Les Evèques se soumettront ils au Pape?
Assemblée des trois comités centraux,
Anvers.
désespère ceux qui comptaient nous faire
échouer sur l'écueil de la désunion.
La presse libérale a fait ressortir récemment la
nécessité de reviser les traitements des professeurs
de l'enseignement moyen, en faisant disparaître les
criantes anomalies qui existent entre ces traite
ments et ceux des membres de l'enseignement
primaire.
Nous avons lieu de croire que son appel a été
entendu
Le rapport de M. Olin sur le budget de l'in
struction publique, constate, en effet, que non
seulement, il faut augmenter le nombre desécoles,
mais que les traitements des professeurs de l'en
seignement moyen doivent être mis en rapport
avec l'importance de leurs fonctions; la section
centrale accueillerait avec satisfaction les proposi-
lions qui seraient faites cet égard.
Les journaux cléricaux publient, sous le titre de
Déclarationun plaidoyer de M. le cardinal De-
champs, tendant démontrer que les évèques
belges sont, dans la question des écolesd'accord
avec le St-Siége.
Le plaidoyer ne tient aucune de ses promesses.
Il ne démontre absolument rien.
Tous les documents qu'il cite sont connus depuis
longtemps ils sont reproduits des mandements pu
bliés l'an dernier.
Ce sort les résolutions anciennes des évèques
américains Baltimore, celles des évéques irlan
dais Dublin, une lettre de l'archevêque d'Ulrechl,
une lettre de Pie IX l'archevêque de Fribourg,
etc., mais rien, pas un mot du pape actuel, et ce
pendant c'était ce mot de Léon XIII, qu'il fallait
surtout apporter.
Donc, M. Dechamps ne peut rien produire qui
puisse, nous ne disons pas détruire, mais seulement
énerver ou affaiblir le blâme formel que le Pape
a déposé l'adresse des évèques dans la correspon
dance diplomatique qui a été publiée avec son
consentement.
Plus que jamais, il reste vrai que les évéques
ont été désavoués par le Souverain Pontife, et
qu'ils auraient donné la question des écoles
une toute autre solution s'ils avaient suivi ses
conseils.
\I Indépendance, après avoir de nouveau résumé
les motifs qui lui faisaient désirer la suppression
de la légation belge au Vatican et rappelé les décla
rations des chefs du libéralisme dans l'opposition,
termine son article par celte sage conclusion
Il nous faut aujourd'hui, pour oublier ces
déclarations, un effort plus grand mais cet effort
nous est commandé par l'intérêt du libéralisme,
qui, dans les circonstances actuelles, aurait tout
perdre une ili-location de la majorité parlemen
taire, par l'intérêt de l'enseignement primaire, qui
vient peine d'obtenir sa réorganisation sur des
bases constitutionnelles et qui a besoin de temps et
de sécurité pour s'y asseoir, par l'intérêt du pays,
qui ne se soucie pas de retomber sous la coupe du
cléricalisme.
Nous avons dit franchement ce que nous pen
sons de l'échange de vues et de ses résultats. G était
notre devoir. Mais ce devoir accompli, nous ne
voyons aucun avantage jeter de l'huile sur le
feu, et au lieu d'insister sur les côtés fâcheux de la
situation, il nous paraît plus patriotique d'en faire
ressortir les côtés nécessaires.
Sauver le ministère pour sauver le parti libé
ral. pour sauver nos écoles, pour tenir le clérica
lisme en échec jusqu'aux élections normales de
juin 1880, tel est aujourd'hui le devoir de tous les
libéraux.
Vendredi soir, de 9 heures minuit moins un
quart, les membres des comités centraux de \'As-
sociation libérale, du Libérale Vlaamsche Bond
et de la Ligue des Gueux ont tenu une importante
séance qui rappelait les jours les meilleurs il les
plus sereins du libéralisme anversois.
Sur 57 membres, trois seulement, et pour cause
de maladie, n'assistaient pas la séance.
Au bureau siégeaient tes trois présidents, MM.
Edouard Pecher, J. Florus, Ferd. Vanderlaelen.
