L inauguration de l'Hôtel de Ville Dixmude. mais ils ne doivent pas essayer de rentrer dans l'enseignement officiel qu'ils ont volontaire ment abandonné, pour servir les rancunes inavouées et les espérances inavouables «d'un clergé violent et factieux. Dixmude se trouve dans une partie éloignée de la Flandre que connaissent seulement quelques touristes ou les personnes qui résident Nieuport- Bains. La ville est petite et n'a guère de monu ments. Comme curiosité, il y a dans l'église un ju bé de toute beauté, un jubé sculpté avec un goût et un talent parfaits. Mais ce que Dixmude possède et que beaucoup de petites villes flamandes ne possèdent pas, dit XEcho du Parlementc'est une population intelli gente s'intéressant toutes les questions qui con cernent l'art ou la science, une population sur la quelle des calomnies cléricales sont sans influence et grâce laquelle les écoles officielles sont rem plies. On a installé dans un des cafés, au café de la Poste, un cabinet de lecture où parviennent la plupart des journaux belges, et dans celle localité de quatre mille habitants il se trouve toujours un grand nombre de personnes suivant assidûment le mouvement littéraire et politique. De plus, Dixmude possède un noyau de genslet- Irés, une sorte de colonie d'élite, qui consacre ses loisirs la littérature ou la science: il y a Mme Van Acker, le poêle flamand, dont les œuvres ont tant d'originalité, M. De Breyne-Dubois, qui a pu blié plusieurs brochures remarquables,et M.Feys, un des échevins, qui passe son temps feuilleter les archives de la ville, qui conuaît au bout des doigts l'histoire de Dixmude et qui pourrait don ner sur l'intolérance cléricale d'autrefois de bien in téressants renseignements. Le nouvel hôtel communal se dresse sur la Grand'Place. qui, comme dans beaucoup de loca lités des Flandres, est très vaste. Il est de style gothique. Il se compose d'un bâtiment de forme rectangulaire, percé de belles fenêtres aux carreaux de couleurs. Au centre cl faisant avant-corps au bâtiment s'élève un élégant beffroi avec porche, balcon et au sommet tourelles caractéristique. Ce beffroi est d'un effet charmant et quoiqu'il ait déjà d'asser grandes proportions, n'écrase pas le monument. La façade de l'Hôtel de Ville est en quelque sorte encadrée par les façades assez curieuses de deux vieilles maisons l'une datedu dix-huitième siècle, l'autre de l'époque de la domination espagnole. Ce superbe hôtel, qui sera l'une des curiosités de Dixmude. est dû un architecte brugeois, M. De- lacenserie. Comment la cérémonie d'inauguration de ce mo nument communal est-elle devenue une manifesta tion politique? Les cléricauxquin'ont pasgrande influence Dixmude ont résolu de s'abstenir, pour l'unique motif que le conseil est libéral. Ils ont alors, pour tâcher de faire manquer la fêle, or ganisé un festival dans un village voisin. Mais ces petits manœuvres n'ont guère réussi. Le matin,un imposant cortège,composé des sociétés de la ville et des corps de pompiers d'Ypres et de Poperinghe, c'est formé sur la Grand'Place mu siques jouant alternativement, bannières et dra peaux flottaient au vent il s'est rendu la gare pour la réception faire M. Rolin-Jacquemyns et M. Heyvaert, gouverneur de la Flandre occi dentale. Les autorités locales se trouvaient là en grand nombre: M. Dautricourl-Woets, bourgmestre; MM. Feys-Kesteloot et Edmond Parel, échevins; les membres du conseil communal M. Dcprey, commissaire d'arrondissement M. De Brcync- Duhois, l'ancien représentant; M. DeGrave, bourg mestre de Stuyvenskerke; M. Vandromme, bourg mestre d'Eesscn M. Troost bourgmestre de Cacskerke, etc. Les pompiers d'Ypres et de Poperinghe, qui portent avec crànerie d'élégants costumes militaires, se sont rangés sur le