N° 1,092. Dimanche,
21 Juin 1885.
6 FRANCS PAR AN.
JODR\AL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
m-«r* LA LOI MAI DITE.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Pour l'Amérique chez I'ethinghill et C%
i Mais le parti libéral, messieurs, n avait pas attendu
l'avènement de ce ministère pour travailler au développe
Dans un long article intitulé» Don Quichottisme le
Journal d'Ypres vomit contre nous le kyrielle ordi
naire d'injures et de gros mots dont il a toujours ru
le monopole.
Il y perd son temps et sa peine.
Nous lui avons d jà dit maintes fois et nous sai-
sisons cette occasion pour le lui rappeler: Les inju
res ne sont pas des raisons.
Notre confrère a beau dire que nous dénaturons
les faits.«Celle affirmation ne suffit pas: il faut des
preuves. Or. tout ce que nous avons avancé pro
pos de l'exécution de la loi scolaire dans les
communes de notre arrondissement, nous l'avons
prouvé et nous constatons que pas une de nos allé
gations n'a été ni démentie, ni même rectifiée par
nos adversaires.
Et quand nous disons pas une nous allons
peut-être un peu loin, car le Journal nous prend
partie dans son dernier numéro au sujet d'un fait de
pression que nous avons signalé dans notre numéro
du 22 Mars.
11 publie une épitre que le Bien public s'est fait
45e ANNÉE.
LE PROGR
VIRES ACOtlIRIT EIINBO
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et ;udiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant.du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
L'Association libérale et constitutionnelle de l'arrondisse
ment de Tournai, réunie en assemblée générale sous la
présidence de M. Bonnet, a proclamé candidat l'élection
législative du 25 de ce mois M. Carbonnelle, bourgmestre
de Tournai, qui sera la Chambre, a-t-il dit, un défen
seur modéré mais énergique de la politique libérale et du
pouvoir civil contre les empiétements de l'ambition sacer
dotale.
M. Jules Bara, ministre d'Etat, ancien ministre de la
justice, a prononcé dans celte assemblée un discours qui
flagelle avec une éloquence véhémente la politique et les
actes du cabinet, tandis qu'à Bruxelles, l'occasion d'une
autre élection, on ne flagelle, hélas que des amis politi
ques.
Nous appelons l'attention sur ce discours important qui
fera entendre aux électeurs bruxellois la note de la vraie
opposition, en leur montrant comment on lutte en province
pour reconquérir les positions perdues et donner un digne
successeur l'illustre citoyen qui avait porté dans les con
seils du gouvernement le programme de l'indépendance
réelle du pouvoir civil
mmm.... Si nous profitions de cette occasion pour
examiner ensemble ce que nos adversaires ont fait au pou
voir Quels sont leurs actes Prenons-les un peu l'aven
ture, comme ils se présentent. Ils ont décrété le repos
dominical obligatoire et la messe plus obligatoire encore
pour certains catégories d'employés de l'Etat. En êtes-
vous plus heureux? Ils ont rendu aux chanoines leurs
traitements superflus. Vous en trouvez-vous mieux?
Ils ont reconstitué des cures inutiles pour des vicaires plus
inutiles encore. En ressentez-vous quelque bien Ils
votent incessamment des crédits pour travaux d'église.
La prospérité du pays en est elle augmentée Ils ont
rétabli Bruxelles l'antique sinécure d'un poste diploma
tique au nom d'un Etat qui n'a plus d'existence politique.
Vous apercev z-vous que les affaires, les vôtres et celles de
la nation, en reçoivent une plus heureuse impulsion Cet
ambassadeur du Saint-Siège est arrivé Bruxelles, incogni
to, sans fracas, ayant conscience apparemment qu'il ne ré
pondait aucun besoin, aucune aspiration du pays. Mais
il est bien, ce nonce, la caractéristique de la situation qui
nous est faite ce sont bien les évêques qui ont là. dans cet
envoyé du Pape, leur chef de file et leur observateur. Et
maintenant voyons leurs promesses, celles qu'ils ont faites
avant les élections; voyons comment ils les ont tenues après.
Quels impôts ont-ils abolis ou seulement réduits? Aucun.
Lorsque Lopposition libérale les a mis en demeure de justi
fier leur programme électoral en supprimant ces charges
tant décriées sous l'ancien cabinet, M. Beernaert a déclaré
ces impôts nécessaires et les arguments qu'il a développés
la Chambre pour démontrer cette nécessité, ont été exacte
ment les mêmes que ceux que l'honorable M.Graux avait fait
valoir pour en demander l'établissement. (Rires et ap
plaudissements). Ce qui était une énormité, une mala
dresse, une iniquité, une charge écrasante pour les contri
buables sous un ministère libéral, acquérait, sous le
ministère des évêques un caractère presque sacré et dont
les contribuables eussent été mal venus de se plaindre!
Ces 14,000,000 d'impôts, c'était, sous un ministère libérai,
14,000,000 pris sur la sueur, le bien-être du peuple sous
un ministère clérical, cela change de nature, cela devient
une sorte de dîme qui rentre dans les prévisions gouverne
mentales. Cela rentre aussi dans les traditions de nos ad
versaires car, vous le savez, messieurs, il n'est pas d'exem
ple d'un ministère clérical qui ait aboli ou diminué les
impôts établis par son prédécesseur; mais tous, par contre,
ont eu soin d'en créer de nouveaux.
