l a réforme électorale.
CONDAMNATION ET EXÉCUTION
D'UNE TRUIE.
Exposition internaiionale de Bordeaux en 1883.
Le projet de réforme électorale déposé par M.
Bcernaert dans la séance de Vendredi dernier vient
d'être distribué la presse.
Le texte en est de tout point conforme celui
publié par le Journal de Bruxelles.
Il faut donc supposer que les modifications qui
en ont retarde la distribution aux membres de la
Chambre t aux journaux portent, non sur le projet
lui même, mais sur Y Exposé des motifs.
Quoi qu'il en soit, Y Exposé des motifs justifie en
ces termes laconiques la présentation de ce projet
Nos lois électorales, quoique souvent remaniées, prêtent
h de justes critiques. I.e gouvernement se préoccupe des
moyens d'y faire droit.
Mais, dès k présent, il lui semble indispensable de cher
cher rédui> e le nombre, chaque année grossissant, des
contestations électorales. Non seulement elles surexcitent
les animosites politiques, mais elles entravent le cours nor
mal de la justice, au grand préjudice des plaideurs, et amè
nent trop souvent, par leur nombre n.ème, des décisions
contradictoires.
Pour atteindre ce but, il suffit de résoudre législative-
ment quelques questions controversées, et de fixer av ec plus
de précision certains points des lois électorales. La déter
minaison du principal occupant, les locations au mois, le
droit du mari aux impôts de sa femme, les émoluments des
employés et commis, les domiciles multiples des fontion-
naires amovibles, mili aires, ministres des cultes, bateliers,
marchands ambulants et corn mis-voyageurs, sont au nom -
bre des objets les plus fréquents des procès électoraux
Le projet de loi s'attache écarter ces contestations en
arrêtant des règles précises et égales pour tous. Le gouver
nement espère que les Chambres l'accueilleront avec bien
veillance.
A en croireM.Beernaerl.donl la signature figure au
bas de cet Exposé, la réforme proposée n'aurait donc
d'autre but que de réduire le nombre des contesta
tions électorales en résolvant par voie législative et
en fixant avec plus de netteté certains points con-
trovei-sés de jurisprudence.
L'honorable chef du cabinet passe bon droit pour
Dans le courant du mois de Février dernier, un jeune et
brillant avocat du barreau de Gand. M Charles Parinentier,
a donné la section du Willems-Fonds, Ypres, une con
férence des plus intéressantes sur les procès de sorcellerie
au moyen-ûge.
Nous en avons rendu compte cet endroit même et nous
avons applaudi au succès du conférencier du Willems-
Fonds.
Un de nos amis, qui se livre en ce moment quelques re
cherches sur l'histoire de la sorcellerie dans notre West-
Flandre, nous signale une intéressante petite brochure de
feu Isidore Diegerick, éditée k Ypres en 1877, sous le titre
modeste de MÉLANGES et dont nous extrayons les
quelques pages ci-après
Au XV' siècle c'était l'opinion générale que tout animal
était justiciable pour les méfaits commis par lui. Gelait 1 a-
vis du côl< bre jurisconsulte français Guy-Pape, avocat, puis
conseiller au Parlement de Grenoble, où il mourut en 1487,
et dont le recueil des Décisions des plus belles questions de
droit a été longtemps d'un usage général. Dans cet ouvra
ge (t; ce jurisconsulte s'exprime de la manière suivante
Si animal bruturn delinquatsicut quandoque faciunt
porci. qui comedunt pueros, an debeant mori Die quod
sic casus est 15. qu. 1. si mulier. Et si homicidium com-
t mittant debent per su uni dominum tradi justitiœ ut mo-
riantur, éxod 21e.) et secumdum quod alias delin-
quant, quod debent puniti ut ibiden habetur, et in cap,
39, ibi. dentem pro dente {Nous passons ici quel
ques lignes et pour cause)jumentum si hominem
interfecerit lapidibus occidatur. Puis il ajoute Ista
i non vidi practicari in hac patria Delphinali. Sed in pa-
tria Burijundica dum ibam ad civitatem Cathalani in
i Campaniaad regem lune ibi existentem, vibi quendam
porcum in furcis suspensem qui dicebatur occidisse
quemdam puerum. (Ouvrage cité, page 254, Questio
CCXXXVIII.)
