Explosion de la poudrière de Weltereu. cidenlale. tout récemment Bruges cela résulte des dépositions des témoins et de pièces de l'in struction. Il y avait Sweveghem, près de Courtrai, un vieux ménage, parfaitement uni et heureux, c'était celui du nommé Florentin Nuyttens, garde-cham pêtre, âgé de 63 ans. Il était cité comme modèle et jouissait de l'estime générale. Tout coup, c'était au mois de janvier dernier, la brouille se glissa dans la famille du brave homme. Le curé de Sweveghem venait d'ouvrir une école privée et avait mis en demeure le fils de Nuyttens, garçon de 14 ans et demi, de quitter l'école communale ou d'abandonner l'office d'enfant de chœur qu'il remplis sait l'église paroissiale. Le curé avertit la mère de ses intentions qui, aux yeux de cette femme simple et timide, prirent le caractère d'un ordre, sinon d'une menace. Elle résolut donc de placer son fils l'école cléricale. Refus de Nuyttens de passer par les conditions du curé. Voilà la paix troublée et la guerre déclarée, de par la grâce du saint homme. Voyant que sa femme lui résistait et qu elle en courageait son iils lui désobéir, le garde-champê tre retira son fils de l'église, dans l'espérance que cet acte d'autorité lui ramènerait les révoltés. Ce fut pis encore. A dater de ce jour, sa femme refusa de lui adresser la parole, ne voulut plus le servir, ni préparer ses repas. Dans sa mauvaise humeur elle négligea même de soigner le linge de son mari. La maison était devenue un enfer pour ce brave serviteur, qui après tant d'années d'un heureux mariage, voyait la discorde s'asseoir son foyer. Ce qui devait arriver, arriva. Nuyttens se livra la boisson. Et un jour, le 18 février der nier, rentrant chez lui, sous l'influence de libations, exaspéré par une nouvelle scène de ménage, il prit un révolver et tira sur sa femme. La baie fit une légère blessure au côté droit, elle n'avait pas péné tré dans les chairs. if C'est pour ce fait que le malheureux Nuyttens comparaissait devant la Cour d'assises. Tous les témoins, bourgmestre, receveur communal, notai re, etc, ont été unanimes reconnaître que pen dant de longues années, l'accusé s'était montré un brave et digne agent, et ils ne s'expliquaient que par une influence funeste, que tout le monde de vine. le moment d'égarement qui lui était survenu. Au cours des débats, des témoins ont donné des renseignements sur la pression exercée par certain membre du clergé, pour arriver forcer les parents retirer leurs enfants des écoles communales. A Sweveghem, le curé courait de porte en porte pour discréditer l'école officielle et on est même allé jusqu'à offrir la femme de l'accusé la somme de cent francs, si elle parvenait décider son mari placer son enfant l'école du curé. On comprend l'effet que devaient produire ces excitations dans le ménage du pauvre garde-champêtre. Aussi le jury, prenant sans doute en considéra- lion toutes ces circonstances, a-t-il prononcé l'ac quittement de l'accusé. Mais ce verdict remeltra-t-il la paix dans le ménage troublé, ramènera-t-il la femme obéissante et le fils soumis et respectueux? Il est permis d'en douter; tout fait même crain dre que le bonheur a fui tout jamais le toit du pauvre homme. Cette histoire, part l'incident du revolver, s'est passée et se passe sous nos yeux, dans la plupart de nos communes. Partout où le clergé a trouvé une complaisante oreille de femme, il s'en est ser vi pour porter le trouble dans le cœur de celte fem me d'abord, puis dans sa maison; partout il s'est fait l'agent de la discorde, partout il a introduit le malheur. Mais malheur aussi lui. Malheur l'épiscopat qui lui donner des ordres. Les peines et les cha grins que les évéques ont semés sous lears pas, crient vengeance auxcieux. Ils auront en répon dre là-haut. En attendant, ils se sont bon droit attiré la réprobation de tous les gens de cœur qui, le 8 Juin, les récompenseront de leurs méfaits. Voici la liste des citoyens qui, ayant atteint l'âge de 40 ans et payant au moins 2,116 fr. 40 c (1,000 florins) d'impositions directes, patentes comprises, sont éligi- bles au Sénat dans la province de la Flandre occi dentale Arents de Beerteghem, Guidon Bethune, Félix (ba ron) BreydelCharles CapronJules Carton Henri Crombez, Benjamin Danneel, Joseph de Bie, Jules; de Bie, Louis; De Breyne, Pierre; De Bussche- re, Auguste; de Coninck, Charles (baron); de Coninck, Gustave (baron) de Grombrugghe, Emile (baron) De Grave, J.