6 FRANCS PAR AN.
L'inspection des couvents.
l
626-627. Jeudi,
41e AiUÉE.
6 Janvier 1881.
JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
LE
PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES AC0UIRIT EUNDO
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BULLETIN POLITIQUE.
Les réceptions qui ont eu lieu le jour de l'an
dans les grandes capitales européennes, n'ont of
fert rien de saillant: Paris, le nonce, prenant la
parole au nom du corps diplomatique, a exprimé
M. le président Grévy tous les vœux qu'il forme
pour son bonheur et la prospérité de la France. M.
Grévy s'est déclaré profondément touché des décla
rations du' uonce, sur la sincérité desquelles il ne
peut avoir aucuu doute: quel mortel téméraire
oserait suspecter en effet l'allachement profond du
représentant du Pape pour la République française
en général et ses hommes d'Etat en particulier?
La grande préoccupation du moment en France,
ce sont les élections municipales, qui auront lieu
le 9 courant. La lutte sera vive sur bien des points;
mais les journaux républicains paraissent assurés
d'un nouveau triomphe pour leur cause.
Auguste Blanqui, l'incorrigible conspirateur, est
mort le 1er janvier, Paris, l'âge de 75 ans; il a
succombé une attaque d'apoplexie qui l'avait
frappé quelque jours auparavant au sortir d'une
réunion publique.
Nous avons plusieurs reprises raconté les faits
saillants de la vie de ce maniaque qui fut l'ennemi
le plus funeste de la cause dont il se prétendait le
défenseur et l'apôtre. A coup sur, ce n'est pas sa
faute si la liberté et la République ne sont pas
mortes en France. Participation la plupart des
complots et des insurrections qui ont eu lieu dans
ce pays depuis un demi-siècle, trois condamnations
mort, trente-sept ans passés en prison, voilà en
peu de mots i i biographie de cet homme, qui ne
fut peut-être qu'un fou dangereux, que Barbés
qualifia de mouchard jusqu'à son dernier soupir,
que Raspail et Redru-Rollin traitaient de jésuite
de robe courte, et qui, après avoir passé sa vie
suspecter tout le monde, succombe au moment où
il devenait lui-même suspect aux aliénés de la
démagogie parisienne. On l'enterre demain: il est
probable que ses funérailles se transformeront en
manifestation politique.
On écrit de Berlin au Précurseur d'Anvers, en
date du 31 décembre
La Norddeutsche a publié hier un entrefilet
au sujet d'une correspondance qui a eu lieu entre
Victor-Emmanuel et Pie IX avant l'occupation de
Rome. Le roi d'Italie a fait savoirau Pape qu'il
allait envoyer ses soldats dans la ville éternelle
pour la garantir contre la révolution. Pie IX, qui
avait grand'peur de ses sujets, a remercié le roi,
mais il lui a dit qu'il prolesterait publiquement,
pro forma!! Les deux lettres ont été trouvées
dans les papiers du cardinal Antonelli, et le roi
gentilhomme n'a jamais songé rappeler Pie IX
les lignes qu'il lui avait écrites, quand il l'insultait
et le traitait de spoliateur. La Norddeutsche puise,
comme on sait, ses renseignements bonne source.
Personne ne doute de l'exactitude du fait qu'elle
rapporte et qui est accablant pour les cléricaux.
Pie IX a remercié le roi par une lettre particulière
ef il l'a excommunié la face du monde! Ceci
dépasse tout. Espérons qu'on nous apprendra bien
tôt où se trouve cette correspondance, et qui la
tient entre les mains.
Nous reproduisons, litre de curiosité, celte
nouvelle qui ne parait guère vraisemblable.
Ypres, le 5 Janvier 1881
Au moment de mettre sous presse, nous
recevons un long article intitulé La Concorde
L Athénée, Le Tribunal et Basile, dont nous
sommes obligé d'ajourner la publication
Samedi.
L'enquête scolaire a commencé hier Mardi
en notre ville. La commission était composée
de MM. Willequet, président; Lippens et de
Hemptine, assesseurs. Elle a entendu une
quinzaine de témoins de Langemark et s'est
ajournée indéfinement.
