Nos procès. son maître, le Jésuite Sanchez, qu' ton peut jurer qu'on n'a pas fait une chose quoiqu'on - l'ait faite effectivement, en entendant, en soi- même qu'on ne l'a pas faite un certain jour ou avant qu'on fut né, ou en sous-entendant quelque autre circonstance pareille, sans que les paroles dont on se sert aient aucun sens qui le puisse faire connaître; et cela est fort commode en beaucoup de rencontres et est toujours très-juste quaud cela est nér cessaireou utile pour la santé, l'honneur ou le bien. Nous irons plus loin. Supposons un instant que Mons Colaert ait formellement et solennellement promis de voter l'établissement d'une taxe sur les céréa les. Cette promesse, il lui eut été loisible de ne pas la tenir. Ecoutez donc le Jésuite Escobar au traité 3, ex. 3, n. 48, où il donne cette règle générale Les promesses ri obligent point, quand on n'a point l'intention de s'obliger en les faisant. Or, il n'arrive guère qu'on ait cette intention moins qu'on les confirme de sorte que quand on dit simplement, je le ferai, on en- tend qu'on le fera si on ne change de volonté car on ne veut pas se priver de sa liberté. Une plus longue discussion des actes ou des intentions de Mons Colaert dans cette mau dite question de la loi.de famine si heureuse ment écartée par la Chambre, nous parait oi- se et inopportune. Nous n'en dirons donc pas d'avantage au jourd'hui, mais en terminant nous donnerons Mons Colaert ce conseil d'ami, de mé diter souvent certain verset de l'Ecclésiaste gravé dans toute âme honnête Vœ duplici corde et ingredienti duabus viis. Ce qui veut dire en bon français Malheur, même en politique, aux hypo- crites et aux gens double face Un jugement du tribunal de première instance séant Ypres, en date du 17 Juillet courantt déclare diffama toire pour M™' la Comtesse de Béthune, épous 3 de H. le Marquis d'Ennetières, un article paru dans notre nu méro du 4 Janvier dernier. En conséquence nous sommes condamné 1*) ver- prononcé en 1516 par Jean Milon, officiai de Troyes, contre les chenilles. Comme cette sentence n'est pas longue, nous la transcrivons ici en entier d'après Gannaert.qui l'emprunte l'ouvrage de Raynaldus intitulé: Tractatus de monitoriis ecclesiasticis. t Nos Oflirialis praedictus. majorum vestigiis inhœrendo pro tribunali sedentes, ac Deum prœ occulis abentes, per tiostrum senlenliam, auctoritate quâ in hac parte funge- mur, in nomine et virtute Dei omnipoteniis, Putris et Filii et Spiritus sancti, beatissimœ genetricis Dei, et sanclorum et apostolorum Pétri et Pauli prœdictos bru- chos et erpcas et animalia prœdicta monemus in his 9 scriptis, sub poenis excommunications, malédictions et i 9 anathematizationts, ut iiitra sex dies a vineis et terriloriis i de Villunova discedant, nulluin ibidem ttec alibi in hoc 9 diœcisi nocumentum prœstitura, quod si intra dictum 9 dit m, huic nostrœ admonitioni non paruerint cum ejfectu, 9 ipsis sex diebus elapsis, virtute et auctoritate prœfatis, 9 ea anatlicmatisamus et eisdem maledicimus. (Cannaert, id.. pages 319 et 320). Enfin nous citerons une dernière preuve que nous trou vons également mentionnée dans Cannaert 'page 313). Il s'agit d'une excommunication contre les rats qui dé vastaient le territoire d'Autun. Ce fut le célèbre juriscon sulte Cha«seneux qui servit de défenseur ces rongeurs par trop voraces, et c'est le grave historien Jacques Auguste de Thon qui nous raconte le fait dans son Histoire universelle (Traduite sur l'édition latine de Londres). (Londres 1734, in 4", tom 1', pages 415 et 416) Chasseneux é:ait président du Parlement de Provence lorsque celle cour po ta en 1540 le fameux arrêt contre les habitants de C tbrière et de Mérindol, qui étaient Vaudois. Il ne s'agissait de rien moins, dans cet arrêt, que de brûler vifs tous les chefs de famille et de confisquer leurs biens mais pa-ce que Mérindol passait pour être la retraite, le fort des Vaudois. il fut ordonné par le Parlement susdit que les maisons seraient démolies et rasées, que les caves se raient comblées, que les cavernes des environs seraient ser entre les mains de la demanderesse une somme de sept cents francs A employer en insertion* du dit juge ment dans deux journaux étrangers; -2- unsérar deux fuis le même jugement dans optre journal, ce jusqu'à concureiice de ta somme de trois cents lianes 0") aux dépens de l'instance. Un second jugement du même tribunal, en date du 24 Juillet, déclare diffamatoire pour M. le Marquis d'Ennetières, Comte d'Hust et du ^aint Empire Romain, un article paru dans notre numéro du 22 -Mars, Nous sommes condamné de ce chef 1") payer M. le Marquis d'Ennetières un billet de mille francs pour faire insérer ce jugement dans des journaux étrangers son choix; 2") insérer deux fois le dit jugement dans notre prnprtrjournal, ce jusqu'à concurrence de la somme de trois cents francs; 3") aux dépensde l'instance. Nous ne nous aborderons pas, comme le Journal d'Ypres le fit naguère dans une circonstance analogue. A discuter, ni au pbiiit de vue du droit, ni au point de vue des faits, Vi valunrde ces jugements qu'un avocat, clérical bien pensant, qualifiait irrévérencieusement, au sortir de l'audience, d'élucubrations judiciaires et proposait d'envoyer au inusée des arts incohéia rit.