Le grand scandale de Tournai.
N<> 757. Jeudi, 42® aimée.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'APRES ET ϻE L'ARRONDISSEMENT.
6 Avril 1882.
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Les annoiiCTrfti' ta Belgique et de l'Etranger sont r. eut\s par i'Arjence. Hacas (Publicité), 89, Marché-aux-Herbfes, Bruxelles et chez ses correspondaitts
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C°] 58. Park Row-New-York.
Les vacances parlementaires en France permet
tront M. de Freycinet de s'occuper avec plus de
suite de l'affaire tunisienne et de la loi d'organisa
tion promise par le gouvernement. Le protectorat
français en Tunisie est un fait sur lequel il n'y a
plus'à discuter. 11 s'agit de mettre en harmonie
avec ce protectorat les rapports entre le gouverne
ment tunisien et l'étranger; c'est là une question
la fois diplomatique et administrative. Il faut, eu
outre, réorganiser les finances, l'administration, la
justice et l'armée. Le gouvernement avait déjà
annoncé qu'il ferait connaître son plan la rentrée
des Chambres. Il a ajouté Samedi, devant le Sénat,
quelques détails. Il a fourni quelques renseigne
ments sur la forme qu'il donnera ses projets de
réorganisation. Le gouvernement ne soumettra pas
au Parlement un projet de règlement administratif
pour la Tunisie en ce qui concerne la réforme
administrative, il procédera par voie d'instructions
données ses agents.
Les Chambres françaises se sont séparées jus
qu'au 2 Mai prochain.
La nomination de M. Gambetla comme prési
dent de la commission de l'armée a soulevé quelque
émotion dans les rangs de la majorité ministérielle:
on dirait vraiment que pour certains républicains,
M. Gambelta n'a plus le droit de rien être dans
cette République qui, sans lui, aurait probable
ment sombre lors de l'aventure du 16 Mai. En
prenant possession de la présidence de la commis
sion dont il s'agit, le dictateur s'est borné
adresser quelques paroles de remerciement pour
l'honneur qui lui était fait, et il a ajouté qu'il
faisait appel au dévouement de tous les membres
de la commission pour élaborer promptement l'im
portante loi qui est confiée leurs soins.
En Italie, on est toujours fort préoccupé de
l'affaire de Tunisie. Le Popolo romano y consacre
un nouvel article dont il faut reconnaître la sa
gesse. La France, dit-il, veut, cela est clair,
exercer la prépondérance sur les côtes de l'Afrique.
L'Europe le lui a permis et nous ne pouvons cer
tainement revenir sur les faits accomplis. Devons-
nous donc rester furieux per omnia secula secu-
lorum ou uous rendre au nouvel état de choses,
pourvu que notre dignité soit sauvegardée, que
nos intérêts ne soient pas lésés et que les droits
acquis par traités demeurent respectés Le choix
ne saurait être douteux pour le Popolo romano.
Ce journal croit qu'il faut mieux, pour les intérêts
de l'Italie, ne pas continuer entretenir une
irritation dangereuse.
La Correspondance de Pesth, organe officieux,
donnj la nouvelle que le voyage de l'Empereur et
de l'Impératrice en Italie aurait lieu quand le roi et
•a reine d'Italie se fixeront Monza, leur résidence
d'été.
La Gazette de l'Allemagne du Nord affecte de j
se dire très satisfaite de la situation créée par le
vote de la loi politico ecclésiastique. A ceux qui
disent que M. de Bismark est allé Canossa, elle
croi: répondre suffisamment en montrant le centré
ullramoetain se résignant suivre l'Etat sur son
propre terrain, le terrain des pouvoirs discrétion
naires. u II reste maintenant savoir, dit la feuille
officieuse, si la Chambre des seigneurs adoptera la
loi polilico-ecclesiastique votée pat la Chambre des
députés. Si oui, le gouvernement verra alors
prendre une résolution il se peut, que le gouver
nement consente laisser tomber ses objections.
En ce cas, il aura une fois de plus témoigné de sa
condescendance envers la représentation nationale,
alors même qu'il diffère d'avis avec elle.
