La dernière du Journal. LA LOI M 411)1 T E. A Langemarck. La Science el le Journal d'Ypres Sous ce litre un bêtisier le rédacteur extraordinaire du Journal cCYpres parle d'un article qui dépasse toutes les bornes per- mises de l'idiotisme C'est d'un bout l'autre une série non interrompue de sot- tises En vérité, c'est épatant Voilà le début. Il y en a trois colonnes dans le même genre. Les poissons d'Avril, la loi maudite, le scandale de Bruges et la Science modernetout y passe. Et tout cela, dit le confrère, est écrit dans ce joli style d'escarpe, de rôdeurs de barrière et d'horizontales de bas lieu, de voleurs et d'assassins notamment qui sem ble avoir un charme tout particulier pour certain gentilhomme de notre connaissance. Qui se ressemble s'assemble, dirait-on dans certain monde. Nous n'irons pas aussi loin et nous nous bernerons pour ce qui nous con cerne, demander au Journalau lieu de toutes ces grossièretés, quelques mots d'expli cation sur l'attitude de M. le représentant René Colaert dans l'affaire de Rousbrugge. On ne nous en voudra pas non plus de de mander comment l'honorable baron Surmont de Volsberghe parvient concilier les deux textes qui figurent la première page de notre journal. Le silence de ces honorables pourrait,en fin de compte, être interprêté dans un sens des plus défavorables et donner lieu des com mentaires que l'honneur du Parlement belge commande d'éviter. R. A diverses reprises déjà, nous avons entre tenu nos lecteurs de la situation faite l'en seignement primaire Langemarck. Des quatre écoles officielles qui existaient dans cette populeuse commune,une seule a été maintenue. C'est celle du centre. Les écoles mixtes de Poelcapelle et de Saint Julien, fermées arbitrairement par l'autorité communale, ne sont pas rouvertes et les in stituteurs, toujours dans le même état d'incer titude quant leur avenir, continuent être en butte aux tracasseries d'un clergé fanati que et haineux et d'une administration com munale qui semble vivre dans l'ignorance la plus complète des convenances administrati ves et de la législation. On pouvait s'attendre, après la fermeture des écoles des hameaux de St. Julien et de Poelcapelle, l'adoption, ou tout au moins une demande d'adoption par la commune, des écoles soi-disant libres situées dans ces deux agglomérations. Il n'en a rien été et rien ne prouve qu'il en doive être ainsi l'avenir. Nous doutons même que l'adoption soit pos sible et pour cause. D'ailleurs, quoi bon, avoir des écoles, même adoptées C'est vrai, quoi bon Il est cependant des obligations que la com mune doit remplir. Il est des devoirs auxquels elle ne peut manquer. Il est des charges aux quelles elle ne peut se soustraire. Il serait, en effet, puéril de soutenir que les édiles de Langemarck satisfont au désir du législateur en maintenant une seule école com munale pour une population de près de 8000 âmes. L'article 2 de la loi du 20 Septembre 1884 dit, que: le Conseil communal détermine suivant les besoins de la localité, le nombre des écoles et celui des instituteurs. Le pouvoir attribué au Conseil communal est donc pour ainsi dire illimité. Au surplus, par un reste de pudeur que n'éprouveraient certes ni M. Basile Colaert, ni M. Tartufe de Volsberghe, ni le R. P. Struye, il a été en tendu que le Gouvernement, ne serait nulle- ment désarmé contre une commune oui n'é- tablirait pas un enseignement public suffi- sant; il aurait toujours le droit d'agir sur elle, soit par le retrait des subsides soit par les autres moyens indirects qu'il possède(l) Le refus des subsides, nous l'avons dit vingt fois déjà, est une arme iidicule et nos commu nes flamandes, terrorisées par la bande noire et administrées par des polichinelles de l'é- piscopat, aimeraient mieux se passer de tout enseignement et condamner la jeunesse l'a bêtissement le plus complet que de satisfaire cette obligation morale affirmée par des légis lateurs hypocrites, d'établir ne fut ce qu'un simulacre d'enseignement officiel. Il est évident qu'une seule école,dont le per sonnel ne comprend que deux instituteurs, est insuffisante pour une population de 8000 âmes,et que le Gouvernement a le devoir d'in tervenir promptement et énergiquement pour mettre fin une situation calamiteuse, qui compromet gravement, non seulement le dé veloppement intellectuel, mais la prospérité matérielle de la commune de Langemarck. Mais, dira-t-on, si le refus des subsides est une arme insuffissante, le gouvernement peut agir par les autres moyens indirects qu'il possède Ces moyens