-B. del Fosse d'Espierres, Armand; Delva, Pierre De Ruyck, Félix De Ruysscher, Florimond de Schietere de Lophem, Ch. de Schietere de Lophem, Léop. de Stuers, Ferdinand de StuersGustave (chevalier); de Thibault de Boesinghe, Joseph-, de Thibault de Boesinghe, JjOuis de V rière, Adolphe (baron); DuparcPierreGoethals, Vincent; Hynde- rick, Auguste (chevalier); Jooris, Joseph; Jullien, Alexandre Kervyn, Jos (baron) le Bailly de Tille- ghem, Edmond (baron); Moles Lebailly, Emile; Mulle, Léon Otto de Nieulant, Adolphe Pecsteen, Gustave (baron) Peers, Ernest (baron); Surmont de Volsber- ghe, Arthur-, van Caloen, Charles (baron); Vanden Peereboom, Alphonsevan Hûele, Ernest; Van Mal- deghem, Pierre; Van Merris, Jules; van Ockerbout, Léon van Outryve d'Ydewalle, Eugène Van Siele- ghem, Gustave; Vercruysse, Amand; Vercruysse, Ch. Nous empruntons Etoile les renseignements que voici: La poudrière de Wetteren, qui, raison de son déve loppement, de son importance, est universellement connue et considérée comme l'une des plus importantes du continent, est située 4 kilomètres de la ville. L'établissement, qui ne comprend pas moins de 29 constructions diverses, occupe un terrain d'au moins 30 hectares, ayant la forme d'un tri angle dont la pointe constituerait l'entrée, dont l'un des côtés bordé par l'Escaut et l'autre par la route de Wettereu Sainte-Anne-ten-Eede. Les bâtiments, ateliers et magasins sont divisés en quel que sorte en trois sections et chacune de ces constructions est séparée de sa voisine par d'immenses parapets couverts de plantations. Cette dispositions donne en temps ordinaire l'é— tablissemens, dans son ensemble, l'aspect le plus pittoresque, le plus riant. Aujourd'hui, les choses sont bien changées la dévastation y a fait son œuvre. Habituellement, 150 200 ouvriers sont occupés la pou drière,dans cette saison,ils commencent leur besogne,5 heures 1/2.Ce matin ils s'étaient mis l'œuvre comme de coutume.Un des employés, M. Van de Velde, et le directeur, M. Liebrechl, avaienlfaitleur tournée et constaté que tout était en ordre;que tout marchait régulièrement. A peine le premier était-il ren tré dans sa chambre et le second avait-il quitté l'établissement pour se rendre la chapelle de l'orphelinat situé quelques mètres de là, qu'une première détonation se fil entendre, détonation d'une force inouïe. Trois secondes après, une nou velle détonation, plus forte, plus puissante, plus foudroyante encore que la première, eut lieu. Les habitants des maisons voisines étaient frappés de ter reur, s'imaginant que la poudrière tout entière allait sauter, ils s'élançaient dans la rue, terrifiés, se serrant les uns contre les autres, comme s'ils cherchaient se fortifier contre le dan ger, la mort peut-être dont ils se croyaient menacés. Des femmes et des enfants atteints par les éclats de vitre, effrayés par la vue du sang qui s'échappait de leurs blessures couraient en poussant des cris lamentables. Les ouvriers qui avaient échappé au désastre fuyaient, affolés, réclamant du secours. Leur directeur, M. Liebrechl, en proie une émotion facile comprendre, accourait leur rencontre. Il parvint rassurer ces hommes et leur fit com prendre que tout danger avait cessé, que leur devoir était de voler au secours de leurs frères. Aucun ne resta sourd cette exhortation et on vit alors s'accomplir des actes d'un véritable héroïsme et éviter ainsi de plus grands malheurs. On vit ces hommes s'approcher des endroits qu'ils savaient être les plus dangereux, en éloigner, au péril de leur vie les matières incandescentes qui pouvaient mettre le feu d'autres bâtiments et augmenter encore l'éten due du désastre. On constata bientôt que l'accident s'était produit dans la section qui longe la route de Wetteren Sainte-Anne-ten-Eede, se composant de neuf bâtiments comprenant les chauffoirs, les lissoirs, les greooirs, etc. Plus aucuo de ces bâtiments n'est debout tous ont été comme pulvérisés. C'est parmi ces décombres encore fumants qu'on découvrit successivement sept cadavres. Tous étaient rendus méconnaissables par les brûlures et la fumée. Tous avaient été asphyxiés, foudroyés. Dire les scènes, navrantes, que provoquait chacune de ces douloureuses de couvertes est impossible. Il est tout aussi difficile de donner une idée peu près exacte de l'aspect désolant que présentent les lieux de la catas trophe. Cela est inénarable? Nous disions plus haut dans quelle partie de la poudrière l'explosion s'est produite. En arrivant, par l'entrée principale, cette section, le premier bâtiment renferme une petite ma chine vapeur qui met en mouvement les tonnes de lissage ainsi que les gronoirs et dont la chaudière envoie la vape par les tuyaux placés l'intérieur dans les séchoirs. Le bâl meut qui suit est celui qui sert au lissage de la poudre. Keufermée dans d'immenses tambours rn fer, la poud subit une opération qui la débarrasse de sa poussière, I donne la forme qui lui est indispensable et la rend lisse. C'es semble-l-il, dans ce bâtimeul que la première explosion a i lieu. Puis, les débris enflammés retombant sur les bàtimrn voisins, ou la secousse, ont fait sauter successiteim ut 1rs aulr bâtiments, qui ont disparu du sel comme des châteaux i cartes. Le dernier bâtiment comprenait le grenoir. C'est là qi s est produite la deuxième détonation, plus forte