Nouvelles locales.
Au point de vue financier, la taxe perçue
Bailleul est de beaucoup supérieure celle
payée Ypres. Là, le minimum est de 15
Irancs; l'ouvrier est imposé autant que le
riche. A Ypres, les centimes additionnels se
répartissent d'une façon plus équitable et
réduisent la taxe, pour la classe ouvrière et
les petits bourgeois, un taux minime.
Quant aux industriels, la taxe dont ils sont
frappés Bailleul est extrêmement lourde.
Pour 400 mètres cubes, elle s'élève 80 fr., et
en appliquant le tarif de Bailleul Ypres,
fdusieurs de nos industriels paieraient annuel-
ement des taxes de plusieurs centaines de
francs!
Le travail de la nouvelle distribution en
notre ville est aujourd'hui presqu'entièrement
achevé; la grande majorité des habitations sont
alimentées par le nouveau système. Tous les
jours on constate une amélioration notable de
l'eau, et une fois que tous les embranchements
seront établis, que sa circulation dans les con
duites pourra constamment suivre son cours,
elle sera pour toujours claire, pure et salubre.
Les fêles de Lille.
M. Victor Bartier, élève de l'Athénée Royal de
cette ville, vient de passer avec distinction l'examen
d'entrée l'Ecole du Génie Civil de Gand, section des
ingénieurs.
Il a obtenu 720 points sur 1000 et il occupe la sep
tième place.
VILLE D'YPRES. conseil comhinal.
Séance publique du 30 Septembre 1882.
Présents: MM. L. Vanheule, Bourgmestre-Président;
H. Bossaert,Echevin; Chevalier G. de Stuers,Th. Cor
nette, A. Brunfaut, A. Beaucourt, F. Gravet, J. de
Codt, E. Gaimant, Ch. Leleup, Alp. Hanssens, Baron
L. van Grave, P. Vermeulen, Conseillers Ferdinand
Van Daele, Secrétaire.
La séance est ouverte 5 h. 10 m.
Mle Secrétaire donne lecture du procès-verbal de
la séance du 9 Septembre dernier.
Adopté.
M. le Conseiller Soenen, par voie d'interpellation,
exprime des plaintes lui faites par M. Ch. Vande
Walle, géomètre, de ce que l'obstruction de l'égout de
la ville, rue des Récollets, empêche la continuation des
travaux que le dit M. Vande Walle a fait exécuter
son égout particulier.
Monsieur le Président, répondant M. le Conseiller
Soenen, n'admet pas que les particuliers fassent parve
nir leurs réclamations au Collège par des voies détour
nées et irrégulières comme celle d'une interpellation
faite au sein du Conseil, soit au Collège, soit au Bourg
mestre. M. le Président croit savoir qu'il s'agit ici d'une
contestation entre particuliers mais si M. Vande Walle
a des réclamations adresser la Ville, qu'il les fasse
parvenir par écrit au Collège, qui est compétent pour y
donner telle suite qu'il y a lieu.
L'incident est clos.
M. le Président donne lecture d'une lettre par la
quelle M. F. Heyninx, Ingénieur-Architecte de la ville,
informe le Conseil que par arrêté royal du 7 Septembre
dernier il a été nommé Archilecte au Service spécial des
Bâtiments Civils, et en conséquence prie le Conseil de
lui accorder sa démission de ses fonctions.
Le Conseil accepte la démission de M. Heyninx et
charge le Collège de lui adresser des remercîments pour
le zèle et l'intelligence avec lesquels il a rempli ses
fonctions et spécialement pour l'important travail de la
distribution des eaux alimentaires exécuté sous sa
direction.
Le Conseil accepte les démissions de leurs fonc
tions scolaires, oflertes par les Demoiselles Euphrasie
Lambert et CélestineLetten,Sous-Institutrices l'Ecole
Primaire Supérieure de Demoiselles.
M. le Président donne lecture d'une lettre du
Cercle Commercial et Industriel, faisant connaître que
cette Société a décidé de rappeler M. le Ministre des
Travaux Publics les pétitions qui lui ont été adressées
par les communes intéressées des arrondissements
d'Ypres et de Fumes, demandant la construction par
l'Etat d'un chemin de fer d'Ypres Fumes. Le Cercle
Commercial prie le Conseil d'envoyer en même temps
que lui une demande aux mêmes fins, afin que la démar
che présente un caractère d'intérêt général indis
pensable sa réussite.
M. le Président croit savoir que cette affaire est en
instruction et que le moment de tenter une nouvelle
démarche est peut-être propice, cause de la récente
nomination d'un nouveau Ministre desTravaux Publics.
Cependant il est peu probable que leGou vernement donne
actuellement satisfaction aux pétitionnaires, d'une part
cause de la situation peu brillante de l'exploitation des
chemins de fer de l'Etat et d'autre part cause des étu
des qui se font pour l'établissement de tramways vici
naux. Néanmoins la démarche du Cercle Commercial
doit être appuyée.
Il est donné lecture d'une lettre pa>- laquelle la
Société Dramatique De Vlaamsche Ster demande
un subside pour donner quatre représentations dans le
courant de la saison d'hiver 1882-83.
