No 806. Dimanche,
24 Septembre 1S82.
6 FRANCS PAR AN.
JO II Ri\ A L D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
L'iuquisilion!
42e ANNÉE.
PARAISSANT LE .JEUDI ET LE DIMANCHE.
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Ypres, le 23 Septembre 1882.
Nous avons annoncé, d'après l'Avenir des
Flandresqu'un crime horrible avait été com
mis Rumbeke-Beythem. Il s'agissait d'un
lâche assassinat perpétré, après viol, par un
jeune normaliste sur la personne d'une jeune
fille de 12 ans, dont le cadavre aurait été re
trouvé dans un champ.
Heureusement pour l'honneur de l'humani
té, ce crime n'existe pas.
Il s'agit simplement de quelques violences
commises par deux gamins sur la fille en
question, violences qui ont provoqué une
frayeur et un saisissement qui ont eux-mêmes,
Kraît-il, occasionné une méningite laquelle
nfant a succombé quelques jours après.
L'un des gamins est arrêté l'autre, le nor
maliste, est en fuite.
Donc point d'assassinat point de viol pas
même d'attentat.la pudeur.
Les nombreux journaux qui ont annoncé les
prétendus crimes feront bien de se rétracter
et le feront, sans doute, avec plaisir.
le Marquis de Baus dYzerenburnYpres.
Je viens d'apprendre par la voie des journaux que
vous venez d'être honoré d'un des titres nobiliaires
les plus enviés. 11 me tarde de vous adresser par
celte même voie mes sincères et respectueuses félici
tations. Dois-je vous dire, Monsieur le Marquis,
combien grande fut ma joie de vous voir revêtu
d'une si haute dignité. Quelle gloire en effet pour la
famille des Baûs d'Yzerenburn de compter parmi
les siens un illustre Marquis
Connaissant votre noble caractère et l'ardeur qui
vous entraîne vers tout ce qui est grand et beau,
déjà je vous vois marcher sur les traees de vos
valeureux devanciers et surpasser même en actions
d'éclat les Marquis de Carabas, de Jolicœur et tant
d'autres célébrités dont l'histoire nous a transmis
d'intéressants épisodes.
Je ne me serais pas permis de m'adresser votre
Excellence si je n'étais assuré de l'intérêt qu'Elle
porte aux jeunes gens qui ont eu 1 insigne faveur de
puiser leur instruction et leur éducation chez les
bons, les intelligents, les vertueux Petits-Frères
Ignorantins, dont les connaissances variées et la
moralité profonde font l'orgueil de leur Ordre et le
bonheur de l'humanité. Aussi, comptant sur la bonté
de votre cœur et sur la générosité de vos sentiments,
je viens en toute confiance vous exposer la situation
pénible dans laquelle je me trouve.
Vous ignorez sans doute, Monsieur le Marquis,
que, malgré mon instruction remarquable, je suis
actuellement sans emploi j'ai eu la pensée, puisque
vos terres sont érigées en Marquisat, qu'il faudra
nécessairement que vous vous entouriez d'un per
sonnel en rapport avec votre position nouvelle. Un
homme de confiance, un factotum, un aller ego
enfin, votçs sera indispensable.
Les bons Frères Mélite, Cucufin, Firlefin, mes
anciens et distingués Professeurs, auxquels je dois
mon savoir et mes vertus, prenant en pitié ma dé
tresse, m'ont engagé recourir vous, persuadés
que, sur leur recommandationvous n'hésiterez
pas me confier l'intendance de vos domaines et la
direction de votre nombreuse domesticité.
Quant mon attachement, ma fidélité ils vous
sont entièrement et depuis longtemps acquis. 11 vous
souvient, Monsieur le Marquis, de cette abominable
fête scolaire que d'affreux Libéraux organisèrent il
y a trois ans et laquelle ils avaient convié un
Ministre gueux et un Gouverneur ejusdem farinœ.
Il vous souvient, dis-je, qu'en ce jour tristement
mémorable, ne pouvant maîtriser votre légitime
indignation la vue des ovations que l'on faisait
ces personnages, vous avez publiquement et carré
ment manifesté votre répulsion et, sous l'empire
d'une colère sainte vous les avez accablés de votre
mépris par des hou! hou! hou! bien accentués.