Nous donnerons Samedi un aperçu de cette
séance.
Les Chambres vont s'en occuper, parait-il, et
vraiment il n'est que temps de s'y mettre. Nous ne
voyons pas pourquoi le fait d'adopter un froc ou
une coiffe, taillé sur un certain patron, pourrait
soustraire le porteur dudit froc ou de ladite coiffe
au plus juste des recensements.
L'Eglise a toujours manifesté la prétention d'avoir
sa juridiction particulière et d'éluder, quand il lui
plaît, les dispositions dont elle réclame les seuls
bénéfices. Adversaire du progrès, elle n'en utilise
les conquêtes que pour les retourner contre lui. On
peut dire que sa seule force lui vient de ses empié
tements et de ses privilèges.
On peut donc s'attendre un beau tapage quand
on voudra toucher ce qu'elle appelle plaisamment
son inviolabilité de domicile. Troubler ces bons
religieux dans leurs exercices sacrés! Les faire
descendre du ciel aux profanes exigences de l'Etat
civil.... quelle impertinence! En vérité,/t)iocléiien
n'a jamais été plus loin dans son système de persé
cution
La loi, que l'on dit athée, et qui, la bonnç âme,
n'a été que trop abusivement croyante, en mainte
nant le serment religieux et en faisant une si large
part de pures conventions dogmatiques, la
,1
loi, disons-nous, va donc consacrer le principe
d'égalité entre clercs et laïques. Quoi de plus ra
tionnel Un moine, qui a le droit d'ester en justice,
aurait-il celui de changer de domicile et de voyager
où bon lui semble sans laisser de traces de son
passage
Dans la société organisée comme elle l'est, cha
que individu doit compte de ses déplacements. S'il
change de résidence, il faut qu'il en donne avis;
s'il descend dans un hôtel, on lui présente aussitôt
le livre des voyageurs. Il importe, dans son propre
intérêt, qu'il puisse tout moment et en tout lieu,
établir où il était hier et ce qu'il y faisait. La
justice qui les protège doit avoir l'œil ouvert sur
ses moindres mutations.
Dans les couvents, rien de pareil. L'individu
qui y entre disparaît civilement pour n'être repré
senté que lorsque l'intérêt de son ordre l'exige.
Tout d'abord, on lui ôte son nom, une guenille
qu'il accrocbe au vestiaire. Nul contrôle, nulle
surveillance. Ses fautes, ses crimes échappent
toute réprésentation légale. Seuls, ses supérieurs
monastiques délibèrent sur son cas, jugent sans
appel et exécutent leurs arrêts.
S'il se signale au dehors par quelque méfait, il
faut que la police ait la main bien prompte pour
le saisir. Presque toujours, on est réduit le con
damner par contumace. Les portes d'un autre cou
vent se sont refermées sur lui, car l'Eglise entend
conserver un ancien droit d'asile et, pour le main
tenir, la fraude ne lui répugne pas. Quelquefois on
apprend que le misérable, jugé en tel endroit pour
quelque monstrueux délit, continue autre part,
sous un nom nouveau, ses pratiques privilégiées.
Expulsés d'un pays comme factieux, les moines ou
les congréganistes conspirateurs trouvent partout
une grasse et facile hospitalité qui leur permet de
renouer tranquillement leurs détestables intrigues,
en se moquant des dispositions restrictives prises
un peu partout l'égard des réfugiés politiques
dangereux. Partout la loi est violée, le contrat
social rompu, le droit des peuples et des gens mé
connu et conspué.
Nous croyons inutile d'insister sur ce premier
poiut de la question, résolu l'avance, du moins
nous nous plaisons le croire. Mais il en est un
autretout aussi important sur lequel nous
éveillons l'attention de nos législateurs.
Le recensement sévère du personnel monacal
aura certainement pour résultat de favoriser la
capture de vagabonds et de coupables.
L'inspection des mêmes couvents aurait celui de
délivrer des malheureux et des innocents.
Nos lois belges, qui consacrent le divorce, ne
peuvent admettre l'indissolubilité de mariages
mystiques maintenus par la force au moyen de
véritables séquestrations.