N» 1,079. Jeudi,
45e ANNÉE.
7 Mai 1885.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL Tl'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
4 l'œil droit du Journal.
Cumul de la pharmacie et de la médecine.
PAHAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQU1R1T EUNDO.
Heures de départ oTYpres
Ypres, le 6 Mai 1885.
Mgr Guibert, archevêque de Bordeaux,
vient d'adresser au clergé de son diocèse une
lettre pastorale sur le Concordat, d'un carac
tère singulièrement libéral.
Dans ce document public et officiel, le cou
rageux prélat dit leur fait aux intransigeants
de tous bords, ceux de l'Eglise comme aux
autres.
Il en faut convenir, écrit-il, il s'est malheureuse
ment rencontré des chrétiens plus zélés que pru
dents, plas catholiques que le Pape et les évêques,
et qui, sans autre mandat que celui qu'ils se sont
donné eux-mêmes, ont prétendu représenter et per
sonnifier l'Eglise, et qui l'ont tristement compromise
en l'inféodant leurs partis politiques. Nous ne ca
lomnions certes pas. N'ont-ils pas expressément dé
claré qu'on ne pouvait être catholique orthodoxe qu'à
la condition d'arborer leur drapeau
Dans leurs journaux passionnés et dans certaines
de leurs réunions, on n'a pas toujours tenu compte
des si sages conseils que donnait Léon XIII aux
cercles catholiques d'Espagne, de ne jamais mêler
aux intérêts de la politique humaine la cause sacrée
de la religion. Trop d'imprudences ont été commises
cet égard, même de la part de quelques membres
du clergé qui se sont laissé entraîner ce courant
néfaste.
La lettre se termine par les lignes suivan
tes
Soyons de notre temps et aimons noire pays
Respectons les nuances et sa politique et toutes ses
opinions honnêtes et sincères. Laissons-le libre dans
ses droits de choisir le régime qu'il croit le meilleur,
le plus conforme ses goûts, ses besoins présents.
Laissons-le libre de se réjouir de sa liberté, de
sa civilisation, de ses progrès, de ses prospérités
matérielles. L'Eglise, qui bénit ces grandes choses,
ne le lui défend pas.
Voilà un langage que le clergé nous donne
trop rarement l'occasion d'entendre. Si l'Eglise
parlait toujours de cette manière et montrait
ce même respect pour les droits de la société
moderne, la paix se rétablirait entre le pou
voir civil et la société religieuse.
Le scandale de Bruges. Deux prévenus, on
le sait, ont réussi se soustraire jusqu'ici aux recherches
de la justice. Ce sont les nommés Claerhout, 32 ans, préfet
de la congrégation de St.-Jacques, et Hernou, 18 ans, re
lieur, connus l'un et l'autre comme des agents zélés du parti
clérical. Le 7 Septembre ils ont pris part la manifestation
de Bruxelles.
La question du cumul de la pharmacie et de
la médecine par les médecins de campagne et
des petites villes assimilées au plat pays a été
vivement débattue dans ces derniers temps.
Elle passionne des degrés divers les phar
maciens et les médecins qui ont intérêt les
uns voir cesser le cumul, les autres le voir
maintenir.
Mais le plus intéressé dans tout ceci, c'est le
public qui ne semble guère s'en douter et qui
ne s'émeut que lorsque,par suite d'une méprise
dont l'auteur n'est pas toujours facile dé
signer, le danger du système actuel se révèle
d'une manière parfois terrible et que son ap
plication cause d'irréparables catastrophes.
A diverses reprises et notamment dans ses
rapports de 1881 et de 1882, la Commission
Médicale de notre province s'est occupée de
cette délicate question.
Voici ce que nous trouvons dans le rapport
de l'année 1883
LE PROGRES
Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par VAgence Havas (Publicité), 89, Marché-aux-Horbes, Bruxelles et chez ses correspondants:
Pour la France: l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition)
Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stutlgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et
C", 30, Cornhill, E G et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique chez Pethinghill et C\
38, Park Row-New-York.
ABONNEMENT PAR ANPjur l'arrondissement administratif et ;udiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
CHEMIN DE FER. l'Mars.
Poperinghe, 6-27 9-09 10-00 12-07 3-00
4-00 6-25 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-27 12-07 6-25.
