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LES ALPES FLAMANDES.
No 1,073. Jeudi,
45e ANNÉE.
16 Avril 1885
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
L'Art el le Journal d'Ypres.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQl'IRIT EUNDO.
Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Slultgard Vienne et Zurich Pour if f i (Annoncen-ExPe<fifion)
C\ 30, Cornhill, E C et 5, Serle Street W C, Londres. - Pour la Hol ande :°che Nygh et Van DUmaT rX dam Wanî: Gé° Street et
38, Park Row-New-York. van mmar' Bollerdam. Pour 1 Amérique: chez Pethinghill et C*,
Heures de départ d'Ypres
Ypres, le 15 Avril 1885.
On avait annoncé pour le Lundi de Pâques,
un grand concert de charité au profit des
salles d'asile. Le but de la fête était des plus
louables.... pour les cléricaux le programme
publié par le Journal d Y près était des plus
alléchants morceaux choisis et exécutants
d'un mérite reconnu. Cependant malgré tout
l'intérêt qu'en notre qualité de critique d'art,
1 e Journal veut bien nous appeler ainsi de
temps en temps, nous portions cette fête
musicale, il fallut renoncer y assister. Le
Nous [coupons de Y Indépendance Belge les
lignes suivantes
compte-rendu de notre confrère devait, nous
l'espérions, nous dédommager un peu de cette
privation. Nos concitoyens ont pu juger si cet
espoir s'est réalisé.
Nous ne reproduirons pas ici cette perle,
mais pour ceux qui n'auraient pas eu le bon
heur de la lire, nous essaierons de leur en
donner une idée.
Le critique du Journal consacre d'abord
quelques lignes la salle et au public: il y
avait de nombreux représentantsdu beau
sexe. Puis, en homme galant, il rend hom
mage au bon goût de ces-dames toilettes
délicieuses Si nous n'étions convaincus de
la bonne foi de notre confrère nous aurions
peine le croire sur parole il est difficile en
effet de s'imaginer un luxe aussi effréné. Il y
avait des dentellesdes rubans (sic), des fleurs,
des bijoux et jusqu'à des rivières Nous re
grettons qu'ici notre confrère, dont nous nous
plaisons reconnaître la vaste érudition mu
sicale, ne nous ait pas fait connaître le titre
de la chanson où l'on parle des naufrages
causés par les rivières Cela doit être un
fameux morceau.
Le chroniqueur aborde alors la,partie ma-
sicale. A ce propos nous constatons que les
termes amateur et artiste ne sont
pas tout fait clairs pour lui. Ce ne sont
pas, dit-il, des amateurs dans le sens vulgaire
du mot, ce sont de vrais artistes Nous som
mes charmés d'apprendre que le mot amateur
a deux sens un vulgaire et un autre que nous
serions heureux de connaître. Nous enseigne
rions en échange au Journalla vraie significa
tion des mots amateur et artiste.
L'intelligent musicologue a spécialement
goûté Y Air favori de Vasseur il lui trouve
un charme pénétrant et original. Les ex
cellents amateurs l'ont interprêté assez sou
vent et avec une correction suffisante pour
que les connaisseurs puissent juger que ce
motif de Vasseur, du reste charmant, ne brille
ni par son originalité, ni par son caractère
pénétrant
Bien réussies aussi les lignes consacrées au
violon fort entre les forts Ce violon qui
pleure et qui rit, puis se met gronder, est
en effet de nature faire rire, puis pleurer,
et même fâcher tout un auditoire, comme le
dit notre confrère.
Le flûtiste, le ténor et la chanteuse reçoivent,
tour de rôle, les félicitations du critique en
termes distingués. Ces deux derniers doivent
avoir bien mérité les vigoureux bis et la
triple salve d'applaudissements l'ensemble
Peu au delà de Bailleul on atteint la frontière, délimitée
LE PROGRES
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et :udiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-23.
CHEMIN DE FER. 1'Mars.
Poperinghe, 6-27 9-09 10-00 12-07 3-00
4-00 6-25 9-03 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-27 12-07 6-25.
Houthem, 5-30 8-20 - 11-16 -5-20.
Comines, 5-30 8-05 8-20 9-58 10-10 11-16
2-41 2-53 5-20 - 8-58.
Gomines-Armentières,5-30 -8-05 11-162-53 8-58.
Roulera, 7-45 10-45 - 12-20 4-10 6-30
Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22.
Courtrai, 5-30 8-20 9-38 11-16 2-41 5-20.
