Nouvelles locales.
Une enquête est ouverte en ce moment en France
sur le projet d'établissement du canal maritime de
l'Océan la Méditerranée.
Une grande commission présidée par le ministre
des travaux publics et composée de 38 membres
sénateurs, dépulés, représentants des ministères, in
génieurs des ponls et chaussées et de la marine, est
chargée de donner son avis sur la suite dont ce projet
est susceptible.
Un avant projet, dressé par M. Godin de l'Epinoy,
a été présenté a l'administration par une société
d'études constitutée sous la présidence de M. De-
clerc, sénateur. D'après l'auteur, l'exécution de
ce grand canal maritime, qui aurait 407 kilomètres
de Bordeaux Narbonne, coûterait 550 millions,
mais une commission mixte instituée par le gouver
nement, a porte, cette évaluation un milliard et
demi
C'est l'écart entre ces deux chiffres quia détermine
le ministre des travaux public de France créer la
grande commission dont nous venons de parler.
La France ne recule pas devant l'énormité de la
dépense et prend très au sérieux ce projet dont la
réalisation supprime, pour les navires qui se rendent
de nos parages dans le Nord de la Méditerranée, la
nécessité de contourner une péninsule qu'il a plus
de 3,000 kilomètres décotes.
Le canal de Bordeaux Narbonne pourra recevoir
les navires du plus fort tonnage.
Au point de vue militaire, il est d'une très grande
importance, puisqu'il permet aux escadres françaises
de communiquer d'une mer l'autre sans passer par
Gibraltar.
La petite ville de Messines vient d'être, 2 fois de suite, le
théâtre d'un spectacle bien émouvant et agréable pour tous
ses habitants. Le 10 Mai 1882, Sa Majesté le Roi, accorda
M. Deleu, Instituteur Communal, la croix civique de Ie
classe. L'émotion, qui suivit immédiatement cette nouvelle,
est chose indicible, et en quelques heures, elle fut portée
jusque dans la plus humble chaumière. Ah quel soirée
splendide pour M. Deleu, que celle, où il lui était permis de
voir cet immense concours de monde venir spontanément se
placer devant sa demeure, pour lui faire une de ces mani
festations populaires qui ne peuvent se produire que lorsque
vraiment on est entouré de la sympathie et de la considéra
tion de ses concitoyens Les Sociétés de Musique, de Pom
piers, de Secours Mutuels et des membres représentant
toutes les autres Sociétés auxquelles il faut ajouter
Administration Communale, notabilités de l'endroit, institu
teurs des villages voisins, tout ce monde-là se trouvait en
un moment donné réuni sur la Place, pour adresser celui
qui fut pour eux tous, devons-nous dire, un bienfaiteur,
leurs bien sincères félicitations. Qui connaît Messines, com
prendra avec quels transports de joie, avec quels honneurs
on a salué le modeste Instituteur de village Ce ne fut que
lorsque tout le monde avait serré la main M. Deleu, qu'un
moment de calme se fit parmi la foule délirante de joie, pour
laisser la parole au Bourgmestre d'abord pour présenter au
nom du Conseil Communal et de toute la population de Mes
sines des paroles de félicitations, et M. Deleu ensuite, pour
faire une réponse digne, patriotique, électrisant la foule,
qui, aux acclamations les plus chaleureuses, conduisit
M. Deleu, vers l'Hôtel-de-Ville, où d'habitude les messi-
nois, donnent libre cours leurs pensées, leur joie,
leur entrain.
C'est vraiment un spectacle digne d'admiration de voir
une petite localité des Flandres, faire d'une façon aussi
digne les honneurs un Instituteur, et surtout un Institu
teur communal. Quelle culpabilité aux yeux du clergé
Mais passons les réflexions et disons de suite» que pen
dant toute la nuit, on s'est livré aux chants, aux plaisirs,
sans que rien ne soit venu troubler la fête.
Ce n'était là encore que le commencement, le prélude
d'une fête, bien plus grande, plus imposante qui devait se
faire celui qui venait d'être l'objet de cette ovation.
Une idée généreuse suivit de près cette manifestation,
idée due un groupe de bons messinois. On résolut de faire
un appel tous les anciens élèves de M. Deleu, pour lui of
frir un banquet: cette idée large fit son chemin, et en peu
de temps les plus nombreuses adhésions arrivèrent de tous
les coins du pays et prouvèrent que bon accueil était fait
cette proposition.
Cette seconde fête revêtant un caractère plus élevé que la
première fut fixée pour le 19 Juin 1882, c'est-à-dire quel-
jours après le terrible écrasement du cléricalisme c'est déjà
assez faire pressentir le succès de la fête!
