N° 712. Dimanche,
30 Octobre 1881.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'ÏPRES ET DE L ARRON DISSEMENT.
Cuique Suuiii
41e AHÉE.
LE
PROGRÉS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIRIT EUISDO.
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A pres, le 29 Octohre 1881.
Le Journal dYpres chante triomphe ses
candidats ne sont pas sortis victorieux de la lutte»
(il n'aurait manqué que cela), mais enfin Basile se
console de sa défaite en songeant qu'il en a essayé
de plus sanglantes encore dans le passé. Il est vrai
que nous n'avons eu qu'une majorité de 132 voix,
mais celle majorité serait considérée comme une
splondide victoire dans bien de localités; Ypres,
nous sommes gâtés parce que nous écrasons ordi
nairement nos adversaires, et quoi qu'ils en disent
et en pensent, ce sort leur est encore réservé dans
l'avenir. Si nous avons perdu quelques voix, nous
en savons la cause, c'est comme nous l'avons dit,
parce que toute augmentation d'impôts soulève un
certain mécontentement, et nous espérons bien
que nos édiles auront assez de tact et de prudence
pour que ce grief ne s'aggrave pas dans l'avenir;
notre avis, le Gouvernement doit venir en aide
la ville pour l'exécution des travaux qui ont une
utilité aussi incontestable, et cette intervention doit
être en proportion de ce qu'elle est pour d'autres
villes de l'importance d'Ypres; ainsi, nous voyons
que la ville de Tournai, qui a aussi exécuté de
grands travaux, a obtenu des subsides autrement
considérables que la ville d'Ypres.
Il est vrai que Tournai a pour représentants des
hommes capables et influents, des Crombez et des
Bara, tandis que nous avons des Biebuyck et des
Struye, il y a là une différence du tout au tout;
mais ayons confiance dans la justice du Gouverne
ment et espérous que sa large et équitable inter
vention dispensera d'établir de nouveaux impôts.
Constatons, du reste, que nos adversaires se
sont bien gardés de lutter sur le terrain politique
ils ont eu bien soin de mettre leur drapeau en
poche, et ils annoncent qu'ils ne l'étaleront pas de
sitôt l'avenir ils forgeront des griefè imaginaires
sur le terrain administratif et singeront les indé
pendants des grandes villes; mais nous leur arra
cherons leur faux nez et nous 11'aurons pas de
peine leur prouver qu'ils cherchent l'aide du
mensonge et de la calomnie, égarer et tromper
les populations.
Ce que le pays ignore et ce qu'il doit savoir, c'est
que .M. Eugène Struye, qui est censé nous repré
senter la Chambre,a obtenu 432 voix sur 1026
votants; de même, les cinq aigles, qui sont censés
nous représenter au Conseil Provincial, n'ont
obtenu que 432 et 436 voix
La ville d'Ypres n'est donc représentée aucun
degré; est-il étonnant d'après cela que nos intérêts
ne soient pas mieux défendus.
Jamais il n'a manqué moins d'électeurs nu
scrutin que Mardi.
Le nombre des inscrits s'élève 1124
Nombre des votants1026
qui n'ont pas pris part au scrutin 98
dont 23 décédés.
Le Journal d Ypres rappelant certain libelle
qui a paru la dernière heure, dénonce cet écrit
comme émanant de l'association libérale.
Si nous avions voulu, ajoute—l-iluser de
représailles, nous n'aurions eu qu'à reproduire
toutes les confidences que chaque jour on a dépo-
sées dans notre boîte.
Deux mots de réponse.
L'écrit auquel il est fait allusion, faut-il le dire?
n'émane pas de l'association. Jeté nuitamment dans
les boites privées ou glissé'sous les portes, il n'a
fait, pensons-nous, chez les libéraux comme chez
les cléricaux, qu'un saut dans le panier. Que
l'auteur de cette ineptie, quel qu'il soit, le sache:
pareilles élucubratious ne peuvent servir aucune
cause, celle de l'ennemi même exceptée.
