6 FRANCS PAR AN.
N<> 531. Jeudi,
40e ANNÉE.
5 Février 1880.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N, B. Les annonces, réclames et faits divers, pour tons les pays du inonde (sauf !a Flandre Occi
dentale), sont exclusivement reçus par la succursale de VAgence Havas, 89, Marché aux Herbes,
Bruxelles.
Mardi soir a eu lieu le quatrième et dernier
concert de charité sous le patronage de Mes
sieurs les officiers de la garnison. Disons de
suite que la salle était comble, et que rare
ment le public a passé une aussi charmante
soirée. Aussi, c'était un programme des mieux
composé et qui a été d'un bout l'autre artis
tiquement exécuté. Nous le copions tout entier:
Ie partie.
1° Actéon, ouverture (Auber), par la musi
que du 4e Lanciers.
2° Duo de la Favorite, chanté par Madame
de Sauvage et M. le Baron de Rasse.
3° Mosaïque sur les Dragons deVillars, par
M. le Baron Vanzuylen Van Nyevelt.
4° Martba, air chanté par M. le Baron de
Rasse.
5° Romeo et Juliette, symphonie.
6° Chansonnette, par M. Dekemper.
Arrêtons nous un moment ici. La Musique
de Donizetti a trouvé dans Madame de Sauva
ge et Monsieur le Baron de Rasse d'excellents
interprètes. Madame dre Sauvage chante avec
âme sa voix est belle et puissante, et elle
possède un haut degré l'art de la conduire
et d'en obtenir d'émouvantes colorations.
Le public a aussi très-vivement applaudi
Monsieur le Baron de Rasse dans l'air de
Martha, ainsi que l'excellent coup d'archet et
la pureté de jeu de M. le Baron Vanzuylen
Van Nyevelt.
2e Partie.
1° Les Cloches de Corneville, fantaisie
arrangée par M. Coutelier.
2° Quintette pour piano, violons et violon
celles, exécuté par MM. Hagemans, Baron
Vanzuylen Van Nyevelt, Kersten, Vandeuren
et Settegast.
3° Air de Charles VI, chanté par Madame
de Sauvage.
4° a) Menuet du boeuf, symphonie.
b) Marche turque, id.
5° Chansonnette, par M. Dekemper.
La quintette a obtenu un succès des mieux
mérité. Le rappel a été battu au milieu des
plus vifs applaudissements et l'impression
nouvelle qu'a produite la reprise a peut-être
encore dépassé la première. M. Hagemans a
prouvé qu'il est aussi bon pianiste qu'excellent
dessinateur.
Dans l'air de Charles VI, Madame de Sau
vage a de nouveau charmé l'auditoire qui lui
a témoigné diverses reprises combien il était
heureux de jouir de cette belle occasion d'ap-
Èrécier ses précieux instincts de chanteuse.
in magnifique bouquet lui a été offert par
Messieurs les officiers d'artillerie.
La section de symphonie a eu sa large part
dans le succès de la soirée, et le concert a fini
au milieu des éclats de rire soulevés par la
chansonnette l'Anglais, dite avec le talent
depuis longtemps connu de M. Dekemper.
Le concert, comme les précédents, a été
suivi d'un bal des plus animés.
Au résumé, les divers concerts de charité
organisés par Messieurs les officiers de la
garnison laisseront en ville les meilleurs sou
venirs en même temps qu'ils auront contribué
soulager de profondes misères.
LE PROGRÈS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIiHANCHE. vires acquirit eundo.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 0-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmtide, 39.
Idem Pour le restant du pays7-00 INSERTIONS: Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames 1». ligne fr. 0-123.
CHEMIN DE FER. (13 Octobre).
HEURES DE DÉPART D'YPRES A
Poperinjjhe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 9-35. 12-07. 2-43
5-57. 6-47. 8-43. 9-50.
Courtrai. 5-54. - 9-52. - 11-20. - 2-40. - 3-2-».
Roulers. 7-45. 12-25. 6-50.
Langhemarck-Oslrnde. 7-20. 12-17. 6-15.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
BULLETIN POLITIQUE.
