Les fcmincs calho'iqucs. ni les moins ardents ni les moins empressés pousser la construction d'un bassin de natation et nous avons quelque souvenance d'avoir rencontré parmi les signataires de la jolie pétition ci-dessus, des catholiques nota bles dont les organes attitrés, le Journal, le Nieutcsblad et le Drake, reprochent précisé ment. l'Administration Communale d'avoir réalisé les désirs et les aspirations de leurs patrons. Faut-il citer des noms? Nous ne le pensons pas. Qu'il suffise de dire qu'il y en a beaucoup et que nous en pourrions en faire un joli bouquet. Mais passons. Le monde est plein de ces contradictions, de ces palinodies, auxquelles on attache quelque fois beaucoup d'importance et qui ne sont en réalité que de petites misères! D'aucuns disent, pour expliquer cette con tradiction tant soit peu flagrante, qu'en 1873 les cléricaux n'avaient pas encore pris envers St-Labre l'engagement de pratiquer cette grande vertu chrétienne de la malproprété; tandis qu'aujourd'hui hélas La pétition des - hydrophiles et des ama teurs du plongeon dormit longtemps, dit-on, dans les cartons de l'Hôtel-de-Ville en com pagnie des pians de M. Heyninx sur lesquels elle devait appeler l'attention du Conseil. Pourquoi f Nous ne saurions le dire au jus te. Mais nous imaginons que la ville n'ayant pas acquis cette époque la propriété pleine et entière des terrains militaires, n'avait nul souci d'élever une construction relativement coûteuse sur un terrain dont on pouvait lui enlever tous les jours la jouissance. N'oublions pas qu'alors comme aujourd'hui, les calotins étaient au pouvoir et que le brave papa Malou.cet excellent enfant d'Ypres.qui a toujours gardé une vieille dent contre sa bon ne ville natale, ne se montrait guère disposé nous faire cadeau de ces terrains. Nos édiles en savent quelque chose. 11 fallait donc bien attendre l'avènement d un cabinet libéral pour obtenir la cession pleine et entière de nos promenades, fossés, chemins de ronde, etc..etc., et mettre la main l'œuvre. Ce qu'a été cette cession des terrains mili taires, nos lecteurs le savent et nous n'y re viendrons pas. Bornons-nous rappeler en passant que line, puis je m'en irait mourir. La musique recommen çait; 1 enfant n'avait pas la force de s'éloigner. Elle avait des remords, certainement, mais des remords qui dansaient avec elle. Pourtant, quand minuit sonna, elle réunit tout son courage. Elle ne resterait pas une minute de plus elle reprendrait sa place dans le lit mortuaire! Comme elle sortait du bal, elle se trouva en face d'un jeune homme si beau qu'elle n'avait jamais rêvé qu'il pût en exister de pareil. Et ce n'était pas un paysan, ni. l'un des seigneurs des châteaux voisins, mais le* roi lui-même qui, revenant cette nuit-là d une chasse où il s'était égaré avec quelques courtisans, avait fait halte devant la ferme pour voir com ment se divertissent les gens de la campagne. A l'aspect de Martine, il demeura ébloui, jamais il n'avait admiré la cour une princesse aussi belle que celte filette des champs, et il devint tout pâle tandis qu'elle venait toute rose. Après un silence, oû ils achevèrent de s'éprendre l'un de l'autre un point qu'on ne saurait dire, le roi n'hésita pas s écrier que son cœur était fixé pour toujours, qu'il n'au rait point d'autre femme que cette exquise bergère. Et il or donna qu ou fit approcher un carrosse oû elle prendrait place pour venir la cour. Hélas, Martine, délicieusement émue, ne put s'empêcher de monter dans la royale voiture, mais, en môme temps, elle avait le cœur bien gros en son geant l'ange gardien qui se mourait dans la chaumière, qui est peut-être mort, maintenant. Y. Elle fut reine, elle eut des palais merveilleux, et la joie des fêtes, et la gloire d être la plus illustre avec l'orgueil d'être la plus belle. Mais ce qui la ravissait surtout ce n'é taient pas les louanges des chambellans et des ambassa deurs ce n'était pas de marcher sur des tapis de soie et d'or de porter des r >bes fleuries de