N° 1,110. Dimanche, 23 Août 1885 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'¥ PRL8 ET D$ L'ARRONDISSEMENT. Le tabac. 45« Me. LE PROGRES PARAISSANT LA JEUDI ET LE DIMANCHE, VIRES ACQUIRIT EUMDO. Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par l'Agence Havas (Publicité), 8S, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chea ses correspondants: Pour la France l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition) li Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stuttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et C", 30, Gornhill, E C et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethinghill et C*, 38, Park Row-New-York. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et ;udjciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays. 7-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-23. La proposition faite récemment par le ministre des finances d'apporter des modifications l'impôt frappant les tabacs, a rappelé l'attention du public sur la culture de cette planle exotique et sur l'impôt dont cette culture est frappée. Un des plus grands hommes d'Etat a compris, il y a longtemps, la pré cieuse ressource fiscale que les Etals allaient pou voir trouver dans ce qu'on appelait l'herbe Nicot. C'était Richelieu, l'Eminence Rouge, le grand car dinal qui ne craignit pas en imposant le tabac, d'encourir l'excommunication majeure dont il avait été frappé le tabac, pas Richelieu par les pa- ■pës Urbain VII et Urbain VIII. Ces pontifes, en ef fet, avaient excommunié la solanée péruvienne comme d'autres avaient excommunié des porcs qui avaient dévoré des enfants ou les chenilles et les han netons qui avaient eu l'audace de ravager les vergers et les torêls. Dès 1674, en France, la ferme exista, c'est à-dire que la vente du tabac fut affermée un particulier. Depuis, presque tous les Etats euro péens ont demandé, sous une forme ou sous l'au tre de renoncer au tabac la Belgique n'est entrée qu'une des dernières dans cette voie: l'impôt est perçu sur la récolte du cultivateur et tout porte croire que cette année encore, malgré l'impôt, la cul ture du tabac sera l'une des plus lucratives de notre pays. On raconte qu'un soir, au bal des Tuileries, sous le premier empire, l'empereur Napoléon I" remar qua une dame couverte des plus beaux diamants du monde. Quelle est cette dame? demandait-il au tour de lui. C'est MM R femme d'un négo ciant en tabac, lui répondit-t-on. C'est donc le Pérou, le commerce des tabacs? répliqua l'Empe reur, et cette observation fit que, dit-on, l'Empereur établit en 1810, la régie en France. Si nos cultiva teurs se rendaient compte aujourd'hui de ce que rap porte la récolle du tabac, si par une comptabilité minutieusement tenue, ils parvenaient distinguer les récoltes productrices de celles qui ne laissent après elles que de la perte, ils s'écriei aient sans nulle doute aussi c'est donc le Pérou la culture des ta bacs Partout où elle peut se faire, cette culture est lucrative et nous avons entendu récemment un hom me fort compétent, habitant, il est vrai, un des can tons où la culture du tabac est la mieux comprise, évaluer S francs la verge, soit plus de 4,500 fr. l'hectare, le bénéfice fait par la culture du tabac aux environs de Grammont, tous frais d'ensemencement, d'engrais, d'impôts, etc.. défalqués. La culture du tabac ne peut malheureusement pas être aussi généralisée que le désireraient nos cul tivateurs: toutes les natures du sol ne conviennent point cette plante. Les sols froids et argileux ne lui conviennent guère. Le sol le plus convenable pour le tabac est de nature sablo-argileux avec abondance d'humus. Les allnvions sableuses fortement fumées se prêtent parfaitement cette culture, tandis que la glaise lourde, le sable aride ou les terres humides de marais ne conviennent en aucune façon au tabac. Le tabac n'occupe aucune place dans l'accolement régulier de la ferme, parce que généralement on sè me le tabac plusieurs années successivement sur la même terre. Dans les pays où> la culture est libre et se fait sur une grande échelle, le tabac succède une céréale, au maïs ou la betterave mais, la terre est bien ameublée c'est là