N° 1,100. Dimanche, 6 FRANCS PAU AN. JOURNAL DYPRES KT DE L'ARRONDISSEMENT. L'impôt sur le paio. CONDAMNATION ET EXÉCUTION D'UNE TRUIE. 45e ANNÉE. LE PROGR l'VKAISSVVT LU JH III KT I.E 1)1.11 AACIIE. V1«KS ACOCIRIT EO.NOO Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par XAgence Ilavas (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants: Pour la France: l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition) Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Sluttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et C, 30, Cornhill, E C et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethinghill et C", 38, Park Row-New-York. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et ;udiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39, INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-23. Ypres, le 18 Juillet 1885. Dans un procès récent, dont les débats ont eu lieu devant le tribunal d'Ypres, un avocat, membre de la Chambre des Représentants, daignait reconnaître que tous les actes d'un homme politique sont sou mis il la critique de l'opinion et de la presse et il ne se faisait pas faute d'accorder ses adversaires le droit de le combattre, de l'attaquer, de le traîner sur la claie et de lui faire endurer mille morts, politi quement parlant bien entendu. Cet avocat, c'est MColaert. Nous allons profiler de la permission que nous donne l'aigle du barreau d'Ypres et faire voir au corps électoral en quelles mains il a placé ses inté rêts. Reportons nous au mois de Février 4884. M. Colaert, fauchant l'herbe sous le pied de son estimable ami Van lepenhout, venait d'être proclamé candidat la Chambre et prononçait au K. K. de la rne des Chiens une de ces harangues vides et pré tentieuses dont on donne la recette au petit sémi naire de Roulers. Voici un passage de ce factum Tous les blés étrangers entrent chez nous ex- empts de taxe, tandis que nos produits similaires sont soumis, pour leur exportation, des droits très-élevés. Les blés d'Amérique inondent nos marchés et font nos produits une concurrence contre laquelle nos cultivateurs ne peuvent lutter avec quelque succès. Voilà assurément une profession de foi nettement protectionniste qui devait forcément faire plus lard de M. Colaert un partisan de la loi de famine. A cette époque, nous avons fait M. Colaert l'honneur d'une réfutation en règle et nous lui avons démontré, clair comme le jour, que l'adoption de ce beau système aurait pour conséquence inévitable le renchérissement du pain et une aggravation de la misère des classes laborieuses. M. Colaert nous a ri au ner, nous a, pour toute réponse, envoyé son discours et le bouffon du Jour nal d'Ypres, faisant chorus avec son nouveau baas, a cherché étourdir le public par le bruit de ses grelots. MColaert fut nommé Parbleu Au mois de Juin suivant, notre accrobate parle mentaire exécute quelques nouvelles variations sur ce thème éminemment propre lui concilier les sym pathies des campagnards et, grâce des promesses fallacieuses qu'il savait ne pouvoir tenir, escalade de nouveau l'entrée du Palais de la Nation. Van Ie- penhout continuant lui faire la courte échelle et jouer cet éternel rôle de dupe pour lequel il semble avoir été mis au monde. Un an s'est passé depuis lors. Après des ajournements, des remises, des retards et des longueurs de toute nature, la Chambre est appelée statuer sur le projet Dumont. Les ruraux de l'arrondissement d'Ypres aux quels M. Colaert a formellement promis une taxe sur les blés étrangers, sont sur les braises et ne doutant pas du succès du grand orateur et de ses illustres copains, MM. Slruye ei Berlen, s'apprêtent illumi ner et faire une réception triomphale au Sauveur de l'agriculture. Les idiots Pendant que la Chambre vaquait son rude la beur et que protectionnistes et libre échangistes s'en- tredéchiraient Bruxelles, Maître Renard, pardon Maître Colaert, soignait sa clientèle Ypres, et se souciant de l'agriculture et des agriculteurs comme d'une guigne, travaillait paisiblement remplir son porte-monnaie. Les Annales nous apprennent en effet que M. Co laert n'a pas pris part aux différents votes qu'a né cessités la proposition de loi de ses collègues de Nivelles. Pour du sans-gêne, voilà du sans-gêne j'espère (Suite et fin). Pendant le xv* et le xvT siècles, ces condamnations d'ani maux n'étaient pas rares. Nous verrons ci-après que l'on accordait môme un défenseur aux prévenus et que toutes les formalités d'ajournement, de remise étaient obser vées k leur égard comme l'égard des personnes. Dans le Voyage littéraire de deux Bénédictins de la con grégation de St-Maur, on trouve aussi une sentence pro noncée Caurroy contre un taureau qui avait tué un jeune