MARTINE ET SON ANGE. N° 1,098. Dimanche, 45e ANNÉE 12 Juillet 1885. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL b'Yl'RES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Les procès d'Ennelières. Le Bassin de natation. LE PROGRES PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQUIRIT EUNDO. Les annonces de la Belgique et de l'Étranger sont reçues par VAgence Havas (Publicité), 89, Marché-aux-ÎIerbes, Bruxelles et chez ses correspondants: Pour la France: l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expédition) Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Sluttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et C", 30, Cornhill, E C et 5, Serle Street W G, Londres. Pour la Hollande chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique chez Pethinghill et C*, 38, Park Rovv-New-York. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et ;udiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Ypres, le 11 Juillet 1885. De tous côtés, on nous demande pour quels motifs le Progrès n'a pas, l'instar du Jour nal d Ypres, publié un compte-rendu des pro cès d'Ennetières. Deux mots d'explication au sujet de notre réserve. Outre que nous n'avons guère l'habitude de nous occuper des affaires judiciaires aussi longtemps que la justice n'a pas rendu sa sen tence, nous avons cru que nous étions trop di rectement intéressé dans cette affaire pour pouvoir en rendre compte sans mettra ce qu'un semblant de partialité dans nos arti cles. Mais aucun prix nous n'eussions voulu jouer le triste rôle qu'a rempli le Journal d Ypres, en publiant l'attaque et en négligeant la défense. Ce procédé dans lequel on ne peut voir de la part du pître du Journal qu'un moyen vul gaire et grossier d'en imposer l'opinion pu blique et de peser sur la magistrature, nous répugne et, de la part d'un confrère, nous at triste profondément. Nous avons un trop haut degré, n'en dé plaise certain avocat qui a osé dire le contraire, le sentiment de la souveraineté de l'opinion et de l'impartialité-de la magistratu re pour suivre un aussi déplorable exemple. La sentence du tribunal, nous l'accepterons quelle qu'elle soit et d'avance, nous pouvons certifier au Journal que nous ne l'attaque rons pas sitôt le jugement exécuté ou le délai d'appel expiré, comme le ftût d'habitude celui même qui se dit éferffTéeole du respect. Nous en avons pour garant notre long pas sé exempt de toute flétrissure judiciaire. La Rédaction. ...ni" "V i" la Il y a, quelque douze ans, (c'était, croyons- nous, le 24 Juillet 1873) par une chaleur tro picale, un grand nombre d'habitants adres- LES PETITES LÉGENDES. I. En ce temps-là, dans ce pays, il y avait une enfant de quinze ans, appelée Martine, qui était sur le point de ren dre l'àme. La maladie l'avait prise tout coup; maintenant elle allait trépasser. Ses parents, de pauvres campagnards qui ne possédaient rien autre chosaqu'une vieille chaumière au milieu d'un maigre champ, éprouvaient une cruelle affliction car ils aimaient tendrement la jolie moribonde. La mère surtout se désespérait; d'abord, parce qu'elle était la mère, et puis parce que, la chaumière se trouvant très loin du village, elle craignait que M, le curé n'arrivât pas avant la mort de Martine. Très dévote, elle pleurait en son geant que sa fille cesserait de vivre sans s'être confessée et sans avoir reçu l'absolution. Pour ce qui est de cela, n'ayez point de souci, ma dame, dit une voix si douce que les parents, malgré leur douleur, en eurent l'ouïe enchantée. En même-temps, ils voyaient derrière le litdel agonisante, se lever une forme blanche, un peu vague, avec des ailes. La voix reprit Je suis l'ange gardien de Martine, et je pense qu'un ange peut remplacer un prêtre sans aucun désavantage. Tenez-vous dans ce coin, là-bas, ne retournez pas la tète. Votre enfant me dira ses péchés; comme elle est tout fait innocente, ce sera l'affaire, d'un moment. II. Il arrive,peu souvent qu'une jeu,ne fille se confesse un ange; la chose arrive en.ce. temps-là dans ce pays. Martine eut bientôt fait d'avouer ses menues peccadilles le divin messager allait la bénir, pardonnée, non des mains, niais des ailes, lorsqu'elle se souvint a une grosse faute qu'elle avait commise, la semaine passée. Envieuse d'un mouchoir de cou, en soie rose, si joli, que lui avait montré une voi sine, elle l'avait dérobé pour s'en parer. Double crime coquetterie et larcin. L'ange demeura