Enquête scolaire.
Le scandale de Laroche.
dre III aurait, notamment, exprimé le vœu de
pouvoir saluer bientôt personnellement son cher
ami l'empereur d'Atriche*
Nous regrettons d'avoir encore constater une
notable aggravation dans l'état du président Gar-
fîeld. L'anxiété est grande Longbranch, et
dimanche on redoutait une catastrophe finale. La
victime du misérable Guitteau fait preuve d'une
énergie morale remarquable qui lui a permis de
résister des crises redoutables.
L'assassin du Président a failli subir, Lundi, les
effets delà loi de Lynch. Un sous-oilicier, nommé
Mason, lui a tiré un coup de feu au moment où il
venait d'être relevé de garde. La balle s'est aplatie
contre le mur de la cellule du grand coupable. Cet
incident démontre que les autorités judiciaires ont
rendu un véritable service au misérable meurtrier
en refusant de le libérer sous caution. Une associa
tion s'est formée, dit-on, pour purger la société de
cet être méprisable.
Le procès-verbal de l'enquête faite le mois der
nier dans le canton de Nassogne contient le récit de
quelques hauts faits de curés et d'ultramontains de
ce canton, qui peignent la fois les hommes et la
situation qu'ils ont faite dans cette contrée.
Voici d'abord M. le curé de Bande; ses sermons
suffisent pour le juger, ils sont rapportés par plu
sieurs témoins.
Ce curé a dit en chaire qu'il ne faut pas obéir
aux lois civiles quand elles sont désapprouvées par
l'Eglise.
Si, a-t-il dit, parmi les habitants de Bande.il y
en a qui ont prêté le serment de fidélité aux lois
du peuple belge, cela ne doit pas les gêner tout
serment peut renfermer une restriction mentale
ou un équivoque.
Le plus grand péché qu'un homme peut com
mettre, c'est d'envoyer ses enfants l'école com
munale.
Ces écoles sont soutenues par les francs-ma
çons, les libres-penseurs; elles sont régies par une
loi impie; on n'y forgera que des vauriens, des po
lissons, des renégats, des bêtes manger du foin.
Les libéraux d'aujourd'hui sont des gueux, des
vauriens, impudiques qui, en général, vivent dans
le désordre et la débauche. En fait de religion, ils
ne savent que maudire Dieu ils recherchent l'oc
casion d'aboyer après le curé. Pesez donc bien
vos intérêts, et voyez qui vous devez obéir, aux
lois de l'Etat ou aux lois de l'Eglise.
Un jour, le curé comparait l'instituteur commu
nal Simon le Magicien, vendant l'âme des en
fants au diable pour quelques pièces de monnaie.
Il a dit que les enfants ne fréquentaient plus le
catéchisme, parce qu'on Ips confiait la crapule.
En chaire, le curé a conseillé d'arracher les affi
ches relatives l'exécution de la loi de 1879; ils
les traitait de placards infâmes.
Un jour, en parlant de Mgr Manning, archevê
que d'Angleterre, protestant converti, le curé dit
que Henri VIII était un pourceau couronné
ajoutant Nous en avons eu un aussi dans no
tre pays au moins celui-là était protestant (ou
n'était pas de notre religion, je ne puis affirmer
exactement ce qu'il a dit),mais il avait du carac
tère.
Un jour encore, en parlant des bons prêtres, il a
dit que les bons prêtres n'étaient pas ceux qui
avaient de la piété, ou une grande instruction théo
logique, mais ceux qui osaient attaquer et combat
tre de front les ennemis de l'Eglise, pour parvenir
vaincre celui qui se vante d'être l'enfouisseur du
cadavre du catholicisme.
Il a dit aussi que celui qui avait mis le feu
Bande (il y avait eu un grand incendie dans le
village) pourrait être pardonné, mais que ceux qui
mettaient leurs enfants aux écoles communales ne
pouvaient pas être pardonnes.