garçon de quatorze k quinze ans. Nous demandons la permission de citer ici le passage de l'ouvrage des deux savants Bénédictins, qui a trait k cette sentence. Ce Voyage ne se trouve pas facilement et nous croyons faire plaisir k nos lecteurs en leur communiquant ce jugement. Arrivés k l'abbaye de Beaupré, de l'ordre des Citaux, ces deux savants y visitèrent les archives: Nous vîmes le char- trier disent-ils et nous parcourûmes le cartulaire. Nous y trouvâmes une chose singulière qui est une sentence rendue contre un taureau qui avait tué un homme, avec toutes les informations faites contre cet homicide. Par cette sentence le taureau est condamné k être pendu aux fourches partibulaires et comme elle me paraît extraordinaire, pour la rareté du fait, je la rapporterai ici toute entière. A tous ceux qui ces présentes lettres verront. Jean Sondar, Lieutenant du Bailly du temporel de l'église et abbaye nôtre Dame de Beauprés de l ordre de Cisteaux, pour mterables et discrètes personnes et mes tres-kanorez seigneurs, messeigneurs les religieux abbé et couvent de ladite abbaye, salut. Comme la requeste du procureur de mesdits seigneurs, et par leur justice temporelle qu'ils ont en leur terre et seigneurie du Caurroy eût été nagaires prins et mis en la main d'icelle leur justice ung thorreau de poil rouge, appartenant Jean Boulet censier et fermier de mesdits seigneurs, demeurant en leur maison et cense dudit Caurroy, lequel thorreau étant aux champs et sur le territoûere d'icelle d'église, auroit par furiosité occis et mis mort un joine fils, nommé Lucas Dupont, de l'âge de quatorze quinze ans, ou environ, serviteur dudit censier, lequel il avait mis la garde de ses bestes corne, entre lesquelles estoit ledit thorreau. Duquel thoi-reau ledit pro cureur de mesdits seigneurs requeroit la justice estre faite, et qu'il fut exécuté jusqu'à mort inclusivement par la justice de mesdits seigneurs pour occasion d'icelui crimme d'omi- cide et de la detestation d'iceluy. Sur quoy enqueste et in formation eussens été faites de la forme et maniéré iceluy homicide, par laquelle ledit procureur nous eust requis sur ce luy estre fait droit. Savoir faisons que veu ladilte en queste et information et sur tout eu conseil et advisnous par nostre sentence et jugement, avons dies et jugié,' que pour raison de l'omicide, dont dessus est touchié, fait par ledit thorreau en la personne d'iceluy Lucas, et pour la detestation du crime d'iceluy homicide, ledit thorreau nommé confisqué mesdits seigneurs sera exécuté jusques mort inclusivement par leurdite justice, et pendu une fourche ou potence es mettes de leurdite terre et seigneurie dudit Caurroy, auprès du lieu où solloit estre assise la justice. Et ad ce le avons condamné et condamnons. En lesmoing de ce avons mis nostre scel ces lettres qui furent faites et pronmchiés audit lieu du Caurroy en la presence de Guillaume Gave du Mottin, Jehan Custien l'aisni, Jehan Henri, Jehan Boullet, hommes et subjets de mesdits seigneurs, Jehan Charles, et Clement le Carpentier, et plusieurs autres, le seizième jour de May l'an mil quatre cens puatre-vingt-dix-neuf. Ainsi signé, Ileugles, ad ce commis. Toutes les informations et procédures du procès sont au monastère de Beaupré. M. Gachard, dans ses Annalectes Belgiques, (Bruxelles, 1830, in-8 rapporte le fait raconté par nos deux Bénédic tins et dit que k celte époque les procès criminels intentés contre les animaux étaient presque aussi communs que ceux contre les sorcière. Il déclare avoir vu un monument du même genre, qui est un acte du 22 Septembre 1486, certi fiant que le 10 Juin précédent, le sous-bailli de Bailleul avait fait exécuter, par les mains du bourreau, Ypres, un pourceau qui avait meurtri et mangé un enfant Après l'exécution, l'animal immonde fut exposé de la même ma- mière que l'étaient les cadavres des criminels (1). En 1829, M. Cannaert, ancien Conseiller de la Cour supérieure de Justice, Bruxelles, en avait donné une traduction hol landaise dans un ouvrage édité Bruxelles chez Brest van Kempen et imprimé par Hayez, portant pour titre Bijdra- gen tôt het oude strafregt in Belgie (2). Nonobstant cette traduction, notre savant archiviste-géné ral du royaume, a publié in extenso l'original français, et (1) Gachard. Ouvrage eilé, p. 60. (2 Cet ouvrage eut trois éditions. La première parut en 1826, sous le titre de tels over het oude St afrecht in Belgie. La seconde en 1829, sous le titre que tious venons de citer; et la troisième en t833, Gand, chez Gyselynck, sous le titre île Bijdragt n lot di Kemis oeui het mie Straftecht in VlamUren.

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Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 1