La fête scolaire de Dimanche a réussi au- delà de toute attente jamais nous n'avons vu plus d'enthousiasme et jamais non plus mi nistre ne fit une entrée plus triomphale pen dant tout le trajet de la station la Grande Place on n'entendait que les cris de Vive le Ministre! Vive le Gouverneurtoutes les fenê tres étaient garnies de dames qui agitaient leurs mouchoirs et jetaient des bouquets aussi la voiture du ministre était inondée de fleurs; il ne fallait pas se demander si Ypres est une ville libérale, bref, toute la manifes tation trahissait les sentiments de ses habitants et prouvait une fois de plus combien notre population est dévouée l'opinion libérale. Ajoutons qu'en dépit de toutes les prières qui ont été dites dans les écoles cléricales, la fête a été favorisée par un temps splendide et avait attirée une foule énorme en notre ville. Ceci dit, nous empruntons l'Echo du Par lement le compte-rendu de la fête. Nous extrayons du Journal de Bruges le compte-rendu de la fête scolaire qui a eu lieu Ypres Dimanche dr pauvre petite robe de cette enfant en garde les traces indélibiles. Une autre enfant, Léonie Dezwaene, fut souflletée sur la Grand'Place, par un gamin, demeuré inconnu malheureusement, qui lui cria: Dat is omdat gij voor den Mimster gezongen hebt. Nos compliments sincères. Des faits de ce genre, loin de nuire l'Enseignement officiel ne feront que le ren dre de plus en plus populaire, et les piteux auteurs de ces petitesses en seront pour leur courte honte; mais il nous semble qu'il n'est pas hors de propos de mettre en relief les procédés délicats de nos calotins qui insultent les femmes et maltraitent les enfants, après s'être mis i'abri l'intérieur d'un cercle catholique ou derrière les rayons de leur comptoir. LA FÊTE SCOLAIRE D'YPRES. Ypres, 10 Octobre 1880. Ypres a fait M. Van Humbéeck, ministre de l'in struction publique, une réception enthousiaste. C'est l'occasion d'une fête scolaire la remise des certifi cats de capacité obtenus aux concours du 5 Juillet, par les élèves des cantons de Gourtrai, Menin, Roulers et Ypres que M. le ministre et M. Heyvaert, gouverneur de la Flandre occidentale, se sont rendus dans la vieille cité flamande. M. Van Humbéeck et M. Heyvaert sont partis de Bruxelles par le train qui quitte la gare du Nord 8 h. et demie et qui arrive Ypres midi sept. Ils étaient accompagnés par MM. Van Camp, chef du cabinet du ministre, Germain, directeur général au département de l'instruction publique, Iweins, chef de division. A l'arrivée du train la gare d'Ypres, le canon s'est fait entendre des musiques ont joué la Brabançonne et une immense acclamation a retenti, quand M. le mi nistre et M. le gouverneur sont descendus du compar timent. Sur le débarcadère attendaient M. Vanheule, bourg mestre d'Ypres, et les autorités locales, la garde civique, la garnison peu près entière, le corps des pompiers, des sociétés particulières, beaucoup de gildes portant leurs bannières les enfants des écoles se trouvaient également là. Après des paroles de bienvenue prononcées par le bourgmestre, M. le ministre a passé en revue les gardes civiques, les militaires et les pompiers rangés dans la gare. s Puis un superbe cortège s'est formé ayant sa tête un détachement de lanciers et comprenant des cen taines de personnes pour escorter Vl. le ministre jusqu'à la Grand'Place, où devait se faire la revue des écoles. Sur le passage du cortège, les cris de Vive le ministre! Vive le gouverneur s'élevaient sans cesse. Les cléri caux avaient depuis longtemps fait leur possible pour que les habitants ne prissent point part cette fête ils s'étaient rendus dans presque toutes les maisons de la ville, tâchant qu'on ne les pavoisât pas. Cela leur a bien réussi Rarement Ypres a vu un monde pareil se presser dans les rues et rarement autant de drapeaux ont orné les façades des maisons yproises. La revue des écoles a été charmante. Cette place d'Ypres la plus vaste peut-être de la Belgique et l'une des plus belles aussi avec sa magnifique Halle se prête admirablement une fête de ce genre. Les enfants étaient rangés dans le milieu et conduits par leurs institutrices et leurs instituteurs fillettes et garçons portaient des cocardes tricolores; tout ce monde enfantin manifestait sa joie par des acclamations enthou siastes. Sur le kiosque dressé au millieu de la Place se tenaient les lauréats des concours du 5 Juillet. Toutes les troupes de la garnison, la garde civique, formaient la haie autour de la Place la cavalerie était commandée intérimairement par le major De Faudeur l'infanterie par le colonel Bruneel les officiers et les sous-officiers de l'école d'équitation par le colonel Blom- berger