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-41 5-20.
Courtrai-Gand, 5-30 8-20 - 11-16 2-41 5-20
Pour notre Flandre des plaines, si monotone et si nue,
polluée par les déjections industrielles et autres des grandes
villes de fabrique, le petit massif de collines qui de Cassel
se prolonge jusqu'au-dessus d'Ypres, est un but de prome
nades; pendant tout l'été des groupes d'excursionnistes vont
visiter ces monts et ces petits vallons français ou belges ce
sont nos Alpes nous.
La Société de géographie de Lille, par les facilités qu'elle
donne aux amateure de fêtes pittoresques, a beaucoup fait
pour rendre populaires ces montagnes lilliputiennes. Jadis
te mont Cassel avait seul le privilège d'attirer en curieux les
foules du plat pays, puis le chemin de fer de Poperinghe
Hazebrouck a mis k la portée de tout le mont des Cals et
son couvent de trapistes bientôt des explorateurs intrépides
ont visité les régions inexplorées où le mont Noir, le mont
Vidaigne, le mont Rouge et le mont Aigu se dressent au-
dessus des plaines des Flandres.
Enfin, pour inaugurer ses excursions de 1885, la Société
de géog'raphie a dirigé le jour de Pâques un groupe do
voyageurs sur le mont de Kemmel, le rival du mont Cassel
pour l'attitude,comme par son isolement.C'était la première
caravane qui allait visiter ces paranges, découverts avant
nous, je l'avoue humblement, pas nos voisins les Yprois.
L'expédition a débuté par la ville de Bailleul non pas
que cette grande mais calme bourgade soit bien curieuse,
mais elle possède un musée comme peu de nos grandes
villes de province peuvent s'enorgueillir d'en posséder le
musée de Puydt.
M. de Puydt était un Bailleulais éclairé, qui a passé sa
vie recueillir de vieux meubles, de vieux ustensiles, des
faïences et des objets d'art de toutes sortes. Chaque pièce de
sa maison, sauf le salon qui est du siècle dernier, a été
aménagée de façon ressembler aux intérieurs de nos
aïeux, cette période incertaine où la Renaissance n'avait
as encore triomphé sur toute la ligne. La cuisine est meu-
lée d'ustensiles culinaires de tous genres; on y voit jus
qu'au coussin dentelles sur lequel le cordon bleu em
ployait ses loisirs; chaque pièce est ainsi rigoureusement
meublée selon sa destination les objets qui ne pouvaient
être classés ainsi sont disposés dans les vestibules II y a là
des bahuts, des chiffonnières peintes ou incrustées d'une
valeur inestimable les objets d'art y sont par milliers, et
chose étonnante, bien peu de choses détonnent dans cette
collection accrue par des dons d'amateure souvent bien
moins éclairés que M. de Puydt.
Cette collection a été accrue par le concoure de l'Etat, qui
a donné tableaux, originaux ou copies, statuettes et bustes;
mais les joyaux du musée ont été recueillis par M, de
Puydtjil y a notamment trois admirables pastels de Latour,
qui rappellent les plus belles œuvres du maître au musée de
Saint-Quentin.
Je signale ce musée aux rares amateurs que leurs loisirs
peuvent amener Bailleul, ou aux touristes qui vont visiter
les monts de Flandres.
De Bailleul notre petite bande, composée de professeurs,
de militaires, de gens de lettres et de dames, ce qui ne gâte
rien, s'est mise en route dans de grandes guimbardes pour
le mont de Kemmel.
Rien de plus ravissant que cette campagne demi igno
rée. Le voyageur qui se rend de Bruxelles Calais par
Lille ne devinerait pas combien est accidenté, peu de pas
de lui, le sol de la Flandre; ce sont d'abord de faibles ren
flements de terrain où la route serpente entre les grands
prés verdoyants et les houblonnières où se dressent déjà les
perches de soutien. A mesure que l'on avance, on voit
monter lentement l'horizon la chaîne entière des collines
flamandes; elle semble flotter dans une lumière tremblante,
par le soleil qui se joue dans les dernières brumes du matin.
Du mont des Cats au mont Rouge, elles se suivent, régu
lièrement ballonnées comme des Vosges en miniature, avec
leurs bois où les frondaisons nouvelles mettent des teintes
claires, qui de loin sentent la sève. Entre les coteaux, des
vallons tapissés de prairies et semés de ces beaux ypréaux
qui ont, dit-on, donné leur nom la ville d'Ypres.