L'un des témoins qui rapportent ces dernières
paroles ajoute qu'elles ont exité l'indignation dans
toute la paroisse.
Le curé de Bande conseille aussi aux femmes de
se rendre maîtresses de leurs maris pour leur im
poser l'envoi des enfants l'école libre. Il les
engage, dans ce but, refuser le devoir conjugal
leurs époux en ajoutant Vous les tenez par le bon
bout.
Des dires répétés de plusieurs témoins, malgré
les dénégations du curé, il résulterait que c'est au
sermon que le curé a donné ces sortes de conseils
aux femmes. Ceci est un progrès, car jusqu'ici on
ne l'avait fait qu'au confessionnal.
Ce n'est pas le seul progrès qu'on doive au curé
de Bande. Il fait des quêtes domicile accompa
gné de deux abbés, du secrétaire communal et
d'un membre du conseil et refuse les sacrements
tous ceux qui ne veulent pas donner de l'argent
pour l'école catholique.
Choux pour choux, dit le curé.
Bon nombre d'habitants ont gardé leurs choux
et ont laissé les siens au curé. Son joli système a
produit ce résultat: sur une population de 830 ha
bitants, il y en a maintenant plus de 150 qui ne
font plus leur Pâques. Autrefois ceux qui étaient
refusés aux sacrements étaient marqués d'infamie,
maintenant on n'y prèle même plus attention.
Le curé nie devant la commission d'enquête;
mais invité faire connaître des personnes qui
pourraient corroborer ses dénégations, il demande
ne pas le faire.
Le curé de Grune rivalise avec son confrère de
Bande.
Pour des raisons de lutte scolaire, il a laissé
mourir, sans confession, une femme de sa commu
ne, malgré les démarches nombreuses du mari.
Après la mort, le mari s'est encore soumis et
fait des démarches auprès du curé pour qu'il en
terrât la défunte.
Il m'a répondu, dit le. mari qui dépose de ces
faits devant la commission, qu'il devait écrire
monseigneur et que je devais attendre jusqu'au
lendemain, 9 heures, qu'il ferait connaître la ré
ponse. Mais je n'ai reçu aucune nouvelle, ni
neuf heures, ni dix heures, ni a midi.
Pendant que le fossoyeur creusait la tombe, le
curé s'est renda auprès de lui et lui dit: Qui
t'a dit de creuser là cette fosse C'était l'endroit
ordinaire. Le fossoyeur lui répondit que c'était
l'écheviu Gustin, faisant fonctions de bourgmestre.
Le curé alors fit cesser le travail, il voulut faire
creuser une fosse dans le coin des réprouvés. Mais
le fossoyeur est allé trouver l'échevin Gustin ils
ont ensemble examiné la loi, et l'échevin a fait
continuer creuser la fosse l'endroit ordinaire.
Alors, chose singulière, vient un ouvrier du
château de M. le représentant Pety de Thozée, qui
se rendit au cimetière et demanda l'homme:
Que fais-tu là, toi? Si tu continues travailler,
tu n'auras plus rien au château, et pourtant on t'a
apprêté un bon paquet pour demain viens voir,
ce sera pour toi si tu ne travailles plus. Le nom
de ce journalier est Florent Slermon. Il a fini par
entraîner l'homme au château. Mme Pety de Tho
zée lui a demandé ce qu'il gagnait pour faire une
fosse. Il a répondu Deux francs. Alors elle lui
a donné deux francs, en lui défendantde continuer
a faire la fosse, ajoutant qu'elle lui enverrait le
lendemain un bon paquet d'habillements et c'est
ce qui a été fait.
J'ai dû prendre mon beau-frère et son fils pour
achever la fosse, ajoute le témoin.
Plusieurs personnes ont alors été trouver le
curé, notamment l'échevin. Il leur a répondu qu'il
voulait réfléchir jusqu'à six heures du soir avant
de prendre une résolution définitive.
