M® 621. Jeudi,
40e
16 Décembre 1880.
6 FRANCS PAR AN.
i JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Avis au public.
Le clergé révolutionnaire.
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BULLETIN POLITIQUE.
La Chambre française a terminé avant-hier la
discussion du budget des cultes, qui a été adopté
par 367 voix contre I. La droite a manifestée par
l'organe de M. le duc de Larochefoucauld-Bisaccia
son intention de s'abstenir, par le motif que ce
budget consacrerait les procédés inquisitoriaux du
gouvernement. Une dernière lutte oratoire a été
livrée au sujet d'un amendement supprimant l'impôt
sur le papier destiné a l'impression des journaux;
cette proposition toutefois, a échoué par 263 voix
contre 132.
La session ne pourra guère être close avant le
24, le budget des dépenses, que le Sénat a modi
fié, devant revenir devant la Chambre des députés.
Elles sont bien sombres, bien inquiétantes, les
nouvelles arrivées avant-hier de la capitale du
Royaume-Uni. Elles renseignent une réunion des
ministres qui s'est occupée des affaires d'Irlande et
accréditent la crainte que le gouvernement ne
doive agir avec énergie pour rétablir dans l'île-
sœur la sécurité des personnes et des propriétés.
Nous ne croyons pas une convocation anticipée
du Parlement au moment où les fêtes de Noël vont
se célébrer dans toute l'Angleterre; mais un télé
gramme parle de la retraite probable de MM. Briglit
et Chamberlain, les membres radicaux du cabinet.
La Chambre prussienne a discuté avant-hier le
budget de l'instruction publique, qui n'a offert
qu'un intérêt restreint. Les catholiques ont protesté,
comme ils le font chaque année, contre l'obligation
imposée aux élèves en théologie de passer un
examen devant une commission d'Etat; d'autres
députés ont signalé et blâmé la participation aux
leçons des gymnases d'élèves non suffisamment
préparés pour suivre les cours avec fruit, et le
ministre de Pullkamer s'est associé ces plaintes.
Ypues, le 13 Décembre 1880.
Lorsqu'à Ypres, l'administration commu
nale revendiqua la mise en possession de l'é
cole Lamotte, indûment et illégalement occu
pée par 25 religieuses, le Journal d'Ypres et
tout le clan clérical jetèrent des Cris d'in
dignation et accablèrent nos magistrats com
munaux de toutes les épithètes si familières
aux gens d'Eglise.
La ville poursuivit ses droits, et l'affaire
eut été jugée sur les bancs, sans la trouvaille
de cette fameuse contre loi laquelle s'accro
chèrent avec bonheur deux des plus forts ju
risconsultes de la magistrature. La cour d'ap
pel et la cour de cassation rejetèrent tous les
moyens invoqués contre la demande de la
ville, et la loi ne tarda pas recevoir sa plei
ne exécution.
L'histoire enseigne que le parti clérical ne
reconnaît d'autre autorité que celle des Evê-
ques.et ne respecte d'autres lois que celles qui
sont revêtues de la sanction épiscopale. En
France, il dicte les jugements certains tribu
naux et cours, et il ne dépend pas de lui si la
magistrature belge s'est pas encore flétrie par
le même souffle de corruption. Il rie faut donc
pas s'étonner en voyant dans un grand nom
bre de communes, les couvents qui sont en
possession d'immeubles dépendant d'ancien
nes fondations, refuser de les abandonner
la libre disposition des administrations, mal
gré que le droit de celles-ci ne puisse plus
être l'objet d'une contestation sérieuse.
Nous venons d'apprendre que ces adminis
trations ont cité les religieuses occupant les
campagnards s'exposent au feu et la prison,
ces braves écrivassiers boivent leur santé
un fin Bourgogne vieilli dans les caves des
presbytères.
biens de diverses fondations devant Monsieur
le Président du tribunal de cette ville, siégeant
en référé, et que ce magistrat, par une ordon
nance exécutoire par provision nonobstant
opposition ou appel, a autorisé ces administra
tions se mettre en possession des bâtiments
et dépendances occupées indûment et illégale
ment par les couvents, et expulser toutes les
personnes citées ou non citées, connues ou
non connues qui s'y trouveront, avec tout ce
qui leur appartient.
Le clergé se soumettra-t-il cette ordon
nance
Il faudrait ne pas le connaître pour l'espé
rer comme nous l'avons dit plus haut, les
arrêtés royaux et les décisions judiciaires qui
ne consacrent pas les prétentions cléricales ne
méritent ni obéissance, ni respect. D'ailleurs,
quelle chance pour les matadors du parti clé
rical d'avoir 1 occasion de faire du scandale
sans compromettre leur peau Ils prêchent la
résistance, et pendant que les malheureux
Les journaux épiscopaux, tout effrayés du rôle
par trop révolutionnaire, joué par le clergé, en
Belgique comme en France, en Irlande, partout,
voudraient bien effacer les faits désormais acquis
l'histoire, cl nous peindre un clergé fantaisiste,
tout préoccuppé de ses devoirs, respectueux de
l'autorité et ami de l'ordre et des lois.
Le clergé, disent ces bons journaux, a bien
fondé des écoles catholiques en Belgique et a cher
ché détourner l'enfance des écoles communales.
Mais là s'est borné son rôle et il faut ne jamais
assister aux sermons des prédicateurs, pour leur
prêter des pensées de résistance factieuse l'auto
rité et aux lois.
Et les pieux journaux ajoutent que jamais
aucune religion n'a plus prêché la soumission au
pouvoir légitime que le christianisme.
Il est possible, il est même certain que le christia
nisme a prêché et prêche encore la soumission au
pouvoir légitime, mais il est non moins certain
qu'en général les prédicateurs ne prêchent pas le
christianisme, mais le cléricalisme, c'est-à-dire
une doctrine de discorde et de rébillion la loi et
au pouvoir légitime.
Faut-il rappeler les déclarations par trop com
promettantes des mandements menaçant Léopold
11 du sort de Joseph II et d'Orange?
Faut-il reproduire ici tous les témoignages
recueillis dans l'enquête! Faut-il citer ces prêtres,
disant: Nous voulons la révolution, nous
cherchons la révolution et nous laurons. Si
vous aviez du cœur, vous prendriez votre fusil
et vous iriez Bruxelles tuer le Roi et les mi
nistres. Il vaut mieux tuer un homme que
de voter pour un libéral. On ne doit pets
obéissance aux lois contraires la loi de Dieu,
etc., etc. (Lisez la volonté du clergé).
Faut-il répéter le langage factieux de l'Etudiant
catholique organe cte l'Université de Louvain,
appelant la guerre civile de ses vœux? Faut-il enfin
récapituler tous les actes d'insoumission et de
résistance illégale des administrations cléricales?
A quoi bon? Tout cela est présent l'esorit de
tous, tout cela est consigné dans les documents de
l'enquête parlementaire et rappelé en termes géné
raux dans le discours du Trône et les adresses de
nos Chambres législatives, qui constatent le droit et
LE
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