Dès le matin de cette journée, la commune présentait un
aspect animé. On voyait de tous côtés des jeunes gens de
corvée pour faire les dernières préparatifs la salle où de
vait se tenir le banquet. De tous côtés encore, on voyait les
habitants apporter qui une fleur, qui quelque autre orne
ment, rivalisant l'envi pour apporter leur quote part la
manifestation du jour. Encore quelques heures, et on allait
pouvoir, dans une pensée commune avec les étrangers, an
ciens élèves, fêter un noble citoyen de Messines.
Vers 4 heures de l'après-midi, tout le monde était déjà
sur pied toute la Grande Place, sans abstention faut-il dire,
était pavoisée et la musique se tenait prête marcher au
premier signal. Inutile de dire que les enfants de l'Ecole
se livraient aussi aux ébats les plus joyeux, et que ces jeu
nes enfants, plus tard les citoyens de l'avenir, pressentaient
déjà que quelque fête patriotique devait se célébrer en ce
jour.
Mais voici l'heure Le signal est donné et la musique se
place en rang avec les nombreux élèves, entourés de tous
les habitants de Messines, pour se rendre vers la demeure
de M. Deleu. Déjà les airs retentissent des sons les plus
joyeux, et la musique en tète,on arrive chez M. Deleu, d'où,
après quelques paroles adressées par les membres de la
Commission, l'on se rend vers l'Hôtel-de-Ville, suivi du hé
ros de la fête et de ses fils aînés, qui aussi l'on voulut lais
ser le beau souvenir d'une fête consacrée leur père.
On entre l'Hôtel-de-Ville dans la salle du banquet. Je
me hâte de le dire, le coup d'œil était féérique. Dans le
fond de la salle, sur une estrade l'on voyait en relief entouré
d'une belle verdure le buste de Léopold II. Des haies bien
verdoyantes, parsemées de roses multicolores, produisaient
déjà un charmant effet par toute la salle mais l'esprit ingé
nieux des organisateurs ne s'est pas arrêté là, une fontaine,
jet d'eau continu, sortant d'un rocher artistement imité,
sur lequel étaient étalées de nombreuses plantes (toute la
flore de Messines!) le tout se trouvant dans un petit jardin,
aux parcs de fleure les plus variées, faisait certainement le
plus ravisant tableau que I on puisse imaginer, et inspirait
de suite aux convives une gaité qui ne devait plus les quit
ter toute la soirée. Quant la table elle-même, elle était
soigneusement dressée et réglée avec le plus grand propos
pour recevoir 75 convives. Son ensemble aussi était joli, et
les petits drapeaux tricolores s'associaient très bien avec les
pièces montées qui y figuraient.
Mais arrivons la description du banquet même.
Comme d'habitude, tout s'est passé tranquillement jusqu'à
l'heure des toasts qui vient toujours donner la note gaie de
la fête et jeter l'entrain parmi les convives. Le moment est
arrivé Mr le Greffier C. Vestibule, Président de la Com
mission organisatrice se lève d'abord, et porte dans des ac
cents patriotiques et bien inspirés le toast au Roi c'est aux
applaudissements les plus enthousiastes que tout le monde
boit la santé de notre bien-aimê monarque.
Le toast Monsieur Deleu, fut porté par Monsieur le Doc
teur Logie, avec un talent qui a véritablement fait impression
sur tous les convives. Il a rappelé, au nom des anciens élèves
de Monsieur Deleu, la conduite de leur ancien Instituteur
vis-à-vis d'eux tous; en termes élevés, il a indiqué ce que
tous ils ont été, ce qu'ils sont aujourd'hui il a montré, d'une
façon saisissante, toutes les conséquences d'avoir un bon
Instituteur dans un village enfin, prenant un ordre d'idées
plus élévées, il a établi que l'instruction populaire est chose
bien trop importante pour qu'on la confie des maîtres et
maîtresses sans intelligences et sans diplômes. On ne vend
pas l'instruction, s'est-il écrié, dans un magnifique mouve
ment d'improvisation, comme on vend du café ou du sucre.
Je regrette de ne pouvoir produire in extenso les magnifi
ques paroles, les savantes idées contenues dans ce toast si
entraînant. La péroraison n'a pas moins produit un vif effet,
et les applaudissements les plus enthousiastes, ont prouvé
que le cher ancien concitoyen, au nom de ses camarades,
avait bien traduit les sentiments de tous l'adresse de leur
cher Instituteur. Les idées si bien coordonnées, si bien pen
sées et surtout si bien dites, par un camarade si justement
populaire auprès des Messinois, laisseront longtemps auprès
d'eux la plus agréable impression.
Le Bourgmestre a porté alors un toast, Monsieur Deleu,
au nom du Conseil Communal et lui a renouvelé l'occasion
du banquet organisé par les anciens élèves, tout l'attache
ment que lui porte son Conseil et la population de Messines
et en leur nom, il a présenté un magnifique bouquet.