débarcadère de la gare qui était pavoisée;M. le ministre de l'intérieur et M. le gouverneur de la Flandre occidentale sont arrivés 10 h. 45 au moment où le train qui les amenait entrait en gare, les musiques se sont mises jouer la Brabançonne, et quand ces messieurs, qui étaieut en uniforme,sont descendus du wagon, une immense acclamation a retenti. M. Dautricourl-Woets leur a souhaité la bien venue en rappelant la visite que le père de M. Ro lin-Jacquemyns lit, comme ministre des travaux publics, en 1849, Dixmude. La réception terminée réception toute simple et toute cordiale, durant laquelle les paroles étaient fréquemment interrompues par des acclamations-- le cortège s'est réformé et s'est rendu l'Hôtel de Ville. Presque toutes les maisons des rues où passait le cortège étaient décorés aux couleurs nationales; tout le monde sedécouvrait respectueusement de vant MM. Rolin-Jaequemyns et Heyvaert et cha que instant des vivats s'élevaient. L'inauralion s'est faite dans la grande salle du premier étage, l'hôtel communal. Les autorités ont pris place au bureau. M. le bourgmestre de Dixmude a dit combien d'efforts il avait fallu pour parvenir mener bonne fin l'entreprise dont se faisait en se moment le couronnement. Il a rappelé l'énergie avec laquelle l'administration avait dû lut ter contre une systématique opposition: M. le mi nistre de l'intérieur a félicité Dixmude d'être par venue se doter, avec de modestes ressources, d'un pareil monument. M. Rolin-Jaequemyns, en termes émus, a dit combien il était heureux de se trouver parmi celte exellente population flamande si persévérante, si travailleuse il a terminé par ces mots qui résument les sentiments de tous les assistants: Vive le Roi! vive le pays! vive Dixmu de C'esJt avec enlousiasme que le paroles de M. Ro lin-Jaequemyns ont été accueillies une musique qui se trouvait dans la salle a joué la Barbançon- ne. Quand le calme a été un peu rétabli, le secrétai re communal a donné lecture du procès-verbal de la cérémonie, procès-verbal que toutes les person nes présentes ont signé. L'après-midi était consacrée aux fêtes locales. Un festival se donnait sur les kiosquesde la Grande Place et du Parc Borlier. Des sociétés nombreuses y ont pris part; parmi ces sociétés se remarquaient: celle de Wynendaele, qui, grâce M. Mathieu, est dans une brillante position de fortune, celle de Poperinghe créée par M. Van Merris, celle de Zonnebeke, par M. Iweins, celle de Furnes dont le drapeau est un cadeau de Léopold Ier; c'est cette société qui,en 1831, a été la première recevoir le Roi, arrivant d'Angleterre en Belgique. M. Rolin-Jaequemyn a déjeuné chez M. le bourgmestre, M, Heyvaert, chez M. Debreyne- Dubois. Après ce déjeuner, le ministre et le gou verneur se sont rendus chez Mme Van Acker, qui heureuse d'être l'objet d'une telle visite, leur a of fert ses œuvres reliées. Un banquet, auquel assistaient une centaine de convives, été servi 4 heures, dans la grande salle de l'hôtel communal. Au dessert, M. le bourgmestre, au milieu d'un grand enthousiasme, a porté la santé du Roi et celle de M. le ministre de l'intérieur. M. Rolin-Jacquemyns a fait ce toast une élo quente réponse. C'était pour lui un devoir de venir Dixmude, un devoir agréable. Mais alors qu'une certaine presse se plait de dépeindre nos ministres sous nous ne savons quelles odieuses couleurs, il est bon qu'ils se montrent dans ces pays où celte presse est répandue. M. le ministre est attaché de corps et d'âine aux populations flamandes et il faut qu'elles le sachent; il a parlé de l'étrange abus de mots que le parti clérical faisait en invoquant chaque instant les libertés publiques; le gouverne ment est le meilleur ami des libertés publiques, mais il faut qu'elles marchent avec le