perplexe. Je ne sais, dit-il, si je dois vous absoudre d'un tel péché. Où est-il, ce mouchoir? Sous l'oreiller, mon bon ange. Il faudrait le restituer. Oh! ce serait de grand cœur. Mais le puis-je? Malade comme je suis, je ne saurais faire un pas ni môme descen dre de mon lit; et la maison de la voisine est de l'autre côté du petit bois. Qu'à cela ne tienne, dit l'ange gardien qui avait ré pondu tout. Faisons un troc, pour un instant: donnez-moi votre maladie,"prenez ma bonne santé; et je resterai dans le lit, au lieu de vous, tandis que vous irez rapporter le mou choir. Vos parents ne s'apercevront de rien; je cacherai mes ailes sous le drap. Je ferai comme il vous plaira, dit Martine. Mais surtout gardez-vous de perdre le temps en chemin! Imaginez ce qui arriverait si l'heure marquée pour votre mort sonnait avant votre retour il me faudrait mou rir votre place; ce qui serait tout fait malséant, puisque jq suis immortel. N'ayez crainte, mon ange Je ne vous exposerai pas un si grand malheur. Quelques minutes suffiront pour que j'aille et revienne. Là-dessus, se sentant aussi dispose qu'il est possible de l'être, elle sauta du lit et se vêtit la hâte, en silence, pour ne pas attirer l'attention de ses parents; quand ceux-ci se retournèrent, ils virent sur l'oreiller un doux visage pâle, avec des cheveux blonds sans doute, c'était l'ange, qui cachait ses ailes sous le drap. salent au Bourgmestre de la Ville d'Ypres une requête dont la teneur suit et dont nous tes- pectons scrupuleusement l'orthographe: Les soussignés prennent la respectueuse liberté de vous rappeler que depuis dix ans il est sérieusement question de aoter la ville d une école de natation, chose reconnue com- me salutaire et indispensable au point de vue de l'hygiène publique. Nous espérons, Monsieur le Bourgmestre, que la démarche que nous vous faisons sera prise en sérieuse considération et que vous convoquerez dans le plus brel délai, le Con- seil auquel vous voudriez bien soumettre le - projet de Monsieur Heyninx, Architecte de la Ville, dont les plans sont déposés depuis un an l'Hôtel de Ville. Nous désirons, dans l'intérêt du bien être des habitants de la ville, qu'une prompte décision soit prise et qu'on exécute au plus vite le vœu que nous formulons ci-présente- ment. Agréez, Monsieur le Bourgmestre, nos civilités empressées. Chose étrange et assurément digne de re marque, les cléricaux n'étaient cette époque III. Courant travers les branches, sautant les fossés, Mar tine faisait toute la diligence possible. Bien que ce fût déjà nuit noire, elle connaissait trop bien la route pour qu'il y eût le moindre risque qu'elle s'égarât. Elle arriva sans re tard la maison de la voisine, entra sans frapper, glissa dans un bahut le mouchoir de soie rose, par bonheur, il n'y avait personne au logis, et s'en revint sur ses pas. A "vrai dire, elle marchait un peu moins vite que tout l'heure. Etait-ce qu'elle hésitait, au moment de rendre son ange la santé qu'il lui avait prêtée Pas du tout. Elle lui gardait une grande reconnaissance de ce qu'il avait fait pour assurer le salut éternel d'une pauvre fille, et se sentait ré solue tenir sa promesse. Non certes, non, elle ne le lais serait pas mourir au lieu d'elle Si elle ne courait point, présent, c'était cause de la fatigue. Puis, un rossignol chantait dans les branches nocturnes tout argentées de lune, et qu'y a-t-il de plus doux écouter que ce chant, la nuit Elle l'entendait, hélas! pour la dernière fois. En môme tejnps une tristesse lui venait penser qu'il y aurait demain un ciel de lune et d'étoiles, qu'elle ne verrait point. C'était affreux, ce lit, si proche.où elle s'endormirait pour toujours. Mais elle secoua ces lâches regrets! Elle s'élança, et, déjà, elle apercevait dans l'ombre, la vieille chaumière au milieu du champ, lorsqu'une musique de violon sonna dans le lointain. On dansait, là-bas, dans le hangar d'une ferme. Elle c'était arrêtée. Elle écoutait, troublée, ravie. Elle se disait que s'était tout près, cette ferme, qu'une valse, une toute petite valse, ne dure pas longtemps rien de plus mal sans doute que de faire attendre l'ange qui souffrait pour elle; mais, enfin, l'heuie où elle devait mourir n'était pas, peut-être, si proche qu'on le croyait... IV. Après une valse, ce fût une autre valse, une autre, une autre encore Avant chacune, la dernière pensait Mar-

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