Le Conseil prend acte de cette demande et décide qu'il
y a lieu d'accorder le subside ordinaire le montant en
sera fixé lors de la discussion du Budget pour l'exercice
1883.
Le Conseil approuve, aux fins d'approbation par la
Députation Permanente, un procês-verbal de location
de propriétés rurales appartenant aux Hospices Civils,
ainsi qu'une demande de remploi de capital appartenant
au Bureau de Bienfaisance.
Il approuve les délibérations des quatre Fabriques
d'Eglises, fixant le montant du cautionnement fournir
par leurs Trésoriers, en exécution d'une circulaire de
M. le Gouverneur de la Province du 23 Septembre 1880.
Ecole Gardienne au Quartier St. Pierre.
Ouverture et demande de subsides.
Mle Président rappelle qu'une demande a été adressée
au Gouvernement pour obtenir son intervention dans
les frais d'achat de l'Hôtel Hynderick, destiné servir
d'Ecole Gardienne et dont l'acquisition a été autorisée
par arrêté royal du 18 Juin 1881. Par dépêche du 22
Septembre dernier, M. le Gouverneur invite le Conseil
indiquer la dépense réelle résultant des travaux
d'appropriation et de l'ameublement et formuler une
demande de subsides ordinairessur les fonds de l'Etat et
de la Province. Le Collège estime qu'il y a lieu d'ouvrir
sans retard la nouvelle Ecole Gardienne, les demandes
d'admission la section Gardienne annexée l'Ecole de
M°" d'Hazeleire étant devenues si nombreuses qu'elles
occasionnent l'encombrement des locaux. Deux classes
d'Ecole Gardienne seraient transférées de l'Ecole de
M0" d'Hazeleire l'Hôtel Hynderick afin de dégager
le premier établissement et de permettre l'extension de
l'Ecole Primaire proprement dite.
M. le Conseiller Brunfaut préconise la création d'une
Ecole Primaire pour les enfants de la petite bourgeoisie,
où l'on percevrait un écolage peu élevé et qui serait
intermédiaire entre Ecole Gratuite et l'Ecole de Demoi
selles.
M. le Président répond que le Collège ne demanderait
pas mieux que de pouvoir créer une Ecole de cette ca
tégorie, mais actuellement les ressources ne permettent
pas de donner plus d'extension l'Enseignement Public.
M. le Conseiller Brunfaut rappelle encore que des
travaux d'appropriation ont été faits l'Ecole de
d'Hazeleire, de maniéré mettre cet établissement en
communication avec l'Ecole des Orphelines. Maintenant
que les locaux de l'Ecole Gratuite seront dégagés, les
Orphelines pourraient facilement suivre les cours de
l'Ecole Communale.
M. le Conseiller Leleup partage l'avis de M. Brun
faut, mais la Commission des Hospices devrait être sai
sie de la question. Le Collège pourrait écrire dans ce
sens cette Administration.
Le Conseil,sur la proposition du Collège, adopte d'ur
gence sou ordre du jour et approuve le Budget pour
1883 de l'Ecole Moyenne en recettes et en dépenses la
somme de fr. 20,997-50 c.
Comité secret.
Le Conseil nomme en qualité de Sous-Institutrices
aux Ecoles Communales, les Demoiselles De Groote
Marie et Parmentier Jlarie.
La séance est levée 6 heures.
- f Xiïi9^
La journée de Samedi est superbe. Le soleil n'a pas cessé
de luire depuis son lever, et il est une heure. C'est prodi
gieux.
Le soir la retraite aux flambeaux, débouchant rue de la
Gare, présentait un coup d'oeil féerique. La fanfare des hus
sards ouvrait la marche. La musique dés canonnière séden
taires venait ensuite, avec un superbe tambour-major, les
tambours et les fifres. Le tout escorté d'une profusion de
lampes vénitiennes, et marchant au milieu des pétards
des fusées, des gerbes de feu.
Dans l'après-dînée, le déjeuner de la presse, réunissait
1 Hôtel de l'Europe tous les journalistes parisiens et Bruxel
lois invités par la presse républicaine de Lille. Les invitations
avaient dû être limitées forcément la presse des deux capi
tales. MM. Testelin, sénateur du Nord; Cambon, préfet;
Bouffet, secrétaire général; Géry-Legrand, maire de Lille;
Lequenne, président du Comité organisateur de la fête
Desrousseaux, le chansonnier lillois, étaient parmi les convi
ves, au nombre d'une cinquantaine.
On a toasté modérément et brièvement. M. Paul Landoy,
parlant au nom de la presse belge, a trouvé quelques mots
pleins d'apropos qui ont été fort bien accueillis.
Dimanche matin, vers six heures, la Place du Théâtre,
quelques rares passants, abrités sous des parapluies, patau
gent dans la boue des rues. Deux ou trois servantes, les yeux
bouffis, ôtent les volets.
Les vendeurs du Petit Nord, en gavroches de 1792, sont
déjà sur le trottoir des boutiques se montent autour du théâ
tre quelques forains, costumés la mère Angot, se décident
braver la pluie.
