No 1,077. Jeudi,
45e ANNÉE.
30 Avril 1885.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Une lettre de Basile.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acqi'irit eu.vdo.
Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par XAgence Havas (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants:
Pour la France l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition)
Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Sluttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne el l'Irlande: chez Géo Street et
C\ 30, Cornhill, E C et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande: chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethinghill et C*,
38, Park Row-New-York.
Ypres, le 29 Avril 1885.
Daignera-t-il nous écrire
Cela serait peut-être plus chevaleresque
et plus digne que de payer un scribe pour
répondre sa place.
Attendons.
Voilà en quels termes nous avons prié M.
Surmont de Volsberghe de bien vouloir colla
borer notre journal.
Nous n'avons pas attendu longtemps.
Mardi après-midi, l'heure où nos rares
gommeux se dandinent et se promènent dans
les rues, nous avons reçu la visite de Basile
qui, d'un air bonhomme et d'un ton où il s'ef
forçait de mettre un peu d'assurance, nous
pria humblement d'insérer dans le Progrès la
lettre qu'on va lire.
Nos lecteurs connaissent le discours que
Basile a prononcé au Sénat.
Nous en avons publié des extraits qui ont
permis chacun de nos lecteurs de se faire
une opinion ce sujet.
Basile nous en envoie d'autres.
Nous aurions mauvaise grâce ne pas les
accueillir dans nos colonnes,car nous n'avons
rien perdre cette publication.
En effet, la cause est jugée Basile est et
demeure convaincu de duplicité.
Cela dit, voici la lettre en question
Ypres, 27 Avril 1885.
A Monsieur l'Editeur du Journal Le Pro
grés
Ypres.
Monsieur,
Vous m'appelez Basile, Parfail jésuite, etc.; ce
genre de compliments paraît vous amuser beaucoup.
Continuez votre aise, je n'entends pas vous empê
cher de prendre votre plaisir où vous croyez le trou
ver. Mais vous vous permettez de m'attribuer des
paroles qui ne sont pas les miennes. Cela m'étonne
île votre part vous avez la prétention d'être loyal.
Afin de mettre vos lecteurs même de connaître
exactement ce que j'ai dit au Sénat, le 28 Mars der
nier, je vous prie de reproduire le passage suivant
des Annales parlementaires,pages 137 et 138 en im
primant en caractère gras les mots que j'ai soulignés.
Le voici
Quant au principe: «l'Etat hors de l'école»,
principe dont l'application présente la seule solu-
ion vraie et logique de la question scolaire dans un
pays où la constitution proclame la liberté d'ensei
gnement,vos lecteurs pourraient en juger mieux,
si vous leurs offriez le texte intégral du discours
prononcé par M. Lammens au commencement de la
séance du 27 Mars(annales parlementaires, page 119)
Je n'ai pas le droit de vous demander ce sacrifice
et laisse votre loyauté bien connue le soin de vous
exécuter.
Vous tronquez également mon discours du meeting
électoral. Serait ce une manière de polémique qui
vous est propre?
Ceux qui m'ont entendu le 12 Octobre compren
dront le motif de votre procédé. Puisque vous aimez
en ce moment reproduire mes paroles, publiez les
paragraphes que vous passez sous silence. Je puis
vous assurer que je n'ai rien perdre cette publi
cation.
Je vous remercie de vos offres d'hospitalité. Lé
galement, je puis m "établir chez vous et disposer de
quatorze colonnes; mais je ne suis pas de ceux qui,
sous prétexte d'user du droit de réponse, en com-
brent les pages d'un journal. Je vous quitte.
Veuillez recevoir,Monsieur, mes salutations.
SURMONT de VOLSBERGHE.
Un mot seulement
M. Surmont nous accuse d'avoir tronqué son
discours du mois d'Octobre.
LE PROGRES
ABONNEMENT PAR AN P jur l'arrondissement administratif et :udiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adresse l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-23.
M. le baron Surmont de Volsberghe, rap
porteur. Revenons, messieurs,la question scolaire.
Nous avons entendu exposer deux systèmes; l'un, dé
fendu par l'honorable M. Lammens en plusieurs circon.
stances, a pour but de mettre l'Etat hors de l'école. Je
crois, quant moi, que ce système est vrai et parfaiie-
ment logique. J'en suis partisan convaincu. Il a été
défendu dans des termes tels qu'il n'est pas nécessaire
d'insister.
