No 1,095. Jeudi,
45e ANlffeE.
2 Juillet 1885.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1A LOI Al41]DITE.
Rousbriigge.
Les libéraux de province.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQUIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissenient administratif et :udiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Ypres, le 1' Juillet 1885.
Nous avons protesté dès le commencement
de la guerre scolaire contre la délibération du
Conseil Communal de Rousbrugge portant
suppression de l'école du centre fréquentée par
63 élèves et maintien d'une école au hameau
de Haringhe, laquelle ne compte que 14 en
fants.
Nous avons invoqué en faveurde notre thèse
l'esprit de la loi du 20 Septembre 1884 et une
circulaire de M. Thonissen.
Jusqu'à présent, M1" Colaert n'a pas essayé
de nous réfuter et il n'a pas encore expliqué le
fameux démenti qu'il a donné M. Barra
lorsque ce dernier signalait la Chambre et
au pays ce qu'on a appelé depuis le scandale
de Rousbrugge.
Nous ne nous attendions pas avoir si com
plètement raison sur tous les points et surtout
nous ne nous attendions pas voir Maître
Pleurnichard lui-même, le grand, le seul, l'u
nique Pleurnichard celui dont la maison
n'est sur aucun coin, abonder dans notre sens
et appliquer la petite commune de Xles
principes que nous avons exposés différen
tes reprises dans les colonnes du Progrès.
Voici comment s'exprime le grand Ministre
dans le Bulletin du Ministère de l'Intérieur et
de l'Instruction 'publiquepage 90
Monsieur le Gouverneur du Brabant,
Ci joint, en retour la délibération par laquelle le
Conseil Communal dea décidé la suppression
de l'école primaire établie au centre de la localité et le
maintien de l'école du hameau de
Dans son rapport du 17 Octobre dernier, M. VInspec
teur principal du ressort desoulève la ques
tion de savoir si l'Autorilé Communale a le droit de
supprimer de préférence l'école du centre, lorsqu'il est
constaté que cette institution est plus fréquentée que
celle du hameau et que plus de 20 chefs de famille en
demandent le maintien.
Le texte de la loi le permet, mais ce serait en mécon-
nattre Vesprit que d'en agir ainsi, le nombre des pè
res de famille fut-il inférieur 20.
Pour que l'art. lr de la loi du 20 septembre 4884 re
çqive sa loyale.exécution, l'on doit, au contraire, con
server comme école communale unique celle qui se
trouve l'endroit de la commune où la population sco
laire fréquantant les écoles communales est la plus
dense et où, consèquemment, l'école peut rendre le
plus de services ce seraiten quelque sorte, se sous
traire aux obligations imposées par la loi que d'a
gir autrement.
Comme l'école primaire communale existant au cen
tre de la commune deest fréquentée et mieux
a la portée de tout le monde que celle du hameau
de j'estime qu'il y a lieu d'inviter le Conseil
Communaj revenir sur sa délibération en \eprévenant
que faute par lut de le fairetout subside de l'Etat
pourrait lui être retiré.
Le Ministre de l'Intérieur et de l'Iostroclien publique,
(Signé) THONISSEN.
C'est identiquement le cas de Rousbrugge.
La question est de savoir maintenant si Pleur
nichard suivra pour Rousbrugge les règles
qu'il a tracées et suivies par cette petite com
mune du Brabant ou bien si, faisant litière
des principes et foulant aux pieds un précé
dent gênant, il cédera aux injonctions d'un
curé et se couchera plat ventre devant un
sacristain.
D'une façon ou de l'antre il faut en finir et
faire disparaître de Rousbrugge cette ques
tion irritante qui divise la population et est
une cause continuelle de discussions de
brouilles et de conflits.
On demande une solution et on prie M. Co
laert de ne plus fourrer son nez dans cette
affaire. R.
Il paraît que pour couronnement de la session des
Chambres, nos maîtres nous réservent une petite
réforme électorale bien anodine selon leurs organes,
et que la majorité votera avec enthousiasme, car elle
a été pétrie dans le laboratoire de M. Jacobs et elle
ne doit pas manquer de levain.Il paraît qu'avec celle
petite réforme on parviendra fixer la suprématie
du parti clérical. Pour aller, plus vite en besogne,
on rétablirait ces excellents chevaux mixtes au moyen
desquels on fabriquait si facilement des électeurs.
On ramonerait aussi les cheminées électorales posti
ches, et on les iïapperait de nouveau d'un impôt qui
leur permettrait de faire des électeurs. Ceux-ci n'y
verront que du feu et pas môme de la fumée.
Mais les chevaux et les cheminées ne suffiront pas.
Le Journal de Bruxelles a laissé passer uu bout
d'oreille beaucoup plus long. On devra rendre du
même coup la magistrature son prestige compro
mis, et pour ce enlever aux cours d'appel la connais
sance des contestations électorales. 11 faut que
toutes choses soient remises leur place, n Ce qui
équivaut dire que les villes doivent devenir les vas
sales des campagnes. On pourra essayer d'accentuer
encore cet antagonisme, mais on ne le perpétuera
pas. Le ressort Irop tendu, dit le Journal de Bruges
se brisera entre les mains imprudentes qui le font
mouvoir.
I
Nous reprenons de la Meuse l'excellent article sui
vant, que les radicaux feront bien de méditer:
Dans les discours qu'ils prononçaient Dimanche
dernier l'Association libérale de Biuxelles, MM.
Janson et Demeur ont paru se préoccuper beaucoup
de l'opinion des libéraux de province, comme
on nous appelle dans la capitale du Brabant.
Dieu merci! cette opinion n'a pas varié depuis
longlemps sur le compte des radicaux bruxellois.
Les libéraux de province n'ont qu'une préoccupa-
lion: c'est de maintenir l'union entre les diverses
fractions du libéralisme ils se souviennent de cette
parole si vraie que M. Frère-Orban prononçait Tan
nés dernière la Chambre: la division,c'est la mort;
Ils n'ont pas oublié que c'est la division des libé
raux bruxellois, l'intransigeance des députés radi
caux, les violences de leurs meetings, qui ont con
tribué,pour une large part,ramener les catholiques
au pouvoir, qui ont livré le pays la réaction cléri
cale la plus effrénée qui se soit vue depuis 1830 et
compromis, pour longtemps peul-êlre, ces trois
grandes réformes que le ministère libéral réalisait
avec autant de sagesse que de fermeté: la laïcité
de l'enseignement, l'extension du droit de suffrage
et, comme complément, l'instruction obligatoire.
Où sont-elles aujourd'hui ces réformes éminem
ment démocratiques? Où est la majorité libérale qui
devait en assurer le maintien et le développement?
Où est cette révision de l'article 47 qui se lut accom
plie sans secousse, mais que l'on léclamail sur
l'heure, sans trêve, sans répit et dont, par dérision
sans doute,on parle encore aujourd'hui en face d'une
majorité cléricale de trente-quatre voix?
Les libéraux de province n'ont pas perdu le sou
venir des angoisses qu'ils éprouvaient, la veille du
désastre électoral de Juin 1884, en voyant les radi
caux de Bruxelles,sourds aux conseils,aux supplica
tions qui Iwur arrivaient de partout, compromettre
stupidement, par leurs violences et leurs exagéra
tions,la magnifique situation qu'avait alors l'opinion