Houtbem, 5-30 8-20 - 11-16 —5-20.
Comines, 5-30 8-05 8-20 9-58 10-10 11-16
2-41 2-53 5-20 - 8-58.
Comines-Armentières,5-30—8-0511-162-53 - 8-58.
Roulers, 7-45 10-45 - 12-20 4-10 6-30
Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-586-22.
Courtrai, 5-30 8-20 9-38 11-16 2-41 5-20.
Gourtrai-Bruxelles, 5-30 9-58—11-16 -2-41 5-20.
Gourtrai-Gand, 5-30 8-20 - 11-16 2-41 5-20
M* Cauwe présente la défense de Wensch.
M" Charles De Poortere, celle de Van Caillie.
Aucun avocat a consenti se charger de la défense de
Claerhout, d'Hernou et de Herpoel.
Les débals ont révélé des faits écœurants.
L'un de ces gamins, Gustave Vandepitte, faisait l'office de
proxénète. Il se chargeait de recruter parmi les plus jeu
nes ouvriers de l'imprimerie de St-Augustin, ceux qui
semblaient les mieux disposés satisfaire les goûts dépravés
de Claerhout, le chef de la bande. (De beste die voor hem
zouden kunnen dienen).
Un jour, Claerhout a entrainé dans un chemin désert des
environs deux de ces coprévenus. Ceux-ci ont avoué qu'ils
avaient reçu dix centimes en paiement de leurs complaisan
ces infâmes.
Un des témoins, un garçon de seize ans, appartenant
une famille de la bourgeoisie, fait la singulière déclara
tion que voici Maman s'étonnait de me voir sortir d'ha
bitude avec un homme de l'âge de Claerhout. Elle prit des
informations au sujet de cet individu. Dès qu'elle eut appris
qu'il était le frère d'un des vicaires de la paroisse, elle se
montra pleinement rassurée.
Voilà bien l'aveuglement d'une mère cléricale
Aussi le président du tribunal de répliquer ce gamin
Ainsi pour madame votre mère, un frère de vicaire ne
saurait être qu'un personnage angélique, un séraphin
Cette affaire jette un jour affreux sur l'éducation que les
enfants reçoivent dans les écoles cléricales. Elle montre de
nouveau que les idées qui y régnent sont bien faites pour
oblitérer complètement tout sentiment de dignité personnelle.
Et dire qu'il y a 8e nos amis politiques qui osent envoyer
leurs enfants dans ces antres de vice Combien de victimes
devront encore faire nos ensoutanés, pour que les yeux des
mères s'ouvrent enfin
Le jugemenl a été rendu Samedi malin. Claerhout, re
connu coupable de quatre attentats commis avec violence
sur Vandepitte, âgé de moins de 14 ans, de deux attentats
sans violence, et de treize outrages aux mœurs, a été con
damné quatre fois un an de prison, quinze fois trois mois
et vingt-six francs d'amende ou huit jours et dix années
d'interdiction de ses droits civils.
Ensemble sept ans et neuf mois de prison.
Hernou, coupable d'outrage public aux mœurs, est con
damné trois mois de prison et vingt-six francs d'amende
ou huit jours de prison.
Herpoel. coupable de deux attentats, esteondamnéà deux
fois un an de prison, deux fois trois mois de prison vingt-
six francs d'amende ou 8 jours de prison et cinq années
d'interdiction de ses droits civils.
Vandepitte, quoique âgé de moins de 14 ans, a agi en
connaissance de cause. Reconnu coupable de huit outrages
aux mœurs, il est condamné pour chaque fait trois mois
de prison et vingt-six francs d'amende ou huit jours de
prison, portés, en vertu delà loi, douze mois de prison.
Les faits mis charge d'Hilderson, Wensch et Van Caillie,
n'étant pas suffisamment prouvés, ces trois prévenus sont
acquittés.
Sur réquisitoire du mimstèie public, le tribunal ordonne
l'arrestation immédiate de Claerhout (fugitif) et de Herpoel
(déjà détenu).
Claerhout, Herpoel, Hernou et Vandepitte sont aussi con
damnés aux frais.
Une foule considérable attendait, au palais de justice et
sur la place du Bourg, l'issue de cette affaire.
1. Le cumul de la médecine et de la pharmacie par
a les médecins de campagne et des petites villes conati-