AFFAIRE PELTZER.
Nouvelles locales.
Nouvelles diverses.
teille d'eau-de-vie et l'on boit un coup pour
sceller la réconciliation.
Le dimanche suivant, le curé, du haut de
la chaire dite de vérité, a tonné contre l'ensei
gnement libéral qui ne produit que des Peltzer,
et a vanté l'enseignement si moral des petits-
frères qui ne forme que des bons sujets.
Il a, en même temps, annoncé la fondation
Iirochaine d'une école d'ignorantins dans la
ocalité et a émis l'espoir que tous les habi
tants y enverraient leurs enfants.
Ce brave curé a aussi fait l'éloge des mar-
guilliers qui étaient si souvent en butte aux
calomnies des libéraux, et les engager sui
vre toujours les conseils de leur pasteur (avec
accompagnement d'une bouteille d'eau-de-vie).
Etonnons-nous maintenant, dit laVedette,
que les comptes des fabriques soient si souvent
1 objet d'observations de la part des conseillers
communaux, si les fonds en sont confiés de
pareils types.
Nous allons nous renseigner sur ce curé
et ses fabriciens, et nous aurons sans doute
d'assez belles choses raconter.»
En attendant qu'ils excommunient le Pape,
chose qui ne peut tarder, les ultramon-
tains de h rance réclament Rome l'excom
munication d'un évêque. Le prélat sur la tête
duquel ils appellent toutes les foudres de
l'Eglise, est Mgr Bellot deg Minières, le chef
du diocèse de Poitiers, dont nous avons plu
sieurs fois entretenu nos lecteurs.
Cet évêque, dont tout le crime consiste
ne pas vouloir mêler la religion la politique,
est attaqué par les Veuillotins avec une fureur
dont le passage suivant d'une correspondance
du Journal de Bruxelles donnera une idée
Mgr Bellot des Minières est parti pour
aller demander Rome justice et protection.
Il y est en ce moment. Son voyage Rome
n'a pas suspendu les attaques contre lui. J'ai
sous les yeux un pamphletdans lequel l'évêque
de Poitiers est diffamé avec une violence
inouïe. L'auteur du pamphlet n'épargne pas
plus la famille de l'évêque que l'évêque lui-
même. Il attaque jusqu'à la mère du prélat.
C'était la fille d'un aubergiste.Non seulement
on l'appelle fille d'auberge, mais on fait pla
ner sur ses mœurs les soupçons, les plus im
mérités. La pauvre brave femme dont l'hon
nêteté et la vertu sont respectées de tous ceux
qui la connaissent, se trouve outragée de la
manière la plus odieuse par un pamphlétaire
qui se dit catholique.
Voilà quel degré d'ignominie est descendue
la polémique de la presse ultramontaine.Et
c'est une feuille cléricale qui le constate avec
dégoût.
Quand l'évêque, il est chaque instant en
butte aux accusations les plus infamantes;»
c'est toujours le pieux correspondant du Jour
nal de Bruxelles qui parle. L'autre jour, ses
adversaires ayant retrouvé une ancienne
poésie, un dialogue dans lequel Mgr Bellot
mettait aux prises le bon et le mauvais génie,
ont publié cette pièce en la dénaturant et en
la tronquant de telle façon que certains pas
sages avaient un sens tout fait libertin et
là-dessus le pauvre évêque a été accusé par la
sainte presse d'avoir publié jadis des poésies
érotiques
Le Journal de Bruxelles espère que l'on
mettra la raison ces journalistes catholiques
qui s'insurgent depuis si longtemps contre
1 autorité des évêques
Les outrages dont une poignée de laïques
couvrent en ce moment Mgr Bellot des Mi
nières, ne surprennent que par leur audace
les hommes qui ont depuis vingt ans étudié
dans notre pays les choses religieuses. Le
pamphlet dont je vous parle se termine en
i
Nous saurons sous peu qui l'aura emporté
au Vatican, de la clique ultramontaine ou du
pauvre Mgr Bellot. (Economie).
Le 22 Déc., Anvers, l'animation était ex
traordinaire dans tous les quartiers de la vil
le, et principalement aux abords de la gare.
Les journaux ont annoncé que le verdict
serait rendu dans la soirée, et dam on était
impatient de connaître le sort des accusés.
Pour Léon, l'opinion était peu près fixée.
Mais Armand demandait-on tous les échos
d'alentour.
Condamné? Aquitté? Telles étaient les ques
tions qu'on s'adressait invariablement d'un
bout de la rue l'autre. Et l'on discutait
perte de vue sur l'issue des débats, chacun
appuyant d'un pari en règle ses calculs de
probabilité.
A 7 heures et quelques minutes, le télégra
phe apportait Anvers la réponse du Jury.
En un clin d'œil, la nouvelle avait fait le
tour de la ville. Les premières feuilles parues
ont été littéralement arrachées aux marchands
de journaux, et payées sans compter.
Et les discussions de recommencer de plus
belle.
Les journaux de Bruxelles, dont le marché
a été abondamment pourvu dès la première
heure, s'enlèvent rapidement, comme cela
était prévoir.