Ce qui se praffquail dans la Bourgogne au XV* siècle se
pratiquait la même époque dans notre Flandre et en l'an
de grâce 1459, le 26 au mois de Janvier, nos ancêtres, en
(I) Utt» >vis r*r>i J ulriusque cornultimimi et in Auytitlissimo
SennixGral mnpolitam régi* Consiliarii Drémnnes etc. Gene-
yae, S'imvtU/ue Jixn.it ntonii etSamurlis de Tournes, 1053, in-f.
un jurisconsulte des plus compétents dans cette déli
cate et épineuse matière. Qui ne se rappelle les in
nombrables pourvois en cassation qu'il eut soutenir
autrefois, au nom des Associations libérales en lulle
contre les fraudes si habilement tramées par les
cléricaux
Si M. Beernaart s'était laissé guider, dans l'éla
boration de son projet de réforme,par l'unique désir
de diminuer le nombre des procès électoraux en
fixant le sens de certains points obscurs de notre
législation électorale, nul mieux que lui n'eût été en
situation de mener bien celle utile et louable en
treprise.
Malheureusement, un simple coup d'œil jeté sur
son projet sufiit pour se convaincre que l'ancien
avocat des causes libérale s'est inspiré de ptéoccu-
palions toutes différentes.
Ce projet tranche bien, de-ci et de-là, quelques
questions de jurisprudence controversées affaire
de donner le change aux niais, si l'on peut mais
ce qui ressort la dernière évidence de son ensemble,
c'est qu'il a été conçu et combiné tout entier en vue
de rentorcer le parti clérical au pouvoir eu enlevant
une foule innombrable d'électeurs libéraux le droit
de suffrage dont ils avaient joui jusqu'à présent d'une
façon incontestée.
Ainsi, de part le projet, les commis-négociants ne
seront plus admis compter, dans leur déclaration
de patente, les émoluments qu'ils touchent raison
des affaires traitées par eux pour compte de leurs
patrons. Ils ne seront plus électeurs que du chef de
leur traitement proprement dit.
Ainsi encore, les officiers ne pourront plus voter
qu'au lieu où ils étaient en garnison lépoque de
la révision des listes électorales. En sorte qu'il suffi
ra uu ministre clérical de la Guerre de déplacer
une mauvaise garnison la veille de cette révi
sion, pour 1 en pêcher, par exemple, de voler An
vers, où elle pourrait eunuyer MM. Delaat, Jacobs et
Coremans.
Sauver Anvers a été, la chose est claire, la
principale, s#non l'unique préoccupation de M.
allant faire une promenade k Dickebusch, auraient pu as
sister un spectacle analogue k celui dont fut témoin notre
jurisconsulte Guy-Pape, lorsqu'il se rendit k Ghàlons en
Champagne avec cette différence qu'au lieu d'un porc pen
du la potence, l'héroïne du drame de Dickebusch était une
truie qu on enterrait vive.
Vous demanderez peut-être, ami lecteur, pourquoi, en
Flandre, on n'appliquait pas la même peine qu'en Bour
gogne pour un f it identique? Je vous réponds que je
n'eu sais trop rien, mais je me permettrai une simple obser
vation A Ghàlons il s'agissait d'un pourceau, Dickebusch
d'une truie. Or, dans un grand nombre de cas, les peines
infligées en Flandre, différaient selon qu'elles étaient appli
quées k un homme ou une femme; et sinon toutes, au
moins un grand nombre de comminations de la peine de
mort portent la formule de man op de galghe en het wyf op
den put. Il en est de même de la peine de bannissement la
rupture du ban était punie de la potence pour l'homme, de
la fosse pour la femme N'est-il pas possible que c'est
d'après ces dispositions des règlemenlsde l époque que la
truie a été enterrée vive au lieu d'être pendue? Et si cette
supposition a quelque fondement, ne faudrait-il pas conclu-
I re qu'en Flandre, dans les punitions infligées aux animaux,
I on faisait les mêmes distinctions que dans celles infligées
aux personnes? La potence pour le mâle, la fosse pour la
femelle.
Quoiqu'il en soit, voici le fait
Nous sommes en l'an 1459 (1460 N. S Au village de
Dickebusch demeurait un campagnard, nommé Pierre De
Puud. père de huit enfants, certains diraient huit béné
dictions Un dimanche, il se rendit aux vêpres de sa pa
roisse, avec ses quatre aînés; la mère gaidait la maison
avec les quatre plus jeunes dont le dernier était encore au
berceau.
Arrive la visite d'une cousine. Dieu sait quel cours les
deux femmes donnèrent k leurs langues. Mais il faut une
fin k tout. La cousine se lève pour partir, la mère lui don
ne, comme on dit, un pas de conduite, et tout en babillant,
oublie de fermer la grille qui sépare la pâture de l'habita
tion. Le babillage continue; les enfants, qui sont restés
k la maison, s'impatientent, vont, l'un après l'autre, rejoin
dre la mère, k l'exception du plus jeune qui reste seul dans
son berceau.
Sur ces entrefaites, la truie, trouvant la barrière ouverte,
quitta la pâture, se dirige vers l'habitation, s'approche de
1 enfant, lui dévore une de ses joues, et laboure si cruelle-
(1) Nous retiendrons sur oc point dans un article subséquent où
nous parlerons des diverses peines infligées aux XIV» et XV* siècles.
