No 806. Dimanche, 24 Septembre 1S82. 6 FRANCS PAR AN. JO II Ri\ A L D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. L'iuquisilion! 42e ANNÉE. PARAISSANT LE .JEUDI ET LE DIMANCHE. Y Ht ES ACQWR1T EUX DO Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par Y Agence Bavas (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants: Pour la France: l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse: chez Rudolf Mosse (Annonceri-Expedition) Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stuttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et C°, 30, Cornhill, E C et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethinghill et C° 38, Park Row-New-York. Ypres, le 23 Septembre 1882. Nous avons annoncé, d'après l'Avenir des Flandresqu'un crime horrible avait été com mis Rumbeke-Beythem. Il s'agissait d'un lâche assassinat perpétré, après viol, par un jeune normaliste sur la personne d'une jeune fille de 12 ans, dont le cadavre aurait été re trouvé dans un champ. Heureusement pour l'honneur de l'humani té, ce crime n'existe pas. Il s'agit simplement de quelques violences commises par deux gamins sur la fille en question, violences qui ont provoqué une frayeur et un saisissement qui ont eux-mêmes, Kraît-il, occasionné une méningite laquelle nfant a succombé quelques jours après. L'un des gamins est arrêté l'autre, le nor maliste, est en fuite. Donc point d'assassinat point de viol pas même d'attentat.la pudeur. Les nombreux journaux qui ont annoncé les prétendus crimes feront bien de se rétracter et le feront, sans doute, avec plaisir. le Marquis de Baus dYzerenburnYpres. Je viens d'apprendre par la voie des journaux que vous venez d'être honoré d'un des titres nobiliaires les plus enviés. 11 me tarde de vous adresser par celte même voie mes sincères et respectueuses félici tations. Dois-je vous dire, Monsieur le Marquis, combien grande fut ma joie de vous voir revêtu d'une si haute dignité. Quelle gloire en effet pour la famille des Baûs d'Yzerenburn de compter parmi les siens un illustre Marquis Connaissant votre noble caractère et l'ardeur qui vous entraîne vers tout ce qui est grand et beau, déjà je vous vois marcher sur les traees de vos valeureux devanciers et surpasser même en actions d'éclat les Marquis de Carabas, de Jolicœur et tant d'autres célébrités dont l'histoire nous a transmis d'intéressants épisodes. Je ne me serais pas permis de m'adresser votre Excellence si je n'étais assuré de l'intérêt qu'Elle porte aux jeunes gens qui ont eu 1 insigne faveur de puiser leur instruction et leur éducation chez les bons, les intelligents, les vertueux Petits-Frères Ignorantins, dont les connaissances variées et la moralité profonde font l'orgueil de leur Ordre et le bonheur de l'humanité. Aussi, comptant sur la bonté de votre cœur et sur la générosité de vos sentiments, je viens en toute confiance vous exposer la situation pénible dans laquelle je me trouve. Vous ignorez sans doute, Monsieur le Marquis, que, malgré mon instruction remarquable, je suis actuellement sans emploi j'ai eu la pensée, puisque vos terres sont érigées en Marquisat, qu'il faudra nécessairement que vous vous entouriez d'un per sonnel en rapport avec votre position nouvelle. Un homme de confiance, un factotum, un aller ego enfin, votçs sera indispensable. Les bons Frères Mélite, Cucufin, Firlefin, mes anciens et distingués Professeurs, auxquels je dois mon savoir et mes vertus, prenant en pitié ma dé tresse, m'ont engagé recourir vous, persuadés que, sur leur recommandationvous n'hésiterez pas me confier l'intendance de vos domaines et la direction de votre nombreuse domesticité. Quant mon attachement, ma fidélité ils vous sont entièrement et depuis longtemps acquis. 11 vous souvient, Monsieur le Marquis, de cette abominable fête scolaire que d'affreux Libéraux organisèrent il y a trois ans et laquelle ils avaient convié un Ministre gueux et un Gouverneur ejusdem farinœ. Il vous souvient, dis-je, qu'en ce jour tristement mémorable, ne pouvant maîtriser votre légitime indignation la vue des ovations que l'on faisait ces personnages, vous avez publiquement et carré ment manifesté votre répulsion et, sous l'empire d'une colère sainte vous les avez accablés de votre mépris par des hou! hou! hou! bien accentués. 