une condition sine quà non de la culture du tabac pour ce motif, on donne la terre trois labours un avant l'hiver, un la sortie de cette saison suivi d'un hersagev.goureux et on bêche o.u on laboure encore une fois la terre au moment de la plantation. Les cultivateurs de tabac doivent être tous plus ou moins horticulteurs. Qu'es1-ce en eflel que la culture du tabac si ce n'est la culture d'une plante tropicale, et quelle différence y a-t-il entre celte cul ture et celle de certaines plantes qui ornent nos jar dins pendant l'été et qui gèlent aux premiers froids? Quelle, différence sépare le tabac qu'on vend de cer taines plantes ornementales comme le Nicotiana Wegandoïdes qu'on ne cultive que pour la beauté de son feuillage? Aucune autre sinon que l'un est utile et se vend bien, tandis que l'autre est coûteux et ne se vend point. C'est un principe auquel nous ne pou vons assez engager nos cultivateurs se bien graver dans leur mémoire. Le tabac est une plante tropi cale: elle doit pour se développer,avoir une certaine chaleur. C'est pourquoi le cultivateur doit imiter le jardinier qui sème sur couche ses légumes, ses pri meurs. Il doit faire une couche et semer la fin de Février ses graines de tabac. Celle-ci étant très fines, il les stratifiera, c'est-à-dire les mélangera de la terre pour les épandre sur le sol afin de ne pas se mer trop dru. Les graines ne doivent pas être recou vertes. La couche se fait de la manière la plus éco nomique possible; c'est un parallélogramme large et assez épais formé de fumiers de feuilles et de mousse ou de toutes autres matières fermentescibles suscep tibles de s'échauffer et de conserver leur chaleur pendant un certain temps. Elles servent activer la végétation et afin d'éviter le froid des vents, on re couvre les semis d'un châssis en verre qu'on main tient ouvert pendant la plus grande partie de la journée. Certains cultivateurs conseillent de faire les semis en Février, la fin du mois. Ils ont raison et de laisser pendant toute la journée les châssis entr'ouverls dès que les premières jeunes plants ap paraissent. On éclaircit le semis dès que l'on peut saisir les jeunes plants, et on épique en pépinière ou on transplante directement en plein champ lorsque les jeunes plants ont de six huit feuilles. Quand on a repiqué en pépinière.la transplantation se fait plus aisément, la plante reprend plus facilement. Il n'y a pas de comparaison établir eutre deux plantes,l'une transplantée directement de la couche semis, en plein champ, l'autre repiquée en pépinière, puis mise en pleine terre. La végétation est beaucoup plus ra pide dans ce cas. Le tabac planté prend rapidement un grand développement quelques arrosemenls peuvent être donnés avec de l'engrais liquide: les agriculteurs le connaissent suffisamment et les con sommateurs de tabac ne nous pardonneraient pas d'indiquer ici les qualités diverses que donnent au tabac les engrais employés. Ce que les jardiniers recommandent aux cultivateurs, c'est de donner leurs plantes un épais saillis de fumier court au pied de chaque plante il entretient a u pied de la plante une humidité nécessaire et remplace avantageuse ment le battage que l'on néglige de faire presque toujours en Belgique. Les plants sont replantés en plein champ la fin de Mai, immédiatement après les jours froids si con nus dans notre pays sous le nom des saints de glace: ont les espace d'après l'usage des lieux des distan ces variant entre 25 75 centimètres. Le tabac prend un rapide développement; ses feuilles grandissent rapidement, surtout quand l'éci- mage a eu lieu. Celle opération qui consiste pincer la tête de la plante, c'est à-dire en supprimer la sommité, se fait quand la plante a émis sa douzième feuille, mais généralement quand le plant n'est pas très vigoureux, on n'attend pas si longtemps, et on ne maintient que 8 feuilles par pied. On excepte de celte opération les pieds de tabac qu'on réserve pour la production de la semence. C'est ce moment que la plantation du tabac réclame la visite journalière du maître. Il doit examiner chaque planle et sup primer tous les bourgeons qui se développent A

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 1