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N° 895. Jeudi, 43e aimée. J 2 Août 1883.
6 FRANCS PAR AN. t-
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
•- PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires ACQUIR1T EUNDO.
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Ypres, le lr Août 1883.
Les funérailles de M. Maurice Merghelynck
ont été célébrées Mardi au milieu d'un immense
concours de monde. Les abords de la maison
mortuaire étaient encombrés par une foule
compacte, tristement impressionnée. Le dé
cès prématuré de M. Merghelynck provoque
d'unanimes regrets, car il était d'un caractère
sympathique et ne comptait que des amis.
Fidèle aux nobles traditions d'une famille si
justement honorée, il aurait rendu, parcou
rant une longue carrière, des services si
gnalés sa ville natale et au parti libéral
auquel il était inébranlablement attaché.
Sa perte est d'autant plus sensible que
nous pouvons mieux en apprécier les consé-
quenses pour l'avenir. Maurice Merghelynck
était d'une rare modestie: il ne brigua jamais
aucun mandat public; il semblait qu'il n'avait
pas conscience de sa valeur. La simplicité de
son caractère était telle qu'il se plaisait don
ner le change l'opinion publique, en répé
tant, chaque occasion, qu'il n'avait aucune
aptitude pour les affaires. Heureusement,
quoiqu'il pût dire, ses belles qualités rayon
nèrent travers la brume épaisse de sa
modestie; aussi ses concitoyens le tirèrent-
ils, malgré lui, de l'obscurité laquelle il
voulait se vouer, n'ayant d'autre pensée que
de faire le bien sans bruit et decultiver les arts
dont il était amateur aussi intelligent que
passionné. Il finit par accepter les fonctions de
Membre du Bureau de Bienfaisance et un man
dat de ConseillerCommunal.et ne tarda pas
justifier pleinement la confiance que ses conci
toyens avaient placée en lui. En cédant aux
sollicitations dont il était l'objet, il avait assu
mé la tâche de remplir ses fonctions avec la
plus scrupuleuse exactitude. Il fit comme il
avait dit, si bien qu'il a suffi de deux ans
peine, pour que nous ayions regretter sa
perte comme s'il avait accompli une longue
carrière. Par ses dispositions dernières, il per
pétuera le souvenir de son trop court passage
aux affaires communales: la Ville, le Bureau
de Bienfaisance ont été l'objet de sa pré
voyante sollicitude.
C'est sous l'empire de ces sentiments que la
foule de nos concitoyens se pressait aux obsè
ques du regretté défunt Le cercueil, sur
monté des insignes de son grade dans la
milice citoyenne, reposait dans un salon du
rez-de-chaussée transformé en chapelle arden
te des couronnes profusion couvraient le
catafalque. Les honneurs funèbres militaires
furent rendus par la 4e compagnie de la Carde
Civique,dont M- Merghelynck était Capitaine.
Le cercueil était précédé de la Société des
Secours Mutuels, qui comptait le défunt parmi
ses membres protecteurs, ainsi que d'une dé-
putation de la Société de Musique de Reninghe,
dont M. Merghelynck était Président. En tête
du cortège marchaient la Musique du Corps
des Pompiers et un peloton de la Garde Civi
que; un second peloton de la Garde formait la
naie, et un détachement de Pompiers fermait
la marche. Immédiatement après la famille,
venaient le Conseil Communal en corps et les
Officiers de la Garde Civique une foule con
sidérable suivait. Les coins du poêle étaient
tenus par MM. A. Soenen, Conseiller Com
munal; Eug.Van Daele, Président du Bureau
de Bienfaisance; L. Myle, Capitaine de la
Garde Civique et Th. Cornette, Membre-Secré
taire de la commission administrative de
l'Académie et de l'Ecole Professionnelle.
Au cimetière, trois discours ont été pronon
cés le premier par M. Van Daele, au nom du
Bureau de Bienfaisance: le second par M.
Verhaeghe, Lieutenant la 4e compagnie de
la Garde Civique et le troisième, par M.
Glorie, Notaire Reninghe. au nom de la
Société de Musique et du Comité Scolaire.
A. Z.
Discours prononcé par M. Van Daele, au
nom du Bureau de Bienfaisance.