Celte réunion répondait aux désirs d'un grand
nombre de libéraux. Inquiets du silence que les
amis d'une même cause gardaient les uns envers
les autres, propos de la question dite duValican,
question complexe, peu connue et dont l'étude n'a
pu être commencée que depuis la publication de la
correspondance diplomatique, craignant que ce
silence véritable isolement moral ne put
faire naître des méfiances, amoindrir le zèle poli
tique et nuire l'union, les libéraux ont estimé
qu'il était utile de se réunir, d'échanger, leur
tour, leurs vues sur la situation faite au libéralisme
et d'aviser en commun aux meilleurs moyens
prendre pour fortifier la solidarité qui doit uuir les
soldats d'une même armée et les rendre iuviucibles.
M. Edouard Pécher, vice-président de l'Asso
ciation libérale, a exposé le but de la réunion.
Il propose de décider une assemblée générale des
Libéraux, des Gueux et des Flamands.
Un ordre du jour, résumant une motion de con
fiance dans le miuislèrc et la gauche parlementaire
et préalablement approuvé par les comités cen
lraux, serait présenté celte assemblée. Après
avoir fait l'historique de l'échange dos vues entr
le gouvernement et le Vatican, il constate l'atlitud
irréprochable du ministre des afl'aircs étrangères
sa fierté de langage comme ministre constitution!)!
et comme représentant au pouvoir de l'opinio
libérale.
Au nom du bureau de l'Association libérale
il est ensuite donné lecture d'un ordre du jour.
Après un échange d'observations entre Messieur
Flours. Van den Bosch, Léopold de Wael, Vai
der Taelen, Delvaux, Lynen. Cupérus, l'assemblé
décide que la réunion des Libéraux-Unis aura liei
lundi 8 décembre, 8 1/2 h. du soir, et que l'or
dre du jour voté par les comités et proposé
l'approbation des Libéraux-Unis sera immédiate
ment publié dans les journaux.
Les Libéraux-Unis d'Anvers.
Considérant que l'échange de vues a porté su
deux questions qui se rattachent intimement ai
bonheur de la Belgique:
1. Mettre un terme aux attaques incessante
dirigées par le clergé et la presse catholique conlrt
les droits que la Constitution garantit aux citoyens.
2. Empêcher que l'opposition violente et déloyal
du clergé au projet de loi sur renseignement pri
maire ne dégénère en une entrave lyrauuique e
révolutionnaire l'exécution de la loi.
Sur le premier point, prenant en sérieuse atten
tion les déclarations importantes faites par le pap
Léon XUI et portées aux annexes n° 1, 2 cl 5.
Quant la presse cléricale, considérant que I
Pape a solennellement réprouvé ses débordements
de violences poussés jusqu'à l'ignominie. Voir an
nexe 4.
Attendu, en ce qui concerne l'opposition violen
te et déloyale faite par les évéques la loi scolaire
que le Pape a autorisé les graves et solennelles d'
clarations faite par son secrétaire de l'Etat, le car
dinal Nina, et consigné dans la dépêche adressée le
5 octobre 4879 par le ministre de Belgique Kom
au ministère des affaires étrangères. Voir annex
n° 5.
Attendu donc qu'il résulte des faits consigné
ci-dessus, qu'en ce qui concerne la question cbusli
tulionnelle et nationale, le gouvernement a obten
du Pape pleine et entière satisfaction par la con
damnation prononcée contre nos institutions ualio
nales, et qu'en ce qui concerne l'opposition violen
te et déloyale du clergé la loi scolaire, un blâm
sévère a été infligé aux évèques.
Les libéraux unis reconnaissent la portée politi
que considérable des résultats obtenus par l'échang
t
(•o le voit, l'identité entre le» situations de 1253 et de 1879
est manifeste. Ce n'est pas tout. L'affaire, comme aujourd'hui,
fut bientôt déférée au pape par voie diplomatique. De la uu
échange de vues Les magistrats d'Ypres prièrent humble-
nient le souverain pontife de daigner, dans sa boi té pater-
nelle, remédier et pourvoir l'état des choses né
en leur ville propos des écoles et de vouloir annuler
la sentence d'i xcommunicalion fulminée par l'archidiacre
de Tournai (lisez les évèques belges) qui, suivant les écbe-
vins, avait, en comminant ces anathèmes, dépassé les limi-
les de sa juridiction.
Ne croirait-on pas, si le tome II des Ypriana n'avait été
imprimé avant le fin de l'année 1878, que l'auteur de cet ou
vrage, qui, du reste, cite avec soin les sources historiques
dont il s'autorise, a dépeint dans toute sa vérité le tableau de
la situation faite dans le pays par la mise exécution de fa loi
du 1" juillet 1879 sur l'enseignement
Des vues furent-elles, en 1253, longuement échangées en
tre le Saint-Siège et leséchevins d'Ypres Nous ne saurions
l'affirmer. La correspondance suivie entre la curie romaine et
les magistrats ne fut ni déposée sur le bureau du siège sca-
binal ni publiée. On ne connaissait pas encore alors les livres
bleus, jaunes ou rouges.