respect I loi. Pour terminer, M. le ministre a bu l'adnii nislralion communale. Ce que l'on ne saurait décrire, c'est l'enthousiasm qui a éclaté durant le speech de M. Rolin-Jacque myns. Le speech de M. Heyvaert a été des plus.accla mes aussi. M. le gouverneur, en réponse un loas de M. l'échevin Paret, a dit combien il était néces saire de faire respecter la loi et de déployer pou cela celte énergie et cette persévérance flamandes il a bu l'arrondissement, un des plus intelligeni arrondissements des deux Flandres. M. le ministre de l'intérieur a ensuite prononc un excellent et spirituel discours dans lequel il parlé de cette devise 'Tzal wel gaancela finir bien, des étudiants de Gand. Celle devise qui ré sume les aspirations les désirs d'une jeuness généreuse, pleine de nobles idées, d'utopies parfois peut être appliquée. Cela finira bien, grâce notr persévérance. M. Feys, échevin, a lu une charmante pièce d Mme yan Ackerécrite pour la circonstance Dicht-regelen ter gelegenheid der inhulding va het nieuw stadhuis. On le voit c'est une fêle des plus réussies, malgr l'opposition cléricale. Dans la soirée un bal a été donné l'Hôtel-de Ville et la fête de Dixmude s'est passée san qu'aucun incident fâcheux se soit produit. Les expositions temporaires de l'agriculture et c l'horticulture, organisées successivement dans les k eaux de l'Expssition nationale, seront clôturées par d< concours de pomologie et de culture maraîchère qui ai ront lieu du 23 au 30 seqtembre (et non du 15 au S septembre, comme une affiche le porte par erreur). Malgré les rudes atteintes qu'un hiver rigoureux portées nos cultures fruitières, la section de pomok gie sera des plus importantes. Elle comprendra, indé pendamment des nombreuses espèces qui peuplent ne jardins et nos vergers, des spécimens de variétés due des semeurs belges. Près de deux cents exposants sont inscrits pour pomologie et la culture maraîchère. Vingt-cept société! les plus actives et les plus renommées du pays, pre senteront de nombreux lots collectifs. Le Cercle d'arboriculture de Liège, qui, en 1878, remporté Paris le grand prix international le Cerc d'arboriculture de Belgique, Gand la Société centra d'arboriculture, la Société pomologique d'Anvers i plusieurs autres associations entreront en lutte. Les envois de légumes seront très-nombreux; non bre d'exposants sont inscrits pour les cinquante-deu concours prévus au programme. Les sociétés maraîch< res les plus renommées se disputeront les récompei ses. Citons, entre autres, la Société maraîchère d'Ixe les, qui, en 1878, a obtenu Paris, la médaille d'or Société agricole et horticole de l'arrondissement de Hu qui a ramporté un diplôme d'honneur la même exp< sition les Société horticoles d'Andenne, de Louvaii deTihange, de Marchin, de Bruges, etc., etc. L'école d'horticulture de l'Etat, àVilvorde, présente aussi de nombreuses collections. Un intérêt spécial s'attachera aux lots de légumes q ont été inscrits par la Ville de Bruxelles et qui provie nent des essais de culture entrepris Evere au moyi des eaux d'égouts. Les collections pomologiques seront installées dans pavillon des plantes et dans la salle des céréales 1 produits maraîchers seront groupés sous la colonade l'aile gauche et sur les pelouses du parc de l'hortici ture. Un jury, composé de notabilités horticoles Belges étrangères, se réunira le 22 septembre pour décern les récompenses. L'intérêt qui s'attache aux concours dont il s'agit, d'autant plus grand que la production annuelle d fruits récoltés en Belgique est évaluée plus de ci quante millions de francs. L'Angleterre seule importe chaque année pour s millions de nos fruits.

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Le Progrès (1841-1914) | 1880 | | pagina 4