-. Mais si nous nous taisons, si,par respect pour la ma gistrature, nous nous abstenons d'examiner ou de criti- quer les sentences'du tribunal d'Ypres; si nous enten dons, nous,laisser ce soin une juridiction supérieure, là Cour d'Appel, 'auprès de laquelle nous formons re cours; on ne peut attendre et surtout on ne peut exiger de nous que nous fassions taire l'opinion publique et que nous mettions tin des commentaires peut être déso bligeants qui ont cours en ville. Nous ne pouvons défendre nos amis et surtout A nos adversaires d'établir une comparaison entre un juge ment récent du tribunal d'jYpres allouant une somme de tt'Qis cents francs un honorable négociant traité de gueux, de voyou, ri'assorjmeur et d'assassin par un journaliste gages et le jugement du 24 Juillet allouant au ciiàtelain d'Elverdinghf, une somme de 1300 francs employer en insertions an jugement dans des jour naux son choix. I! y a de ces rapprochements qui se font tout naturel lement, qui s'imposent en quelque sorte et qu'il n'est au pouvoir de personne d'empêcher. Car, comme le disait tout récemment la Chambre des représentants, un honorable député de Mous, propos d'une autre af faire judiciaire, côté de la justice, je dirai même au 9 dessus de la justice, il y a l'opinion publique l'opinion 9 publique aujourd'hui renforcée par la presse, cette for- midable puissance, qui juge en dernier ressort, qui ac- quitte ou condamne M. le Marquis sort-il grandi de ces débats? Chacun a son opinion faite cé sujet; mais quiconque a entendu l'émouvante plaidoirie de notre éloquent défenseur, M"" Vaudermeersch, hochera la tète d'un air de doute. Quoiqu'il en soit, M. le Marquis d'Ennetières semble être de l'avis d'un grand nombre de personnes et n'at tacher qu'une valeur bien minime cette nouvelle vir ginité que vient de lui faire le tribunal d'Ypres car bouchées, que les bois seraient coupés et abattus, les ar bres des jardins arrachés, et que les terres de ceux qui avaient demeuré dans Mérindol ne pourraient être affermées qui que ce fût de leur famille ou de leur nom. (De Thou, ouvrage cité, pag. 414, t. 1). L'exécution fut néanmoins remise une autre époque, grâce une remontrance faite au Président Chasseneux par un de ses amis, gentilhomme d'Arles, du nom d'Allencé.qui habitait Aix. Dans cette remontrance, d'Allencé rappelle son ami sa défense des rats, quand il n était encore qu'avo cat Autun, lequel plaidoyer fut le commencement de sa réputation. - C'est cette remontranee que de Thouj publie dans son Histoire universelle, et nom en extrayons ce qui se rapporte notre snjet. sans y rien changer seulement comme le mémoire est adressé au Président Chasseneux lui-même, nous remplaçons le pronom vous par la personne qu'il représente. Voici le texte de de Thou Un grand nombre de rats s'étant répandu dans le ter- ritoire d Autun, où ils mangeaient tous les bleds, on ne trouva point de meilleur remède ce mal, que de les faire excommunier par l'évôque du lieu, ou par son grand-vicaire cet expédient ayant été communiqué au grand vicaire, il fut d'avis qu'avant toute chose on fît donner aux rats trois assignations; mais il ne voulut point prononcer la semence, qu'on n'eût nommé un avocat pour plaider la cause des absens. Ce fut Chasseneux qui entre- prit leur defensè et qui. pour remplir son ministère avec exactitude, fit sentir aux juges, par d'excellentes raisons, que les rats n'avaient pas été ajournés dans les formes il obtint que les curez de chaque paroisse leur feraient signifier un nouvel ajournement, puisque dans-cette af- faire il s'agissait du salut ou de la rjjine de tous les rats. Après cela il fit voir que le délai qu'on leur avait donné était trop court, pour pouvoir tous comparaître au jour de l'assignation; d'autant plus qu'il n'y avait point dechemin où les chats ne fussent en embuscades pour les surpren- dre. Il employa ensuite plusieurs passages de l'Ecriture i Sainte pour défendre ses clients et enfin il obtint qu'on peine le jugement