On nous confirme, en effet, de Berlin que l'on y
regarde comme probable l'adhésion finale du gou
vernement la loi telle qu'elle a été volée.
M. de Bismark en particulier aurait laissé pres
sentir son assentiment, mais il se pourrait néan
moins que la sanction royale se fil attend.e,
suivant l'altitude du centre au Parlement allemand.
Une dépêche assure que la convoealiou du
Reicbslag est annoncée pour le 24 Avril.
Le monopole des tabacs compte déjà, dit-on. au
couseil fédéral une majorité de 36 voix contre 21.
Dans plusieurs villes d'Espagne, Barcelone
notamment, des troubles assez sérieux ont éclaté
au sujet de l'augmentation des taxes de l'octroi.On
a proclamé l'état de siège, et le télégraphe nous
annonce ce matin que Barcelone est tranquille.
Allons, tant mieux
Signalons un petit incident: les émeuliers ayant
incendié les aubettes de l'octroi et mis les gabelous
en fuite, beaucoup de négociants et de détaillants
se sont empressés d'introduire en ville d'énormes
quantités de marchandises et de produits divers
soumis aux taxes. Bons habitants de Barcelone
La Vérité donne, sur cette affaire, les nouveaux
détails que voici
En Mai, avant de faire le coup, Bernard né
gocia une partie des valeurs du coffre-fort et les
changea, chez un changeur de Tournai, en valeurs
américaines. Il avait donc déjà en perspective le
Canada.
Mais ce qui ne donne pas une mince idée de
l'audace de Bernard, c'est qu'il revint en Août
Tournai, probablement pour emporter ce qui
restait au fond du sac.
Il est aujourd'hui certain que la somme raflée
dépasse beaucoup de deux millions.
Le changeur, dout nous avons parlé, aurait été
interrogé on aurait aussi, paraît-il, saisi des bor
dereaux.
Tous ces renseignements sont bien étranges.
Comment se fait-il qu'on ait laissé le chanoine
Bernard prendre son temps, pour faire toutes ses
opérations de change, aller au loin mettre ses
valeurs en sûreté et revenir audaeieusenieui
Tournai, une couple de mois après, en Août, en
vue de compléter sa raflé d éçus?
L assurance et l'audace impunie du chanoine
fout supposer tout au moins des complaisances
inouïes.
Nous avons reproduit, d après la Tribune de
Mons, la nouvelle de I arrestation de M. Sylvain
Bernard, sous-chef de station et frère du chanoine
Bernard.
Celte nouvelle est absolument inexacte et nous
nous empressons de la rectifier.
M. Bernard a été interrogé il y a huit jours par
le juge d'instruction de Charleroi, rien de plus.
Nous ne savons si le chanoine Bernard a perdu
la boule, comme l'insinuait l'autre jour Y Escaut
d'Anvers, au moment où il prenait sou vol pour
le Canada avec le magot de l'évêché.
Mais ce qui est certain, c'est que les feuilles
cléricales Belges sont en train de déménager.Voici
qu'elles donnent entendre qu'il serait bon d'arrê
ter M. le ministre de la justice, M. Janson, M. A.
Lefebvre. M. Dumont, M. Bormans, procureur du
roi, M. Bonnet, juge d'instruction, etc., etc.
11 n'y a plus guère qu'une seule arrestation que
les saints journaux ne réclamant pas: celle du
voleur.
Voici quelques couplets d'une chanson qui a
pour auteur un de nos libéraux campagnards et
qui se chantera probablement dans plus d'un caba
ret de village
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acquirit eundo.
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BULLETIN POLITIQUE.
Deux million* volé* par un chanoine.
Un élégant abbé galant,
Vrai Narcisse d'Eglise,
Vient de commettre, en délatant,
Un krack qui scandalise
Pic-pocket doublé d'Escobar,
Il opère la grecque.
Voilà le chanoine Bernard R
Qui Berne son Evêque.
Ce saint homme, ce qu'il paraît,
Inspirait confiance
Aussi cet abbé dameret
Volait en conscience.
On s'aperçut, mais un peu tard,
Qu'il exploitait la mitre.
Voilà le chanoine Bernard R
Qui berne le Chapitre. j