Discours prononcé par M. Louis Verhaeghe,
Lieutenant la 4e compagnie de la Garde
civique.
LE PROGRES
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ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et 'udiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
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1 i"
Messieurs,
Au nom du Bureau de Bienfaisance de la ville d'Ypres,
je viens rendre un dernier hommage au Collègue que
nous venons de perJre.
Qu'il me soit permis de vous rappeler, Messieurs,
une parole prononcée naguère dans un moment tout
aussi douloureux et qui, raison des circonstances
personnelles, m'est restée présente la mémoire.
L'homme, y disait-on, auquel nous adressons le
suprême adieu, avait conquis l'estime publique dans
une position relativement modeste; qu'importe! ce ne
sont pas les grands seuls qu'il faut regretter, ce sont
aussi les bons
Les mêmes paroles. Messieurs, pourraient aujour
d'hui se répéter avec le même à-propos; si le défunt n'a
pas visé occuper le premier rang, personne du moins
ne lui contestera le double mérite de la justice et de la
bonté et ce titre aussi, il a droit, croyons-nous, la
reconnaissance publique.
Maurice Merghelynck, né Ypres le 23 Mai 1844
fut proposé pour faire partie du Bureau par délibéra
tion en date du 26 Juin 1880. Le Conseil Communal ra
tifia ce choix le 3 Juillet suivant.
Il s'acquitta de ces difficiles et délicates fonctions
avec tout le dévouement que l'on est en droit d'atten
dre de ceux qui veulent concourir au soulagement des
malheureux.
Grâce aux bons soins de l'homme de.bien dont nous
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déplorons la perte, le patrimoine des pauvres continua
d'être administré de la manière la plus intelligente et
la plus avantageuse aux véritables intérêts des indi
gents confiés sa paternelle sollicitude.
Notre administration faisait l'objet de ses préoccupa
tions constantes; il savait s'occuper des moindres dé
tails; le matin même de sa mort, se sentant mieux,
il faisait encore le dessin d'un tableau où il désirait
faire figurer toutes les fondations actuellement existan
tes.
Impartial vis-à-vis de ses nombreux administrés il
sut allier un dévouement et une douceur inaltérables,
l'ordre et la discipline, qualités nécessaires et essen
tielles aux fonctions ingrates dont la confiance publique
l'avait investi.
Mieux que tout autre, nous avons été même d'ap
précier le caractère généreux de cet homme modeste et
simple qui fut pour tous ceux qui avaient recours son
dévouement un véritable protecteur et pour nous ses
collègues, un ami précieux, i
Vous tous qui m'écoutez, vous avez pu juger delà
bonté de son cœur et de sa constante affabilité.
Il avait les goûts paisibles des santés faibles, il les
relevait par une aménité inaltérable et un bon sens du
meilleur aloi.
Il réalisait le type d'une nature fragile, affectueuse
et droite.
Il était sympathique dans la meilleure acception du
mot.
Aussi, durant ces derniers jours fiévreux et souvent
privés de sommeil, si longs et parfois si cruels; quand
les circonstances, irritant son malheur, le retenaient
languissant loin de nous; réchauffé il est vrai par les
affections de famille les plus attentives, il a pu trouver
des soulagements dans cette pensée consolante qu'il
avait fait naître des amitiés comme il est donné peu
d'hommes d'en obtenir.
Laisser après soi d'aussi tristes regrets est le té -
,moignage d'une vie sans reproches.
Ta perte, cher Ami, est pour nous douloureuse; mais
après l'amère douleur de la séparation, combien ton
souvenir nous remplira d'une émotion douce et tran
quille...
Quand meurtris parfois par des luttes constantes
nous chercherons comment on se console et se recon
forte, notre pensée se reportera vers la leçon que nous
a donnée ton existence, hélas! trop courte, et laquelle
il n'a manqué qu'une chose pour réaliser le bonheur,
la santé!
Adieu notre Cher Collègue, adieu
Messieurs,
Au nom de la 4* compagnie de la Garde civique, jr
viens dire un dernier adieu notre regretté Capitaiuo,
Maurice Merghelynck.
Iiicorporé dans la Garde civique le 30 Janvier %6
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