j\° 735. Jeudi,
42e ANNÉE.
18 Juuvier 1882
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET l)E L'ARRONDISSEMENT.
La Ghaïubre.
PROGRES
I»ABAISSANT LE JEUUÏ ET LE fïlMANCOE.
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BULLETIN POLITIQUE.
Le ministère français a décidé de faire afficher
dans toutes les communes de France le texte du
projet de loi sur la révision de la Constitution, lu
la Chambre par M. Gambelta. Il ne doute pas
que ce projet ne reçoive dans le pays un meilleur
accueil que celui qu'y fait la Chambre.
M. Gambelta ne veut garder le pouvoir qu'à
une condition, c'est que la Chambre lui donnera le
scrutin de liste. On lui refuse le scrutin de liste et
on l'engage rester la tête dn ministère. Ce serait
le "comble de la naïveté si ce n'était celui de l'ironie
perfide et malveillante.
La résolution de M. Gambelta a été mûrement
délibérée et elle est arrêtée iitébran! îbleirent; Nou9
ne pouvons pas, découvrir le moindre motif en
blâmer le chef du cabinet français
Les informations sur l'état des négociations
commerciales avec l'Angleterre continuent être
plus favorables. On a décidément l'espoir qu'el
les aboutiront avant peu au renouvellement du
traité.
La Gazette dltalia annonce que le président de
la Chambre italienne, d'accord avec le ministère,
aurait décidé de ne pas mettre l'ordre du jour des
bureaux la discusion du traité de commerce fran
co-italien, avant que ce dernier n'ait été approuvé
par le Sénat français.
L'approbation du traité franco-néerlandais par
les Etats-Généraux de Hollande paraît, d'autre
part, rencontrer une opposition persistante la
Haye.
La porte ottomane a décidément jugé qui lui
fallait répondre la note indentique que la France
et l'Angleterre ont adressée au khedive d'Egypte.
Quoi que cette note ne concernât directement que
ce prince, le Sultan a compris qu'elle renfermait
un adverlissement son adresse, et il a cru y voir
une atteinte ses droits desuzerein; il a, en con
séquence. adressé une note respoosive aux cabi
nets de Vienne, Berlin, Rome et Saint-Péters
bourg.
La Chambre des représentants de Prusse s'est
définitivement constituée par l'élection de son
bureau. Le parti ultramontain, comme au Parle
ment, y a obtenu la plus grosse part.
L'assemblée aussitôt constilutée reçu commu
nication du projet de loi ecclésiastique vaguement
indiqué dans le discours du Trône.
Les concessions du gouvernement la curie
romaine vont assez loin. Mais il n'est pas douteux
q+i'elles ne soient agréées par Ja Diète étant don
nées les dispositions favorables que les groupes les
plus importants du Parlement ont manifestées
l'égard d'un apaisement du conflit religieux. Le
seul point sur lequel vraisemblablement on puisse
attendre quelque opposition, c'est la question des
pouvoirs discrétionnaires. Le sentiment ne parait
plus être ce genre de pouvoirs accordes au gou
vernement.
La Gazette de VAllemagne du Nord fait en
trevoir la possibilité de fâcheuses complications
entre le Conseil fédéral et le Reichstag. si le Ion des
débats parlementaires continue être aussi incon
venant.
e-c-ïV'i rijjrtflgjjitt
La Chambre des représentants a repris ses Ira-
vaux Mardi dernier.
En tête de son ordre du iour figurent ic traité de
commerce, la convention de wvigalion et la con
vention littéraire conclus avec la France.
Viendront après, les budgets des dotations, de la
ndarmerie et. des non-valeurs et rembourse
ment.
Enfin, LA LOI SUR LA PRESSE, qui d'après
quelques confrères, devait se trouver en tète de
l'ordre du jour, se trouve la queue.
Cela n'équivaut-il pas un nouvel ajourne
ment?
Nous le craignons fort, dit Y Avenir des Flan
dres. s'il faut ajouter foi l'affirmation de la Paix,
le journal de M. Coomans.
Nous pensons bien que les membres de la gau
che ne se font pas les confidents de M. Coomans
toutefois, si nous consultons les antécédents, et
surtout cette idée de M. Bara de ne pas aboutir
il est fort craindre que l'on ne renvoie le projet
de loi sur la presse aux calendes grecques et que
l'on ne réponde aux justes réclamations des jour
nalistes par nue (in de non recevoir.
Les journaux continueront donc être soumis
l'arbitraire de quelques magistrats, qui bien sou
vent. sous leur robe, cachent l'homme politique; on
verra donc encore certains organes être frappé de
condamnations 2000 francs et même davantage.,
sans qu'il leur soit permis de se pourvoir en appel.
