UN TABLEAU PRÉCIEUX
682. Dimanche,
17 Juillet 1881.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
41e année.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypres, le 16 Juillet 1881.
La crise est enfin terminée, comme nous
l'avons prévue les intransigeants ont fini par
se rendre aux bonnes raisons de M. Frère et
se sont ralliés un ordre du jour, qui impli
quait qu'ils allaient voter la loi. Nous ne dirons
pas que tout est bien qui finit bien de sem
blables discussions laissent, hélas, des traces
de froissement et de division,qui se réveillent
souvent au moindre prétexte. Espérons, toute
fois, qu'il n'en sera pas ainsi et que la paix
conclue sera loyale et durable, car ce n'est pas
trop des forces de tous les libéraux pour pou
voir combattre le cléricalisme.
M. Janson a, du reste, rendu hommage la
dignité et l'élévation du langage de M.
Frère-Orban.
MEICHIQR BROEDERLAM, peintre ypbois.
Lors de la discussion des articles, tous les
efforts des cléricaux ont été dérigés contre la
disposition qui exige que, pour que la patente
puisse compter, il y ait habitude de taire le
commerce. Et on conçoit facilement combien
cette disposition doit gêner nos adversaires.
Ainsinous pourrions citer tel brasseur
qui fait prendre par tous ses cabaretiers
une patente comme commissionnaire en bétail.
Ces patentes sont évidemment frauduleuses,
car parce qu'ils auraient participé deux ou
LE
PROGRÈS
VIRES ACQC1RIT EUNDO.
Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par l'Agence Havas (Publicité), 89, Marebé-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants
Pour la France l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse. Paris. Pour l'Allemagne, l'Auslro-Hongrie et la Suisse cbez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition)
Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stutlgard, Vienne et Zurich. ;Ppur la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et
C°, 30, Cornhill, E C et 5, Scrle Street W.C, Londres. Pour la Hollande: chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Petbinghillc et
C°, 38, Park Row-New-York.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Tpres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la lignefr. 0-25.
CHEMIN DE FER. (Ir Juillet.)
HEURES DE DÉPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-27.
Paperinghe. 6-20. 9-07. 10-00. 12-07. 2-50.
3-55. 6-27. 8-45. 9-50.
Courtrai. 5-34. 9-56. 11-20. 2-41. 5-25.
Roulers. 7-43 12-20. 6-30.
Langhemarck-Ostende. 7-23. 12-22. 3-52. 6-28.
Cominrs-Armentières. 5-34. 11-20. 2-53. 8-58.
PAR
Le Samedi 14 Mai 1881, la tente du baron de Beurnon-
tillc, a été adjugée une œuvre d'un haut intérêt pour la
France et pour les Pays-Bas. C'est un tableau du plus ancien
des coloristes flamands, tablrau exécuté avant la découverte
de la peinture l'huile. L'artiste s'appelait Melchior Broeder-
lam, nom bizarre et d'un aspect tout local. Philippe le Hardi,
fondateur de la puissante maison de Bourgogne, l'employait
décorer la Chartreuse, qu'il avait fait construire près de Dijon
et qui devait être pour la branche cadette des Valois ce que
l'église de Saint-Denis était pour la brauebe aînée. Il l'avait
nommé son peintre officiel, avec deux cents livres de gage
par an, honoraires considérables pour l'époque.
Melchior avait vu le jouràYpres vers le milieu du quatorziè
me siècle une famille distinguée de ce nom figure dès le trei
zième sur les registres de la ville, et lui-même fui souvent
employé par la commune: les archives le mentionnent pour
la première fois du 4 mai 1582 au 4 mai 1583. Chose singu
lière, il ne quitta jamais son pays natal. Philippe le Hardi lui
envoyait de loin ses commandes et, lorsqu'il les avait exécu
tées, on transportait les tableaux Dijon. Une note des archi-
veg de celle dernière ville met le fait hors de doute 1398
1399. Payé Melchior Broederlam, peintre du duc, 5 francs
pour l'achat de 60 mais d'ores pour faire les coffres avec les
quels on a amené de la ville d'Ypres deux tables d'autels,
ouvrées de tailles de bois k images et dais d-architecture, les-
Nous avons, dit-il, écouté avec une utteotion
soutenue le discours du chef du cabinet; nous
l'avons lu, relu, pesé, et nous sommes arrivés
cette conviction qu'en présence des déclarations
qui ont été faites par le gouvernement, noire oppo
sition n'a plus de raison d'être. (Vive approbation
sur tous les bancs gauche.)
L'orateur constate que s'il y a eu une charte
ministérielle, la gauche avancée n'y a pas collabo
ré; elle a consenti l'ajournement de certaines
questions, mais non pas un ajournement indé
fini.
Il se félicite d'avoir agité devant la Chambre la
question de la réforme électorale. Il n'y a pas de
non possumusil n'y a pas de non volumusil y
a lieu délibérer. Le chef du cabinet l'a déclaré
mercredi. C'est cette parole qui nous a convaincu,
dit l'orateur. Nous l'avons écoutée, le pays la re
tiendra. C'est un hommage rendu par le gouverne
ment l'importance de la question. Le gouverne
ment délibérera avec nous. La question estouverte.