A tenir compte toutefois de l'aveu échappé au
confrère clérical, pas mal de nos adversaires ont
essayé notre égard le même système de diffama
tion anonyme et brutale.
Nous pouvons dire, quant nous, et nous en
sommes fiers pour notre parti, qu'aacuu libelle
malhonnête n'a été déposé dans la boîte de noire
journal.
La Flandre libérale dit propos de la polémi
que électorale qu'elle a dû soutenir contre les or
ganes du cléricalisme gantois
Les honnêtes gens doivent se résigner parfois
de tristes besognes, celle laquelle nous venons
d'être condamnés est du nombre. Il e9l toujours
difficile de discuter avec fruit des questions de
chiffres daus un journaf; cela suppose tout au
moins deux adversaires de bonne foi. Or, 011 sait
la scandaleuse déloyauté que la presse catholique,
et tout particulièrement le Bien publique, ont
montrée dans leurs critiques de l'administration
communale. Nous sommes d'autant mieux placés
pour le dire, que nous n'avons jamais été les avo
cats de celle-ci, et que sur plus d'une question
matérielle, il nous est arrivé de ne point partager
ses opinions du Collège écbevinal.
C'est celte parfaite indépendance qui nous
donne le droit de protester avec une énergie indi
gnée contre le flot de calomnies grossières, dè
mensonges imprudents que l'on a dirigés contré
lui. A ce point de vue. aux yeux de tons les hom
mes honnêtes et sensés la polémique des journaux
cléricaux a constitué même un hommage involon
taire mais significatif, en sa faveur. Quel reproche
grave, en effet, a-t-011 pu lui faire avec une appa
rence de raison? Où sont les fautes sérieuses qu'il
a commises? Quel grief légitime fait- on valoir con
tre son administration? Il a fallu, pour mener la
campagne, que le Bien public se lançât dans celle
incroyable débauche de mensonges, laquelle
nous venons d'assister, avec un étonnement que
nous n'essayons pas de dissimuler. Jamais, nous
le disions hier et ne pouvons nous empêcher de le
répéter, jamais on n'a menti avec cette passion,
avec cette audace, menti aussi grossièrement
aussi platement.
Ces lignes peuvent s'appliquer parfaitement
ce qui s'est passé Ypres. D'ailleurs dans tout le
pays, le système suivi par les cléricaux a été le
raêmp, mentir contre l'évidence la plus éclatante
c'était la consigne, et elle a été pieusement exécu
tée partout.
Dans les résultats des élections du 23 Octobre
1881. il faut insister particulièrement sur les deux
points importants que voici
D'abord, les libéraux restent maîtres des quatre
grandes villes dont la conquête, il y a quelques
mois, était considérée comme certaine par les clé
ricaux.
Ensuite, c'est précisément dans les villes où les
cléricaux comptaient surtout engager la lutte pour
les élections législatives de l'an prochain, que nos
amis politiques remportent les victoires les plus
significatives et les plus éclatantes. Les cléricaux
ne pouvaient guère songer livrer sérieusement
bataille Bruxelles et Liège que pour autant
qu'ils auraient pu s'emparer des hôtels-de-ville de
ces deux grandes cités Verviers, sur lequel ils
comptaient tant, leur échappe. Gand, «ans lequel
ils ne sauraient revenir au pouvoir, les écra9e
1700 voix de majorité! Dès présent le main
tien de la majorité libérale en juin 1882 ne fait
plus l'ombre d'un doute, et la loi scolaire, le véri
table, le seul enjeu de la lutte qui s'est engagée
mardi, est hors de toutes les atteintes de la coterie
ultramontaine.
Dans l'ensemble, la situation rappelle peu de
chose près celle de 1837. Gomme alors, sauf de
rares exeplions, les communes les plu» importan
tes du pays se prononcent on faveur de la politique
libérale. Et si méméoti songw aux efforts inouïs du
parti clérical, aux miile moyens employés par lui
pour tromper le corps électoral et égarer l'opinion
publique, on en arrive conclure que la victoire"*