N<> 553. Jeudi,
40e ANNÉE.
22 Avril 1880.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les bons prêtres de 1830.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES AC8UIRIT EUNDO.
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BULLETIN POLITIQUE.
Les Chambres françaises se sont réunies iMardi,
au milieu d'une indifférence générale. Aacun des
grands journaux de Paris n'a consacré un article
spécial aux travaux futurs des assemblées législati
ves. Le fait s'explique; les délibérations du Par
lement n'auront pas de prime abord une portée po
litique considérable; la Chambrea encore terminer
la discussion du budget et il devient de plusenplus
improbable qu'un débat s'engage au Sénat, pendant
les premières semaines qui suivront relativement
aux célèbres décrets antijésuitiques. Aujourd'hui
la presse se borne souhaiter la bienvenue M.
de Radowitz, le représentant intérimaire de l'em
pire d'Allemagne, et commenter le remarquable
succès de l'opinion républicaine dans le départe
ment de la Haute-Vienne. Il est de fait que le vole
de dimanche n'est pas destiné fournir de armes
Houvellcs aux partisans Jes congrégations non au
torisées la pailie la plus éclairée du corps électo
ral a prononcé un verdict démontrant que les dé
clamations des chefs du parti ullramontain n'ont
pas réussi enlever aux institutions que la Fran
ce s'est librement octroyées le dévouement des
classes moyennes aspirant avant tout au maintien
de l'ordre social. A ce point de vue, l'élection de
la Haute-Vienne renferme un précieux enseigne
ment.
La loi antisocialiste a fait encore tous les frais
de la séance de lundi du Parlement allemand, et
le débat, cette fois encore, s'est maintenu dans les
bornes de la plus stricte convenance.
C'est ainsi que, d'un commun accord, la durée
de la loi a été prolongée jusqu'en 1884 et non jus
qu'en 1886, ainsi que le portait le projet primi
tif.
On n'a pas oublié le long débat qui s'est produit
il y a quelques semaines la Chambre des députés
d'Italie au sujet de la politique extérieure de M.
Cairoli. Une discussion du même genre a surgi au
Sénat et elle a permis au ministre des affaires
étrangères de développer ses projets pour l'avenir
et de démontrer que la politique suivie depuis
quelque temps par les cabinets de gauche qui se
sont succédés a donné des résultats satisfaisants.
Un télégramme de Vienne dément la nouvelle
lue le ministère autrichien aurait donné sa dé
mission. Il persiste souteuir que le gouvernement
ne prendra aucune décision définitive avant l'adop
tion ou le rejet du compte de l'Etat; c'est la déter
mination laquelle le gouvernement s'était arrêté
dès le jour où la crise a éclaté.
Ou confirme, de Londres, la démission du cabi
net Beaconsfield.
Ypres, le 21 Avril 1880.
On sait que, depuis la mise en exécution de la
nouvelle loi scolaire, plusieurs instituteurs ont
déserté l'Etal, pour se mettre la tête des écoles
catholiques.
Aujourd'hui, ces imprudents regrettent amère
ment d'avoir écoulé les.conseils du clergé; aussi,
les plaintes sont générales. Il paraît que les mal
heureux ont bien du mal loucher le traitement
insignifiant que le clergé leur accorde. «Sidisait,
l'autre jour, l'instituteur privé de W... son col
lègue officiel de la même commune vous n'avez
que peu d'élèves, du moins vous êtes payé
La presse nous a récemment signalé le cas d'un
instituteur libre qui intente un procès son curé;
celui-ci, au mépris du contrat, a rogné encore les
maigres appointements du maître d'école!
La position des instituteurs privés doit être réel
lement alarmante car nous savons, de bonne
source, que plusieurs d'entre eux ont déjà fait des
démarches, l'effet de rentrer dans l'enseignement
de l'Etat.
Naturellement, ces démarches n'aboutiront pas;
car, c'est bien de leur faute si ces instituteurs
sout en ce moment, les tristes victimes de l'ambi
tion épiscopale.
Cette situation précaire donnera, sans doute,
réfléchir ceux des instituteurs officiels qui
seraient tentés d'entrer encore au service du clergé!
Dans une des brochures patriotiques, publiées
récemment, sous le litre Notre Jubilé national
M. L. Defré, sous le pseudonyme de Joseph Boni-
face, qu'il a illustré, rappelle avec bonheur le rôle
éminemment national, et libéral, tenu par le clergé
en 1830. Ce rôle glorieux fait un pénible contraste
avec l'attitude fanatique du même clergé en 1880.
Une chose étonnante, dit Joseph Boniface,
chose qu'on ne verra plus, qu'il importe de rap-
peler, afin que personne ne l'ignore, fut l'attitude
du clergé au Congrès national.
Tous ces abbés parlaient et votaient comme de
«vrais libéraux: ni fanitiques; ni intolérants;
mais aimant la liberté, glorifiant la patrie et
défendant le droit commun contre tout privilège
et contre tout monopole.
Chez eux ni orgueil clérical ni rancune politi-
que; ils étaient doux, simples et humbles,
c'étaient de véritables disciples du Christ. Que
les temps sont changés et les abbés aussi.
A l'appui de ses dires, Joseph Boniface produit
ses preuves: les professions de foi, si libérales,
faites par les nombreux abbés, qui siégaient au
Congrès, et que peu de nos prêtres actuels ose
raient signer.
M. l'abbé Yerbeke disait:
Par cela même que l'Etat déclare ne professer
aucun culte aux yeux de la loi. LA RELIGION
LUI EST INDIFFERENTE, le temple est un
édifice. Les cérémonies religieusesles sacre-
ments, IL NE LES CONNAIT PAS. Le prêtre
est un citoyen et rien de plus.
Tous les confrères de M. Yabbé Verbeke, tenaient
publiquement le même langage.
M. l'abbé de Haerne voulait que les catholi
ques n'eussent plus ni protection ni privilège, mais
seulement la liberté, et que la religion se séparât
entièrement de l'Etat.
M. l'abbé De Smet réduisait aux prières et aux
cérémonies du culte le rôle du prêtre dans les
inhumations.
M. l'abbé Van Crombrugge condamnait les abus
commis l'occasion du culte.
M. l'abbé Andries s'écriait
Je me croirais le plus indigne des hommes si,
après avoir contribué par tous les moyens et de
cœur la proclamation de la liberté du culte et
de toutes les autres libertés, je pouvais laisser
soupçonner que je ne l'ai voulue que pour mon
culte; alors, le principe que j'aurais soutenu, je
ne l'aurais fait que par une indigne hypocrisie.
MM. les abbés de Foerc, Verduyn, en un mot
tous les membres du clergé de 1830, pensaient et
s'exprimaient de la même façon.
Aussi étaient-ils populaires, aussi necomptaient-
ils pas d'ennemis. Sans doute, en 1830. il y avait
des libres-penseurs; mais catholiques et sceptiques
se toléraient et se respectaient mutuellement sur le
terrain de la liberté.
Aujourd'hui, hélas! c'est qui parmi les mem
bres du clergé montrera le plus de fanatisme et le
plus de raideur et celui qui oserait reprendre la
doctrine de 1830, serait vile excommunié et mau
dit
Mais ce changement de ton et de langage n'a
profilé ni au clergé, ni la religion Le clergé sur-
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