M. Méline, le rapporteur de la commission du
tarif de douanes, a répondu lundi dernier, la
Chambre française, l'cloquent discours prononcé
samedi par le ministre de l'agriculture et du com
merce. M. Méline est, comme on le sait, un pro
tectionniste; tout en acceptant le système des Irai-
tés de commerce, il s'est efforcé d'établir que le
libre-échange, dans les circonstances actuelles, est
nuisible aux intérêts de la France. Ce discours a
tenu presque toute la séance.
Au début de la séance. M. Gambrtla a annoncé
la Chambre le décès de M. Granier de Cassagnac.
Les convenances parlementaires exigent que, lors
d'une communication de celte nature, le président
de l'assemblée législative fasse en quelques mots
l'éloge du collègue défunt. M. Gambetta s'est tiré
avec beaucoup de tact de cette situation très délicate.
Le Sénat a terminé la première discussion de la
loi sur le conseil de l'enseignement supérieur. Dans
les couloirs, il n'était naturellement question que
de l'élection d'un sénateur inamovible, qui doit
avoir lieu jeudi 5 février.
Dès le lendemain de son retour Berlin, le
prince de Bismark a repris ses travaux avec l'éner
gie qui le caractérise et du matin au soir on le
trouve la chancellerie, étudiant les questions
politiques du jour et recevant des célébrités de-
toute sorle. Ce n'est pas de celte manière qu'un
haut dignitaire se prépare prendre sa retraite.
Que des divergences d'opinions se soient produi
tes depuis quelques mois entre l'empereur Guil
laume et son chancelier, le fait est de notoriété
publique. Depuis le départ du vénérable souverain
pour Erns, c'est dire depuis le mois de juillet
jusque il y a quelques jours, le prince n'avait plus
été appelé travailler avec l'Empereur.
Autre, fait qui a son importance. Le prince de
Bismark compte dans des cercles moins élevés des
adversaires tenaces qui depuis des années s'effor
cent de battre, en brèche sa politique religieuse, et
la nouvelle que le prince impérial ferait Rome
une visite au Pape, était considérée comme un
désaveu infligé au chancelier. Celte satisfaction
sera refusée aux adversaires de l'illustre homme
d'Etal, car la Gazette générale de Allemagne
du Nord, dans une noie émanée de la chancelle
rie, dit que le prince Frédéric-Guillaume ne verra
pas Léon XIII. A lout bien considérer, l'abandon
de ce projet d'entrevue, si taitl est que ce dernier
ait exislé, se justifie complètement il eût élé con
traire tous les usages diplomatiques de charger
un prince impérial de négociations importantes
qui pourraient aboutir un échec, et qui compro
mettraient dans ce cas la dignité du prince héritier
de l'empire d'Allemagne.
Ypres, le 4 Février 1889.
Lorsqu'on 1863, les électeurs cléricaux de Bru
ges, fanatisés par le mandement célèbre de M.
l'élèque Malou, n'eurent pas honte d'éliminer M.
Paul Devaux et de lui préférer nous ne savons trop
quel Soenens, Beriram consacra dans YOffice, ce
déplorable épisode politique, une chronique pleine
d'éloquente indignation mettant en scène un can
didat de fantaisie qu'il supposait récemment clu,
il lui adressait, entre autres choses, les paroles que
nous allons reproduire et qu'après dix-sept ans ou
ne peut relire encore sans émotion
Tu iras cette Chambre, mais quaud tu y
seras, ne t'assieds pas. je t'en conjure, la place de
Paul Devaux! Ce serait un sacrilège, vois-tu il
faut que cette place demeure vide, l'honneur
l'exige. D'ailleurs, invisible des yeux vulgaires,
il y est, le grand citoyen frappé d'ostracisme par
l'ignorante envie, fatiguée de l'entendre nommer
le juste son esprit y demeure, son âme y est
attachée. Quand se fera, au jour où s'ouvre le
Parlement, l'appel des élus du pays, involontaire
ment le secrétaire prononcera son nom aucune
voix n'y répondra, mais tous les regards se tourne
ront vers la place vide, et les vieux parlementaires,
assis dans cette salle où siégea le Congrès, auront
peine retenir leurs larmes. C'est celle place,
peut-être, qu'il était lorsque s'ouvrirent les débats
sur la Constitution, auxquels il prit part c'est de