Il est vrai que le clergé a de vastes besoins, qu'il y a
les congrégations, l'enseignement libre, la hiérarchie catho
lique, petits et grands dignitaires et, les couvents qui ont
des exigences sans cesse croissantes. Et l'on dira, messieurs,
que le gouvernement n'est pas celui des prêtres, que nous
faisons au cléricalisme une guerre qui n'est point justifiée,
alors que 400 couvents émargent au budget, dans le mo
ment même où l'on jette nos instituteurs sur le pavé, sous
prétexte d'économies
Et ces écoles qu'ils abolissent, ces instituteurs qu'ils
destituent, vont-ils leur fournir l'occasion de diminuer les
charges du pays en restituant la masse les 6,000,000 de
subsides alloués aux communes? Non! cet argent qu ils qua
lifiaient de dilapidations scolaires dans 1 opposition, ils
le gardent... connue ils gardent les 14,000,000 d'impôts;
ce qui fait 20 millions qu'ils doivent ces mécréants de
ministres libéraux.
Quant l'impôt sur le tabac, plus décrié encore que les
autres, qu'en ont-ils fait Ils l'ont maintenu... comme les
autres. Et lorsque récemment, la Chambre, M. Struye a
réclamé son abolition, ou, tout au moins, sa réduction,
aucune voix de la droite ne l'a appuyé et, comme vous le
disait tantôt mon honotable ami, M Carbonnelle, il en a été
de même d'un autre trompe-l'œil électoral, je veux parler
de l'établissement d'une taxe l'entrée sur les grains étran
gers.
M. de Moreau préconisait cette mesure comme provi
dentielle pour l'agriculture; M. Beernaert s'est levé pour
démontrer que ce serait sa ruine inévitable (rires). Voilà,
messieurs, la puissance et l'unité d'action de nos adversai
res Voilà comme ils tiennent leurs promesses électorales
lorsqu'ils sont au pouvoir Et leurs actes comme adminis
trateurs Quels travaux ont-ils décrétés pour donner une
impression nouvelle l'industrie età l'agriculture nationale?
Aucun.
Qu'ont-ils fait pour remédier la crise agricole? Rien,
absolument rien Et dans la composition même du cabinet
actuel, ne se sont-ils pas moqués du pays? Ils ont mis aux
affaires étrangères un personnage qu'ils ont dû la liàte
retirer de ce département pour l'empêcher de commettre
bévues sur bévues et. pour caser cette incapacité dange
reuse, ils ont improvisé une sorte de sénicure ministérielle,
celle de l'agriculture.
Ils se sont persuadé que là le noble ministre ne pour
rait rien faire de bien compromettant, et qu'on lui adjoin
drait, du reste, des conseils pour suppléer son manque
d expérience et de connaissances agricoles. Mais, là encore,
l'étonnant ministre a trouvé moyen de se distinguer d'une
façon peu enviable. Le pays n'a pas oublié ces fameux ingé
nieurs agricoles destinés, paraît-il, changer la face de
l'agriculture, modifier les théories, la pratique et même
le sol national, transformer la Belgique un véritable
pays de Cocagne, mais qui ne seront, en réalité, dans la
main du clergé que de nouveaux agents de propagande
électorale. Et c'est ainsi, messieurs, qu'au fond des sacris
ties on en remontre en fait de science et d'expérience agri
coles, la masse laborieuse et instruite de nos fermiers et
cultivateurs, dont plusieurs se sont légitimement illustrés
parleurs travaux et leurs produits! C'est des sacristies que
va sortir le remède souverain la crise actuelle et ce que
nul gouvernement européen n'a encore pu faire, quelques
bedeaux et chantres de paroisse vont l'exécuter (Rires).
ment de l'agriculture en Belgique il a créé des instituts
agricoles et cet enseignement communal dont on poursuit
la ruine pour le remplacer par un enseignement sans con
trôle; ces instituteurs, issus du peuple, sortis, pour la plu-
pari des campagnes, que I on jette sur le pavé pour les rem
placer par des instituteurs sans diplôme; cet enseignement-
là, messieurs, n'est-il pas la base élémentaire de la science
agricole et le gouvernement qui y porte atteinte, ne com
met-il pas un crime de lèse nation, de lèse-civilisation?
(Applaudissements).
Dans la lutte outrance pour l'existence qui caracté
rise l'époque actuelle et que chacun doit soutenir selon ses
forces, c'est l'instruction qui constitue la ressource la plus
sûre pour s'ouvrir une voix dans la vie. Le parti libéral,
messieurs, a toujours eu pour objectif de mettre l'instruction
la portée de toutes les classes, il s'efforcera de la rendre
de plus en plus obligatoire et universelle; c'est par l'instruc
tion que le parti libéral obtiendra sur ses adversaires un
triomphe durable et défini.if. (Applaudissements).
L'arrondissement de Tournai, messieurs, restera fidèle
ses glorieuses traditions de progrès et de liberté II en
verra au Parlement, pour remplacer l'illustre M. Rogier, un
autre défenseur, modéré aussi, mais ferme et énergique
également du pouvoir civil. Si on laissait faire, messieurs,
les hommes qui sont maintenant au gouvernement, la Bel
gique finirait par descendre au dernier rang des nations
civilisées.
Et tandis que dans d'autres pays, en France notamment,
l'instruction obligatoire a acquis force de loi,que l'enseigne
ment a été arraché au despotisme du clergé, nous autres,
rejetés d'un siècle en arrière par l'effet d'une réaction hon
teuse, nous nous traînerions la remoque de la civilisation,
objets de la pitié et du dégoût des autres nations.
(Etoile).
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