11 fallait du courage pour poser un acte semblable,
Monsieur le Marquis!! mais il vous a valu l'irritation
de ces gueux et par suite une condamnation inqua
lifiable et imméritée, dont vous fûtes l'innocente
victime ce fut alors que, n'écoutant que mon dé
vouement pour votre Excellence, je fus assez heu
reux d'adoucir quelque peu les longues heures de
sa captivité en lui portant mes sympathiques conso
lations.
Toutes ces considérations, Monsieur le Marquis,
me font espérer que vous accueillerez favorablement
la requête de celui qui se dit votre très-humble et
très-respectueux serviteur,
Zoutenaeye, 22 Septembre 1882.
Le mouvement libéral s'accentue chaque jour dans
les villes et les communes wallonnes mais les idées
de progrès et de liberté s'implantent péniblement au
sein des campagnes flamandes. Cela tient des
causes multiples, parmi lèsquelles nous citerons la
pression exercée sur les paysans par la noblesse et
le clergé.
La grande révolution française, dont les heureuses
conséquenses se sont fait sentir partout, a égalé
l'homme l'homme, l'esclave au maître, le vilain au
noble. Plus que tout autre, notre pays a participé
aux bienfaits de ce grand événement; mais il y reste
deux classes d'hommes, les prêtres et les nobles, qui
semblent vouloir conserver les privilèges immérités
dont ils étaient en possession dans le bon vieux
temps; ces deux castes ambitieuses, avides d'autorité
ont vu avec rage le citoyen des villes levant la tête
et démasquant leur faux prestige dans les cam
pagnes leur domination s'affaiblit d'une façon gra
duelle, mais lente, et elle croulerait infailliblement
si, pour la soutenir, les intéressés n'avaient recours
d'odieux moyens.
Propriétaires de domaines immenses, les seigneurs
tiennent sous leur dépendance une foule de cultiva
teurs et d'artisans, sur qui ils exercent une puissante
influence, soit en excitant des fanatiques, soit en
imposant le silence ceux qui pensent autrement et
mieux qu'eux un seul mot de ces tyrans absolus
peut jeter dans la misère lion nombre d'honnêtes
famîlles.
Quant au clergé, son influence est non moins
pernicieuse. Représentant du Dieu de vérité et de
paix, il ne craint pas, pour assouvir sa soif ardente
de pouvoir, de surprendre la bonne foi du paysan et
de prêcher la discorde dans l'Etat, dans la counmune,
dans la famille: tantôt c'est l'intérêt de la religion
qui oblige le campagnard d'autres fois c'est la
crainte des flammes éternelles le plus souvent au
jourd'hui, c'est l'excommunication, qui pend, épée
de Damoclès, sur toute une famille.
De là vient que, si souvent dans les élections,
effrayé des conséquences terribles qui retomberaient
sur lui et les siens cause d'un vote librement émis,
le pauvre villageois est venu déposer dans l'urne
électorale un bulletin qui était l'antithèse de ses
opinions.
Ces manœuvres honteuses ne se pratiquent plus
aujourd'hui sur une aussi large échelle, grâce au
système de vote dont la Belgique est redevable au
parti libéral mais dans les campagnes, on craint
encore les menaces, on craint le seigneur ou le
prêtre quand ils disent Prenez garde, je saurai
pour qui vous votez.
On trouve de nos jours autour de nous des gens,
qui disent et même écrivent que l'Inquisition n'a
jamais existé dans les Pays-Bas. Ces personnes pa
raissent ignorer qu'à Bruxelles, aux archives du
royaume on conserve un recueil de pièces officielles
du XVIe siècle, intitulé: Registre sur le faict des
hérésies et Inquisition que ce recueil contient une
série d'édils de Charles-Quint et de bulles d'un
grand nombre de papes, et que toutes ces pièces ont
été' rassemblées par un catholique fervent, Viglius,
membre du Conseil d'Etat. On y trouve la preuve
irrécusable que l'Inquisition fut organisée dans les
Pays-Bas par Charles-Quint en 1322 et approuvée
LE
PROGRES
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit ôtre adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
A SON EXCELLCWCIi
Monsieur le Marquis,
Célestin FESSART.