C'est là. vraiment, un régime scandaleux!
Voici un nouveau mandement d'évêque. une let
tre vraiment pastorale.On dirait qu'elle est écrite
l'adresse de notre clergé, dont elle blâme tous les
actes révélés par l'enquête scolaire. Hélas elle
vient encore d'au-delà de la frontière: c'est l'œuvre
de Mgr Lamazou, évêque de Limoges. Nos lecteurs
jugeront, eu entendant ce langage évangélique, si
l'épiscopal belge est en droit de se plaindre du sou
lèvement d'opinion que sa conduite provoque dans
toute l'étendue de notre pays. Evidemment, la
religion est complètement dévoyée en Belgique;
ce n'est plus qu'une doctrine politique, et c'est un
évêque qui démontre tous les yeux ce qu'elle
devrait être:
La chaire chrétienne, dit Mgr de Cambrai, n'est
point faite pour s'abaisser une sphère aussi mobile
(celle de la politique), s'occuper d'intérêts aussi exclu
sivement humains, plus forte raison, dans une société
aussi divisée que la nôtre, se mêler aux luttes et aux
rivalités des partis. Il faut donc prêcher l'Evangile,
c'est-à-dire l'amour de Dieu et du prochain, l'accom
plissement de ses devoirs de religion et de ses devoirs
de l'Etat, la pratique de la douceur et de la charité, le
pardon des injures, la sévérité pour soi, l'indulgence
pour les autres, et le respect pour tous. Avec cette
sublime doctrine que Notre Seigneur Jésus-Christ nous
a chargés d'enseigner au monde, nous avons un vaste
et magnifique champ ouvert devant nous. Aucune puis
sance humaine n'a le droit d'y gêner notre liberté. Le
jour où on voudrait nous imposer silence, nous répon
drions avec l'indépendance et la fierté des apôtres Il
faut plutôt obéir Dieu qu'aux hommes.
Pour ne pas s'exposer faire fausse route en chaire,
il faut préparer avec soin ses instructions, ne pas
s'abandonner aux hasards de l'improvisation et aux
saillies de son caractère. 11 faut s'inspirer de l'esprit de
notre divin Rédempteur. On est en chaire pour guérir
et non pour aigrir, pour enseigner et non pour récrimi
ner, pour élever les cœurs vers Dieu et non les laisser
dans les régions inférieures des vulgarités humaines.
Un curé doit être le curé de tous ses paroissiens un
évêque doit être l'évêque de tous ses diocésains. Il ne
doit donc point froisser ou s'aliéner ceux qui, sur les
questions livrées aux controversés des hommes, ne pen
seraient pas comme lui. Ce serait diminuer la reli
gion que de vouloir l'adapter un régime politique.
Rendons César ce qui est César, et Dieu ce qui est
Dieu. Au nom des droits sacrés de la liberté humaiue,
le prêtre peut avoir ses préférences politiques; mais ce
n'est point pour les affirmer et les propager en chaire
qu'il est prêtre.
Nous allons encore plus loin. Dans vos conversa
tions particulières, soyez également très réservé, très
prudents, quand il s'agit de juger les autorités locales.
Si vous avez du bien dire, vous pouvez parler sans
scrupule mais, lorsqu'il y aurait un langage différent
tenir, gardez le silence ce sera plus sage et plus
chrétien. Pendant la retraite ecclésiastique, nous vous
avons fait cette observation quand on critique et blâme
devant une seule personne un maire, un adjoint, un
instituteur, on n'est pas bien sûr que ses paroles ne
seront pas divulgées; lorsqu'on profère cette critique
et ce blâme devant plusieurs, on peut être certain qu'el
les le seront. Mais c'est moins par prudence humaine
que par charité évangélique qu'il convient d'éviter ces
sujets de froissement et de mécontentement.
Un évêque qui parlerait et agirait ainsi dans la
situation où se trouve notre pays, passerait aux
yeux des populations pour un revenant. l'un
des premiers apôtres du christianisme, et nous
osons affirmer qu'il ne trouverait pas un critique
dans tout le parti libéral.
C'est assez dire que le libéralisme n'es! pas un
parti anti-religieux, et qu'au contraire le parti qui
soutient nos évèques actuels envers et contre tous
est exclusivement politique. Etoile Belge).
Il y a quelque temps déjà nous parlions mande
ments où l'évêque de Gap. devenu depuis évêque
d'Amiens, prêchait la consiliation et invitait de