un nou veau bulletin pour réparer cette grosse distrac tion? Après la proclamation officielle, il y a eu réunion au Cercle libéral. Foule énorme. Les libéraux de Bruges sont vaincus, mais non abattus, cette réunion le prouve, et Anvers leur a fait voir qu'à force d'être battu on ap prend vaincre. Remerciments chaleureux de M. Pecsteen, qui a fort bien parlé et dûment qualifié les manœuvres cléricales. Félicitations au vaillant candidat, par M. Marguerie, de Louvain, qui a exprimé l'espoir d'une revanche. Deux autres discours par M.Van Nieuwen- huys, président de l'Association, toujours plein de fermeté et de confiance dans l'avenir, et par M. Sabbe, professeur l'athénée (en fla mand.) Très énergique, et très vrai, sur l'influence des couvents, comparée celle 3 u'aurait, sur la prospérité de Bruges, autant 'établissements uti les/Vifs applaudissements) A 5 h. 40, la ville était tranquille mais l'autorité n'en a pas moins pris ses précautions. La gendarmerie et la police sont sur pied. La gare est. occupée par un détachement d'infan terie de ligne. A quatre heures, les cléricaux ont quitté leur cercle pour se rendre chez M.Van Ocker hout, M. Ruzette et M. Decock marchaient en tête du cortège, qui était assez piètre. A la Grand'Place, la foule, qui était fort nombreuse, l'a accueilli par de formidables hués. A 7 h. 20, la ville était absolument calme. A 10 heures rien de particulier. Quelques bagarres peu sérieuses ont eu lieu. Quelques arrestations ont été opérées. anti-religieuse de l'administration cléricale de Bruges. Comparons, dans la question des écoles, la con duite du clergé et du gouvernement et voyons quel est celui qui se montre le plus véritable ami de la religion. Le gouvernement met la disposition du clergé un local dans l'école pour y donner renseignement religieux. Il engage les instituteurs donner eux-mêmes cet enseignement, défaut du clergé. Il maintien dans les écoles l'usage de la prière et les emblèmes religieux, le crucifix et l'image de la Vierge. Et un article de la loi oblige formellement les instituteurs respecter chez les élèves les croyan ces religieuses de leurs parents. Voilà le rôle du gouvernement, voilà le rôle du libéralisme. Voyons celui du clergé. Le clergé refuse de se rendre l'école, dont les portes lui sont ouvertes. Il refuse d'aller y donner l'enseignement religieux. Non content de cela, il s'indigne de ce que les instituteurs veulent donner cet enseignement leur place, et il les menace de l'excommunication, afin de les décider laisser les enfants dans l'igno rance du catéchisme. il applaudit l'administration cléricale de Bruges, qui, abusant de son pouvoir, a interdit aux insti tuteurs communaux de donner le cours de la re ligion. Il insulte dans ses journaux le gouvernement, qui vient de suspendre et d'annuler la délibération Par l'intermédiaire des administrations cléricales sa dévotion, il fait enlever des écoles communales les crucifix qui y sont appendus. Ainsi Courlray, Deurne, etc. Les faits sont donc patents, indéniables. C'est le clergé qui veut chasser des écoles publi ques, la religion et le crucifix, c'est lui qui s'en déclare l'ennemi. C'est le gouvernement, c'est le libéralisme q"' veut le maintien de la religion et de Dieu dans Itf écoles communales. Que les gens sincèrement religieux jugent cl prononcent en conscience.

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Le Progrès (1841-1914) | 1879 | | pagina 2