La première émotion calmée, les promeneurs
ont envahi les cafés et les estaminets, qui ont
dû, la plupart, rester ouverts une grande par
tie de la nuit. Il fallait bien, n'est ce pas, ré
gler sur-le-champ les nombreux paris enga
gés.
Les incidents de la dernière journée ont fait
les frais des conversations de toute la soirée.
A la gare, le spectacle était des plus cu
rieux. A l'arrivée des trains venant de Bruxel
les, les voyageurs étaient assiégés par une
foule avide ae connaître dans ses moindres
détails l'attitude des accusés et la physionomie
intérieure et extérieure du Palais.
Le côté sentimental
Pauvre petite Mariette
Cette malheureuse Mme Peltzer, pauvre
femme! c'est elle qui est le plus plaindre,
etc., etc.
Quant aux accusés, les avis sont partagés,
et il serait difficile, sinon impossible, de don
ner dès aujourd'hui la note vraie sur le senti
ment du public sur l'issue de cette cause célè
bre (Chronique.)
On n'est pas fixé sur la façon dont le ver
dict du jury a été rendu. On avait parlé d'a-
bord de 8 voix contre 4 pour les questions
relatives Armand, puis ae 11 contre une.
Maintenant l'opinion générale est qu'il y a eu
unanimité.
On écrit de Bruxelles la Meuse
Il paraît certain que le verdict du jury
dans l'affaire Peltzer a été rendu l'unani
mité.
La conviction morale du jury se serait
formée le jour de la descente rue delà Loi,
quand Léon s'est livré sa pantomime pour
expliquer la mort de Bernays.
L'invraisemblance de la version du prin
cipal accusé a ce jour-là sauté tous les yeux.
On ne se rappelle pas, de mémoire d'hom
me, avoir vu la foule en proie une surexcita
tion pareille celle qui s'est manifestée la
fin du procès. On va jusqu'à dire que s'il y
avait eu acquittement, les acccusés" auraient
été lynchés.
On s'occupe beaucoup des moyens de cas
sation invoqués par la défense. D'après un
bruit très répandu, deux des jurés auraient
illégalement figuré sur la liste, l'un étant
failli et l'autre n'étant pas Belge.
La chose est assez peu probable. L'opinion
la plus répandue est que le procès ne sera pas
cassé.
C'est par les clameurs de la foule que les
accusés, retirés dans la salle des témoins pen
dant la lecture du verdict, ont appris qu'ils
étaient condamnés. Ils applaudissent, a dit
Armand, je suis perdu Plus tard il a mur
muré: Je suis battu par l'opinon publique.
En arrivant la prison, il s'est écrié en san
glotant Ma pauvre mère Ma pauvre pe
tite Mariette
On sait que la pauvre enfant a ignoré,
jusqu'à ce jour, les événements auxquels se
trouvait mêlé son père. Elle le croyait en Amé
rique et l'attendait pour les fêtes de Noël. Ar
mand, qui espérait être acquitté, lui avait
écrit qu'il irait la revoir ce jour-là.
Mme Peltzer ne savait pas que le verdict
serait prononcé Vendredi soir. James le savait
et il attendait le jugement dans une rue voi
sine du palais de justice; un de ses amis, qui
ne l'a jamais abandonné durant cette malheu
reuse période, était avec lui, et c'est cet ami
qui a accompli la pénible mission d'aller faire
connaître la fatale issue du procès la pau
vre mère.
Le désespoir de la malheureuse Mme Peltzer
a été déchirant.
Le lendemain Samedi, elle s'est rendue la
prison, appuyée sur le bras de Me Van Cal-
ster.
L'infortunée femme marchait courbée, com
me succombant sous le poids de la douleur.
Nous n'essayerons pas de dire ce qui s'est
passé dans cette terrible entrevue de la pauvre
mère avec son fils Armand. Elle n'a pas vu
Léon. Economie
i"a r rr—
-
'i demandant que l'évêque de Poitiers soit
frappé d'une excommunication populaire
que Rome ne manquera pas de ratifier. Ai-je
besoin de vous dire que l'épiscopat et les ca
tholiques raisonnables ont toute confiance
dans la fermeté de Léon XIII pour pacifier le
diocèse de Poitiers en y étouffant cette révolte
qui couvre sous un prétendu zèle pour la re
ligion l'esprit de parti le plus détestable et les
rancunes les plus impies
Cercle Artistique et Littéraire.
Séance du Samedi 30 Décembre8 1/2 heures.
Ordre du Jour
Communications.
Lecture par M. A. Lagrange.
M. Alphonse Vandenpeereboom vient d'offrir au Cer
cle Artistique, son dernier ouvrage: Guillaume Du
Thielt, graveur. Notes sur sa vie et ses œuvres.
- On écrit de Courtrài Lundi matin (18 c'J1 'entrée
en gare du train venant de Hazebroek pour Bruxelles, de
nombreux voyageur quittant le marché ont été témoins d'un
acte de courage digne d'être signalé.