L'oncle de ma petite-fille lui a dit que ce n'était
que les chiens que l'on enterrait la nuit.
Et moi, je n'ai pas voulu que le curé touchât
encore ma femme.
Tout le village a voulu assister l'enterre
ment.
L'indignation contre le curé était générale. Il
n'y a jamais eu autant de monde un enterrement
Grune. Bien des personnes avaient fermé leurs
maisons pour pouvoir y assister.
Tout le monde pleurait, excepté moi je ne sa
vait plus pleurer.
Plusieurs jeunes filles de la localité ont dit lu
chapelet, l'enterrement. Le curé, au confession
nal, le leur a plus tard reproché.
Voilà la façon dont prêtres et seigneurs condui
sent la lutte scolaire dans les campagnes.
A la rigueur, on comprend encore ce fanatisme
brutal et sauvage chez le prêtre, il défend sa puis
sance et sa bourse, et de plus on a étouffé chez
lui, par l'éducation, tout sentiment humain.
Mais voir des femmes que l'instruction eût dû
éclairer, que les faveurs du sort eussent dû rendre
bonnes, voir des femmes du monde poursuivre
la suite des curés, jusqu'au delà de la mort, des
malheureux qui n'ont fait que défendre leurs en
fants selon leurs convictions, vraiment cela révolte,
et c'est soulager la conscience humaine que de met
tre au pilori de pareils fanatismes.
L événement a prouvé que nous étions très-exac
tement renseignés quand nous avons, dit la Chro
nique. signalé la scandaleuse altitude des cléricaux
de Laroche. On sait, en effet, que dix-sept indivi
dus, en tête desquels M. Orban de Xivry, prési
dent du Conseil provincial du Luxembourg, sont
mis en prévention. Encore autant de petits saints
qui la presse catholique va conférer les palmes du
martyre.
Nous avons été également avertis du départ
précipité des petits-frères de Laroche, au moment
de l'arrivée de la Commission d'enquête.
On a eu l'aplomb de nier ce fait, en prétendant
que les petits-frères de Laroche étaient allés, selon
leur coutume annuelle, faire une retraite Ma-
lonne. Or, nous metlonsaudéû tous les petits-frères
du monde de démentir les fait suivant
II a été déclaré la Commission d'enquête que
sur l'ordre du doyen de Laroche, les frères avaient
avancé le jour de la distribution de leurs prix,
pour leur permettre de quitter la ville au plus tôt.
Il est faux que les chers frères soient allés
en relrête Malonne. Seul, le directeur y est allé.
Un frère s'est rendu Namur, un autre Saint-
Nicolas, un quatrième Alost. Deux des chers
frères étaient partis le malin même du jour où
leur directeur était interrogé par M. Scailquin.
On voit que les démentis si allègrement donnés
la presse libérale sont de la même valeur que
celui du frère Druon, de Braine-le-Comte. Le bon
Druon, quand la presse sigualé le pot-aux-roses
découvert chez les Maristes, a opposé aux révéla
tions qui se faisaient jour un démenti hautain et
arrogant. Il écrivait aux journaux libéraux:
La communauté des frères maristes est au com-
plet aucune accusation ne pèse sur elle.
Au moment où il avait l'aplomb d'écrire cette
lettre, le cher frère Druon avait déjà reçu troi fois
la visite du procureur du Roi il y avait eu trois
descentes de justice en son couvent. Et un grand
nombre d'élèves avaient été interrogés.
Et deux ou trois jours après, on pinçait Bru
ges le cher frère Gobertus, disparu de Braine-le-
Comte.
Us ont de l'aplomb, les frocards. Mais on sait
aujourd'hui ce que veulent leurs démentis.
Le Monde parle avec gravité de la situation
difficile que le Saint-Siège traverse il considère
comme imminent l'examen d'un départ du pape
pour une destination encore inconnue.
Sachez le donc, dit le journal clérical après
avoir exposé les éventualités prochaines, et
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