IV 740. Dimanche,
42<-
5 Février 1882.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL "Y P. il ES ET DE JLJARRO.N DI-SîSEWE NT.
Chronique Parlementaire.
Ypkes, le 4 Février 1882.
Un grand nombre de personnes de cette
ville ont reçu, par la poste, la lettre originale
de faire part que voici
La réunion aura lieu la mortuaire.
Hodié m1hi cras tibi.
On se demandait généralement quel était cet
original? Rassurez-vous, lecteur, ce n'est pas
un autre Vaughan. Pype n'a jamais vécu que
pour la joie et le plaisir. Né Ypres le 24
Mars 1826, il quilta la ville bien jeune encore
pour Paris, où il apprit l'état de tailleur
après y avoir réalisé quelques épargnes, il
alla s'établir Bruxelles où il continua se
livrer sa profession.
Pype appréciait surtout l'excellente table de
notre hôtel de La Tête d'Or, si justement ap
précié par tous les voyageurs, et il y venait
souvent filer des jours heureux.
Il avait d'ailleurs beaucoup d'amis en notre
ville et il n'a pas voulu la quitter, sans faire
au profit de plusieurs d'entre eux des actes de
libéralité.
Sa mémoire allait être oubliée lorsqu'une
lettre de M. le notaireMarroye est venue faire
connaître l'Administration communale que
Pype léguait cinq cents francs au Comité du
Denier des Ecoles pour être distribué aux
élèves des Ecoles sans Dieu.
Nous avouons franchement que nous ne
partageons pas les opinions de l'honorable
membre sur ces deux questions. Nous ne vou
lons ni du suffrage universel, ni de la réfor
me de la Constitution, et nous avons la con
viction que ces deux réformes ne répondent ni
aux aspirations ni aux vœux du peuple belge.
ANNLR.
PROGRÈS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES AOQUIHIT EUNDO
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M.
Monsieur Adolphe Pype a l'honneur de
vous informel- de son départ pour l'autre
monde et il vous prie de lui donner un pas de
conduite au cimetière d'Evère où il sera trans
porté civilement le 22 Janvier 1882, 2 1/2
heures,
Monsieur Adolphe Pype, dit Pierre,
né Y près, le 24 Mars 1826 décédé Bruxel
les, le 19 Janvier 1882.
Il quitte cette terre sans regretsvu les souf
frances de ses dernières années.
Il se recommande votre bon souvenir.
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La Chambre des Représentants a repris Mardi la
discussion générale de la prise en considération de
la proposition de M. Malou et consorts, tendant
l'extension du droit de suffrage par la réduction de
l'impôt foncier, l'établissement d'une taxe d'occu
pation, l'augmentation de 22 p. c. des contributions,
la transfusion des centimes additionnels provin
ciaux et communaux dans les caisses de l'Etat,
l'extension du tiers foncier aux domaines urbains,
et cinq ou six autres dispositions plus compliquées
les unes que les autres.
M. Malou n'est pas entré dans les détails; il s'est
tenu aux généralités ou plutôt aux banalités. Dans
les longues considérations dans lesquelles il est
entré et que la diction de l'orateur ne rend pas
toujours aisées suivre, ou a vainement cherché
le but réel auquel répondait le bouleversement
fiscal proposé par l'opposition. Elle demande une
réforme électorale sans rime ni raison, parce que
la chose parait être de mode ou de saison, pour
faire la concurrence aux radicaux; mais qu'on ne
lui prête pas la moindre préoccupation de tactique
ou de politique M. Malou se laisser aller un
sentiment de parti Fi donc Rien n'est plus
éloigné de sa manière de voir. Le jour n'est pas
plus pur que le fond de son cœur. Et il donne un
argument qui a son côté piquant. Si nous n'étions
pas désintéressés comme nous le sommes, dit-il,
nous demanderions le suffrage universel, car, c'est
notre conviction profonde, le suffrage universel
donnerait aux catholiques une forte majorité dans
les Chambres et elle leur donnerait une majorité
durable.
Avis aux libéraux qui s'imaginent que le suf
frage universel aiderait au triomphe du libéralisme.
Mais qu'on ne se laisse pas prendre au désintéres
sement de M. Malou et de ses amis.