la garde civique, en l'absence du major Hynde- rick, malade, par le capitaine Dusillion. Après cette fête qui a montré combien M. Van Hum béeck et M. Heyvaert sont populaires Ypres, devait se faire de suite la remise des certificats du concours elle s'est fait vers 1 heure et demie seulement entretemps M. le ministre, M. le gouverneur et la plupart des psr- sonnes qui les accompagnaient se sont rendus chez M. Carton, l'ancien commissaire d'arrondissement, où un déjeuner leur a été offert. La remise des certificats s'est faite dans la grande salle des Halles; une foule énorme remplissait cette salle qui est imineqse. La cérémonie a été charmante. Les élèves de l'école communale de garçons de la ville ont chanté un chœur; quelques élèves de l'école gardienne ont exécuté une scène enfantine De Bal et toutes les fillettes de l'école communale gratuite ont joué une grande pièce patriotique: L'anniversaire national de 1880. Outre la remise des certificats aux lauréats des concours, s'est faite une remise de brevets aux membres des comités scolaires d'Ypres qui, dans ces dernières années surtout, se sont tant dévoués la cause de l'enseignement. Un excellent discours a été prononcé par M. P.-J-H. Brouwers, inspecteur principal de l'enseignement pri maire. A chaque instant, durant la cérémonie, laquelle la musique des pompiers prêtait son concours, des accla mations générales retentissaient. Vers trois heures, six cents personnes se réunissaient en un banquet, dans la partie de la salle des halles qui a reçu depuis peu de temps une magnifique décoration. Les panneaux d'une des murailles sont couverts de peintures fresque, représentant des épisodes de l'his toire d'Ypres, histoire des plus glorieuses: ces peintures sont dues M. Pauwels, un artiste de talent. Les convives ce banquet monstre étaient les nota bilités de l'arrondissement, les institutrices et les insti tuteurs, les membres des comités scolaires, les lauréats du concours de Juillet. Un grand nombre d'officiers, surtout des officiers de cavalerie portant pour la plupart de grands noms, assis taient au banquet, qui a été parfaitement servi par le propriétaire de l'Hôtel de la Châtellenie, M. G. Hoogen. La table d'honneur était présidée par M. Vanheule, bourgmestre, ayant sa droite MM. Van Humbéeck, ministre de l'instruction publique et par intérim de la guerre Germain, directeur général de l'enseignement primaire le chevalier Hynderick, conseiller la cour de cassation Blomberger colonel commandant l'école d'équitation Iweins, procureur du roi Decock, com missaire d'arrondissement de Gourtrai Deprey. com missaire de Furnes-Dixmude M. Brouwers, inspecteur principal de l'enseignement primaire; Van Merris, ancien représentant le major De Faudeur, du 4e Lanciers le major Falu, du même régiment Valcke, commandant des pompiers. A sa gauche MM. Heyvaert, gouverneur de la Flandre occidentale Van Camp, chef du cabinet du ministre Carton, ancien commissaire d'arrondisse ment, président de l'Association libérale le colonel Bruneel; Merghelynck, commissaire d'arrondissement le commandant de place Principe l'échevin Bossaert Iweins, chef de division Vander Cruyssen, inspecteur principal de l'enseignement primaire; le major Crossé le major Waelput Messiaen, juge au tribunal de pre mière instanceet Thomas, ingénieur des ponts et chaussées. C'est M. Vanheule, qui a porté le premier toast il a bu, en termes exellents, au Roi, le sage et fidèle gardien de nos libertés puis M. Van Humoéeck, le ministre qui, malgré tous les obstacles, a déjà fait tant de bonnes réformes en matière d'enseignement. Des applaudissements unanimes ont salué ces toasts, M. Van Humbéeck a parlé après M. Vanheule il a rappelé l'une des pages les plus glorieuses de la ville d'Ypres. C'est Ypres qui la première a compris le véri table principe en matière d'enseignement en plein moyen âge, elle a proclamé la liberté individuelle dans l'organisation de l'enseignement, la laissant chacun et sauvegardant tous les droits l'autorité civile. Pendant plus de quatre siècles, Ypres a possédé la liberté de l'enseignement, l'indépendance de l'Etat restant assu rée. Tous les principes qu'Ypres avait mis dans le do maine de l'exécution se retrouvent dans notre Constitu tion. L'excellent speech de M. le ministre a longuement et chaleureusement été applaudi. M. Heyvaert, la suite d'un toast que lui avait porté M. Merghelynck, a pris également la parole. M. Mer ghelynck a parlé de mon énergie, a-t-il dit en résumé, mais s'il est une énergie qu'il faut admirer surtout, c'est celles des bourgmestres ici présents, des instituteurs et des institutrices. Dans la lutte actuelle, c'est eux qui sont