Un fait indéniable, c'est que le pontive, comme nous l'avons
dit, iolerviol, h celte époque, par voie d'autorité et non, com
me aujourd'hui, par de louable* mais simples conseils de mo
dération.
Le pape Innocent IV dans sa sollicitude paternelle et.
sans rien préjuger, chargea doue le doyen et i'official de la
grande église de St-Géry Cambrai, de faire uue enquête
et donna ces prélats pleins pouvoirs pour mettre fin au
conflit allumé entre le prévôt et les échevins d'Ypres. Les
délégués furent autorisés user des censures ecclésiastiques
pour maintenir et faire respecter leur arrêt.
Ou ouvrit uoe enquête. Elle fut régulièrement faite par les
négociateurs. Les mandataires de Sa Sainteté ne se virent peint
dans la nécessité de lancer l'excommunication, soit con-
tre le prévôt et ses chauoines, soit contre les échevins et
les bourgeois. Un concordai ou accord couciu le 6 novem-
bre 1253 termine le conflit.
En vertu de cet acte important, le prévôt conserva le droit
de désigner les maîtres drs écoles supérieures Quant au
régime de ces écoles il fut réglé, de commun accord, avec les
échevins et, fait important pour l'époque, tous les bourgeois
purent ouvrir drs écoles inférieures ou primaires sans autori
sation du prévôt ou des échevins. La liberté de l'enseignement
élémentaire, qui n'existe pas même encore aujourd'hui dans
la plupart des pays de l Europe, fut proclamée Yprcs dès
1253.
Nous ne résumerons pas ici les autres clauses de cette
tran<actiou. Elles sont détaillérs dans les Ypriana. Nous
avons tenu constater qu'au milieu du treizième siècle, une
situation analogue celle qui nous préoccupe aujourd'hui se
produisit Ypres et que l'intervention active du pape lunoceu t
IV s établit 1rs bases d'une bonne entente entre le pouvoir civq
et le clergé.
La main levée des excommunications fut le corrolaire de
ce traité de paix. Il est probable, du reste, qu'elles n'auraient,
ORDRE DU JOUR.
Présentation de l'ordre du jour qui suit, voté
l'unanimité des membres des comités centraux d
nos trois corps politiques dans leur séance du
décembre.
dans aucun cas, été maintenues, car on voit, dans diverses
chartes citées dans les Ypriana, qu'ail treizième siècle déjà,
les prélats abusaient des foudres de l'Eglise pourassurer l'exé
cution de leurs ordres et que les papes, dès avant 1253.
avaieut réagi contre ers abus.
Déjà eu 1246, Innocent IV avait intime défense de lancer
l'excommunication contre des corps entiers afin que l'inno
cent ne so:t point confondu avecle coupable Puis, le même
pontife décida, l'année suivante, qu'à l'avenir, aucun légal
ne pourrait, sans son assentiment spécial, fulminer des ex
communications contre les échevins de la commune d'Ypres.-
Il faut croire que la bulle de 1246 avait été modifiée, dam
l'hypothèse du maintien, l'épiscopat n'aurait-il pas eu la fa
culté de mettre au ban de l'Eglise tous le corps enseignant de
Belgique attaché aux écoles officielles. En tous cas, le Souve
rain Pontife t ut pu lever cet interdit jeté par nos évéques,
comme par l'archidiacre deTournai, si, comme lui, ils avaient
dépassé les limites de leur juridiction.Il est a regretter, d'au
tre part, que le pape Léon XIII, n'ait plus, en 1879, connu
Innocent IV en 1253, le pouvoir d'intervenir activement potu'
mettre un terme au conflit scolaire qui dans notre pays au
jourd'hui, trouble et déroute les consciences.
Aux deux époques, les situations sont les mêmes. Au w*'
comme au Xtll* siècle, le même remède eut peut être guéri l'
même mal. Notre seule tâche a été ici de rappeler les faits hi<-
toriques, d>- mettre le passé en regard du présent, sans avoir
la prétention de résoudre de graves questions, qui étant du
domaine de l'Eglise, échappent la compétence des laïcs.
Etoile belge). J. 8.