Après M. Malou, M. Coomans a cherché
mettre les membres de la gauche avancée en con
tradiction avec eux-mêmes, avec leurs program
mes électoraux, parce qu'ils n'acceptent pas le
projet de M. Malou M. Coomans n'approuve pas
la proposition de M. Malou toutefois il la votera
en attendant mieux, c'est-à-dire le suffrage uni
versel.
M. Jotlrand, qui a succédé M. Coomans, est
convaincu qu'il est urgent, dans l'intérêt de la
force et de l'union du pati libéral, qu'on s'occupe
sans retard d'une modification profonde du système
électoral actuel. Mais il croit qu'on pourra parfai
tement y arriver en se faisant des concessions mu
tuelles et qu'avant de toucher l'article 47 de la
Constitution, il importe de faire l'expérience d'une
extension du droit de suffrage appliquée la pro
vince et la commune.
M. d'Elhoungne a annoncé, de même que M.
Jotlrand. qu'il voterait la prise en considération de
la proposition Malou, non seulement par déférence
pour son auteur, mais encore pour l'intérêt et
l'importance que présente la question elle-même.
L'honorable député de Gand ne repousse pas tous
les points du projet de M. Malou c'est ainsi qu'il
voudrait voir passer l'Etal les centimes addition
nels provinciaux et communaux, ce qui permet
trait déjà d'augmenter assez considérablement le
nombre des électeurs généraux M. d'Elhoungne a
combattu les autres dispositions du projet de M.
Malou dont il a fait ressortir les inconvénients.
Après M. d'Elhoungne, c'est M. le ministre des
affaires étrangères qui a pris la parole. L'honorable
chef du cabinet a commencé par reconnaître tout ce
qu'il y avait de juste et de légitime rechercher
d'appeler le plus grand nombre de personnes pos
sible la participation aux affaires publiques,
l'électoral; mais il importe de n'y appeler que ceux
qui en sont dignes et capables. C'est dans instruc
tion. dans !c développement de la loi de 1870 qu'il
faut trouver la base d'une réforme électorale. En
dehors de la capacité, ce n'est plus que le nombre
qui décide, et M Frère-Orban refuse de s'incliner
devant ce Dieu du jour. En passant. M. le
ministre di s affaires étrangères a rappelé ce qu'il y
avait de bon dans la loi de 1870, loi que les catho
liques, dès l< ur arrivée au pouvoir, se sont empres
sés de supprimer.
M. le ministre des affaires étrangères a ensuite
combattu la proposition de M. Malou qui n'a
d autre but que de ramener les catholiques au
pouvoir et qui. contrairement ce qu'à dit son
auteur, ne constituerait qu'une bien faible barrière
contre le suffrage universel, si tel était son carac
tère. Le projet de M. Malou. s'il était admis, auto
riserait toutes les entreprises des partis pour resai
sir un pouvoir qu'ils ont perdu, et aurait pour
effet de faire renaître toutes les fraudes électorales
et les faux électeurs que le législateur s'est efforcé
de supprimer. M. le ministre des afftires étrangè
res ne s'oppose cependant pas la prise en consi
dération du projet de M. Malou. car il est convaincu
qu'il sera très facile d'en faire justice.
C'est M. Janson qui a succédé M. Frère-Orban;
il a commencé par prendre acte avec satisfaction
de la déclaration que M. le ministre des affaires
étrangères avait faite au début de son discours, au
sujet de l'extension du droit de suffrage, mais
l'honorable député de Bruxelles ne paitage pas les
opinions de M. Frère-Orban sur ce qu'il a appelé
le Dieu du jour. Pour M. Janson le nombre
c'est la justice.
M. Janson, examinant ensuite de plus près la
question de la réforme électorale, a déclaré qu'il
ne demandait pas hic et nunc le suffrage univer
sel et qu'il considérait comme inaptes d'être élec
teurs ceux qui ne savent ni lire ni écrire. Il a
surtout attaqué l'article 47 de la Constitution et
exprimé l'espoir que bientôt il y aurait la Cham
bre une majorité pour en voler la suppression,
pour faire disparaître cette disposition qu'il consi
dère comme une injure portée l'immense majorité
de la nation belge.