aux postes les plus difficiles. Les hourrahs enthousiastes qui ont accueilli ce speech ont prouvé M. Heyvaert combien ses idées étaient partagées par le public. On s'est levé de table vers quatre heures trois quarts. M. le ministre et M. le gouverneur et les personnes qui les accompagnaient sont retournés la gare dans les voitures qui les avaient amenés le matin. M. Van Humbéeck et M. Heyvaert ont pris lé train de 5 h. 25, salués une dernière fois par les acclamations de la foule. A Comines et Menin, un grand nombre de person nes occupaient la gare et ont fait M. le ministre et M. le gouverneur de chaleureuses ovations. Ypres, le 10 Octobre 1880. L'heure de la fête a sonné, le grand jour est arrivé. Le Dieu des gueux s'est mis de la partie en nous don nant un beau soleil. Dès le matin de bonne heure le canon gronde, le carillon égaie la ville par ses airs joyeux. Partout dans les rues on arbore le drapeau national. L'enthousiasme est grand, on lit le bonheur sur tous les visages (sauf quelques crétins qui boudent tout.) Le moment de la formation du cortège si impatiem ment attendu est enfin arrivé, on voit de tout côté surgir des sociétés avec leurs étendards et les musi ques, des députations des écoles communales du 9' canton scolaire. Presque toutes les écoles des communes environnan tes arrivent les unes en voiture portant les couleurs tricolores, les autres par chemin de fer portant les mêmes insignes. Le cortège se forme avec une régularisation sans précédent. Les commissaires n'ont épargné aucune peine pour la réussite de la fête. La Grand'Place est occupée par la garnison et les élèves de toutes les écoles. Sur le kiosque on remarque les lauréats des concours de l'enseignement primaire, ils sont en grand nombre. Les filles sous la surveillance de leurs institu trices ont un maintien digne d'éloges. Toutes portent les couleurs nationales, les unes en sautoir, les garçons en forme de cravates et de cocardes. L'heure avance et le train qui amène M. le Ministre de l'Instruction Publique et M. le Gouverneur Heyvaert s'arrête. La garde-civique et les sapeurs-pompiers qui se trou vent dans la gare se rangent, les tambours battent aux champs, la musique joue la Brabançonne. M. Van Humbeeck descend du train, suivi de M. Heyvaert, gouverneur, M. Germain, directeur général de l'in struction, M. Decock, commissaire d'arrondissement Gourtrai et d'autres fonctionnaires du département de l'instruction publique. Après les paroles de bienvenue prononcées par l'ho norable bourgmestre d'Ypres, M. le Ministre, suivi des hauts fonctionnaires, passe en revue la garde civique et les sapeurs-pompiers. C'est après cette revue, que les autorités prennent place dans les voitures qui les at tendent la gare. Au moment de la sortie, ils sont ac clamés par la foule qui stationne là depuis plus d'une demi heure. On n'entend que les cris de: Vive le minis tère! Vive Van Humbeeck Vive le gouverneur! Sur tout le parcours ces cris sont répétés, c'est comme un fluide électrique qui passe de bouche en bouche. Les dames qui se trouvent aux étages des maisons agitent leurs mouchoirs et jettent leurs bouquets, ils sont tel lement nombreux qu'au bout de quelques instants la voiture du ministre en est pleine. Arrivés la Grand'Place, la descente de voiture a lieu. La revue générale commence, c'est ce moment que les sociétés colombophiles d'Ypres, lâchent des pi geons qui prennent leur vol.La revue dure trois quarts d'heure. M. le ministre adresse successivement des paroles bienveillantes M. le directeur de l'école moyenne et la directrice des écoles communales. La revue termi née tout le monde se dirige vers les Halles où a lieu la distribution des diplômes aux lauréats du concours en tre les écoles primaires. Cette cérémonie a eu un grand succès. On y a entendu les voix de plusieurs élèves qui comme Bruges, la distribution des prix des écoles communales, ont chanté la gloire de la ville et du pays et qui en terminant ont avec un ensemble parfait entonné la Brabançonne. Ce ne fut qu'un cri d'enthou siasme, les bravos se succédèrent et se seraient certai nement prolongés si l'heure du banquet n'avait pas sonné. Ce banquet a été splendide, il a réuni plus de 600 convives dans la salle ornée récemment de peintu res murales, par M. Pauwels. Les toasts prononcés ont été portés au Roi par M. le bourgmestre Vanheule, M. Van Humbéeck y répond en excellents termes; par M. Merghelynck, commis saire d'arrondissement Ypres, au Gouverneur dont il loue les qualités et la vigueur qu'il déploie dans ses fonctions. Par le Gouverneur aux bourgmestres de toutes les

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1880 | | pagina 2