Elle s'impose désormais tous les cabinets, quels
qu'ils soient. C'est là un résultat considérable. Il ne
s'agit plus que de chercher une solution. Nous
y réussirons.
Le gouvernement, ajoute M. Janson, nous a dit
mercredi: Vous pouvez rester armés vis-à-vis du
cabiuet. Il nous propose une paix armée. Nous
quelles tables ledit Melchior a peintes pour les Chartreux de
Dijon. Ces deux tryptiquea ou retables existent encore; on
peut les étudier librement dans le chef-lieu de la Bourgogne,
où ils décorent le musée. Le panneau central et l'intérieur des
deux ailes offrent aux curieux des scènes sculptées en relief
par Jacques de la Baerre. Melchior Broederlam avait décoré
l'extérieur des volets. Les vantaux d'un des retables oui con
servé leurs peintures; un amateur trop enthousiaste a fait
scier 1rs autres images, pendant le long séjour des deux trip
tyques la cathédrale, où on les avait reléguées dans un
angle obscur. La«iroilitude complète des images qui nous ont
été conservées, avec le numéro 591 de la vente Beurnonville,
établissent nettement l'origine de ce dernier morceau. Il est
exécuté sur un solide panneau de chêne, et un vernis excellent
l'a maintenue dans un étal de conservation admirable, qui eo
augmente beaucoup la valeur il a été peint il y a 482 ans
L'œuvre a pour sujet la Présentation au Temple. Ma
rie tient suspendu au-dessus de l'autel sou divin ff^s, entouré
d'une gaze transparente. L'autel même est curieux: une frise
d'ornements byzantins, que l'on n'y aurait pas dessinés plus
tard, se déroule sur le massif; des médaillons, où un cercle
entoure quatre perles et une pierre précieuse non taillée lui
donnent le caractère le plus archaïque. L'action se passe dans
un monument gothique en cintre surbaissé, dont les arches
sont garnies extérieurement d'accolades. Le mooumrnt est si
petit, serre de si près les personnages, qu'il semble avoir été
construit spécialement pour eux. Un vitrail de couleur pa
voise néanmoins chaque travée. Bien mieux, les bas-reliefs
sculptés sur les chapiteaux sont reproduits avec le plus grand
soin: on y voit la création de la femme, la séparation d( la
lumière el des ténèbres, Dieu montrant au premier couple
l'arbre de Ja science du bien el du mal, Adam commettant la
lautede manger du fruit défendu, les deux coupables chassés
ne voulons qu'une paix loyale. Nous prenons acte
de l'offre de concours du gouvernement. Il a fait un
effort en 1870; il ne sera pas impuissant faire un
effort nouveau.
La droite a essayé de souiller sur les ceudres
désormais éteints de la discussion, afin d'en faire
jaillir une étincelle qui puisse, de nouveau, mettre
le feu aux poudres. MM. Malou, Jacobs et Woesle
en sont pour leurs frais de discorde.
Ce résultat heureux est un soulagement univer
sel. La confiance dans le résultat des prochaines
luttes électorales renaît; seuls nos adversaires, qui
avaient espéré pêcher un ministère en eau trou
ble, se plaindront de la Limpidité d'une situatioa
qui, au lieu d'affaiblir l'opinion libérale, lui donne
de nouvelles forces.
du Paradis, sujets qui se rattachent au mystère de la Ré
demption, que le tableau rappelle et figure dans un de ses
épisodes.
Le grand-prêtre est un lourd vieillard qui a dû être copié
d'après nature l'âge voile ses facultés, son esprit baisse avec
le flot de la vie tes épais cheveux blancs, sa barbe touffue
commandent seuls le respect. Dans la naïveté de l'art primi
tif, Broederlam n'a pas cherché annoblir son modèle. La
Vierge, circonstance remarquable, porte uoe mantille byzan
tine, sa suivante une coiffe de nonne: celle-ci tient la main
un beau cierge doré, comme si, dans la première année de
l'ère moderne, le cérémonial catholique existait déjà. Saint-
Joseph, appuyé sur un bâton en forme de tau, apporte pour
offrande une colombe qu'il presse dans sa main droite. Ces
personnages occupent la gauche de l'autel.'En face d'eux,
on voit sainte-Anne, une autre sainte tenant un panier pleiu
de tourterelles, ayant toutes les deux des turbans pour coiffu
res, puis une jeune assistante. Les trois femmes out la main
des cierges guillochés et dorés.
Le tableau a l'air d'une miniature agrandie (1): peioo si
le talent de l'artiste dépasse l'habileté des enlumineurs. Le
coloris est doux, pâle et assez moelleux, comme sur le»
images des anciens manuscrits. Les type» rappellent exacte
ment les figures des panneaux de Dijon les personnages ont
les chairs blanches, le nez long, de grands yeux demi-
ouverts leurs traits rxpriment le calme, la bienveillance et la
patience.
Comme pour dérouler le public, le catalogue avait signalé
ce tableau par les indications les plus fausses. Ecole de
Bruges, Fin du XV' siècle. Tous les personnages
sont revêtus des costumes élégants du XV' siècle. Or,
•>uand ce panneau fut historié, l'école de Bruges n'existait pas
encore. C'est fin du quatorzième siècle qu'il aurait fallu
1