indirects, nous ne les connais sons pas et nous croyons que l'honorable re présentant dont nous avons tantôt emprunté le langage, ne les connait pas plus que nous. Des moyens indirects, il n'y en a pas. Et il ne peut y en avoir. Sous la loi de 1879, il y avait un excellent moyen, un moyen direct qui réussissait fort bien et qui, pour ce motif, a maintes fois fait jeter les hauts cris aux troupeaux d'oies qui marchent sous la crosse de Monsieur Jean de Bruges. C'était l'envoi d'un commissaire spé cial. Il va de soi que ce moyen est suranné, tom bé en désuétude, et que nos maîtres ne se décideraient l'employer que pour contrain dre les communes donner des subsides, ces iramaculés petits-frères. Inutile d'insister sur ce point. Nous tournons donc dans un cercle vicieux. La commune est libre, dit-on, mais sa li berté ne va pas jusqu'à la licence. Elle a des obligations remplir. Le gouvernement le proclame bien haut, bien fort, pour donner le change aux badauds et en définitive, les obligations imposées la commune n'ont aucune sanction de la part du pouvoir central. On a feint de décréter l'autonomie commu nale. On a inauguré le règne de l'anarchie et de l'ignorance. Voilà tout. (l) Annales. Chambre des Représentants, page 328. Nous lisons dans le Journal d'Ypres de Mercredi dernier: La dernière pièce du feu d'artifice, le bouquet, représente la Science moderne avec ses éclairs subits et ses longues traînées de lumière. La science moderne, c'est le transformisme, c'est l'évolution sans cesse renouvelée, c'est le perfectionnement graduel, le das werden des Allemands, l'éternel devenir, le darwinisme. La matière, qui est éternelle, a formé un jour, par hasard, sans doute d'un éclat, les terres el les mers qui forment le monde. Ces terres el ces mers ont produit des plantes. Celles-ci ont engendré des limaçons el des lézards. Ceux-ci leur tour ont procréé des serpents et des crocodiles, et ainsi de suite, jusqu'à ce que, par une série non interrompue de progrès, le singe est né d'un éléphant, et l'homme est né d'un.singe. Système superbe, comme on voit. Les gens d'esprit sont gens heureux Nous n'avons nullement l'intention d'entamer une discussion avec le Journal au sujet des théories de la science moderne el du Darwinisme en particu lier; nous ne nous en reconnaissons d'ailleurs pas la compétence. Nous nous contenterons d'invoquer ici une autorité, que certes le Journal d'Ypres ne récusera pas celte autorité est celle de Monsieur Proost, professeur l'Université catholique de Lou- vain Nous estimons, dit-il, que le devoir des calho- liques est d'apporter dans l'examen de ces ques- tions brûlantes (doctrine du Darwinisme) le plus grand calme et surtout F impartialité la plus com- plète. Le domaine de la science est le domaine de la raison pure, appuyée sur l'observation et non le sentiment. Toutes les sciences physiques et biologiques ont apporté leur tribut cette hypothèse grandiose, grossissant toujours la somme des probabilités qui militent en faveur de son adoption par les philosophes et les savants. Les derniers seront-ils tous classés par le Jour nal d'Ypres parmi ceux, qui constituent le stulto- rum infmitus immerus Nous serions en bien hono rable société. Continuons notre citation mesure que les progrès de la zoologie el de l'embryologie révélèrent l'histoire du développe- ment des animaux inférieurs, on s'aperçut que tous les anneaux de la chaîne des êtres sont inti- mement enchevêtrés et que les types les plus diffé- rents en apparence ne sont parfois que des degrés d'évolution (développement) d'un même individu.») Et plus loin: La cellule, qui doit reproduire l'organisme, pré- sente peu près les mêmes dimensions dans tous les œufs. Nulle différence apparente n'existe, par exemple, dans le règne animal, entre celle d'une souris et celle d'un éléphant. D'autre part, entre un animal formé d'une seule cellule comme une amibe, et la cellule d'un œuf, il n'y a aucune dif- férence essentielle. Ajoutons que parmi les nombreux micrographes, qui ont contribué la découverte de ces relations, nous devons mentionner Monsieur le chanoine Car- noy, professeur l'Université catholique de Louvain. (Est ne stultus Si l'on examine de minute en minute l'embryon d'un animal, on ne voit aucun changement et ce- pendant l'anatomie démontre qu'il suffit de quel- ques mois pour le faire sortir d'une cellule a unique. Est-il donc si invraisemblableajoute IL

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Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 2