Becrnaerl, qui paye aujourd'hui sa dette de recon
naissance M. Jacobs.
A quand le tour de M. Woeste? M. Woestc n'a
pas besoin,lui,d'être protégé par une loi d'exception,
il se sait inattaquable dans sa bonne forteresse
d'Alost. Il faudra le payer autrement, par une bonne
loi sur la charité, sans doute. Patience! Il l'aura.
Le projet de M. Beeruaert reconnaît déjà le droit
de suffrage tous les directeurs de couvent. C'est
un bon commencement.
M. Beernaert espère que la Chambre accueillera
son projet de loi avec bienveillance Comment
donc avec bonheur! avec enthousiasme! Des mil
liers de libéraux vont disparaître des listes électo
rales. Quelle aubaine! Le Courrier de Bruxelles
illuminera ce soir.
El les libéraux?
Les libéraux bruxellois iront voir l'illumination.
Quant aux libéraux d'Anvers, nous attendons de
leurs nouvelles. (Gazette).
Un congrès universel d'alimentation et de gastrono
mie s'ouvrira Bordeaux le 26 Août prochain. 11 sera
clôturé le 4 Septembre. Le programme comprend, en
outre, une exposition et un concours de tous les appa
reils de préparation culinaire, d'hygiène, d'économie
domestique et de viticulture, une exposition interna
tionale vinicole et une dégustation générale de tout ce
qui se mange et de tout ce qui se boit.
Peur de plus amples renseignements s'adresser M.
Louis De Vriese. journaliste Gand, Belgique.
SOCIÉTÉ DE G ARD ES*C IVIQ U E S D'YPRES.
Tir du Lundi 13 Juillet 1885.
Aux points.
Albert Ligy, 4 3 4
Félix Ligy, 4 4 3
Hector Santy, 15 4
Léon Swekels, 2 3 4
Henri Vantholl, 4 4 3
Au blanc.
Constant Ghelders.
ment son petit corps, que le pauvre enfant passa de vie k
trépas.
On suivit la prescription de Guy-Pape, Si (animal bru-
tum) homicidium committet debetper suum Dominum tradi
justitiœ, et, en conséquence de ce principe, notre truie fut
attraite en justice devant le bailli de la Cour féodale prin-
cière de la salle d'Ypres, et bel et bien condamnée, non
être pendue, comme le pourceau de Chàlons, mais, en
sa qualité de femelle, k être enterrée vive sous la motte
d'un moulin de la paroisse de Dickebusch.
Cet arrêt, qui fut suivi de l'exécution, fut prononcé le 26
Janvier 1439 (1460 N. S
Ces renseignements sont extraits d'un registre intitulé
Register van- alderhande passeryngen voor Bailiu enile
mannen van den Princelicken leenhove der zaele van Ypre,
beginnende den 14 meye 1453 en 'geeindigd den 5 oust
1469.
Au folio 139 on lit co qui suit
Van eenen cleenen kynde liggen in de wiege. Pieter
De Puud, vader, Mr De Puud, oom, Claeys Blieck. Jan
de Vync, ghebueren. Deze zegden, als goede lieden, voor
mannen en schepenen, dat de voorseyde Pieter De Puud
ging met iiij van zine kinderen te vesperen te Dickebusch,
ende toe bleven noch iiij kinderen thuys ende de moeder.
Maar de moeder geleide eene haerer nichte diese was
commenzien, niet verre van den huyse; ende een van de
meyskens volgde de moeder; ende tmeeste daarnaer
gonck ook zoucken. Ende bin dezen quam een zuighe int
hec dat open was ende ghinc int huus ter wiege daart
kynd in lagh, haelde d'een kake uute ende selgierde t'
in zulcker wys dat daerof voer van lyve ter doôdt, twelcke
eene ramp ende een messchief es. Ende daeromme Dide-
rc Mond, Bailliu der zale, consenteerde de eerde sonder
scauwen omme den cost te scuwene van den aermen be-
druckten vader, die zoo belast es met cleenen kinderen.
Ende voort was geaviseert ende geslotcn by denzelven
Bailliu ende by den mannen en schepene der zaele hier
naer ghenaemd, de voorseyde zuige die 't voorn kyndt ge-
selgiert ende gedoodt heeft, levende te delvene teenen
meulenwalle, onder den Prince, in de prochie van Dicke-
busch twelck aldus ghedaen «nde volcommen was den
26 in lauwe lix. Présent Roegiers Bollaert, Victor Van
Volmerbeken, Meester Jan van Joingy, Olivier de joede
ende Cornelis Hoc, mannen, ende allé de schepenen van
der zaele, praeter Oger Giiloen ende Joos Janenzone.
(A continuerj.
4
4
19
4
2
17
3
1
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2
3
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0
3
14