toutes les roses et con stellées de tous les diaments, non c'était l'amour toujours vivant, toujours grandissant, qui brûlait pour le roi, dans nos honorables représentants ignoraient même que cet objet figurât l'ordre du jour des tra vaux de la Chambre et qu'aucun d'eux n'était présent lorsqu'il fut voté. Cela se passait au mois de Mai 1884. L'Administration Communale n'a donc pas perdu son temps. En moins d'un an, les travaux, conduits ra pidement, ont été menés bonne fin et depuis le 25 Juin les pétitionnaires du 24 Juillet 1873 ont la faculté de faire la planche au Kas- teelgracht. Parmi ces derniers, quelques unsont vieilli. Au lieu d'y venir eux-mêmes ils y envoient leurs moutards. Il se trouve ainsi qu'ayant été un peu égoïs tes et n'ayant prêché que pour leur chapelle, ils ont procuré de grands avantages leur in téressante progéniture. D'autres, mais en petit nombre ceux là, ont tourné casaque, c'est-à-dire qu'ayant poussé jadis la construction d'un bassin de natation ils en sont aujourd'hui les adversaires con vaincus et trouvent mauvais tout ce qui été fait pour eux mais sans eux. Qu'ils ne se gênent pas pourtant; qu'ils y viennent. On ne les regardera pas de travers et ils oublieront vite.au sein de l'onde,et leurs petites colères et leurs sottes rancunes. On poussera même l'attention jusqu'à leur donner des caleçons rouges. Le bassin de natation occupe, nous assure- t-on. une superficie de 2500 mètres carrés. A part celui d'Anvers.établi sur l'Escaut.c'est le plus confortable de tous ceux que nous con naissons. Il est ouvert tous les jours depuis le lever jusqu'au coucher du soleil. Le prix d'entrée est de 30 centimes par per sonne. On délivre des cartes d'abonnement moyen nant fr. 1-50 par mois ou 5 fr. pour toute la saison. Certaines gens prétendent que ces prix sont trop minimes et que l'administration devrait chercher retirer un plus gros intérêt du capital dépensé. On allègue, il est vrai, que dans d'autres villes, les prix d'entrée sont beaucoup plus élevés; mais on perd de vue qu'en construi sant un bassin de natation, la ville d'Ypres son cœur, qui brûlait dans le cœur du roi pour elle. Ils éprouvaient l'un pour l'autre une tendresse non pareille. Dans tout le vaste inonde, ils ne voyaient qu'eux seuls. Les affaires de l'Etat étaient le moindre de leurs soucis; qu'on leur permît de s'adorer en paix, ils n'avaient pas d'autre désir et, sous leur règne, on ne fit point la guerre, tant ils s'occupaient faire l'amour. Au millieu d'une telle joie, Martine songeait-elle au céleste messager qui avait pris sa Elace, par charité pure Rarement. Son bonheur ne lui tissait pas le temps de ce chagrin. Que si, parfois, un remords lui venait de n'avoir pas accompli sa promesse, elle s'en délivrait en se disant que Martine, dans la chau mière, n'était peut-être pas aussi m lade qu'il paraissait, et et que l'ange avait dû guérir. D'ailleurs, elle ne s'inqui était guère de ce passé si obscur, si lointain et elle ne pou vait pas avoir de tristesse puisqu'elle s'endormait tous les soirs la tête sur l'épaule de son royal époux. Mais il advint une chose terrible le roi disparut un jour, pour ne plus reparaître, et personne ne put savoir ce qu'il était devenu. VI. Dès qu'elle fut seule, dès qu'elle fut malheureuse, Mar tine se souvint de l'ange qui l'avait attendue en vain. Quand on est plaindre, on est enclin avoir pitié. Elle se repro cha amèrement d'avoir condamné au trépas le miséricor dieux immortel, car depuis longtemps sans doute, il avait cessé d'exiter, et, un jour s'étant revêtue d'un ha bit de pauvresse, d'un habit pareil ceux qu'elle portait jadis, elle .s'achemina vers la chaumière au millieu du champ. Espérait-elle qu'il serait temps encore de reprendre le lit fatal Oh non, elle savait bien qu'elle avait commis une faute irréparable mais elle voulait revoir, pelerine repentante, le lieu où avait souffert celui qui s'exposa pour elle. La chaumière n'était plus que décombres dans la plai ne en jachère. En