11 fallait du courage pour poser un acte semblable, Monsieur le Marquis!! mais il vous a valu l'irritation de ces gueux et par suite une condamnation inqua lifiable et imméritée, dont vous fûtes l'innocente victime ce fut alors que, n'écoutant que mon dé vouement pour votre Excellence, je fus assez heu reux d'adoucir quelque peu les longues heures de sa captivité en lui portant mes sympathiques conso lations. Toutes ces considérations, Monsieur le Marquis, me font espérer que vous accueillerez favorablement la requête de celui qui se dit votre très-humble et très-respectueux serviteur, Zoutenaeye, 22 Septembre 1882. Le mouvement libéral s'accentue chaque jour dans les villes et les communes wallonnes mais les idées de progrès et de liberté s'implantent péniblement au sein des campagnes flamandes. Cela tient des causes multiples, parmi lèsquelles nous citerons la pression exercée sur les paysans par la noblesse et le clergé. La grande révolution française, dont les heureuses conséquenses se sont fait sentir partout, a égalé l'homme l'homme, l'esclave au maître, le vilain au noble. Plus que tout autre, notre pays a participé aux bienfaits de ce grand événement; mais il y reste deux classes d'hommes, les prêtres et les nobles, qui semblent vouloir conserver les privilèges immérités dont ils étaient en possession dans le bon vieux temps; ces deux castes ambitieuses, avides d'autorité ont vu avec rage le citoyen des villes levant la tête et démasquant leur faux prestige dans les cam pagnes leur domination s'affaiblit d'une façon gra duelle, mais lente, et elle croulerait infailliblement si, pour la soutenir, les intéressés n'avaient recours d'odieux moyens. Propriétaires de domaines immenses, les seigneurs tiennent sous leur dépendance une foule de cultiva teurs et d'artisans, sur qui ils exercent une puissante influence, soit en excitant des fanatiques, soit en imposant le silence ceux qui pensent autrement et mieux qu'eux un seul mot de ces tyrans absolus peut jeter dans la misère lion nombre d'honnêtes famîlles. Quant au clergé, son influence est non moins pernicieuse. Représentant du Dieu de vérité et de paix, il ne craint pas, pour assouvir sa soif ardente de pouvoir, de surprendre la bonne foi du paysan et de prêcher la discorde dans l'Etat, dans la counmune, dans la famille: tantôt c'est l'intérêt de la religion qui oblige le campagnard d'autres fois c'est la crainte des flammes éternelles le plus souvent au jourd'hui, c'est l'excommunication, qui pend, épée de Damoclès, sur toute une famille. De là vient que, si souvent dans les élections, effrayé des conséquences terribles qui retomberaient sur lui et les siens cause d'un vote librement émis, le pauvre villageois est venu déposer dans l'urne électorale un bulletin qui était l'antithèse de ses opinions. Ces manœuvres honteuses ne se pratiquent plus aujourd'hui sur une aussi large échelle, grâce au système de vote dont la Belgique est redevable au parti libéral mais dans les campagnes, on craint encore les menaces, on craint le seigneur ou le prêtre quand ils disent Prenez garde, je saurai pour qui vous votez. On trouve de nos jours autour de nous des gens, qui disent et même écrivent que l'Inquisition n'a jamais existé dans les Pays-Bas. Ces personnes pa raissent ignorer qu'à Bruxelles, aux archives du royaume on conserve un recueil de pièces officielles du XVIe siècle, intitulé: Registre sur le faict des hérésies et Inquisition que ce recueil contient une série d'édils de Charles-Quint et de bulles d'un grand nombre de papes, et que toutes ces pièces ont été' rassemblées par un catholique fervent, Viglius, membre du Conseil d'Etat. On y trouve la preuve irrécusable que l'Inquisition fut organisée dans les Pays-Bas par Charles-Quint en 1322 et approuvée LE PROGRES ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce qui concerne le journal doit ôtre adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. A SON EXCELLCWCIi Monsieur le Marquis, Célestin FESSART.

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Le Progrès (1841-1914) | 1882 | | pagina 1