que la pr< mière. Un grand nombre d'ouvriers se trouvaient dans c atelier. Ayant entendu la première détonation, ils ont eu lo juste le temps de se précipiter au dehors et de se jeter sur parapet voisin; une seconde encore et on comptait dix vict mes de plus Ce vaste terrain est maintenant couveit de débris de lo les sortes. Des centaines d'arbres de dimensions énormes oi été renversés, coupés, déracinés. Les rails du chtmin de fi qui sert transporter les marchandises l'intérieur de 11 poi drière ont été projetés hors du sol et sont comme s'ils avaie été tordus au feu. Ici gisent d'énormes blocs de pierres c'étaient d'immenses pièces provenant de machines quelcoi ques. Nous avons vu deux gros arbres dans lesquels se tro vaient, comme encastrées, des briques entières. La cheminée principale restée debout et qui atteint ui hauteur considérable semble avoir été bombardée, tellemei sont nombreux Iti projectiles qui l'ont atteinte. Plus une seule toiture des autres bâtiments n'est resli intacte. Les débris de milliers de tuiles et de carreaux de vitr se mêlent aux ruines qui se sont accumulées de toutes part Le château, habitation du directeur, situé cent mèlr de l'explosion, est affreusement abîmé. Toutes les portes, toi tes les fenêtres sont sorlies de leurs gonds. Les murs sont li zardés, l'escalier s'est déplacé. A l'extérieur, dans le voisinage, sur la route de Sainti Anne Ten Eede, des maisons entières sont détruites. A que ques mètres de la poudrière s'élève un orphelinat nouvelleme construit. La toiture a été en grande partie enlevée et toi les carreaux de vitre sont brisés. Un reporter du Précurseur complète delà façon suivan les premiers renseignements: C'est du côté de fa route de Wetteren que la projeclic a été la plus forte. Le cabaret De Nieuwe Posthoorn été détruit et plusieurs maisons d'ouvriers de la fabrique o été littéralement broyées. Dans un rayon d'un kilomètre lo tes les fenêtres et tous les toits ont été percés jour. La noi velle église de Wetteren a été particulièrement favorisée soi ce rapport l'explosion l'a transformée en une vraie denlell n La poudrière occupait 300 ouvriers. Au moment de catastrophe ils se trouvaient tous dans la fabrique. Il est doi étonnant que le nombre des victimes soit relativement si peti On peut s'expliquer le fait par cette considération que la pli part des ouvriers travaillaient dans des souterrains au d ateliers séparés épargnés par l'explosion. Dès que les diverses détonations se furent produites, toi les hommes se sont sauvés, les uns par les ouvertures resté praticables, les autres en se frayant un passage travers I décombres. Tous ont rapporté que rien ne pourrait décrire prodigieuse violence de la trépidation ressentie. C'est dai l'atelier où se trouvent les tonnes de lissage que la premiè détonation s'est fait entendre puis, le feu se communiquan trois autres ont suivi. Lis parois de fer des ateliers ont déchirés un revêtement de terre de plusieurs mètres d'épai seur qui couvre la fabrique a été soulevé. Les arbres qui trouvaient plantés dans cette couche de terre ont été coup ras quatre mètres de hauteur. Leurs branches, arrachées brisées ont été dispersées des distances fabuleuses avec d poutres et des débris du mui de clôture qui borde la route Wetteren. Ce mur a été renversé ras du sol sur la moitié sa longueur, obstruant de ses ruines le large fossé d'cnceinli C'est de ce côié que la plus forte projection a eu lieu et que Posthoorn et les maisons ouvrières ont été détruits. Noi avons vu là une femme, la tête enveloppée de linges et figure boursoufflée couverte de sang caillé. Elle se trouva dans uoe de ces maisons au moment de l'effondrement. A Posthoorn, une autre femme a été blessée par les décon bres, mais moins grièvement. Nous avons assisté sur le chemin de Welterén une scèi poignante. Une femme se roulait par terre, se tordant I mains, s'arrachaot les cheveux, en proie un désespoir i> descriptible. La malheureuse avait reconnu son mari dans i des cadavres que l'on venait de tirer de dessous les ruines. D'un autre côté, sur le lieu même du sinistre nous avoi vu un proche parent d'une victime encore enfouie. Il pleurt chaudes larmes et répondait aux curieux qui l'assaillaient questions Hij ligt er nog altijd onder zij kunnen e hem met uit krijgen! (Il gît toujours sous les décembre! on ne parvint pas le retirer C'était déchirant. Le nombre des ateliers qui ont sauté s'élève six. Il y a foule. Chaque train amène un grand nombre spectateurs venus de Gand, Lokeren, Alost et des environs. On nous communique au dernier moment, que 8 victimi sont célibataires. Le capital de réserve, servant d'assurance en cas de cal< strophe, suffit amplement couvrir toutes les perles. On évalue millions les dégâts de la fabrique seule, l'ot

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Le Progrès (1841-1914) | 1880 | | pagina 2