sïnformant chez les voisins qui se gardè rent bien de la reconnaître, Martine appris que les habi n'a pas entendu faire une entreprise, mais uniquement exécuter un travail d'utilité pu blique dont la haute importance n'échappera personne. Disons encore que les élèves des établisse ments d'instruction y sont admis moitié prix. Depuis le Samedi, midi, jusqu'au Diman che, pareille heure, l'accès du bassin est gratuit. Les dames seules y sont admises les Mardis et Jeudis, de 7 heures 10 heures du matin. Il est réservé la garnison tous les Samedis et Lundis, depuis 5 heures jusqu'à 9 1/2 heu res du matin. Telles sont les principales dispositions du règlement provisoire affiché dans l'établisse ment. Nous ne donnerons pas ici une longue et minutieuse description du bassin de natation. Tous nos lecteurs le connaissent, l'appré cient et ses nombreux abonnés (leur nombre dépasse déjà 200) félicitent avec nous l'Admi nistration Communale d'avoir doté la ville d'un établissement qui répond un véritable besoin et est appelé rendre de grands servi ces toutes les classes de la population. En réponse un article intitulé - les fem mes libérales où notre estimable confrère de la rue au Beurre soutenait qu'une femme doit être atteinte d'un ramollissement de cerveau pour s'adonner aux pratiques du culte catho lique et professer en même temps des idées li bérales, nous avons montré que si les femmes de certain grand monde très-clérical peuvent mener une vie scandaleuse tout en restant des enfants soumises de l'Eglise romaine et des pénitentes choyées par les bons Pères, c'est grâce la facilité qu'elles ont de confesser leurs fautes et de se les faire pardonner. Notre démonstration n'a peut être pas été assez complète, assez concluante au gré de certains esprits incrédules. Nous tenons ce- lendant convaincre ces derniers, et, dans ce jut, nous leur ferons connaître encore quel- Jues-unes de ces pieuses et saintes fraudes e ces saints artifices de dévotion comme disaient nos vieux jésuites des Flandres et dont l'usage fréquent a fait dire par ces bons pères que les crimes s'expient aujourd'hui tants de la demeure aujourd'hui ruinée avaient quitté le pays, autrefois, après la mort d'une fille chérie et l'on ne savait quel chemin ils avaient suivi. Quant l'enfant, elle était enterrée dans le petit cimetière, au flanc de la co'lline. Ainsi, c'était certain, le céleste remplaçant était mort l'heure où elle aurait dû mourir elle-même et on l'eût ense velie si on ne 1 avait pas enseveli. Du moins elle irait prier sur la tombe de l'ange. Elle entra dans le cimetière, s'age nouilla devant une croix basse où on lisait le nom de Martine parmi les hautes herbes fleuries. Comme son sœur se déchirait! Comme elle se jugeait coupable Avec quels sanglots elle implorait la divine clémence Ma:s une voix lui dit, une voix si douce que, malgré sa douleur, elle en eût l'ouïe enchantée Ne vous désolez pas, Martine les choses n'ont pis aussi mal tourné que vous pouvez le croire. En même temps, elle voyait derrière la croix, se lever une forme blanche, un peu vague, avec des ailes. La voix reprit; Je suis votre ange gardien, et tout est bien puisque vous voilà. Hâtez-vous de vous coucher sous celte pierre, et j'emporterai votre âme au paradis, afin de l'y épouser. Hélas mon bon ange, combien vous avez dû souffrir, par ma faute, en mourant, combien vous avez dû vous en nuyer, seul si longtemps, dans cette tpmbe Bon dit il, je m'étais bien douté que vous ne revien driez pas de sitôt, et j'avais prix mes précautions en consé quence. Une vaine forme abusa vos parents, sous le drap, sur l'oreiller je vous ai suivie travers les branches et, pendant que l'on croyait Martine endormie dans la fosse, sous les hautes herbes fleuries Oh pendant ce temps, en quel lieu étiez-vous, mon ange ,T étais dans notre royal palais, ma reine, où vous m'aimiez presque autant que vous m'aimerez tout l'heure, au Paradis CATULLE MENDÈS.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 2