C'était le tour de Monsieur Deleu, tout le monde s'appro
che de la table d'honneur et semble vouloir ne rien laisser
échapper des paroles qu'il va prononcer. Monsieur Deleu,
fortement ému, commence par remercier et M. Logie et M.
le Bourgmestre des généreuses paroles qui lui ont été adres
sées sa parole faible d'abord, encore trop sous le coup des
fortes émotions par lesquelles il venait de passer, reprend
peu peu ses forces. Dans un langage digne et éloquent, il
fait l'historique de son passé il est heureux d'avoir rencontré
dans sa longue carrière de l'enseignement des jours amers
quand il considère le résultat auquel il a abouti. Oui, mes
chers élèves, s'érie-t-il, en vous voyant ainsi dans les hautes
positions que vous occupez, accourir dans notre modeste
village pour témoigner une marque de sympathie envers
votre ancien Instituteur, je me sens fier des efforts que j'ai
faits pour arriver ce beau résultat. Alors seulement je sens
que j'ai contribué dôter la Patrie de citoyens utiles et
dévoués nos Institutions je sens, Messieurs, (je dirai toute
ma pensée), un puissant stimulant pour continuer encore
avec ardeur, la lutte contre l'ignorance. Vous le savez,
Messieurs, que je me suis toujours efforcé éloigner de la
jeunesse ces chimères, ces futilités, qu'on enseigne que trop
souvent aux enfants et qui ne sont que de l'obstructionnisme
au développement de l'intelligence. En un mot, Messsieurs,
je chercherai, marchant toujours dans la ligne droite du
devoir, de faire progresser, toujours progresser le pays. Les
applaudissements réitérés qui ont interrompu le toast de
M.Deleu, ont prouvé que le modeste Instituteur avait produit
une profonde impression sur tous les convives tous se
lèvent pour boire la santé de M. Deleu.
Quelques paroles de reconnaissance furent encore adres
sées par le Bourgmestre aux organisateurs de la fête cette
jeunesse intelligente, toujours sur la brèche quand il s'agit
de glorifier: honneur, intelligence, progrès; et la série
des toasts était épuisée.
Il était 111/2 heures et l'on se préparait quitter la salle
de banquet, quand tout coup un magnifique bouquet aux
fleure naturelles venait encore d'être adressé M. Deleu, de
la part d'im ancien élève Gand, qui n'avait pu assister la
fête. Toute la salle a applaudi la généreuse idée de la part
de ce bon messinois.
L'on se sépara ensuite pour continuer de fêter avec la
population de Messines, cette belle journée, et l'on s'amusa
toute la nuit, sans qu'une note discordante vînt interrompre
la fête.
Adressons, en finissant, nos plus sincères félicitations la
commission organisatrice: MM. C. Vestibule, J. Duthoit,
A. Deconinck, L. Vuylsteke, M. Gruson, pour la complète
réussite de la fête, et disons qu'avec des éléments aussi
actifs, aussi intelligents, Messines saura continuer l'émanci
pation du peuple.
DENIER DES ÉCOLES.
Listes précédentes, 36,114-52
De liberalen van Boesinghe deelen in de
algemeene vreugde, 1-85
De liberalen van Boesinghe zenden hunne
dankbetuigingenaan al de libérale Kie-
zers, die op 13 Juni zoo moedig hunnen
plicht volbracht hebben, 1-85
Pour une sérénade la Poste, 1-00
Engelsche amour prop vulders (20 stor-
ting1-20
Total fr. 36,120-42
Dépenses jusqu'à ce jour, fr. 32,717-02
Reste en caisse, fr. 3,403-40
Cercle Artistique et Littéraire.
Séance du Mercredi 28 Juin, 8 heures.
Ordre du Jour
1° Commuaications
2* Conférence par Mr X.
En Belgique on trouve encore des Sociétés où les réu
nions et la célébration des fêtes ont conservé le cachet
de confraternité et de franche amitié que seul on pouvait
admirer dans les anciennes Ghildes de notreFlandre»
A Ypres il existe une société d'archers appelée Ypres-
Hoekje, où, selon l'antique usage, on tire aujourd'hui
au Roi le Lundi on boule la Reine cette solennité
est suivie d'un souper et de réjouissances qu'on ne peut
trouver que dans une réunion de bourgeois où l'on ap
précie laprésence des dames et où l'on tient absolument
partager les plaisirsavec la plus belle moitié du genre
humain.
Nous formons des vœux pour que cette fraternité et
cette franche amitié puisse exister dans toutes les
réunions de sociétés comme celles de la société d'ar
chers Ypres-Hoekje.