était-il rendu, qu'il adressait au Roi, nous assure-t-oii, sa démission do bourgmestre de la commune d'Elverdinghe. C'est son châtiment et notre récompense La Kéiiaciion. La musique du K. K sous le commandement de l'Adjudant Van Merris, est allé Dimanche passé, faire entendre YVervicq les CUIVRES de son HAR MONIE C'était d'après l'aveu d'un, catholique, qui n'est pas payé pour en convenir, plus pitoyable encore qu'à Glie- luwe, ce qui est beaucoup dire. Que veut-il donc, ce nasipède d'adjudant N'est-ce pas assez d'avoir été la ruine de la musique communale? Faut-il encore qu'il aille promener SON HARMONIE de village en village pour y donner des charivaris? Si c'est pour se rendre de plus en plus ridicule, qu'il se présente seul la foire, cela suffira amplement pour faire rire les badaux. Mais, pour l'amour de toutes les grenouilles- qùi coassent-dans les marais de Woluwe St-Lambert, qu'il évite aux victimes, qu'il traine sa suite grâce la férule des abbés, la honte de partager son sort.Ils ne l'ont pas mérités,ces pauvres musiciens, car la plupart ne le suivent qu'à leur corps défendant. Us l'ont d'ailleurs bien prouvé Dimanche passé, car au lieu de retourner tous ensemble avec le dernier train, déjà au commencement de la soirée les cabarets Pope- ringhe recevaient la visite d'un grand nombre qui en avaient assez des plaisirs qu'on leur avait procurés Wervicq. Mais bel et GÉNÉREUX Félix, vous parlez toujours de VOTRE musique comme si elle était Votre propriété. Sachez donc, M. l'adjudant., une fois pour toutes, que cette société, que vous prétendez, tort et travers, diriger, est la musique communale, que ce sont les contribuables qui en paient les frais, que l'habit avec lequel VOS hommes paradent et les festivités que VOUS leur offrez, même jusqu'à vos excursions, tout est soldé par la caisse de la ville. Le PAUVRE aussi bien que le RICHE paie sa part dans cette boutique que vous exploitez si maladroite ment. La société libérale qui, prospère sans devoir pré lever une dime sur les contributions, toujours croissantes, que nos édiles extorquent aux pauvres Poperinghois, propose elle aussi dé faire une excursion. Nos Philharmonistes partent Samedi 25 c', pour Bauvais, afin de prendre part, en Division supérieure, au concours international donné en celle ville. Ils se sont fait inscrire pour LES CONCOURS DE LECTURE A VUE, DE SOLI et D'EXÉCUTION. Nous leur souhaitons bonne chance et faisons des leur accorderait un plus long terme pour comparaître. Cette cause qu'il défendit si bien lui acquit la réputation d un vertueux et savant avocat. (De Thou, ouvrage cité, t. lr, pages 415 et 416). Vous ignorez peut-être, ami lecteur, quel était ce célèbre défenseur de la gent ratière Je vais vous dire en peu de mots ce que j'en sais Barthélémi de Chasseneux naquit en 1480, Issi-l'Evèque, en Bourgogne, près d Autun (actuel lement département de Saône-et-Loire). Il fut d'abord avo cat Autun, ensuite conseiller au Parlement de Paris et devint président de celui de Provence. Il a publié 1- Com- mentaria in consuetudin. Burgundice, qiii fut réimprimé jusqu'à cinq fois pendant la vie de l'auteur et plus de quinze fois après sa mort. (Notre Bibliothèque publique possède un exemplaire de cet ouvrage in 4", imprimé Paris en 1534 chez François Regnault. Il a publié en outre 2° Consilia, Lyon, 1531, in-f". C'est dans cet ouvrage que se trouve l'excommunication fulminée par l'official d'Autan contre des mouches qui ravageaient le raisin dans le territoire de Beaune. Comme nous n'avons jamais eu l'occasion de voir cet ouvrage, nous ne pouvons parler de ce fait que par ouï-dire. 3" Catalogus Gloriœ mundi, Lyon, 1529, in-f". 4" Epitaphes des Rois de France jusqu'à François I' avec des distiques latins et leurs effigies. Bordeaux, sans date, in-8°. Voilà assez d'exemples, ami lecteur, pour vous convain cre que nos campagnards de la YVest-Flandre en employant la formule d'exorcisme qui fait le sujet de cet article, ne faisaient que suivre un usage généralement répandu. Nous ne voulons pas soutenir que ces formules étaient un bien grand épouvantail pour les insectes de toute espèce, mais, en voyant parfois le long de nos grandes routes des séries d arbres entièrement dépouillés de leurs feuilles, nous avons le droit de faire remarquer que les règlements sur l'éche- nillage excellent dans leur esprit mais mal observés par ceux qui ont le plus d'intérêt leur bonne exécution, ne sont parfois guères plus efficaces que les exorcismes de nos ancêtres.

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Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 2