D'autre part,nous avons entendu l'honorable M.Crocq
exposer une fois de plus le système libéral: l'enseigne
ment officiel au service exclusif du libéralisme.
Pour M. Crocq comme pour tous ses amis politiques,
il n'y a qu'un système d'enseignement l'Etat maître
absolu de l'enseignement, l'Etat seul directeur et seul
surveillant de l'enseignement public. Voilà le système et
on prétend que c'est là le système de la liberté.
Je n'en désire pas renouveler la discussion sur ce
point, c'est inutile après l'éloquent discours que nous
avons entendu hier, mais qu'on nous permette de dire
que nous n'entendons pas la liberté de cette manière.
L'Etat maître absolu de l'enseigement, ce sont les
générations successivement coulées dans un même
moule, frappées d'une môme estempille, l'estempille de
l'Etat, formées de la môme manière dans les écoles,
passant ensuite dans les casernes, recevant identique
ment le même esprit, le même développement d'intelli
gence et préparées pour être toujours la merci et aux
ordres du Dieu Etat. Ce serait là la liberté mais qui ne
le voit? c'est au bout de quelques années la nation en
tière préparée au plus épouvantable esclavage.
M. Croeq. C'est tout l'opposé.
1H. le baron Sarmont de Volsberghe, rappor
teur. Nous ne sommes pas d'accord sur ce point, et
je crois que nous le serions difficilement.
Ce système-là, il a sévi pendant six ans dans le pays.
Vous avez été six ans au pouvoir, vous avez essayé de
faire prévaloir ce système au moyen de toutes les violen
ces, par les commissaires spéciaux, par l'arbitraire le
plus exorbitant, par les vexations de toutes sortes, par
toute la pression que peuvent donner les bureaux de
bienfaisance, les hospices, toutes les administrations.
Vous avez épuisé les caisses de l'Etat et cependant vous
n'avez pas réussi, vous avez été renversés sur cette
question et aujourd'hui vous réclamez quand le rapport
de la commission vous dit que le ministère catholique a
été investi d'une mission spéciale, d'une mission répara
trice, qu'il a reçu pour mission de faire une nouvelle loi
qui respecte la liberté. Cette loi a été faite, c'est celle
du 20 Septembre 1884,c'est une loi vraiment réparatrice.
Si nous avions voulu vous traiter comme vous nous
avez traités nous-mêmes, si nous avions voulu user de
représailles et faire une loi contre vous, vous seriez en
droit |de réclamer; mais nous ne demandons
pas, aujourd'hui, l'application immédiate
de notre principe t l'Etat hors de l'école.
Mais nous le maintenons, avec l'espoir fon
dé de le voir prévaloir un jour.
En attendant nous avons aidé en votant la
loi de 1884, vous fournir des écoles.
Nous estimons qu'il n'est pas permis un
gouvernement de priver d'écoles une gran
de parti des citoyens d'un pays.
Vous avez été impuissant, vous grand parti libé
ral organiser vos frais un enseignement qui vous
fût propre. Vous n'avez pas su user de la liberté, vous
qui prétendez être une grande opinion dans le pays.
Nous,catholiques, nous avons créé cette grand œuvre
de renseignement libre; nous l'avons organisée de
manière vous vaincre; nous avons doté toutes nos
communes d'écoles de tout genre. Nous l'avons fait de
nos deniers, au prix de sacrifices énormes. Où sont les
vôtres, messieurs? Montrez-nous vos écoles ou vos
œuvres. Je n'en ai jamais connu que trois et vous vous
êtes empressés de les remettre l'Etat, afin de ne pas
devoir continuer les payer.
Eh bien, aujourd'hui que nous sommes au
pouvoir, nous reconnaissons que vous avez
besoin d'écoles et nous vous les donnons.
La récente loi scolaire vous offre des garanties vous
pouvez les réclamer. Voilà ce qui s'appelle la liberté,
voilà comment nous l'entendons et comment nous l'ap
pliquons 1
Nous entendons, messieurs, respecter la liberté chez
vous, mais nous voulons aussi que vous la respectiez
chez nous. Celte liberté, c'est avant tout la liberté des
pères de famille.
Cette liberté, nous l'avons défendue pendant les cinq
années que nous avons eu le pouvoir, nous la défen
drons toujours! Très bien! droite).