La rue de Paris s'anime peu peu.
Au coin du parvis Saint-Maurice, une grosse femme en
jupon fleurs, bonnet la Charlotte Corday, cocarde trico
lore, installe son éventaire. C'est une marchande de para
pluies. Voilà le commerce du moment; les affaires mar
chent.
Un vaste chapeau cornes, surmontant une perruque
oreilles de chien, campée elle-même sur une maigre figure
de pitre, essaie de débiter de petits balais tricolores des
messieurs thermidoriens, collet noir, installés dans bne
baraque, entament le boniment de la loterie de Lille, et une
espèce de père Duchêne en carmagnole rouger vend des
porte-monnaie cinq sous.
Le brouillard se lève un rayon du soleil paraît. Les gens
sortent, et la foule ne tarde guère envahir les nies.
A neuf heures, tout semble regagné. Mais quelle boue
On commence voir toutes sortes de costumes bariolés
muscadins et incroyables, canonnière, en longues guêtres
blanches, hussards" jaunes, rouges et bleus, bouquetières,
ravaudeuses, dames de la halle, etc.
Un ménétrier, coiffé d'un vaste chapeau claque, vêtu d'un
habit logues basques taillé dans une tapisserie de vieux
fauteuil, chante, juché sur un escabeau, la grande canchon
nouvielles in patos d'Lille, sur l'Evacuation des Autri
chiens par les Lillois
A dix heures, la circulation devient pénible au carefour
des rues de Paris et de la Gare. Tous les trains jettent sur le
pavé de nombreux contigents de visiteurs. A ce moment, les
portes du théâtre s'ouvrent et dévoilent sept gracieuses mar
chandes dans des boutiques mignonnes bouquetières, pâtis
sières, marchandes de jouets, de pains d'épices, de petits
drapeaux.
L'escalier du théâtre est immédiatement envahi et le public
se presse chez les jolies vendeuses.
Le cortège se prépare. On rencontre toutes sortes de per
sonnages qui vont au rendez-vous, l'Abattoir, où le départ
a lieu vers onze heures et demie.
Le cortège comprend douze groupes
1° Sapeurs-pompiers de Lille, députations des sapeurs-
pompiers de la région, avec musiques et drapeaux
2° Les canonnière lillois;
3° Délégationsdesmunicipalités quiontenvoyé dessecours
aux Lillois et char du maire André
4° Fanfare de^ hussards de 1792
5° Escadron du 6e régiment de cavalerie, qui repoussa les
assiégeants dans deux sorties
6° Char de l'armée, escorté par la garde nationale lil
loise;
7° Char des canonnière de 1792, représentant la Noble-
Tour (encore existante) et les remparts avoisinants
8° Les deux pièces de canon données par le premier con
sul aux canonnière de Lille, en recompense de leur belle con
duite
9° Char du ba rbier Maes (on a essayé de donner une re
production vivante du tableau de Watteau, qui représente
l'épisode populaire). Pompiers lillois de 1792, escortant la
pompe qui servit pendant le siège
10° Cnar de la municipalité(le maire André etses collègues
proclamant, sur les ruines du quartier Saint-Sauveur, le dé
cret de la Convention Les habitants de Lille ont bien mé
rité de la Patrie
11° Les volontaires belges venus au secours des Lillois,
sous la conduite du lieutenant-colonel Osten volontaires
nationaux
12° Char de l'aumônière; quêteurs et quêteuses.
La quête Se fait au profit des pauvres.
Il est midi. Le soleil brille la fête est décidément sau
vée. La soirée d'hier était si réussie, qu'il eût été double
ment regrettable de voir rater cette journée-ci.
Le cortège historique en marche dans les rues de Lille a
produit tout l'effet espéré.
La meilleure part du succès a été pour les hussards de
toutes couleurs, jaunes, verts, bleus, rouges, blancs, hus
sards d'Augereau, hussards de Bercheny, pour les fifres et
les tambours des anciens canonnière sédentaires, pour le
char du barbier Maes, où l'on voyait représentés divers épi
sodes du siège, entre autres celui" des femmes du peuple ra
massant des boulets rouges dans des casseroles.
Le soleil n'a pas fait défaut une minute. Il est superflu
d'ajouter que la foule répandue dans les rues était innom
brable il y avait là deux cent mille étrangers ajoutés la
population lilloise.
Partout régnait une animation indescriptible, et les senti
ments que cet anniversaire était venu réveiller se traduisaient
avec une énergie et un ensemble remarquables.
4c
Chez les Lillois des deux sexes qui, en ces deux jours de
fêtes, ont porté les glorieuses défroques de la Révolution, la
physionomie s'harmonisait parfaitement avec le costume
tous semblaient entrés dans la peau du personnage, en en
dossant l'habit. Ces soldats de 92, ces pupiles de la Répu
blique, ces magistrats, ces commissaires de la Convention,
ces gens du peuple en carmagnole, ces bourgeois en perru
que poudrée, ces bourgeoises en fichu Marie-Antoinette
n'avaient pas l'air du tout carnavalesque. C'était un véritable
échantillon du passé au milieu de la foule moderne.